29 mars 2007

Je lis, tu lisais, il lira...

Bonsoir !

Suite à l'invitation de Nicolas, je vais répondre au questionnaire des 4 qui circule à tout va dans la blogosphère. Allez hop, top chrono, c'est parti, on se concentre !
LES QUATRE LIVRES DE MON ENFANCE:


LES CONTES DES DOUZE FILLES DE LA REINE MAB, DE JEROME DOUCET : sur la première page de ce livre est écrit le prénom de ma grand-mère paternelle. Une transmission d'une autre époque, où les petites filles apprenaient à se garder des dangers de la vie au fil des aventures de princesses désobéissantes et aventureuses...


LES ŒUVRES COMPLÈTES DE LA COMTESSE DE SEGUR (et oui, moi aussi je compte parmi les nombreuses victimes touchées en plein cœur par Sophie, Blaise, l'âne Cadichon, le cousin Jacques et la pénible Giselle...) : tout particulièrement QUEL AMOUR D'ENFANT! et LA SŒUR DE GRIBOUILLE... ah, la sœur de Gribouille... j'ai pleuré des nuits entières sur son destin. Quand j'avais fini la page, je me la relisais pour finir d'écouler mon stock lacrymal. Allez expliquer ça à votre mère qui se demande quel traumatisme vous ravine le visage à 3 heures du mat !



LA SÉRIE DES JUMELLES, D'ENID BLYTON : la vie trépidante d'une bande de pensionnaires du collège St Clare, en Angleterre, fuyant le dortoir dès que l'occasion se présente et s'attirant les pires ennuis : un délice ! Vers cette époque j'ai commencé à espérer que mes parents n'en puissent plus de moi et m'expédient en pension. C'est dire si elle est forte, Enid Blyton.

JANE EYRE, DE CHARLOTTE BRONTË : le roman que j'ai le plus relu entre huit et seize ans. Je l'avais dérobé un jour à la maison et comme ce larcin était trop précieux, j'ai attendu cette année pour m'enquérir du nom de celui à qui je l'avais piqué. Il s'est avéré que c'était mon père, hypothèse la moins probable...ou comment apprendre que son papa est un incurable romantique ! Dans ce livre j'ai rencontré mon idéal masculin en la personne d' Edward Rochester. Comme il était pris et surtout (je l'avoue non sans honte) parce qu' il finissait le roman à moitié paralysé et aveugle, avec le temps je me suis fait une raison.



LES QUATRE ÉCRIVAINS QUE JE LIRAI ET RELIRAI ENCORE:

DONNA TARTT
: parce qu'elle publie un livre tous les dix ans, mais que ça vaut le coup d'attendre...






MURIELLE LEVRAUD
: parce que les écrivains à la fois inventifs, drôles et poétiques ne courent pas les rues. Amis de la rigolade, résistons à la morosité et au nez-qui-coule-de-printemps, lisons Murielle Levraud !




KATE ATKINSON : parce que DANS LES COULISSES DU MUSÉE est un de mes romans préférés et que c'est toujours un plaisir de la retrouver.


ALICE FERNEY : parce que depuis L'ÉLÉGANCE DES VEUVES, je suis tombée en amour.


Il y a des tas d'écrivains que je lirai et relirai encore — tels Camus, Steinbeck, Kundéra, Céline ou Balzac — mais j'ai voulu saluer les dames ce soir, et contemporaines s'il vous plaît. Et c'est même pas la journée de la femme !


LES QUATRE AUTEURS QUE JE N'ACHÈTERAI(OU N'EMPRUNTERAI)PROBABLEMENT JAMAIS PLUS:


CHRISTIAN JACQ

CHRISTINE ANGOT

MADELEINE CHAPSAL


SEBASTIEN JAPRISOT
(Je ne pourrai jamais plus hélas acheter de livres de Japrisot car il est parti en emportant avec lui tous les romans qu'il n'avait pas écrits, et j'ai déjà tous les autres...)










LES QUATRE LIVRES QUE J'EMPORTERAIS SUR UNE ÎLE DÉSERTE SI ON ME CONTRAIGNAIT MANU MILITARI À M'EXILER SUR UN BOUT DE CAILLOU AU MILIEU DE NULLE PART, EN COMPAGNIE DES ARAIGNÉES ET DES MOUSTIQUES:

DANS LA MAIN DU DIABLE, d' ANNE-MARIE GARAT
, parce que j'en ai lu beaucoup de bien et que c'est un pavé... Miam !




NOS PLUS BEAUX SOUVENIRS, DE STEWART O'NAN, parce que je suis une lectrice assidue depuis "Le nom des morts".


RONDE DE NUIT DE SARAH WATERS : parce qu'elle peut décider de m'emmener partout, Sarah, de la prison de Millbanks à l'Angleterre du Blitz, je la suis !




HISTOIRE DE PENDENNIS, DE THACKERAY, parce que si j'ai un faible pour les "Néovictoriens", j'aime aussi beaucoup les Victoriens-D'Origine-Contrôlée, et que Thackeray est un des plus caustiques et des plus talentueux.



Vous noterez que j'ai été maligne : que des romans que je n'ai pas lus, et que des pavés. A moi l'île déserte ! Cela dit c'est un risque calculé que j'ai pris car parmi ces quatre romanciers, il n'y en a qu'une (Anne-Marie Garat) que je ne connais pas.



LES QUATRE PREMIERS LIVRES DE MA LISTE À LIRE:


Ô VERLAINE DE JEAN TEULÉ, parce que JE, FRANCOIS VILLON m'a conquise et que c'est le nouvel Aristochat !


OUEST DE FRANÇOIS VALLEJO parce qu'il a installé son roman en plein dix-neuvième siècle français et que les premières pages m'ont envoûtée.



EN ATTENDANT L'ORAGE DE GRAHAM JOYCE : Je reparlerai de ce monsieur très talentueux un jour prochain.

LES OMBRES, DE NEIL JORDAN, parce qu'on peut être un excellent cinéaste ET un véritable écrivain. Mais il paraît qu'il ne joue pas très bien au foot. Ça console.





LES QUATRE X QUATRE DERNIERS MOTS D'UN DE MES LIVRES PRÉFÉRÉS
:

"— Nous y sommes, dirent-ils en chœur.
... Dirent-ils. Les maladroits.
Alors bien sûr, ils disparurent."
( Murielle Levraud, N'allez pas croire que l'herbe soit plus verte... elle est plus loin et puis c'est tout.)

LES QUATRE LECTEURS/LECTRICES DONT J'AIMERAIS CONNAÎTRE LES QUATRE :
La Trollette, Nziem, Flam et Doune ! Au piquet, les filles !

27 mars 2007

Une fois n'est pas coutume !

Bonjour à tous.

Aujourd'hui c'est un billet un peu différent que je poste. D'ordinaire je n'aime pas trop parler de moi et en particulier sur ce café, pour une raison très simple : j'ai pour habitude de parler de grands auteurs, d'écrivains confirmés que j'admire infiniment, de "pointures", alors vous admettrez que dans ce contexte, parler de mes débuts littéraires me semblait plutôt inapproprié !

Mais voilà, mon premier roman vient de paraître, ce qui aurait dû constituer un non-événement pour toute personne ne faisant pas partie de ma famille et de mes proches, lesquels ont été forcés d'acheter le livre à la première heure sous la menace d'un revolver, je n'en suis pas fière mais les temps sont durs pour les premiers romans... bref à ma grande surprise (je ne parlerai pas de l'émotion dont je me relève à peine), plusieurs blogs amis ont fait à mon roman tout intimidé un accueil chaleureux dont j'espère, il saura se montrer digne ! (On sent que j'angoisse un brin, là ?)
Quand vous écrivez un livre et que, par un mélange d'entêtement et de chance, vous parvenez à le faire publier, personne ne vous attend, personne n'a besoin de vous. C'est à la fois une consécration et une expérience de dépossession et d'impuissance, car tout vous échappe à commencer par ce roman dont vous avez pris soin pendant des mois, des années, et pour lequel vous ne pouvez plus rien. Qu'il rencontre des lecteurs ou vive sa vie dans l'indifférence générale, c'est son destin fragile, incertain, mystérieux. Il est jeté dans la mer des livres avec tous ses semblables et allez savoir s'il sait nager ! Alors je me suis dit que ce n'était pas juste de ne pas remercier tous ceux et celles dont les encouragements et les félicitations me sont allés droit au cœur. Ils sont comme ces amis qui viennent voir le bébé à la maternité et vous rassurent : non, il n'est pas si laid, son nez n'est pas en patate et si ça se trouve, ses oreilles vont se recoller à la puberté.

Alors d'abord je voudrais saluer bien bas et de tout mon cœur une jeune illustratrice extrêmement douée, Letizia Goffi , qui a eu la gentillesse de proposer au pied levé de me faire une couverture dont je n'aurais pas osé rêver. Sans ta couverture superbe, Letizia, mon roman ne serait pas le même ! Tu as un grand talent et je peux te dire que tous les gens qui me parlent du roman s'enthousiasment pour sa couverture...



Ensuite je tiens à remercier les blogueurs qui ont courageusement commandé une histoire bretonne dont les héros ont des prénoms à coucher dehors avant même de savoir si elle allait leur plaire, et bien sûr ceux et celles qui m'ont fait devenir écarlate en parlant de mon roman. J'espère que vous n'hésiterez pas à venir me confier ce que vous en pensez et à râler si vous ne l'avez pas aimé : j'assure le service après vente. Un merci tout particulier donc à Slumblogger, à Choupynette, à Lamousmé , à La Trollette, à Nziem, à Mr Kiki, à May, à la Meute des Chats de bibliothèque , à ma petite sœur chérie la Turtle et bien sûr à Thom et à Clara! Je suis encore rouge à cause de vous mais ce n'était quand même pas une raison pour ne pas vous rendre un hommage, à vous qui encouragez les petites nouvelles en littérature et m'avez donné l'impression délicieuse d'être conviée non pas à un, mais à plusieurs anniversaires surprise ! (les potes qui gaffent en moins)

Je rentre juste du Salon du Livre et je veux aussi remercier les lectrices et les blogueuses qui m'ont permis de me sentir moins seulette à mon stand, au premier rang desquelles mes chères Doune, La Trollette, Livrovore et Laure dont j'ai pu faire la connaissance. Suite à des cafouillages divers et des problèmes d'agenda j'en ai raté certaines à mon grand regret, mais ce n'est que partie remise et j'espère pouvoir un jour réunir May, Wictoria, Lamousmé, Audrey H. et d'autres encore pour une petite fiesta nettement plus conviviale que les dédicaces !

Je n'oublie pas tous ceux et celles qui m'ont inscrite dans leur PAL (grand honneur fait à mon premier né littéraire, j'espère qu'il se conduira bien et ne bavera pas trop sur les autres livres), parmi lesquelles Yueyin, Clara, Lilly, Lhisbei, Florinette.

Comme je ne savais pas trop comment conclure ce billet, je me suis creusé la tête et j'ai trouvé : je vais vous conter quelques menus "aléas" de la vie d'auteur de premier roman au Salon du livre afin d'égayer un brin votre fin de soirée. Car bon, à une première dédicace quand votre roman est tout neuf, que peu de gens l'ont lu et que vous êtes inconnue au bataillon, autant vous dire qu'on n'attrape pas de crampe du stylo...

Dans un premier temps, on vous installe en devanture d'un stand et c'est un peu effrayant car soudain, vous ne voyez pas bien qui aurait l'idée saugrenue de venir vous voir vous alors qu'il y a un parterre de sommités littéraires et que Blandine Le Callet, pour ne citer qu'elle, dédicace non loin. Cette impression se confirme rapidement quand au bout d'un bon quart d'heure, vous avez été accostée par :

— Une personne qui vous demande où sont les toilettes.

— Une famille qui aimerait savoir à quelle heure dédicace Marc Lévy.

— Une dame qui vous soumet à un quizz sur l'histoire de votre maison d'édition bourré de questions pièges, pour finir par vous demander sèchement s'il "y a des fautes dans votre livre". Vous lui répondez avec angoisse que vous espérez que non mais que les coquilles sont sournoises et que les plus têtues résistent à cinq relectures et corrections, on vous a parlé de cette espèce mutante.

— Un monsieur qui vous demande longuement de quoi parle votre livre avec l'air profondément sceptique du client à qui on vanterait une vache kiri à boire, et qui repart ensuite comme il est venu.

— L'auteur, au demeurant charmant, d'un livre sur l'astrologie karmique, qui s'enquiert poliment de votre signe astrologique. Vous êtes tentée de lui donner la date de naissance du livre, pour voir si son avenir est de finir dans les bacs à soldes des libraires d'occasion avec des vieux Guy des Cars cornés et un Gaffiot de trente ans d'âge.

Ici je dois dire ma reconnaissance à mes éditeurs (deux frères, même pas jumeaux) qui sont venus me soutenir pendant ma petite traversée du désert, me faire rire et partager certains moments pittoresques !

Quand enfin, après toutes ces rencontres, je suis tombée sur une charmante lectrice de mon café qui avait peur de me déranger en me demandant une dédicace, ce n'est que par pudeur que je ne l'ai pas embrassée ! Quand une dame est venue me dire timidement qu'elle avait commencé mon livre et le lisait avec plaisir, je me suis sentie récompensée de tout le mal qu'il m'avait parfois donné, ce chien de roman. Quand des amis d'enfance ont fait le voyage avec leurs enfants en bas âge, au milieu d'un salon noir de monde, rien que pour moi, je me suis dit que j'avais bien de la chance d'avoir des amis aussi sympathiques. Quand des blogueuses ont surgi et m'ont fait marrer avec leur enthousiasme communicatif, leur gentillesse (un grand merci, Laure!) et leur humour imparable (oui ma Trollette, tu peux te sentir visée !), j'ai pensé que tout compte fait, c'était un bon moment, cette dédicace.

Après tous ces jolis moments, j'étais regonflée à bloc et toute prête à renseigner quiconque cherchait la cafétéria ou le stand de Bernard Werber, ou encore me ferait subir un QCM digne de Questions pour un Champion.

J'ignore si on me réinvitera au Salon du Livre pour le prochain roman (même si je pense que j'y ai un bel avenir en tant que borne de renseignements automatique), mais d'ores et déjà je vous sais gré d'avoir fait de cette épreuve d'humilité (et de solitude) de la première dédicace un vrai bon souvenir.

A bientôt !

P.S : pour de sombres raisons de problème informatique (sanglots contenus) je vais rendre vos liens actifs un par un mais patience, ils y seront tous au final. (et ça en fait, des liens !)

14 mars 2007

Sherlock Holmes vs Laszlo Kreizler

Bonjour à tous !

Me revoilà. J'étais sur les traces de deux détectives hors pair et ma traque vient de trouver son terme. Je suis épuisée, je vais, si vous le permettez, m'installer dans mon vieux fauteuil et me faire un thé brûlant. Le voyage a été long et fatigant, de Londres à New York, sans parler de l'énergie qu'il faut pour remonter les siècles ! Les deux personnages que j'ai pourchassés sont complexes et farouches et il m'a été impossible de les convaincre de sortir de leur tanière, même si j'en avais le projet. L'un n'a que faire de la sociabilité, seules quelques énigmes parviennent encore à le déloger de son repaire et à l'arracher à son tabac et à son coin du feu... l'autre est débordé, son Institut l'occupe à plein temps quand il n'est pas au tribunal, occupé à contredire un juge qui préfèrerait que tous les meurtriers soient envoyés à l'asile.
Pourquoi, me direz-vous, me suis-je donnée ce mal ? Tout a commencé alors que je lisais le dernier livre de Caleb Carr, Le secrétaire italien. Les romans de Carr sont si rares que je les attends avec impatience.

Là, mon excitation était double : cette fois le romancier s'attelait à une aventure du plus célèbre détective de tous les temps, domicilié au 221 B, Baker Street. Voilà qui était enthousiasmant. Une aventure inédite de Sherlock Holmes, mêlant la monarchie britannique à une histoire de fantômes remontés du temps de la reine Marie Stuart... le cadre était pittoresque, cette résidence écossaise de la Couronne appelée Holyrood, avec sa tour maudite, ses sous-sols ténébreux...
je dois dire que la lecture en fut agréable, d'autant que Mycroft Holmes, frère du célèbre détective, était de la partie. Mais quelque chose en moi resta sur sa faim. Rien à faire, j'étais déçue. Pourtant tout y était, de la pipe de Sherlock au déchiffrage des énigmes, de l'enquête sur le terrain (et quel terrain !) au talent d'un fin limier excité par le mystère. Avec, qui plus est, un soupçon de surnaturel, tout droit hérité du Chien des Baskerville, pour pimenter l'ensemble, ce qui n'était pas désagréable. Alors, que se passait-il ? Caleb Carr avait parfaitement rempli sa mission (car ce roman est une commande des héritiers de Conan Doyle). Trop parfaitement, peut-être. Il me semblait qu'il s'était lui-même serré la bride, tant il voulait donner satisfaction à ses commanditaires. Peut-être est-ce l'éternel problème des héritiers, ceux qui s'emploient à faire revivre un personnage célèbre : coller le plus possible au modèle. Alors qu'il faudrait sans doute, pour créer une œuvre excitante, trahir sans vergogne le monument qu'on revisite, l'ébouriffer, le transplanter en territoire étranger, le désorienter afin d'explorer d'autres facettes du personnage. Mais que serait Holmes sans Baker Street, sans Watson, sans ses habitudes ?
Dans la postface, Jon Lellenberg, à l'origine du projet (qui était de faire plancher plusieurs écrivains réputés sur des nouvelles qui confronteraient Sherlock Holmes au surnaturel, initiative intéressante), comparait le détective de Baker Street à Laszlo Kreizler, l'aliéniste enfanté par Caleb Carr dans les deux romans qui l'ont consacré, à juste titre. Lellenberg montrait que si un regard rapide eût volontiers rapproché les deux hommes, et si on pouvait voir en Caleb Carr un héritier de Conan Doyle, en réalité les deux personnages se seraient très mal entendus, car leurs dissemblances étaient aussi nombreuses que profondes.
Je trouvai cette idée si réjouissante que je résolus de relire les livres de Carr pour la creuser un peu. Peut-être allais-je ainsi découvrir la raison de ma frustration à la lecture du Secrétaire Italien. Car je ne voulais pas être injuste envers Caleb Carr, cet écrivain qui confesse "vivre en partie dans le passé", et n'écrire que sous le coup de la colère. La colère est une qualité primordiale pour tout individu, et un combustible rare et précieux pour un romancier. J'aime beaucoup cet auteur et mon admiration n'a fait que croître à la relecture de ces deux bijoux que sont l'Aliéniste et l'Ange des ténèbres.

Tout d'abord, faisons les présentations : Sherlock Holmes est détective privé et vit avec son vieux complice le docteur Watson. Laszlo Kreizler est aliéniste, à savoir spécialiste des fous. Il travaille en général en solitaire, mais lorsqu'il se retrouve mêlé à une enquête, il constitue une équipe de choc. Laissons-le définir lui-même son activité usuelle :

"Je suis aliéniste et psychologue. Je travaille en cette capacité dans la plupart des hôpitaux de New York. Je procède aussi à des évaluations de santé mentale pour la municipalité quand on me le demande, et je comparais comme expert dans des procès."

Holmes est donc un limier de profession quoiqu'il aime à se définir comme un "amateur d'énigmes", et Kreizler un consultant, un spécialiste. C'est d'ailleurs en tant que consultant que Théodore Roosevelt, préfet de la police new yorkaise, fait appel à lui au début de l'Aliéniste, en 1896. Bientôt, Kreizler va élargir son activité et mobiliser ses compétences pour traquer un tueur en série. Mais ce n'est pas son domaine d'activité, aussi agira-t-il avec la plus grande prudence, n'écartant une piste qu'après l'avoir soigneusement explorée. Holmes, en revanche, sait généralement très tôt quel criminel il traque (dans Le Chien des Baskerville, par exemple, le coupable est identifié près de 100 pages avant la fin), et son habileté consiste à l'enserrer peu à peu dans un filet aux mailles de plus en plus serrées, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus lui échapper. Technique qui rappelle celle du chasseur.
On a souvent parlé d'une certaine misogynie chez Holmes, de son tempérament associal, taciturne, caustique, de son indifférence pour les passions humaines et les affects. La fonction de l'empathie est dévolue à John Watson, lequel est aussi le faire-valoir de Holmes (bien qu'on ne puisse le réduire à cela, car ses connaissances médicales sont une aide précieuse pour le détective), ridiculisé plus souvent qu'à son tour par son ami. Il est celui qui tremble, qui souffre, qui s'emporte, est choqué ou bouleversé. Holmes offre peu de prises à l'affection. Il n'est pas aimable, il n'est jamais touchant et avoue, dans L'Aventure du Pied du Diable, n'avoir jamais aimé. C'est un être froid, que seules réchauffent l'adrénaline, l'excitation du mystère et du danger. Son jugement se pose sans réserve sur les êtres, acéré comme un scalpel. Il était évident que les femmes, ces êtres que le XIXème siècle définit comme gouvernés par leurs affects et leur utérus, ne pouvaient qu'indisposer le détective...
Laszlo Kreizler est son opposé : chaleureux et affectif, il aime les enfants, auprès desquels il fait merveille. Il s'entoure d'amis chers, il travaille en équipe, et quelle équipe : si les enquêtes de Holmes ignorent les minorités et les marginaux, les coéquipiers de Kreizler semblent avoir été choisis sur ce critère : parmi eux, un grand Noir qui a vu lyncher ses parents (Cyrus Montrose), un journaliste excessif et porté sur l'alcool (John Schuyler Moore), deux sergents de police juifs (Marcus et Lucius Isaacson), un ancien voyou (Stevie Taggert) et surtout une femme, Sara Howard, fine gâchette et tellement indépendante qu'on ne lui connaît pas la moindre histoire d'amour. En cela elle est l'héritière plus accomplie de la Mina Murray de Bram Stocker. Et si Laszlo Kreizler confesse une certaine ignorance concernant la psychologie féminine (et l'auteur s'amusera à le confronter à des féministes pures et dures) et quelques œillères, les romans en eux-mêmes sont profondément féministes, et Sara Howard est traitée en alter ego par ses accolytes mâles. Ainsi, l'Ange des Ténèbres traite de la difficulté des femmes forcées de se conformer à l'idéal de la mère nourrissière.

Ces différences de tempérament se retrouvent aussi dans ce que j'appellerais "l'art de vivre". Chez Holmes, tout est dévolu à l'activité cérébrale, y compris le tabac, qui avant même d'être un plaisir est surtout un moyen de stimuler le cerveau par la nicotine. Pendant une enquête, le détective mange le moins possible, et ne dort que lorsque son esprit a besoin de repos. L'excitation intellectuelle semble être son seul plaisir dans l'existence et on se demande comment Watson peut vivre dans cet appartement qu'il décrit plus d'une fois comme un genre de grotte. Alors que Laszlo Kreizler, dopant son équipe, leur promet qu'ils mangeront bien. Et on les voit sans cesse chez Delmonico, savoureux restaurant new yorkais, disserter de meutres en série en s'empiffrant tandis que défilent un nombre stupéfiant de plats raffinés. Ils vont à l'Opéra, prêtent toujours la plus grande attention à leur confort, et autant vous dire que je préfèrerais de très loin mener une enquête avec le docteur Kreizler plutôt qu'avec Sherlock Holmes ! Si les romans de Caleb Carr célèbrent l'art de vivre, comme la série Twin Peaks, par exemple, ça n'a rien d'un détail : car les meurtres qu'ils mettent en scène sont si hideux que c'est peut-être cette chaleur du confort matériel et de l'amitié qui permettent au lecteur de les supporter. De même, dans Twin Peaks, les séances de brainstorming entrecoupées de bon café et de beignets, les délicieuses tartes aux myrtilles et les lits douillets aident à affronter la noirceur sans nom qui gîte derrière les apparences.

D'un strict point de vue physique, Sherlock Holmes et Laszlo Kreizler ont des ressemblances évidentes : tous deux sont grands et maigres avec un regard d'oiseau de proie, comme si l'intensité de leur activité cérébrale les asséchait. Mais si Holmes est, de son propre aveu, une "force de la nature", toute en muscles et en énergie, Kreizler est affligé d'une blessure d'enfance qui le fait constamment souffrir : son bras gauche, fracturé quand il avait 6 ans, est atrophié, à la fois inutile et douloureux. Ainsi dès le départ Kreizler révèle une faiblesse issue de son enfance, là où Sherlock Holmes ne présente aucun talon d'Achille, à l'exception de son addiction à l'opium et au tabac, qui n'exercent aucun ravage manifeste sur sa constitution.
Ils sont tous deux issus de familles riches et vivent une vie confortable, mais Holmes est un homme sans histoire personnelle dont l'enfance est un mystère, alors que le passé douloureux de Kreizler se dévoile peu à peu au cours des romans ; car au fur et à mesure que les enquêtes progressent, l'aliéniste est confronté à ses limites et à son manque de confiance en lui. Ces failles font ressurgir la figure de son père, un réfugié politique allemand. Membre éminent et respecté de la bonne société new yorkaise, ce dernier était un homme violent et tyrannique dans la sphère privée, qui avait son fils en aversion et lui cassa le bras quand il était enfant, avant de le pousser à coups de pieds dans l'escalier. Cet épisode clé est mis au jour dans l'Aliéniste par Sara Howard (membre de choc de l'équipe d'enquêteurs de Kreizle) mais il demeurera confidentiel. Cependant, le docteur Kreizler se sert parfois de cette violence subie dans l'enfance pour gagner la confiance des victimes qu'il soigne dans son institut, tel le jeune Stevie Taggert, maltraité par sa mère lorsqu'il était mioche. Son passé meurtri est sûrement à l'origine de sa vocation, laquelle le pousse à tenter sans relâche de comprendre les ressorts de la violence et des pulsions meurtrières. Mais le père est surtout, comme celui de Patrick Kenzie, l'image haïe contre laquelle s'est construit l'aliéniste. Une image qui revient le hanter quand il doute et lui sussurre qu'il a échoué, et qu'il lui ressemble...

"Nous restâmes un long moment immobiles et silencieux, jusqu'à ce qu'il marmonne, de la même voix sans vie :

— Tu sais... mon père... [...] Tu sais ce qu'il me répétait tout le temps, quand j'étais enfant ?
— Quoi ?
— Que... que je croyais savoir comment les gens doivent se conduire, que je m'imaginais meilleur que lui. Mais un jour, un jour, disait-il, tu comprendras que tu ne vaux pas mieux. Et d'ici là, tu ne seras qu'un... qu'un imposteur."


Et c'est le fossé le plus profond entre l'aliéniste et le détective anglais : en effet Holmes n'a que faire de la psychologie des criminels. Il ne veut pas en entendre parler. Il s'attache aux preuves matérielles, procède par induction logique. Entrer dans le cerveau d'un malfaiteur, pour lui, ce serait sans doute s'égarer en un lieu malséant. Holmes ne passe jamais le gué qui sépare la loi et la morale du crime et de la perversion. C'est de son territoire à lui qu'il enquête, privilégiant la réflexion domestique à l'enquête sur le terrain, et la preuve au détriment de l'aveu. Dans La Vallée de la Peur, qui n'est pas sa meilleure aventure mais sans doute celle où on en apprend le plus sur lui, on trouvera même un long passage surréaliste où Holmes refuse de prendre les confessions des deux suspects, s'écriant à deux reprises : "Pas de confidences !". Du reste, il ne s'occupe presque jamais de meurtres, et ce n'est pas un hasard si la plus grande enquête de l'époque victorienne, la traque de Jack l'éventreur, celle-là même où les facultés de Holmes auraient fait merveille, n'apparaît jamais dans l'œuvre de Conan Doyle. Car son personnage privilégie, en tant que détective privé, les histoires de chantages, de manipulations, d'adultères ou de vols. Ce n'est pas tant le crime qui le fascine que l'énigme elle-même.
La méthode de Kreizler est radicalement différente. Dès le départ, le meurtrier qu'il veut arrêter est pour lui comme ces silhouettes à la craie dessinées sur les lieux du crime : ses contours renferment le vide, un vide qu'il va falloir remplir à l'aide d'une craie sur un tableau noir. La craie symbolise les erreurs qui jalonneront la quête. Alors que dans les enquêtes de Holmes, la vedette reste toujours le détective et ses fascinantes facultés mentales, dans les romans de Carr on assiste véritablement à la naissance d'un personnage, qui peu à peu s'étoffe et se met à exister jusqu'à prendre chair devant nos yeux : le tueur, ou la tueuse. Je n'ai jamais vu de thriller ou de roman policier où on accordait autant d'importance au meurtrier, au point que sa personnalité nous hante encore après avoir refermé le livre, et au point d'éclipser tous les enquêteurs. Kreizler crée donc un "homme imaginaire" sur un tableau noir. Peu à peu, indices physiques et psychologiques en deviennent la chair et le sang, la silhouette prend corps. Le but est d'arriver à connaître si bien le tueur qu'il deviendra naturel de deviner quel métier il exerce et où il vit. Mais pour ce faire, il faut se départir de ses a priori et se montrer le plus objectif possible. Ce n'est pas un monstre que l'on traque mais un individu tourmenté, dévoyé, que l'on cherche à cerner :


"Kreizler souligna qu'il ne nous avancerait à rien de concevoir notre gibier comme un monstre, parce que c'était à n'en pas douter un homme (ou une femme) qui avait été un enfant. Avant tout, il fallait apprendre à connaître cet enfant, ses parents, ses frères et sœurs, son monde. Il ne servait à rien de parler de mal, de sauvagerie ou de folie ; aucun de ces concepts ne nous rapprocherait de lui. Alors que si nous réussissions à prendre l'enfant qu'il avait été dans les rêts de notre imagination, c'est l'homme lui-même que nous capturerions."


Kreizler ne croit pas au Mal en tant que tel. Il ne jure que par le "contexte" : ce sont des évènements donnés, généralement tôt dans son enfance, qui transforment peu à peu un individu donné en meurtrier. Ainsi faut-il refaire le chemin et déterminer quels sont ces virages de l'existence pour comprendre ce qui le pousse à tuer. Le libre-arbitre, naturellement, existe, mais il n'a qu'un rôle secondaire puisque tout dépend des cartes de départ, lesquelles sont très inégalement distribuées.
En revanche, Holmes a une conception très judéo-chrétienne du crime, même s'il n'est pas croyant. Ainsi son célèbre adversaire le professeur Moriarty n'est pas un génie du crime mais un "génie du Mal". Sherlock Holmes est sans cesse confronté au Mal comme entité, et ce Mal regroupe toutes les forces qui menacent la société. Dans L'Illustre Client, il va même jusqu'à se rejouir de la destruction physique atroce de son adversaire, en appelant au "Salaire du péché". Par conséquent, Holmes enquête régulièrement à charge avec une idée précise de l'identité du criminel (comme dans la nouvelle susmentionnée, justement), et sa traque ne vise qu'à remplir le dossier d'accusation et cerner sa proie, quand Kreizler s'efforce de ne pas laisser son aversion personnelle pour les meurtres interférer dans son enquête, et de cheminer sans arrière-pensée en essayant de comprendre sans juger (car tout jugement fausserait son regard et dresserait des barrières entre le meurtrier qu'il s'efforce de rejoindre et lui) :


"Ainsi, la guerre avait été déclarée à notre ennemie, conclut Mr Moore, et de vivre voix. Le docteur lui rappela aussitôt que [la] considérer comme notre "ennemie" n'aiderait pas notre enquête. Si nous voulions comprendre ce qui l'avait poussée à commettre ses actes de violence passés et présents — de façon à pouvoir deviner ses plans —, nous devions cesser de lui accoler l'image de servante du Diable."


De cela il découle une autre différence de taille entre les deux enquêteurs : Sherlock Holmes est respecté et redouté. Partout où il se rend, sa renommée le précède. Il veille au bon fonctionnement de la société britannique, traque les contrevenants et fait reculer l'angoisse en éclairant les énigmes du halo brillant de sa réflexion logique. Il incarne la victoire de la science et de la rationnalité sur les forces perverses qui égarent les esprits. Comme Watson consigne au fur et à mesure ses aventures et les rend publiques, sa gloire enfle au fil des enquêtes, si bien qu'il en vient à se mettre lui-même en scène, se laissant prendre au jeu de son personnage, ce qui donne lieu à des passages réjouissants :

"Watson revient toujours sur un thème qui lui est cher : il déclare que dans la vie réelle je suis un dramaturge. Il y a en moi une certain veine artistique qui me réclame avec insistance sur la scène. Notre profession (...) serait bien terne, bien sordide, si nous ne procédions pas de temps en temps à une savante mise en scène pour glorifier nos résultats. L'inculpation brutale, la main au collet, que peut-on faire d'un pareil dénouement ? Mais la subtile déduction, le piège malin, l'habile prévision des évènements à venir, le triomphe vengeur des théories les plus hardies, tout cela n'est-il pas la fierté et la justification du travail de notre vie ?"

Laszlo Kreizler, en revanche, vient ébranler les fondements de la société américaine de la fin du XIXème siècle : les piliers de cette société ne lui pardonnent pas de leur expliquer que les pires démons naissent dans le nid respectable des familles, ou que les monstres ne sont que des humains détournés un jour de leur trajectoire. Là où tous voudraient assimiler le meurtre à une maladie mentale, il défend l'idée que les meurtriers, dans leur majorité, sont conscients de leurs actes et que c'est dans leur enfance que tout s'est décidé. Idée bien effrayante car elle signifie que la famille américaine fabrique des monstres à volonté ou que la société, par exemple, crée des marginaux en imposant ses diktats. C'est pourquoi le lecteur qui referme un des romans de Caleb Carr a le sentiment que l'aliéniste a ouvert la boîte de Pandore et libéré des angoisses que la capture du tueur ne soulageront pas. C'est pourquoi aussi les censeurs et les gens de pouvoir combattront toujours cet homme, et n'auront de cesse de freiner ses enquêtes. Ainsi le maire de New York n'hésite-t-il pas à invectiver Kreizler :


"Les gens honorables n'ont que faire de vos travaux, ni de votre abominable conception de la famille américaine, ni de vos incursions obscènes dans l'esprit de nos enfants. Ces questions sont du domaine de leurs parents et de leurs conseillers spirituels. Si j'étais vous, je limiterais mes travaux aux asiles de fous, c'est leur place."


Anthony Comstock, le censeur de la poste, ira encore plus loin, attaquant la "théorie du contexte" si chère au docteur :

" Pur déterminisme ! L'idée que le comportement de tout homme est façonné de manière décisive dans l'enfance est contraire aux notions de liberté, de responsabilité ! Je dis qu'elle est anti-américaine !"

Il est certain que nulle société plus que la société américaine n'a autant érigé en principe fondateur la responsabilité individuelle, propageant un évangile où tout homme est seul responsable de son destin, de sa chance et de sa malchance. Mais dans le même temps, l'Amérique a toujours été confrontée à des explosions de violence chaotiques qui venaient pulvériser cet évangile, tel les massacres en apparence sans rimes ni raison d'un sniper ou d'un lycéen... ou les collections sanglantes des tueurs en série.
Cette société brutalement mise en cause par ces flambées de haine se défend en faisant des meurtriers des parias, des exclus, mais Kreizler est d'un avis différent, et n'hésite pas à dire d'un tueur en série :

" Il appartenait totalement à cette société. Il en était le produit, la conscience maladive — le rappel de tous les crimes cachés que nous commettons lorsque nous serrons les rangs pour vivre ensemble. Il avait besoin de la société des hommes, besoin de leur montrer ce que leur "société" lui avait fait. Et le plus étrange, c'est que la société avait besoin de lui aussi. [...] Nous faisons nos délices d'hommes tels que lui, Moore. Ils servent de réceptacles commodes à tout ce que le monde civilisé a de sombre. Mais les choses qui ont fait de lui ce qu'il était ? Nous les tolérons. Nous les apprécions, même..."

A ce point de la réflexion, je dois reconnaître qu'il était un brin malhonnête de comparer Sherlock Holmes à Laszlo Kreizler, car en vérité Holmes ne peut être comparé qu'à ses contemporains, tant il est emblématique d'une époque et de sa vision du monde. A plus d'un titre, le personnage de Kreizler est le produit de notre époque. S'il s'inspire de Freud ou d'autres aventuriers de la psyché qui vécurent à la fin du XIXème siècle, son ouverture et son regard sur la société sont nourris de siècles d'exploration mentale, d'histoire des mentalités, de sociologie. Aujourd'hui, une enquête menée par Holmes apparaît bien arride à nos cerveaux habitués à sonder les profondeurs de la psychologie, irrigués par le travail des profilers et des psychanalystes. Reste que les nouvelles de Conan Doyle sont des petits chefs d'œuvres ciselés, remarquablement écrits, brillantissimes, que les énigmes qu'elles mettent en scène demeurent inégalées et que la silhouette du célèbre détective, immortelle, est une sentinelle qui indique encore le chemin à tous les enquêteurs.

Reste aussi que l'héritage de Conan Doyle ne peut se démoder puisqu'il accompagne les progrès de la police scientifique, et qu'une série aussi populaire que les Experts en descend en droite ligne.
Cependant Caleb Carr s'est peut-être senti limité, serré aux entournures en revisitant le personnage de Sherlock Holmes, lui qui utilise le passé pour dire notre époque et dépoussière l'ère victorienne en en explorant les profondeurs et les abysses avec les outils d'aujourd'hui.

Pour terminer, je ne résiste pas à soumettre à votre réflexion ces lignes de l'Aliéniste:

"Selon Kreizler, nous autres, Américains, n'avons jamais cessé de courir. Quand personne ne nous regarde, que nous sommes seuls face à nous-mêmes, nous courons, toujours aussi rapides et peureux que naguère, pour fuir les ténèbres que nous savons cachées derrière la porte de tant de foyers apparemment sans histoire, pour fuir les hantises greffées dans la cervelle des enfants par ceux-là même que la nature leur dit de croire et d'aimer, nous courons, plus pressés et nombreux encore, vers le mirage de ces potions, de ces médications, de ces prêtres, de ces philosophies, qui nous promettent de terrasser nos frayeurs et nos cauchemars et qui nous réclament, en échange, une dévotion servile."

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture...
Je voudrais remercier Yueyin pour son excellent billet sur Holmes et sur le Chien des Baskerville ainsi que pour le site très complet sur Sherlock Holmes qu'elle m'a fait découvrir, et Thom pour son aide très précieuse pour la partie "holmésienne" de mon analyse.

A très bientôt !