tag:blogger.com,1999:blog-277379322024-03-07T10:55:06.149+01:00Le café littéraire de GaëlleLes coups de coeur et billets d'humeur d'une romancière en herbe, lectrice enthousiaste et grande amatrice de cinéma et de bande dessinée.
ATTENTION: ce blog ne s'affichera parfaitement que si vous utilisez Firefox (navigateur gratuit et puissant!). Pour le telecharger, <li><a href="http://www.mozilla-europe.org/fr/products/firefox/"> cliquez ici.</a></li>Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.comBlogger96125tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-9173159393845471402015-07-06T18:01:00.003+02:002015-07-07T08:53:56.440+02:00C'est l'été, dansez, aimez, lisez !<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOKPCd1BH-YsHyxUBvxzLg22EDBoapm8NPjyy2PEiUQoaUxKiRi-11eQgAH6Yq0OVue2uyFrkwQtqq82xnprhsHo-8lytne0w2lK1Y3OAVakiuXe8JED98NNluVoZa9MTDmy5h/s1600/descott.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOKPCd1BH-YsHyxUBvxzLg22EDBoapm8NPjyy2PEiUQoaUxKiRi-11eQgAH6Yq0OVue2uyFrkwQtqq82xnprhsHo-8lytne0w2lK1Y3OAVakiuXe8JED98NNluVoZa9MTDmy5h/s320/descott.jpg" width="212" /></a><br />
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Pour commencer, <i><b>Miniaturiste</b></i> de la prometteuse jeune romancière Jessie Burton, vous emmène en 1686 au cœur de l’Amsterdam des marchands prospères, et vous attache au destin mal engagé de Nella Oortman, qu’on vient de marier au riche Johannes Brandt comme on conclut une transaction commerciale. C’est décidée à tirer le meilleur parti de cette situation imposée qu’elle emménage dans la maison de son mari, où l’attendent un mystérieux homme à tout faire, une bonne irrévérencieuse et une belle-soeur glaciale et antipathique. Quant à son époux, il n’est qu’un fantôme qui l’effleure avec distraction, et quand il lui offre en cadeau de mariage leur maison en miniature, elle n’y voit d’abord qu’offense et ironie cruelle. Pour meubler cette encombrante maison de poupées, elle fait appel à une mystérieuse miniaturiste, qui lui envoie bientôt des objets qu’elle n’a pas commandés en guise de cadeaux empoisonnés. Avec son aide bienveillante ou machiavélique, elle va découvrir combien son nouvel univers est fragile et tissé de dangereux secrets. Avec une maîtrise étonnante, une écriture élégante et un talent qui force le respect, Jessie Burton nous prend au piège envoûtant de son intrigue implacable et nous entraîne dans un monde fascinant où l’on resterait bien 300 pages de plus ! </div>
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<b>«Tu croyais être une boîte fermée dans une boîte fermée, se dit Nella, mais la miniaturiste te voit. Elle nous voit. Nella passe un doigt tremblant sur la jupe de Marin, faite de la meilleure laine du marché, et va cacher la poupée de sa belle-sœur tout au fond du salon miniature, derrière un fauteuil, pour ne plus la voir.»</b><br />
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Nikki Gemmell se faisait rare depuis <i><b>La mariée mise à nu</b></i> (dont je vous avais parlé <a href="http://cafedegaelle.blogspot.fr/2007/05/une-bougie-une-marie-quelques.html">ici</a>), et sa fougue littéraire et le raffinement de sa plume nous manquaient. Elle nous offre <i><b>Avec mon corps</b></i>, magnifique roman sur une Madame Bovary qui dépérit dans sa banlieue anglaise, entre trois fils remuants et un mari bien tiède, et qui se demande comment elle a pu se rétrécir et s’appauvrir autant, elle qui était un vif argent, une petite sauvageonne du Bush australien ardente et candide, prête à se brûler à cet amour dont elle était affamée. Flash back sur l’adolescence de tous les dangers de cette Claudine australienne à la sensibilité aiguisée et à la sensualité rayonnante, que le lecteur accompagne en tremblant qu’elle ne fasse de mauvaises rencontres, ne s’abîme, ne perde sa grâce étourdissante. Sur son chemin la jeune sauvageonne croise un homme qui n’a pas peur d’aimer les femmes, un écrivain retiré dans un exil taciturne, qui après s’être défendu contre elle va faire son éducation sentimentale, lui apprendre ce que sait que d’aimer et d’être aimée sans peur, librement et sans mesquinerie. Cet amour qui en se terminant lui a laissé une morsure inguérissable ne l’avait pas préparée à rencontrer tant d’hommes qui avaient peur d’aimer les femmes et les aimaient si mal. C’est pourquoi, au carrefour de la quarantaine, l’héroïne qui s’est perdue en chemin doit retourner à ses racines et à la source de ses blessures pour redistribuer les cartes et infléchir son destin qui s’étiole. Ce magnifique roman, écrit dans une langue aussi sensuelle et libre que son héroïne, est traversé par le souffle de l’amour fou et la lumière aveuglante des espaces sauvages. Il nous murmure à l’oreille que rien n’est jamais perdu, qu’on peut toujours se retrouver, se réparer, qu’il ne faut pas baisser les bras, que la vie mérite d’être aimée follement et dans une forme d’intégrité, qu’il est possible de réapprendre à aimer cet autre qu’on ne regardait plus. Et même possible de lui apprendre à vous aimer dans votre vérité, prendre ce risque qui ouvre l’horizon et écarte les duperies, les faux-semblants qui vous éloignaient l’un de l’autre.</div>
<b><br />«Il dit que vous ne devez jamais perdre ce sens du ludique, un terme qu’il adore, votre espièglerie, votre lumière. Il ne faut pas rester sur le bas côté de la vie, vous éloigner de l’essence de votre être, laisser un homme le faire.»</b><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvbznqeFY9ggGUOgJOtD0o6k63utNiwl_f883MHnfNtRdXot6DJl66cVdfRDYYsBGJfJX6TwjlwpnjjYwRpskku5Z3Ls09Khadc8c8rLcFKyrAQ_ns41CNnzE6_KwKh3q1c61V/s1600/9782709647441-G.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvbznqeFY9ggGUOgJOtD0o6k63utNiwl_f883MHnfNtRdXot6DJl66cVdfRDYYsBGJfJX6TwjlwpnjjYwRpskku5Z3Ls09Khadc8c8rLcFKyrAQ_ns41CNnzE6_KwKh3q1c61V/s320/9782709647441-G.jpg" width="202" /></a>Comme l’été est aussi l’occasion de s’offrir quelques frissons de qualité, je vous invite à découvrir les thrillers du talentueux Régis Descott, qui n’a pas son pareil pour vous entraîner dans une spirale d’angoisse dont vous ressortirez essorés et ravis de cette balade glaçante. Servis par une écriture de hussard élégant et un art consommé de la tension romanesque, ses romans explorent les arcanes de l’humanité la plus noire et font remonter vers nous le chuchotement des ombres et des fantômes. Car c’est bien de fantômes qu’il est question dans son dernier roman, <i><b>Les variations fantômes,</b></i> de fantômes et de musique, et de cet irrationnel qui nous constitue et influence nos choix et nos amours, de toutes ces données impalpables et souterraines dont nous héritons sans en avoir conscience et qui infléchissent aussi notre destin. L’histoire commence comme une énigme de chambre close, un roman d’Agatha Christie (l’auteur rend d’ailleurs hommage aux Dix petits nègres) : un château hanté, des manifestations occultes inexplicables et terrifiantes, des coups contre les murs, un piano qui joue seul, des boules de billard qui s’entrechoquent dans le silence d’une pièce vide... Le financier Philippe Wolf, propriétaire du château de l’Etoile, fait appel à la société parisienne d’études spirites pour traquer l’esprit qui perturbe la tranquillité de sa petite famille. Le docteur Morel le rejoint à l’Etoile avec six apprentis aux dons mystérieux, mais seront-ils de taille à lutter contre l’étendue de ce qu’ils ignorent, la malveillance qui entoure les secrets enclos dans ces murs ? La partition tragique où ils sont appelés à jouer leur rôle n’est-elle pas déjà scellée ? Amateurs de maisons hantées, d’esprits tourmentés cherchant la rédemption avec aveuglement, de mystères épais comme la brume où se perdent les appels au secours, laissez-vous glacer le sang par Regis Descott et ses <i><b>Variations fantôme</b></i>s, leur concentré d’angoisse et de mélancolie poignante, leur ironie macabre et leurs brillants trompe-l’œil, vous ne le regretterez pas ! </div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmjXdd0GCX9kUmJathyphenhyphenPmDB-vAcYgDNHmx4IwUxODq7mgUyC3ZKWj3wedtWFmeJU0PDQ49TylGiIVAURJ9uIdLIwRY9_HcFj65k-82ZvH31OQzKi540GztMeQ33yIFqwKplYcC/s1600/9782253128489-T.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"></a><br /></div>
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<b>«Peut-être étais-je précisément confronté à ce dont tous les ratés du monde ont un jour rêvé : la rencontre providentielle susceptible de changer le cours de l’existence. A ceci près qu’il s’agissait d’un fantôme. J’avais encore la lucidité d’en avoir </b></div>
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<b> conscience.»</b></div>
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Et si vous en voulez encore, et vous en voudrez encore, je vous conseille vivement d’enchaîner avec le somptueux <i><b>Obscura</b></i>, thriller historique fascinant de bout en bout où j’ai retrouvé l’univers qui fut le mien durant l’écriture de <i><b>La part des flammes</b></i> : dans le Paris grouillant et raffiné de la fin du <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmjXdd0GCX9kUmJathyphenhyphenPmDB-vAcYgDNHmx4IwUxODq7mgUyC3ZKWj3wedtWFmeJU0PDQ49TylGiIVAURJ9uIdLIwRY9_HcFj65k-82ZvH31OQzKi540GztMeQ33yIFqwKplYcC/s1600/9782253128489-T.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhmjXdd0GCX9kUmJathyphenhyphenPmDB-vAcYgDNHmx4IwUxODq7mgUyC3ZKWj3wedtWFmeJU0PDQ49TylGiIVAURJ9uIdLIwRY9_HcFj65k-82ZvH31OQzKi540GztMeQ33yIFqwKplYcC/s320/9782253128489-T.jpg" width="198" /></a>XIXème siècle, un tueur s’amuse à reconstituer les tableaux de Manet... avec des cadavres, et à tirer de ces scènes macabres la matière artistique de ses expérimentations photographiques. Jean Corbel, jeune médecin idéaliste amoureux d’une très jolie Sybille qui se rêve en actrice, va se retrouver malgré lui mêlé à l’enquête, et mettre innocemment le doigt dans un engrenage machiavélique et vertigineux qui le conduira à arpenter les ténèbres et les fantasmes sinistres de ce tueur énigmatique. Haletant, érudit, servi par un style limpide et élégant, <i><b>Obscura</b></i> est une réussite totale et vous fait voyager dans le Paris de la fin du siècle, de ses taudis crasseux et syphilitiques à la mondaine clinique du docteur Blanche en passant par la lumière des ateliers de peintres, nous rappelant au passage que l’exercice de la médecine généraliste faisait de vous à l’époque un pauvre parmi les pauvres, en mission humanitaire pour tenter de sauver quelques uns de ces infortunés dont la mort était un non-événement. Si Régis Descott aime la noirceur, les bas-fonds de l’âme et les anges déchus, la lumière trouble filtrée par un miroir fendu ou ce reflet tremblant voilant une photo ancienne, s’il préfère les amours impossibles et les destins contrariés, à la lecture de ses romans, on ne saurait le lui reprocher.</div>
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<b>«Sa destinée : ni les honneurs, ni la fortune, mais le défilé des malades dans son cabinet, l’ascension des escaliers sa sacoche sous le bras, pour le prix d’une passe, ou parfois pour un sourire. Pour cette peine il était parmi ses semblables, au cœur du monde, au cœur de la vie, au cœur des ténèbres. Cela n’avait pas de prix.»</b><br />
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Sur ce, il me reste à vous souhaiter un bel été de paresse exquise et de lectures savoureuses... Et à retourner me plonger dans les recherches pour mon prochain roman !<br />
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Gaëlle Nohant<br />
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<br />Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-65054427082689089532015-05-19T14:37:00.001+02:002015-05-19T17:10:20.518+02:00Kate Atkinson et le conte des 1001 vies<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvEf7bsu0oOqgBYQEF-buHVZ-ByDykYENIcXvUCh4rZ4qMvE-Os3-HGjF-W5Il4azAbsJfKENbHf3_E7zjoQ3qyet9FYUodwhLVDdocTdlwHChbUhUpq4RheADl6wlv6GiJWJX/s1600/url.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="199" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvEf7bsu0oOqgBYQEF-buHVZ-ByDykYENIcXvUCh4rZ4qMvE-Os3-HGjF-W5Il4azAbsJfKENbHf3_E7zjoQ3qyet9FYUodwhLVDdocTdlwHChbUhUpq4RheADl6wlv6GiJWJX/s320/url.jpg" width="320" /></a></div>
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<b> "Les gens vous demandent toujours de quoi parle votre livre, et en général j'invente une réponse car je ne sais pas de quoi parle mon livre (à part de moi), mais si on me poussait dans mes retranchements, je crois que je répondrais qu' <i>Une vie après l'autre</i> parle de ce que c'est qu'être anglais. Pas seulement en réalité, mais aussi de ce que nous sommes dans notre imaginaire."</b><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCybhjgm2Y04kxH8el9QCEM3Ggec9iBQqIqfTq5U_sD5GYLRDBo4Ty1x3OG3A4ifkfSTMzSf_LYvEY_cMAYV5hyphenhyphenAkxhuMPBYwF3sfJYBOz8UMutLBsMhOXBWsE2dI8dx1SDEki/s1600/url+3.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCybhjgm2Y04kxH8el9QCEM3Ggec9iBQqIqfTq5U_sD5GYLRDBo4Ty1x3OG3A4ifkfSTMzSf_LYvEY_cMAYV5hyphenhyphenAkxhuMPBYwF3sfJYBOz8UMutLBsMhOXBWsE2dI8dx1SDEki/s320/url+3.jpg" width="196" /></a>On avait découvert Kate Atkinson avec <i><b>Dans les coulisses du musée</b></i>, son premier roman, merveille d’émotion, de drôlerie et de profondeur. Depuis, elle a écrit d’autres livres, dont une série policière teintée d’une fantaisie très anglaise. <i><b>Une vie après l’autre</b></i>, sorti en janvier dernier, est un roman à l’ambition démesurée qui tient ses promesses. Peut-être parce que Kate Atkinson a atteint ce moment de sa vie d’auteur où on a les moyens de ses ambitions et le courage de dépasser l’horizon de ce qu’on sait faire. <br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnt1iqgMWpzf38rM-88lXUL2xjIkBW4tzBaYsc7iNoAxob1j-P9qhUcyQa8u7VO8fRQtuvg69lTymT3PqyoAqSZSvLTPvHCQyhdx1TSj0twhxWLX6L2UJC4T-EPjf5EZKp1PYa/s1600/9782246807650.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnt1iqgMWpzf38rM-88lXUL2xjIkBW4tzBaYsc7iNoAxob1j-P9qhUcyQa8u7VO8fRQtuvg69lTymT3PqyoAqSZSvLTPvHCQyhdx1TSj0twhxWLX6L2UJC4T-EPjf5EZKp1PYa/s320/9782246807650.jpg" width="218" /></a><i><b>Une vie après l’autre</b> </i>raconte l’histoire d’Ursula Tod, qui naît dans la campagne anglaise au cœur de l'hiver 1910. Elle naît et meurt aussitôt, étranglée par son cordon ombilical. A la page suivante, elle naît de nouveau, comme si les aiguilles du temps avaient reculé pour lui donner une seconde chance. Et cette fois, malgré la neige qui obstrue les routes, le médecin n’est pas resté bloqué et sera là à temps pour lui sauver la vie. Mais il faudra plus d’une deuxième chance à Ursula, car elle semble avoir le chic pour se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment : elle se noie à quatre ans, fait une chute mortelle en tentant de rattraper un jouet que son frère a jeté par la fenêtre, succombe à la grippe espagnole, sous les coups d’un mari violent, ou bien à la faim et la misère en 1944 dans un Berlin de fin du monde... Et chaque fois, la scène originelle, neige et sauvetage du nouveau-né in extremis, se rejoue en ce matin d’hiver 1910, comme dans Un jour sans fin, ce film irrésistible où Bill Murray demeurait prisonnier du même jour quoiqu’il fasse.<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv3Ow8nllbp5cft0t4oK2LazV74zD-xMKW1a7BpczCicQWmCyDlArh0QGVP7JoWdor0Cz2JjtkF-WInrxkfbwYuaouCKRYSemlaST0GdHGfr0vMRNvIjWZpOYsy1GN_adFZ7la/s1600/londresblizt.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSHubM893C5xId8ucL6vle-5cBWZ6ZzYSz2hLRvDGIGEAiuxBPTAekTy2o_WqBwICbdFcwCA8bjejp12MhzF8vt-CRusSpBUklBU5IpCwkXPapiqt4tXjrmG2tjqRshCORtFKH/s1600/NewImage.png" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSHubM893C5xId8ucL6vle-5cBWZ6ZzYSz2hLRvDGIGEAiuxBPTAekTy2o_WqBwICbdFcwCA8bjejp12MhzF8vt-CRusSpBUklBU5IpCwkXPapiqt4tXjrmG2tjqRshCORtFKH/s320/NewImage.png" width="320" /></a><br />
<b>«Et si nous avions la chance de recommencer encore et encore jusqu’à ce que nous finissions par ne plus nous tromper ? Ce ne serait pas merveilleux ?» </b>C’est sur cette phrase d’Edward Beresford Tod que s’ouvre le roman, et elle jalonne le récit sous la forme d’une devise que scande Sylvie, la pragmatique mère de l’héroïne : <b>«Practice makes perfect»</b>, qu'on peut traduire par : c’est en forgeant qu’on devient forgeron. On ne saura jamais pourquoi Ursula est gratifiée de ces vies multiples, mais ce don, qui tient du cadeau et de la malédiction, englobe sa vie et celles qui lui sont contiguës dans une trame mouvante où ne cessent de s’approfondir, d’une variation à l’autre, ses relations aux autres, tandis que s’exacerbe sa sensibilité au monde. Dans ses premières vies, Ursula est plutôt émotive et introvertie, observant un retrait prudent ou angoissé que ses morts brutales, qui lui laissent des traces mnésiques sous forme de pressentiments et de frayeurs inexplicables, viennent conforter. Elle attend que les autres la définissent et lui donnent un but, et cette stratégie s’avèrera plus dangereuse qu’autre chose. Une poignante mélancolie émane de cette héroïne qui se cogne à l’étendue de ce qui lui échappe et frôle dans le brouillard les fantômes de ses vies précédentes, à la manière du petit Danny de <i><b>Shining</b></i>. Autour du noyau joyeux et chaleureux de la maison familiale de Fox Corner, où prospèrent les enfants, les chiens et les renards, errent des ombres menaçantes, entre les hantises remontées des tranchées de 14-18, le mystère glaçant d’une petite fille retrouvée assassinée, les ravages de la grippe espagnole... Plus tard viendront les fracas des bombardements incessants du Blitz, les flammes des avions touchés en plein vol, les corps disloqués. C’est le problème quand on naît à l’orée de deux guerres mondiales, on a peu de chances d’arriver sain et sauf de l’autre côté et de ne pas perdre des gens qu’on aime en chemin. <a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv3Ow8nllbp5cft0t4oK2LazV74zD-xMKW1a7BpczCicQWmCyDlArh0QGVP7JoWdor0Cz2JjtkF-WInrxkfbwYuaouCKRYSemlaST0GdHGfr0vMRNvIjWZpOYsy1GN_adFZ7la/s1600/londresblizt.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="259" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgv3Ow8nllbp5cft0t4oK2LazV74zD-xMKW1a7BpczCicQWmCyDlArh0QGVP7JoWdor0Cz2JjtkF-WInrxkfbwYuaouCKRYSemlaST0GdHGfr0vMRNvIjWZpOYsy1GN_adFZ7la/s320/londresblizt.jpg" width="320" /></a><br />
<br />
Au delà de tous ces récits imbriqués dans l’histoire, dont les personnages attachants ou monstrueux vous accompagneront longtemps, de la courageuse Mme Wolf, chef de l’équipe des secouristes volontaires du Blitz, à l’excentrique tante Izzie en passant par l’écervelée Eva Braun, Une vie après l’autre vient questionner la liberté de nos choix et leur battement d’aile de papillon, et souligne avec talent que la vie n’est sans doute qu’un apprentissage plus ou moins douloureux, plus ou moins heureux, illuminé par nos belles rencontres et nos instants de grâce. Le lecteur captivé aiguise son attention, guettant le cliquetis des engrenages qui font basculer le destin d’Ursula est des siens, et rien n’est vain ni gratuit dans cet exercice romanesque de haute voltige où chaque vie de l’héroïne influence les suivantes de manière subtile et profonde, l’aguerrissant peu à peu, la poussant à sortir de sa coquille pour jouer sa partition dans un monde à feu et à sang. Passionnant de bout en bout, vertigineux dans sa construction et par son originalité, ce roman où le drame est indissociable de l’humour et de la tendresse est un hommage virtuose à l’infinité de possibles qu’abrite la vie humaine la plus modeste. <br />
<br />
<b>«Elle avaient fini leur thé et Izzie dit : «Attends une seconde, je vais me repoudrer le bout du nez. Demande l’addition, veux-tu ?»</b><br />
<b>Ursula attendait patiemment son retour quand soudain la terreur s’abattit sur elle avec la rapidité d’un oiseau de proie. L’appréhension de quelque chose d’inconnu, mais d’extrêmement menaçant. La menace la concernait personnellement, ici, au milieu des tintements polis des petites cuillers sur les soucoupes. Elle se leva en renversant sa chaise. La tête lui tournait et elle avait un voile de brouillard devant la figure. Comme de la poussière de bombe, songea-t-elle, et pourtant elle n’avait jamais été bombardée.»</b><br />
<br />
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br />
<br />
<br />Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-80714769764578555482015-04-30T17:45:00.004+02:002015-04-30T17:49:21.099+02:00 Fred Vargas : Eloge de la lenteur, de l’errance et du détour <style>
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</style><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-size: small;"><b>"Adamsberg est le contraire de moi. J’envie sa lenteur. Adamsberg est un rêveur.
Il me repose."</b></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg,
Pyrénéen d'origine et héros insaisissable de Fred Vargas, est cet électron libre dont l’intuition
confine au génie et qui paraît toujours flotter à la surface des tragédies et
des sentiments. Fuyant la réflexion, il rêvasse et déroute ses semblables par
ses instincts irrationnels, mais son inspiration, comme le reconnaît son
adjoint Danglard qui préfère quant à lui se fier aux indices et à sa mémoire
abyssale, le conduit souvent à </span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">« viser
au plein cœur de la vérité»</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";">.
Il soupçonne une fée Carabosse de lui avoir infligé ce don inconfortable à la
naissance :</span><span style="font-family: "Times New Roman Italic";">
<b>« </b></span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">Puisque vous ne
m’avez pas conviée à ce baptême, je fais don à cet enfant de pressentir le
merdier là où les autres ne l’ont pas encore vu</span></b><span style="font-family: "Times New Roman Italic";"><b>. »</b> </span><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Adamsberg avance au fil d’enquêtes au
rythme soutenu mais qui semblent dénouées au fil de longues errances, avec sa
silhouette floue dont émane un charme irrésistible, son air de rien, sa petite
taille, son nez busqué, sa voix douce qui endort son auditoire. Mais s’il égare
les autres dans les lacis de sa rêverie, lui-même ne se perd jamais dans ce
désordre intime et c’est avec la précision glacée d’un épervier qu’il finit par
resserrer l’étau sur le criminel. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<br />
<br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBQqQsPA4jcEnIpYNh3Do2BqXC9lRvKqAFHZTunMHsm5exSzIXPRJVDxFbQCrOw5gDFLbMCxj1V2RWYM5C2879GJoWxZu_roFazo3owIu8JMCCLFwAyPZXKY_e-xRQisykd838/s1600/9782878582857.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBQqQsPA4jcEnIpYNh3Do2BqXC9lRvKqAFHZTunMHsm5exSzIXPRJVDxFbQCrOw5gDFLbMCxj1V2RWYM5C2879GJoWxZu_roFazo3owIu8JMCCLFwAyPZXKY_e-xRQisykd838/s1600/9782878582857.jpg" /></a><span style="font-family: "Times New Roman";">Se fiche-t-il de tout ? Ce n’est pas certain.
Amant volage, son cœur reste toujours amarré à l’horizon de Camille, lien qu’il
brouille et distend dans le flux d’autres liaisons. Sans cesse Adamsberg
échappe aux analyses et aux bras qui voudraient le retenir. Au fil des années
et des meurtres, le sort s’est pourtant acharné sur ce héros nonchalant.
Peut-être parce que, comme le diagnostiquait un médecin dans </span><span style="font-family: "Times New Roman Bold Italic";">Un lieu incertain</span><span style="font-family: "Times New Roman Italic";"> ,</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> le commissaire néglige parfois de bien
« fermer les grilles » entre les zones du conscient et de
l’inconscient ; ce qui laisse filtrer des intuitions géniales mais peut
aussi </span><span style="font-family: "Times New Roman Bold";"><b>« laisser
monter en surface des objets toxiques qui devraient coûte que coûte rester dans
les profondeurs. »</b> </span><span style="font-family: "Times New Roman";">Il
s’est ainsi retrouvé pourchassé par toutes les polices pour un crime qu’il
redoutait d’avoir commis, a retrouvé un frère presque jumeau en même temps
qu’il affrontait le croquemitaine qui l’en avait séparé, s’est retrouvé deux
fois père, s’est fait enfermer dans un tombeau, voler la femme qu’il aime par
un ennemi d’enfance… Cet homme </span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">« qui
n’a pas de nerfs »</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";"> y
gagne d’inattendus accès de rage et quelques secousses sismiques, mais demeure
ce </span><span style="font-family: "Times New Roman Bold";"><b>"pelleteur de nuages</b>" </span><span style="font-family: "Times New Roman";">qui désarçonne les criminels les plus
aguerris. Et la désinvolture, voire l’indifférence qu’il affiche est sans doute
le bouclier d’un homme prompt à l’empathie et sans cesse confronté au mal. Et
c’est ainsi, naviguant toujours entre deux eaux, le réel et le rêvé, la
tendresse et la désinvolture, que le commissaire Adamsberg est<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>redoutable.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgH34umAVHrfT7igjIcLFa8XqIdYiUIDTBz_FhFlI2gU6Fcx9maPqpoc0i2sclBsms4RuILX6RNapE1Wm7ioMmG3h7WKgPiWshewaJtegafSanZ215KbLiacrBe3wo4IvF-2ETj/s1600/9782290041000.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><br /></a></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8U9-xAIZaNWYG6lpvE0Scdpi9POsceA1aQvVodbcXFynU-M4gaIJ7hYzNNy0Rql2oQNHITKS2GDX9muaG4H4VqlSRAW1_XM8-7SDP1nTEfiH_d31ZAltexDHECSEz-UZ6aX2S/s1600/9782081360440.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8U9-xAIZaNWYG6lpvE0Scdpi9POsceA1aQvVodbcXFynU-M4gaIJ7hYzNNy0Rql2oQNHITKS2GDX9muaG4H4VqlSRAW1_XM8-7SDP1nTEfiH_d31ZAltexDHECSEz-UZ6aX2S/s1600/9782081360440.jpg" height="320" width="207" /></a><span style="font-family: "Times New Roman";"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Dans </span><i><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold Italic";">Temps
glaciaires</span></b></i><span style="font-family: "Times New Roman";">, Adamsberg, qu’on
avait quitté à la fin de <b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><i style="mso-bidi-font-style: normal;">l’Armée furieuse</i></b>, fait le grand
écart entre deux enquêtes à priori si éloignées l’une de l’autre que les réunir
tient de la gajeure : deux meurtres commis vingt ans plus tôt sur un îlot
islandais, et une série de faux suicides au sein de l’Association d’Etude des
Ecrits de Maximilien Robespierre. Entre les deux, des pointillés si ténus que
cette enquête à deux fronts sèmera perplexité et consternation au sein de son
équipe, laquelle compte pourtant, entre autres profils atypiques, un homme </span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">«qui pour être sommaire, misogyne et
agressif, n’était certes pas un imbécile»</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";">,
une force de la nature <b>«</b></span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">convertissant</span><span style="font-family: "Times New Roman";"> </span><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">son
énergie en tout ce qu’elle veut</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";"><b>»</b>,
un lieutenant s’exprimant en alexandrins, un hypermnésique et un
hypersomniaque. Il faut croire qu’évoquer les spectres de la Révolution, en
ressusciter les bouillonnements et les excès n’est pas sans danger car voilà
qu’au cœur de la brigade, une fronde se lève qui n’aurait pas déplu au glacial
et glaçant Robespierre que l’on croisera d’ailleurs tantôt, plus vivant que
nature. Entre «croyants» et «positivistes», voilà l’autorité du chef remise en
question par ses fidèles lieutenants, tandis qu’un jeu d’échecs aux pièces
dangereusement immobiles hypnotise les volontés et qu’à l’ombre d’une
guillotine tout sauf orthodoxe, un massacreur continue de sévir.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Parmi ses nombreux talents, Fred Vargas
compte un humour flirtant parfois avec le surréalisme (sans doute un atavisme
paternel), un art consommé du dialogue, et surtout ce tour de force qui
consiste à aimanter le lecteur vers les à-côtés de l’enquête, les sentiers de
traverse, les rencontres de bistrot, les petits cailloux qui recèlent des
vérités macabres, les brumes irrationnelles où l’on se perd avec effroi mais où
il arrive qu’on se trouve. Et c’est en musardant, en sirotant un verre de
Brennivín au coin du feu ou en devisant à la tombée du soir en compagnie de
Louis Veyrenc, oubliant presque qu’on est dans un <b>«</b></span><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">rompol</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";"><b>»</b> tant la promenade est pittoresque, qu’on tombe soudain nez
à nez avec une incarnation terrifiante du monstre qui sommeille en chacun de
nous. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<b>
</b><br />
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman Bold";">«Il pensa à ce conte que Mordent
aimait : celui où, à peine entré dans la forêt, les branches se refermaient
derrière vous et où le chemin du retour n’était plus ni praticable, ni
visible.»</span></b></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Dans </span><i><b><span style="font-family: "Times New Roman Bold Italic";">Temps Glaciaires</span></b></i><span style="font-family: "Times New Roman";">, qui vient de recevoir le Prix Landerneau du Polar 2015,
Fred Vargas multiplie les jeux de pistes et s’amuse avec ses lecteurs pour leur
plus grand plaisir. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Gaëlle Nohant</span><span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman"; font-size: 10.0pt; mso-bidi-font-size: 12.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"></span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-43575905640109186192015-03-16T09:35:00.000+01:002015-03-16T15:33:48.764+01:00Elle s'appelait Daphné<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ6y8Pogeb-MFFK571fp6QzJUhpyU_qSiD_MoC55yYGSdhx7RiYu9wncTCW9kqqXTrbhUyeB0p-FlGzq9Qz0vBay3scL0nQRKo05GCjLdT-9SC2B5It01dYF3gZ4U0ayKMWChK/s1600/tatiana-de-ronay_0.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJ6y8Pogeb-MFFK571fp6QzJUhpyU_qSiD_MoC55yYGSdhx7RiYu9wncTCW9kqqXTrbhUyeB0p-FlGzq9Qz0vBay3scL0nQRKo05GCjLdT-9SC2B5It01dYF3gZ4U0ayKMWChK/s1600/tatiana-de-ronay_0.jpg" height="212" width="320" /></a></div>
<div style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvapdtNkaO_k12VD66EnRKzPoxA5lQexBhiHNqS2ViN8AFFN0JrjAmuXGDqJfmijEGwRkJ8X3LhHnqHQU1f25_-FLZGTuigGbIxePcZLK9uDZl_SIp3BWzEUW_RXwOvQZldDSD/s1600/fgQq77l8.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvapdtNkaO_k12VD66EnRKzPoxA5lQexBhiHNqS2ViN8AFFN0JrjAmuXGDqJfmijEGwRkJ8X3LhHnqHQU1f25_-FLZGTuigGbIxePcZLK9uDZl_SIp3BWzEUW_RXwOvQZldDSD/s1600/fgQq77l8.jpeg" height="320" width="320" /></a> </div>
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Dans la construction mystérieuse d’un écrivain, ses lectures jouent un rôle essentiel. Il arrive que la rencontre avec un livre décide d’une vocation. Pour Tatiana de Rosnay, ce fut <i><b>Rebecca</b></i> de Daphné du Maurier, que sa mère lui offrit quand elle était enfant. Certains livres ont le pouvoir de changer votre vie, et c’est une dette que vous gardez toujours. C’est sans doute pourquoi le roman vrai que Tatiana de Rosnay nous offre aujourd’hui, <i><b>Manderley Forever</b></i>, est l’un de ses plus personnels et de ses plus réussis. Car l’auteur d’<i><b>Elle s’appelait Sarah</b></i> y rend un vibrant hommage à la romancière qui l’a accompagnée toute sa vie d’auteur et dont le parcours a éclairé le sien. Si <i><b>Manderley Forever </b></i>se dévore avec fascination et délectation, c’est que ce livre est bien plus que la biographie de Daphné du Maurier. Non que cette vie de romancière à succès amoureuse d’un manoir cornouaillais ne soit pas suffisamment intéressante en elle-même, mais <i><b>Manderley Forever</b></i>, c’est d’abord et surtout le regard de Tatiana sur Daphné, chargé de délicatesse, de sensibilité et d’un infini respect. Imaginons une chaîne d’admiration reliant un auteur à un autre à travers le temps. Daphné du Maurier comptait parmi ses auteurs fétiches la talentueuse Katherine Mansfield, foudroyée en pleine jeunesse. Au panthéon de Katherine Mansfield figuraient peut-être une George Elliott ou une Jane Austen. Et ainsi de suite depuis qu’il s’écrit des romans. Tout le mal qu’on souhaite à Tatiana de Rosnay, c’est qu’un jour prochain un jeune écrivain dont elle aura suscité la vocation mette à son tour ses pas dans les siens, avec la même générosité. En lisant son livre, on songe à la Charlotte Brontë d’Elisabeth Gaskell, entre autres, et l’on se dit qu’en fin de compte, les écrivains sont peut-être les mieux placés pour parler de leurs semblables, quand ils les aiment assez.<br />
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Après la lecture, plusieurs images fortes demeurent : celle d’une petite fille taciturne, repliée dans ce monde imaginaire que Daphné du Maurier avait baptisé son <b>Gondal</b> en hommage aux enfants Brontë. Une ravissante blondinette dissimulant au fond d’elle une part masculine si réelle et prégnante qu’elle lui avait donné un nom : Eric Avon. Les écrivains font des enfants étranges. Ils ont très tôt le sentiment d’être décalés, incapables de prendre véritablement part à cette existence où les autres évoluent comme des poissons dans l’eau. Il y a un côté «vilain petit canard», dans l’écrivain en devenir. Une forme de handicap le garde à distance des autres, dans cet incommunicable où il creusera un jour des sentiers en forme de livres pour qu’on puisse le rencontrer et le rejoindre. Mais avant qu’il ait découvert comment faire, il se tient silencieux au milieu de l’exubérance, <b>«ouvert à tous les vents»</b>, tourmenté jusque dans ses brusques flambées de joie.<br />
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La deuxième image, c’est une silhouette qui s’éloigne à la barre d’un voilier, au large de Fowey, paradis cornouaillais au goût de sel et de vent. Une jeune femme tourne son visage tanné vers ce soleil qu’elle aime immodérément, et son regard conquérant dit l’ivresse d’avoir trouvé un refuge pour écrire, la certitude d’être faite pour ça, le vertige de l’indépendance. Il est des lieux favorables à l’inspiration, et Daphné du Maurier trouva le sien en Menabilly, manoir abandonné auquel elle redonna vie, qu’elle habita plus de vingt ans et quitta dans un arrachement. <br />
<b>«J’ai un peu honte de l’admettre, mais je crois que je préfère «Mena» aux gens»</b>, disait-elle.<br />
A Mena, elle avait <b>«ses routes</b>», ses rituels d’écriture, promenades et longues heures dans la cabane qui lui servait de bureau. La grande affaire de Daphné du Maurier, c’était «l’infusion». Pas la tisane, mais le processus fascinant durant lequel un roman se construit dans la tête et <b>«infuse»</b>, colonisant peu à peu toutes les pensées de son auteur au point de devenir une obsession. Sa journée finie, elle retournait aux siens, refermant pour quelques heures cette boîte de Pandore toute personnelle où elle puisait la noirceur et l’ambiguité de ses intrigues, explorant cette part d’ombre où l’attendait Eric Avon.<br />
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<b>«Voilà comment se nourrissent les romans, d’ardeurs et d’obsessions, tout ce qu’on ne peut exposer au monde extérieur au risque de passer pour une démente, tout ce qui se trame dans l’âme des écrivains, fragments de vérités et de fantasmes, argile personnelle façonnée et pétrie à souhait dans le dédales d’un labyrinthe de l’intime interdit aux visiteurs.»</b><br />
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Gaëlle Nohant</div>
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<br />Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-16851036297216509302015-01-29T21:00:00.002+01:002015-03-16T15:34:27.320+01:00Léonor de Récondo, Ecriture vive<div style="text-align: justify;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFPhVlFwb1KQ4aZ_qiAj6GRB5Ygg7IMGAU80pS1cDQBEopZX_tfaVlfBCkaqChFRys70384-TebMDO54IIkXlCF9X4xu-32grkZdOV2i3Crkkrj9jr_vXlpEaeVFjuBHdycKHp/s1600/l_de_recondo_emilie_dubrul_carre.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFPhVlFwb1KQ4aZ_qiAj6GRB5Ygg7IMGAU80pS1cDQBEopZX_tfaVlfBCkaqChFRys70384-TebMDO54IIkXlCF9X4xu-32grkZdOV2i3Crkkrj9jr_vXlpEaeVFjuBHdycKHp/s1600/l_de_recondo_emilie_dubrul_carre.jpg" /></a></div>
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<span style="letter-spacing: 0.0px;"></span><br /></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;">L’éditrice Sabine Wespieser a l’œil sûr pour dénicher ces auteurs qui écrivent en musiciens, à l’oreille, enchevêtrant les sons bruts et les harmonies subtiles, la scansion des mots et les lambeaux de poésie arrachés à l’émotion qui passe, à la fugacité du bonheur qui vous effleure de ses ailes de papillon. Léonor de Recondo est violoniste, cela s’entend quand on la lit. Sa mélodie vous attrape à la manière dont le petit Michele, dans<b><i> Pietra Viva</i></b>, saisit la main de Michel Ange : avec un naturel et un charme désarmants. Le lecteur est traversé au fil du texte par une gamme émotionnelle qui va de la douleur en sourdine aux éclats de joie mais sait aussi restituer toute sa place au silence. Car l’œuvre de la romancière fourmille de taiseux au silence fécond : il y a Aïta, Dans <b><i>Rêves Oubliés</i></b>, qui confesse <b>«ne porter en lui que du silence»</b>, un silence qui se meut <b>«comme une force lente, constante, comme une masse ardente.»</b> Il y a le silence de Michel Ange, l’ombrageux qui se tient à distance des hommes, ne supporte pas les explications et les disciples et donnera à celui qu’on lui envoie ce conseil : «<b>Ne me dérange pas et vole tout ce que tu peux.»</b> Il y a enfin celui de Céleste, la petite bonne d’<b><i> Amours</i></b>, qui accouche seule d’un enfant qui bouleversera son destin : </span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
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<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b>«Céleste pousse de toutes ses forces la vie hors d’elle. Point de rideaux, point d’enfants curieux. Un silence qui se fraie dans son âme. Le silence qui précède la vie, le même, exactement le même qui précède la mort, celui de l’être, de la pleine conscience.</b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b>Céleste, accompagnée de sa force insoupçonnée et du silence originel donne la vie. Et le cri qui la déchire n’est pas le sien, mais celui de son enfant. A peine né.»</b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
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<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
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<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b></b></span><br /></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheZV7JqrE6vNH5Egyy3K1ijmVvbv9pKj_MpeuX6Re7Y_NQkZJG6e7GTCeju6kNfBAr5k3Hg8yH6YllFRyO9akfMV0geHTOgNeqn4OO4nE1lE2ubvV-3xGnq56gxu1-tUJm0xKY/s1600/9782757834350.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheZV7JqrE6vNH5Egyy3K1ijmVvbv9pKj_MpeuX6Re7Y_NQkZJG6e7GTCeju6kNfBAr5k3Hg8yH6YllFRyO9akfMV0geHTOgNeqn4OO4nE1lE2ubvV-3xGnq56gxu1-tUJm0xKY/s1600/9782757834350.jpg" height="320" width="194" /></a><span style="letter-spacing: 0.0px;">Toute en délicatesse, l’œuvre de Léonor de Récondo se tient en équilibre entre la solitude et la plénitude, la lumière et l’angoisse, la création et la perte. <b><i>Rêves Oubliés</i></b>, son deuxième roman, s’attache au destin d’une famille espagnole qui a fui les Franquistes pour se réfugier au pays basque, puis dans une ferme misérable au fond des Landes, endurant la déchéance avec les souffrances de l’exil. Mais du fond de la dureté de leur nouvelle existence, Aïta et Ama éprouvent la force d’un amour inaltéré, la chaleur de leur famille, la vie tonitruante et fantaisiste de leurs trois fils. Face à l’attraction vénéneuse de la nostalgie de ce qui est perdu, chacun s’efforce de saisir le bonheur qui passe et développe un monde secret nourri de ses rêves et de ses aspirations, qu’ils soient tissés de solidarité, de création ou de communion avec la nature. Ainsi un chemin de lumière pourra-t-il subsister, déchirant les ténèbres de la guerre et de la mort.</span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzfnUwwPmr2fq8AGCNxACvwCsxa-fG6CN3knWUm44ZIDWAsvV7kDQpkIlg8S7oe-uxfzJ0hADTuO4Ox6oMzC7i-Ebgw8LroYAcltMoU_giU93eHuF7Q9TPMc4_1k1USPiGNjf5/s1600/9782757838044.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzfnUwwPmr2fq8AGCNxACvwCsxa-fG6CN3knWUm44ZIDWAsvV7kDQpkIlg8S7oe-uxfzJ0hADTuO4Ox6oMzC7i-Ebgw8LroYAcltMoU_giU93eHuF7Q9TPMc4_1k1USPiGNjf5/s1600/9782757838044.jpg" height="320" width="193" /></a><span style="letter-spacing: 0.0px;">Dans <b><i>Pietra Viva</i></b>, c’est Rome que le sculpteur Michelangelo a fuie après y avoir perdu Andréa, un jeune moine dont la beauté l’émouvait jusqu’aux tréfonds de l’âme. Il s’est réfugié à Carrare, où il doit choisir des marbres pour le futur tombeau du Pape. Au milieu des carriers, fraternité mystérieuse d’amoureux de la pierre que la montagne tue plus souvent qu’à son tour, Michelangelo affronte les fantômes de son passé, celui de sa mère disparue quand il était enfant, et d’Andréa dont lui restent l’éblouissement devant la beauté d’un corps et une petite bible annotée en guise de testament. Sa solitude âprement défendue est troublée par l’affection spontanée du petit Michele qui vient de perdre sa mère, ou par la candeur de Topolino, simple d’esprit qui se prend pour un cheval et brûle d’amour pour une jument blanche. Malgré lui, Michelangelo se laisse émouvoir et troubler par l’humanité de ces quelques êtres qui ont su le toucher. A travers cette brèche ressurgissent les blessures de son passé, traits de lumière entaillant ses certitudes et sa cuirasse. Dans ce texte radieux, Léonor de Récondo nous livre le portrait en clair obscur d’un artiste dont le génie serpente entre les ombres.</span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><br /></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b>«Sa nourrice portait en elle assez d’amour pour lui faire croire qu’il n’avait rien à craindre et que, si cette voie était la sienne, il ne fallait pas la laisser s’échapper. Pour cela, il devait accomplir une chose : oublier les autres et plonger en lui-même. Elle avait employé ces termes. Et quand, la tête la première, il plongea dans son magma intérieur, il s’aperçut que sa chair était faite de pierre vive. De pietra viva.»</b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
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<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLPliSkbiWTcRHnGNdsZpi9xwnmG4wg9XN4zQ6XyBbY9e3L09htB4k0gmkp8EZFuJEEbWdLtuiyuAYrLp56dJr1uF9xfY-Z-3L7Xj3T6CWZjeGFsTTuhypdESm7pQ7sTWpepBU/s1600/9782848051734.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLPliSkbiWTcRHnGNdsZpi9xwnmG4wg9XN4zQ6XyBbY9e3L09htB4k0gmkp8EZFuJEEbWdLtuiyuAYrLp56dJr1uF9xfY-Z-3L7Xj3T6CWZjeGFsTTuhypdESm7pQ7sTWpepBU/s1600/9782848051734.jpg" height="320" width="244" /></a><span style="letter-spacing: 0.0px;">Avec <b><i>Amours</i></b>, on quitte Carrare pour un bourg cossu du Cher en 1908, une maison bourgeoise d’où transpirent des secrets de famille. Victoire, mariée sans amour à Anselme, espère un enfant qui justifierait le devoir conjugal qu’elle endure et lui donnerait une raison de vivre. L’enfant ne vient pas, ou plutôt lui vient dans le mauvais corps, à la faveur des amours ancillaires d’Anselme. Est-ce sa foi profonde et sa dévotion à la Vierge qui aident Céleste, la jeune servante, à accueillir cet enfant né d’une relation forcée, sans désir ? La nudité enceinte de Céleste, surprise par Victoire, vient déflorer ce secret et la patronne décide de s’approprier l’enfant de sa bonne. Mais le bébé dépérit loin de la chair de sa mère, et Céleste le vole la nuit pour le sauver, peau contre peau. Victoire les surprend et les rejoint, découvre l’éblouissement de la chair, se rencontre en aimant Céleste. L’évidence de la peau, la lumière des corps, l’étreinte amoureuse, l’instinct maternel qui s’éveille avec l’amour... On devine que tout cela aura du mal à bien finir, dans la société très moraliste de l’époque. Mais on ne regrettera pas l’échappée belle, et on laissera à l’auteur le mot de la fin : <b>«De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d’un paysage.»</b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
<div style="font-family: 'Times New Roman'; text-align: justify;">
<span style="letter-spacing: 0.0px;"><b><br /></b></span></div>
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Avant de vous quitter, j'en profite pour vous faire part de la naissance très prochaine de mon deuxième roman, la Part des Flammes, qui paraîtra le 19 mars aux éditions Héloïse d'Ormesson. Et en guise d'apéritif, je ne résiste pas à l'envie de partager avec vous sa couverture :<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8liinOUEzUuBYpPoDf3zFwhMCg_2nmz32-qt46Pp6TMZjjWLVo1mOh1qoXSfd7Xb7hBlaVT8F70O-zQaBO4PG7RcDI5gDnPoKoqODG-f-GNrv9A53yIJagBoUHqguNf6ECy8q/s1600/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2014-12-09+a%CC%80+17.00.05.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8liinOUEzUuBYpPoDf3zFwhMCg_2nmz32-qt46Pp6TMZjjWLVo1mOh1qoXSfd7Xb7hBlaVT8F70O-zQaBO4PG7RcDI5gDnPoKoqODG-f-GNrv9A53yIJagBoUHqguNf6ECy8q/s1600/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2014-12-09+a%CC%80+17.00.05.png" height="222" width="320" /></a></div>
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Je vous en reparlerait bientôt ! En attendant, je vous souhaite de bonnes lectures et comme il est encore temps, une très belle année.</div>
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<span style="letter-spacing: 0px;"> Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-25176700602047986542014-12-23T17:59:00.001+01:002014-12-23T17:59:27.648+01:00Adrien Bosc, Mathias Menegoz, Benjamin Wood : essais transformés<div class="p1" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgS3JdICaw67Fo1FTvgI-TVTJXJ5rHSr14nWeu7AsvTcHwnt5c0BFOvtkEVAZEXNQuKIuBzxKb0QiA5Mdyz8IcIIVCvP0tEuhsaOSq3ORBE0fjL1aerjncsR9U9vzpo_Os5fLFy/s1600/portrait-356.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgS3JdICaw67Fo1FTvgI-TVTJXJ5rHSr14nWeu7AsvTcHwnt5c0BFOvtkEVAZEXNQuKIuBzxKb0QiA5Mdyz8IcIIVCvP0tEuhsaOSq3ORBE0fjL1aerjncsR9U9vzpo_Os5fLFy/s1600/portrait-356.jpg" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsrbKaaiL1mq6fPsDbtOkDUEIK-3FfrMP9nVgxyfy3hXWivliywTi7bvlxhiD6Y26AneP4ewFokWTbAR3pfZwo4whxVvcSd86U6mxDVB-VqMNy7ktKnhMI7mYjOW_ySx7tyR2H/s1600/Adrien-Bosc.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjsrbKaaiL1mq6fPsDbtOkDUEIK-3FfrMP9nVgxyfy3hXWivliywTi7bvlxhiD6Y26AneP4ewFokWTbAR3pfZwo4whxVvcSd86U6mxDVB-VqMNy7ktKnhMI7mYjOW_ySx7tyR2H/s1600/Adrien-Bosc.jpg" height="320" width="243" /></a><span class="s1"></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRml7P8uCi1DwnAEjRLg2I_9myhoMczhzwm_8Fs0c9atkr4HB1QlZgvyYNCy7atUQ1tQZf7x7z98fVT8npT7mlOTa-1wMvr2UOJwlqNW5z3CNY8Uto8c_qR1-9oEt6-9u4PwRl/s1600/aut-menegoz-mathias.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiRml7P8uCi1DwnAEjRLg2I_9myhoMczhzwm_8Fs0c9atkr4HB1QlZgvyYNCy7atUQ1tQZf7x7z98fVT8npT7mlOTa-1wMvr2UOJwlqNW5z3CNY8Uto8c_qR1-9oEt6-9u4PwRl/s1600/aut-menegoz-mathias.jpg" height="320" width="224" /></a></div>
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Laissez-moi vous parler aujourd’hui de trois jeunes gens pleins de talent dont les premiers romans aux univers aussi riches que différents ont séduit la critique et mérité leur place sur les podiums de la rentrée littéraire. Il est encore temps de les glisser sous les sapin et de faire des heureux, mais si !<br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLnldLxrqljVGX8hPhvdcUM5cCKqW_dwNZLvNCMVWnoDSp-8KV1Q1VePNLcwFY84m4FTDmoVQYmK_MijGmN46bxzKfWHJaRJ8jNxQfm_K8OJBt96L0JUdBPTIPlo8BGvbFY7xA/s1600/9782234077317.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjLnldLxrqljVGX8hPhvdcUM5cCKqW_dwNZLvNCMVWnoDSp-8KV1Q1VePNLcwFY84m4FTDmoVQYmK_MijGmN46bxzKfWHJaRJ8jNxQfm_K8OJBt96L0JUdBPTIPlo8BGvbFY7xA/s1600/9782234077317.jpg" height="320" width="201" /></a><span class="s1">Adrien Bosc, dont le premier roman <b><i>Constellation</i></b> a reçu le grand prix de l’Académie française, revient quant à lui sur le crash du quadrimoteur Constellation F-BAZN d’Air France, qui, le 27 octobre 1949, décolla de Paris vers les Etats-Unis, emportant à son bord quarante-huit passagers qui ne devaient jamais atteindre leur escale des Açores. Le Constellation — quel joli nom pour un avion — s’écrasa sur la crête du mont Redondo, sur l’île de Sao Miguel, sans laisser de survivants. Dans cet «avion des stars», la violoniste virtuose Ginette neveu, le boxeur Marcel Cerdan, l’inventeur des produits dérivés Disney, trois bergers basques et d’autres inconnus dont Adrien Bosc éclaire les vies une à une, s’interrogeant sur cette myriade de hasards qui se rencontrent pour former un destin, ces constellations mystérieuses qui infléchissent le cours de nos existences en y semant des questions métaphysiques. Amélie, la bobineuse de Mulhouse, pouvait-elle se douter que l’héritage miraculeux qui réalisait ses rêves la conduirait droit vers sa mort ? Quant au pilote Jean de la Noüe, qui avait profité d’un vol en 1943 pour rejoindre les Forces françaises libres à Londres, il eut cette fois le triste privilège d’être le nocher conduisant les trépassés vers l’autre rive. Existe-t-il une bonne ou une mauvaise étoile ? Il y a, bien sûr, l’enchaînement des circonstances qui ont abouti, de manière aléatoire et inéluctable, à la fatalité du crash : ceux qui ont pris l’avion, ceux qui n’ont pu le prendre, tels ces passagers qui perdirent leurs places à bord au profit de Marcel Cerdan et de son manager. Mais il y a surtout une réflexion poétique sur les signes qui flèchent nos trajectoires et les correspondances subtiles entre les êtres, conduite avec élégance et profondeur.</span></div>
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<span class="s1"><b>«Toute histoire est un prétexte. Ces deux dernières années, j’ai crû plus que de raison aux signes, à la bonne étoile, m’y suis perdu, seul le récit de ces vies encloses en destinées dans la carlingue d’un Constellation pouvait répondre à mes questions.»</b></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGBZ0abj1jsfEkU9Xk_9boJ6PpARuM2TVE-5FvYoRNvHSzWp8v_bO9j13Cv-QrPCtBVpYZm6eCODPBwnIPbuLqsqePmIm1D7vleEeilscShP36iRw-7tiFQcYYmMHxtM6fH-tg/s1600/9782818020760+(1).jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGBZ0abj1jsfEkU9Xk_9boJ6PpARuM2TVE-5FvYoRNvHSzWp8v_bO9j13Cv-QrPCtBVpYZm6eCODPBwnIPbuLqsqePmIm1D7vleEeilscShP36iRw-7tiFQcYYmMHxtM6fH-tg/s1600/9782818020760+(1).jpg" height="216" width="320" /></a><span class="s1">C’est au cœur de la Transylvanie de 1833 que nous transporte Mathias Menegoz dans <b><i>Karpathia</i></b>, couronné du prix Interallié. Son héros, le comte Alexander Korvanyi, a quitté l’armée impériale à la suite d’un duel et regagne, avec sa jeune épouse autrichienne Cara von Amprecht, les terres obscures et sauvages de son fief ancestral. Si la Transylvanie vous évoque un château lugubre, des forêts noires où hurlent les loups et des vampires assoiffés de sang, sachez que vous retrouverez ces éléments dans <b><i>Karpathia</i></b>, même si la Transylvanie de Mathias Menegoz délaisse le fantastique pour coller à l’Histoire. Peuplée de Magyars, de Saxons et de Valaques, c’est une mosaïque instable de serfs divisés entre eux mais soudés par l’amertume, sur lesquels règnent difficilement quelques familles de nobles et leurs intendants. Quand Alexander parvient au terme d’un voyage épuisant dans ce domaine de la Korvanya où aucun des siens n’a mis un pied depuis un demi-siècle, c’est pour trouver les dépouilles de ses ancêtres massacrés lors d’un soulèvement des serfs valaques, en guise d’avertissement funeste. Dans cette poudrière de misère sociale, de dissensions et de haines entretenues par les agitateurs locaux, l’arrivée du jeune comte autoritaire et de sa fougueuse épouse sera l’étincelle précipitant l’explosion de violence. <b><i>Karpathia</i></b> est un roman d’aventure haletant à la toile de fond fascinante, une histoire aussi âpre et envoûtante que le paysage où elle se déroule, à l’intrigue tenue de bout en bout. Si l’on y croise des loups sanguinaires, les hommes les surpassent en cruauté. Quant au vampire, il n’y est qu’un visage de la tyrannie et de la superstition.</span></div>
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<span class="s1"><b>«En cette heure sombre, au moment de la marée basse de son bonheur, c’était le cœur inaltérable d’Alexander, d’un Korvanyi tel que son père l’avait rêvé, voulu et forgé, qui était dévoilé et émergeait des flots amers avec toute la noirceur et la dureté d’un récif dangereux. D’autant plus dangereux qu’il était entouré des brumes du mythe.»</b></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjufOXR-C6DNXVzSIGKo_P-887f4DlAKGENhZqPE7yTaMiAfke_g53_bEerevEz1y4c4X1iUP7x6ld38d5mbJKVWDCbdK55YbMmpEfrW6Tiwb0sMgUEbIUyvWrR17OX27D4JiyY/s1600/9782843047077.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjufOXR-C6DNXVzSIGKo_P-887f4DlAKGENhZqPE7yTaMiAfke_g53_bEerevEz1y4c4X1iUP7x6ld38d5mbJKVWDCbdK55YbMmpEfrW6Tiwb0sMgUEbIUyvWrR17OX27D4JiyY/s1600/9782843047077.jpg" height="320" width="213" /></a><span class="s1"><b><i>Le complexe d’Eden Bellwether</i></b>, premier roman du talentueux et machiavélique Benjamin Wood et prix du roman Fnac, est un thriller psychologique dans la lignée du <b><i>Maître des illusions</i></b> de Donna Tartt. Parce qu’il se passe dans le milieu chic et huppé des étudiants de Cambridge, parce qu’il sonde la frontière poreuse entre génie et folie, illumination et maladie mentale. Fasciné par le jeune Eden Bellwether, musicien virtuose, arrogant et charismatique, Oscar Lowe tombe amoureux de sa sœur Iris, pauvre petite fille riche sous l’emprise de son frère. Tel le narrateur du Maître des Illusions, Oscar Lowe, aide-soignant désargenté, est l’intrus dont la présence révèle l’aura de fascination et de noirceur de ce monde de privilèges et de culture où une bande d’étudiants trop intelligents s’invente des distractions raffinées et dangereuses pour distraire l’ennui. Eden Bellwether, surdoué narcissique persuadé de pouvoir guérir par la musique, est un personnage complexe, attachant et effrayant, qui ne peut échapper à lui-même. Pas plus que vous n’échapperez à l’intelligence retorse de Benjamin Wood. </span></div>
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<span class="s1"><b>«Elle pense que la tristesse qu’on éprouve à l’écoute d’un morceau triste, disons la 9e de Mahler, n’est pas une tristesse véritable. Pour elle, il s’agit d’une sensation indéfinissable, une émotion diffuse provoquée par la beauté de la musique. Elle ne croit pas qu’un compositeur puisse exciter nos émotions ou manipuler nos sentiments par l’agencement des notes.»</b></span></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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Bonnes lectures à tous, on se retrouve l'année prochaine !</div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-56752965007074832432014-11-04T14:33:00.002+01:002014-11-04T14:33:24.915+01:00La liberté chérie d'Emilie de Turckheim<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTvwZENcp5yrSHmYvl7-Y8I0IrBvN7vrr0Xjk3DjLae0MJ008EU1WtYuSyoPDr4zsyuF9-VMub1J552jJOtLYSZnMXA8vvMffDJ9rMbshE4bm_FvCaYRx6RCimIsS1-m4V7kN2/s1600/eho-emilies-1024x435.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhTvwZENcp5yrSHmYvl7-Y8I0IrBvN7vrr0Xjk3DjLae0MJ008EU1WtYuSyoPDr4zsyuF9-VMub1J552jJOtLYSZnMXA8vvMffDJ9rMbshE4bm_FvCaYRx6RCimIsS1-m4V7kN2/s1600/eho-emilies-1024x435.jpg" height="135" width="320" /></a></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEb1Wz7veZjtdDPhKqEX-eVeq7G1HzwuiX70DVCcfIvGhUdafGS5fbEKcGP0ekNklIHi7qqk1B3zBD1abdChhhFCoYMCPK7xb8OvM0uRL7zFYd-_rd6AfR4bj08vHuneb5EJzs/s1600/9782350872339.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEb1Wz7veZjtdDPhKqEX-eVeq7G1HzwuiX70DVCcfIvGhUdafGS5fbEKcGP0ekNklIHi7qqk1B3zBD1abdChhhFCoYMCPK7xb8OvM0uRL7zFYd-_rd6AfR4bj08vHuneb5EJzs/s1600/9782350872339.jpg" height="320" width="221" /></a><span class="s1">La liberté de cette fille-là est une bien jolie chose, qui rayonne à travers ses romans et pourrait même se révéler contagieuse. S’il est des romans sombres, des romans pensifs, des romans qui pèsent leur poids de sens et de chagrin, ceux d’Emilie de Turckheim sont étrangement dansants, désinvoltes, ivres d’une fantaisie débridée qui s’autorise tout. Je l’ai découverte à la rentrée dernière avec <b><i>Une sainte</i></b>, l’histoire résolument farfelue d’une visiteuse de prison à qui il pousse des ailes, bien qu’il devienne vite évident que les chemins qu’elle emprunte pour gagner son auréole sont pour le moins tortueux. Deux conclusions s’imposaient après cette lecture : on se trouvait face à une romancière qui ne s’encombrait pas de vraisemblance, et qui avait une écriture aussi lapidaire et tenue que ses récits étaient échevelés. Comme si l’un était la condition de l’autre. Fouetter les chevaux de l’imaginaire et retenir le mors aux dents de l’écriture. Liberté et maîtrise, galop conduit par une main de fer sous le velours des mots.</span></div>
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<span class="s1"><b>«Il part dans un grand rire, redevient sérieux et dit que seul Dieu est en mesure d'ordonner nos péchés du plus mortel au plus mignon. Elle dit qu'elle a tué un chat, prié d'autres dieux, volé de l'argent à sa mère, conduit un innocent en prison, regardé un film pornographique.»</b></span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJXX_ONu2BvgkFOGRMIQS1sCF8dSv0p5o5hm45pYduhFOa3xzqHzfBt99bsuoQ1YgvgVuFEKa2YbhpC5VoddIUi8A_tiWTtgxfxUYMAxlfCpoPQxiWgmO5GYbQjT6W53tMoNvH/s1600/9782253177555.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJXX_ONu2BvgkFOGRMIQS1sCF8dSv0p5o5hm45pYduhFOa3xzqHzfBt99bsuoQ1YgvgVuFEKa2YbhpC5VoddIUi8A_tiWTtgxfxUYMAxlfCpoPQxiWgmO5GYbQjT6W53tMoNvH/s1600/9782253177555.jpg" height="320" width="198" /></a><span class="s1"><b><i>Héloïse est chauve</i></b>, qui vient de sortir en poche, raconte l’amour flamboyant qui unit Lawrence, un homme dans la force de l’âge et Héloïse, héroïne tout feu tout flamme dévol</span>ue à cette passion qui a commencé en coup de foudre alors qu’elle n’était qu’un bébé de cinq mois. Si l’on admet comme préambule qu’un bébé puisse tomber amoureux à cinq mois et attendre impatiemment son heure, Don Juan en puissance ensorcelant un objet de ses désirs désarmé d’avance par tant de détermination et d’ardeur, voilà un roman d’amour qui vous emporte à la manière d’un torrent de vie sauvage et tumultueux, capricieux et généreux. Emilie de Turckheim a l’art de vous désarçonner par son impertinence avant de vous serrer le cœur comme par inadvertance. </div>
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<br /></div>
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<span class="s1"><b>«Lawrence s’agenouille. il voudrait savoir où Héloïse trouve le courage de hurler sans économie, sans médiocrité. Il y a de l’amour, du désespoir, une stupéfaction de vivre dans son cri. Lawrence aimerait avoir la force et l’impudeur d’être en vie comme Héloïse est en colère. Il rêve d’une existence où chaque geste et chaque parole aurait le même excès.»</b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigQMw3S6zZ01Bs_194EZeCBvfd92ijTw1pHBD5wPq1e1nz_NCjwLpucsDXVgOVBHcD3NKk9mDOMWCl54E4NAmPccDZaxcJrlzD0MWa70jKkU9bjGXydcD7WWAuOICZgOotQw6H/s1600/9782253177562.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEigQMw3S6zZ01Bs_194EZeCBvfd92ijTw1pHBD5wPq1e1nz_NCjwLpucsDXVgOVBHcD3NKk9mDOMWCl54E4NAmPccDZaxcJrlzD0MWa70jKkU9bjGXydcD7WWAuOICZgOotQw6H/s1600/9782253177562.jpg" height="320" width="198" /></a><span class="s1"><b><i>Le joli mois de mai</i></b>, qui se déguste avec raffinement et concentration, est une variation originale sur le thème du «roman policier en chambre close». Un huis-clos où faisandent des sentiments emmêlés, de vieilles rancunes et des haines recuites attisées par la perspective de l’héritage de Monsieur Louis, propriétaire d’un hôtel pour chasseurs. C’est Aimé, l’homme à tout faire du défunt, qui nous raconte l’histoire, et la maîtrise stylistique de l’auteur lui donne la stature d’un personnage de Faulkner ou de Steinbeck. Aimé observe la comédie grinçante jouée par ces héritier supposés rassemblés par la convoitise dans la maison de Monsieur Louis, son œil aiguisé par des blessures secrètes scrute cette galerie de personnages arrogants, veules, falots et cupides. Qui héritera, qui a tué, qui est mort ? Voilà un roman réjouissant et vénéneux, dont la saveur âpre et relevée vous reste longtemps sur les papilles après la lecture, et dont la construction impeccable s'appuie sur une prouesse stylistique.</span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<span class="s1"><b>«L’amour-propre c’est quand on décide de s’aimer soi-même pour être aimé au moins par quelqu’un.»</b></span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFZph5Xk1xzhyAThXZVZlKcvmLiquoJwDo5aJdwnYICG6KFWl08SVRQ3-6w0iLSCVcmnTXMV6bcyRyFNnk8KR3jmDCDZeq2vB6kaYBPnItqAQU_jK-RrgE6KjTZg442B7QSe3t/s1600/9782350872889.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFZph5Xk1xzhyAThXZVZlKcvmLiquoJwDo5aJdwnYICG6KFWl08SVRQ3-6w0iLSCVcmnTXMV6bcyRyFNnk8KR3jmDCDZeq2vB6kaYBPnItqAQU_jK-RrgE6KjTZg442B7QSe3t/s1600/9782350872889.jpg" height="320" width="219" /></a><span class="s1">Et voici que pour la rentrée, Emilie de Turckheim qui n’est jamais où on l’attend, passant du roman policier revisité au roman d’amour transgénérationnel ou au conte amoral, nous offre <b><i>La disparition du nombril</i></b>, le journal de sa deuxième grossesse, qui est davantage l’affirmation éclatante d’une féminité heureuse, farouche et libertaire qu’un témoignage à destination des futures mères. Certes, Emilie a la nausée et son minuscule locataire, «la petite prune», influe sur ses états d’âme et pèse parfois sur sa liberté de mouvement, mais la maternité n’est pour elle qu’une dimension particulière d’une vie intensément vécue. Qu’elle se remémore d’anciennes liaisons dont la morsure demeure, pose nue, visite les prisons, ait des craintes pour son bébé ou joue à cache cache avec son petit garçon, Emilie de Turckheim dresse l’autoportrait d’une femme sensuelle et fantaisiste qui n’entend renoncer à aucune des variations de son être et nous interroge en chemin sur l’évolution du destin des femmes et leur liberté toujours à conquérir.</span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Quelle révolution que d’écrire et de ne jamais interrompre le geste, couler de toute sa mémoire, ployer sous le poids du désir toujours neuf, toujours grave, toujours urgent, d’écrire.»</b></span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Surtout continez à écrire, Emilie, et à entraîner sur ses chemins de traverse des lecteurs intrigués et consentants, prêts à se laisser bousculer et ensorceler par la singularité de votre imaginaire.</span></div>
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<span class="s1"><br /></span></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-22003510973977347042014-10-15T18:30:00.003+02:002014-10-15T22:05:37.031+02:00Robert Goolrick, Eric Reinhardt, Gaëlle Josse : La vie sur un fil<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcBRZquGXOINqkNAJbX9dhPkCRkWbH99-xT4dwQUp7qVhitO2_E_1_XYKC7J0gFCaoCp6u5Q7fXo6Yfa56Dlw_141f-rgnaeKq-h9dDl5wAs-ehwaBEzgd-davX4AhOA5p9YFG/s1600/AVT_Galle-Josse_4135.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhcBRZquGXOINqkNAJbX9dhPkCRkWbH99-xT4dwQUp7qVhitO2_E_1_XYKC7J0gFCaoCp6u5Q7fXo6Yfa56Dlw_141f-rgnaeKq-h9dDl5wAs-ehwaBEzgd-davX4AhOA5p9YFG/s1600/AVT_Galle-Josse_4135.gif" height="200" width="147" /></a></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJH1oAoQfFreit3Ip5AR8JE-JJmS7x65uNKRiGl32D0XRg_2k-mNXo4WpjT6AcB2s2dwyY6n99zFWcHEU662ActlFtXVHg7psky_enUCubj6tKY0NrnlVX20dAaaXNGdAwsEU9/s1600/Goolrick_robert_tcm7-39933.gif" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJH1oAoQfFreit3Ip5AR8JE-JJmS7x65uNKRiGl32D0XRg_2k-mNXo4WpjT6AcB2s2dwyY6n99zFWcHEU662ActlFtXVHg7psky_enUCubj6tKY0NrnlVX20dAaaXNGdAwsEU9/s1600/Goolrick_robert_tcm7-39933.gif" height="200" width="200" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKzUBmFx4oLmIVFY7kbYsDcPNterrmYNnnOsxQRA-NF8Gic0kRM8M_Wa4DUfzfehcWlz4Dljk5ouu8ACufhzJab1CcXQAfr1Is3OU42gXk8nnrP0laFbraRhCRjaLmHEMxqpSz/s1600/image_11.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKzUBmFx4oLmIVFY7kbYsDcPNterrmYNnnOsxQRA-NF8Gic0kRM8M_Wa4DUfzfehcWlz4Dljk5ouu8ACufhzJab1CcXQAfr1Is3OU42gXk8nnrP0laFbraRhCRjaLmHEMxqpSz/s1600/image_11.jpg" height="150" width="200" /></a><br />
<br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJH1oAoQfFreit3Ip5AR8JE-JJmS7x65uNKRiGl32D0XRg_2k-mNXo4WpjT6AcB2s2dwyY6n99zFWcHEU662ActlFtXVHg7psky_enUCubj6tKY0NrnlVX20dAaaXNGdAwsEU9/s1600/Goolrick_robert_tcm7-39933.gif" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><br />
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZWzGoN4bsrhbtENhkIlDNdUkLa-4wHQIlN1xUTzf-8ua1omj4M-VSbaAb4IamZaUj0p-kTh0_Jzu0P6T3EewWvVmkacNtYkVh2PQhdu6Gdn1Bnz50YBz9NGWlvgAZK54uhL3A/s1600/9782843377372.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZWzGoN4bsrhbtENhkIlDNdUkLa-4wHQIlN1xUTzf-8ua1omj4M-VSbaAb4IamZaUj0p-kTh0_Jzu0P6T3EewWvVmkacNtYkVh2PQhdu6Gdn1Bnz50YBz9NGWlvgAZK54uhL3A/s1600/9782843377372.jpg" height="320" width="218" /></a><br />
<span class="s1">Parmi mes coups de cœur de la rentrée littéraire, Robert Goolrick, pour lequel j'avais déjà confessé <a href="http://cafedegaelle.blogspot.fr/2012/08/robert-goolrick-arrive-un-grand.html">ici </a>mon admiration, nous propose avec <b><i>La chute des princes </i></b>un roman au croisement de ses deux veines littéraires romanesque et autobiographique, narrant la chute de ces jeunes loups de la finance new qui, dans les années 80, brûlaient leurs vies telles ces allumettes qui ne retrouvent jamais <b>"l'incandescence originelle</b>". Si vous avez vu <b><i>Le loup de Wall Street</i></b> de Scorsese, vous retrouverez ici la frénésie, l'hystérie de cette époque où l'on enseignait à la fine fleur des universités américaines la rapacité sans scrupules, l'ivresse de la cupidité, les séductions vénéneuses d'un monde taillé pour des hommes d'airain shootés à la coke où la moindre faiblesse vous valait d'être laminé, effacé de ce monde dont vous aviez cessé d’être digne. Le culte de la performance, de la productivité, de la flambe, de la beauté des corps, de tout ce qui s'achète et se consomme, biens matériels et êtres humains, amour et amitié... Mais si <b><i>Le loup de Wall Street</i></b> de Scorsese n'apprenait rien de ses déboires, celui de Goolrick nous parle ici depuis les limbes où l’ont précipité sa chute : une vie ordinaire de libraire chez Barnes &Nobles, où il garde la nostalgie de sa toute-puissance passée, de cette vie de luxe et d’adrénaline où décrocher un poste se jouait au poker et où «<b>Nous savions qu’à condition de vouloir tous la même chose, chacun recevrait sa part égale de gloire et de désolation.»</b> Une vie qui l’a consumé corps et âme mais gardé en vie tandis que s’amoncelaient autour de lui les cadavres des victimes de ces vies étincelantes à la vacuité mortifère. <b><i>La chute des Princes</i></b>, c’est <b><i>Le loup de Wall Street</i></b> avec un supplément d’âme, vu sous l’angle de la tragédie grecque et de la rédemption, dont Goolrick confesse qu’elle est au fond son seul sujet.</span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span></div>
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<br />
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span></div>
<b>«Comment pouvons-nous abriter pareilles splendeurs dans nos cœurs, malgré tout ce que nous avons fait personnellement pour souiller cette beauté, tous nos péchés par action et par omission, nos exactitudes, nos faux-départs et nos intentions mensongères, nos promesses sous cocaïne, dans le noir, jamais tenues ? On continue notre petite vie, on équeute les haricots, on sort le chien, on essaie de toutes ses forces de trouver dans la vie quotidienne le souvenir sacré, ce lieu où l’on vit dans une beauté et une terreur telles qu’on craint que le cœur lâche. Pourtant, il résiste. Le cœur tient, pour toujours.» </b><br />
<br />
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGHM_xMODzRr83Mnf428ld18QKKTtu43gwSaJFj3abso_TYPMnno6oyQImSQgXwBwqh1hft5-WTh8ewH7Vu3vkhEh9dkGnX14CLfLGmwo3F4gecZrMzOkC3a7O1OtaOP1u62mt/s1600/9782070143979.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGHM_xMODzRr83Mnf428ld18QKKTtu43gwSaJFj3abso_TYPMnno6oyQImSQgXwBwqh1hft5-WTh8ewH7Vu3vkhEh9dkGnX14CLfLGmwo3F4gecZrMzOkC3a7O1OtaOP1u62mt/s1600/9782070143979.jpg" height="320" width="218" /></a><span class="s1"> Dans <b>«L’amour et les forêts»</b>, Eric Reinhardt s’attache à une lectrice que son idéalisme et sa sensibilité exacerbée au monde ont prédisposée à tomber dans le piège d’un mari pervers et manipulateur. Bénédicte Ombredanne lit comme on cherche l’air pour ne pas se noyer, elle sait que les livres peuvent sauver, elle a d’ailleurs trouvé dans un roman de Reinhardt des mots qui l’ont nourrie et réparée. Elle lui livre en échange, peu à peu, la tragédie de sa vie quotidienne, le combat qu’elle mène pour ne pas abdiquer, disparaître, se laisser tuer à petit feu. Comment une femme sensible, intelligente et brillante a-t-elle pu tomber dans la dépendance d’un tyran domestique ? Cette énigme au cœur du roman compose, au fil d’une forme d’enquête psychologique, un beau portrait de femme échappant aux définitions, qui aspire à l’abri des forêts et à celui de l’amour mais incarne elle-même une forêt d’ombres opaques où la lumière surgit au détour d’une clairière. Forte et vulnérable, capable de renaître à elle-même ou de se laisser anéantir, le talon d’Achille la jeune femme est sans doute cette aspiration à <b>«une vie incandescente»</b>, cette foi en l’existence qui l’a conduite à entretenir la fiction d’un mariage heureux. Qu’il mette en scène le harcèlement conjugal ou raconte comment Bénédicte se reconquiert à la faveur d’une vraie rencontre amoureuse ou de la pratique radieuse de l’écriture, Eric Reinhardt est ici au sommet de son art et il y a fort à parier que Bénédicte Ombredanne, héroïne poignante et lumineuse, vous accompagnera longtemps. <b>«J’ai toujours été profondément touché par les destins empêchés»</b>, confie le romancier. Touché et inspiré, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. </span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p3" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Je n’ai pas capitulé. Je suis toujours vivante. Je suis seule à diriger ma vie, contrairement aux apparences.</b></span> <b>La beauté, je sais très bien où aller la cueillir, rien ni personne ne pourra plus m’empêcher d’exercer ce droit, à commencer par mon mari, voire mes enfants, ou le lycée, ou les convenances.»</b></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRTU56bYLCpzWSljZLVbMjH1S9jgcFtYtSAsphizQw75bd3ANX3kw_TcGkrvcSbzkUXkrryAdIpq3a0gYbMrV-RT5Nd4Ea_Bmxpy-k8BLPuJJXNmB_QImlZKTn9XUFC6AaqCTB/s1600/9782882503497.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgRTU56bYLCpzWSljZLVbMjH1S9jgcFtYtSAsphizQw75bd3ANX3kw_TcGkrvcSbzkUXkrryAdIpq3a0gYbMrV-RT5Nd4Ea_Bmxpy-k8BLPuJJXNmB_QImlZKTn9XUFC6AaqCTB/s1600/9782882503497.jpg" height="320" width="204" /></a><span class="s1">Dans son dernier roman, <b><i>Le dernier gardien d’Ellis Island</i></b>, Gaëlle Josse nous entraîne à New York en novembre 1954. Quelque jours avant que le bureau fédéral ne vienne fermer l’un des centres d’immigration les plus célèbres du monde, John Mitchell, son dernier gardien, couche sur le papier les souvenirs obsédants d’une vie passée à côtoyer ces immigrants débarquant des entreponts sordides avec pour seuls trésors quelques effets personnels, le rêve d’un avenir meilleur et leur dignité. Malgré sa volonté de demeurer un cerbère neutre et inflexible défendant aux indésirables l’accès à la «Porte d’or» de l’Amérique, John Mitchell a parfois été conduit à trahir sa mission, par amour ou par simple sursaut d’humanité. Il a franchi la ligne rouge, d’abord en s’éprenant passionnément de Nella Casarini, jeune immigrée italienne un peu sorcière débarquée du <i>Cincinnati</i> avec son jeune frère simple d’esprit, ensuite en prenant le risque de faire rentrer aux Etats-Unis un anarchiste italien qui constituait un danger pour sa patrie mais l’avait impressionné par sa franchise, son charisme et sa fierté. S’il n’est ni un héros ni un rebelle, John Mitchell est un homme simple que la proximité de tous ces destins n’a pu laisser indifférent. Et comment rester de pierre devant ces exilés fuyant la misère ou l’oppression, accrochés à l’espoir d’une deuxième chance dans cette Amérique fantasmée en pays de Cocagne ? Dans un style nu et poétique</span>, Gaëlle Josse laisse résonner ces destins innombrables et nous donne à aimer ce gardien hanté par les fantômes d’Ellis Island.</div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="p1">
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<span class="s1"><b>«Je sentais en face de moi la présence brûlante de Lazzarini, une présence minérale, compacte, comme celle d’une pierre chauffée à blanc, avec ce regard sombre, profond, qui paraissait soupeser son interlocuteur et saisir aussitôt ce qu’il avait dans le ventre. </b></span></div>
</div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>C’était une présence trop intense, trop sauvage pour ce bureau de l’administration américaine, avec ses classeurs rangés et ses stylos alignés, une présence avec quelque chose d’irréductible, une menace non exprimée, d’autant plus étrange qu’à ce moment précis, l’homme était à ma merci. Le filet s’était refermé sur lui, mais rien ne semblait pouvoir entamer sa fierté. Et malgré ses vêtements de pauvre, sa chemise élimée et ses sandales de corde, Lazzarini était un seigneur.»</b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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Trois romans, trois univers singuliers, mais qui tous soulignent à quel point notre vie terrestre est fugace, risquée, aléatoire et fragile, et affirment en même temps à quel point nos existences minuscules ont le pouvoir d'irradier l'obscurité du monde avec la grâce instantanée des étoiles filantes. Belles lecture à vous.</div>
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<br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
Gaëlle Nohant</div>
<!-- Blogger automated replacement: "https://images-blogger-opensocial.googleusercontent.com/gadgets/proxy?url=http%3A%2F%2F2.bp.blogspot.com%2F-zR37PvreQbQ%2FVD6cv7_GS5I%2FAAAAAAAABBk%2Fo6eHTyRkW-k%2Fs1600%2FGoolrick_robert_tcm7-39933.gif&container=blogger&gadget=a&rewriteMime=image%2F*" with "https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJH1oAoQfFreit3Ip5AR8JE-JJmS7x65uNKRiGl32D0XRg_2k-mNXo4WpjT6AcB2s2dwyY6n99zFWcHEU662ActlFtXVHg7psky_enUCubj6tKY0NrnlVX20dAaaXNGdAwsEU9/s1600/Goolrick_robert_tcm7-39933.gif" -->Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-15540621061772893582014-08-25T14:45:00.003+02:002014-08-25T15:51:07.695+02:00Frédéric, Oona & Salinger<br />
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhS0U1Kx5J4aCAoj5qTsda4LcRkqkmuA2-UgCgV6tkmWfwpbofbrh7WfBylo07LkmJ9lF_oKV8MxRw3rpATWAOxOxGQZdbXTAschBsyDDMxOYsgy7mA86s3qE6XjJFCosZWUipX/s1600/Frederic-Beigbeder_ABACA_203200_004.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhS0U1Kx5J4aCAoj5qTsda4LcRkqkmuA2-UgCgV6tkmWfwpbofbrh7WfBylo07LkmJ9lF_oKV8MxRw3rpATWAOxOxGQZdbXTAschBsyDDMxOYsgy7mA86s3qE6XjJFCosZWUipX/s1600/Frederic-Beigbeder_ABACA_203200_004.jpg" height="320" width="240" /></a></div>
<br />
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p3">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Cette enfant seule dans New York se cherchait un protecteur, quelqu’un pour l’adopter, comme un chat qui fait semblant d’être indépendant et réclame son bol de lait à heures fixes. Elle ne pouvait se contenter d’un adolescent belliqueux, d’un fantassin expatrié, d’un écrivain ombrageux et encore moins d’un vétéran traumatisé... Mais pour comprendre cela, il fallait avoir au moins vingt ans de plus.»</b></span></div>
</div>
<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
</div>
<div class="p2">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkeiFIelL3SQutfbMr3CHUbCKBjzv9xDnGvRUpAWrNNUeywcJylmiZd8vriKUTCnGX1kaMTGZd4ln_BRafTTX5Jj4Dc6RKj6zgWqSWSmzYO_Y_-xEGbUMQd38AXJl6kmKDasir/s1600/BEIGBEDER-C.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkeiFIelL3SQutfbMr3CHUbCKBjzv9xDnGvRUpAWrNNUeywcJylmiZd8vriKUTCnGX1kaMTGZd4ln_BRafTTX5Jj4Dc6RKj6zgWqSWSmzYO_Y_-xEGbUMQd38AXJl6kmKDasir/s1600/BEIGBEDER-C.jpg" height="320" width="200" /></a></div>
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<span class="s1">En cette rentrée littéraire, Frédéric Beigbeider nous propose avec <b><i>Oona & Salinger</i></b> ce qu’il appelle une faction : une fiction vraie, une histoire vécue qu’il s’est approprié pour lui donner une densité romanesque, nourrissant de son imaginaire ces mystères et ces ellipses qui sont le miel des écrivains. C’est l’histoire du romancier J.D. Salinger, à l’époque où il n’était qu’un débutant ombrageux et timide, encombré de lui-même mais déjà armé de sa vocation. L’époque où il tomba amoureux de la très jeune Oona O’Neill, «it-girl» du New York mondain des années 40, petite fille riche mal-aimée par un père célèbre et briseuse de cœur à l’âme fragile et écorchée qui traînait avec d’autres héritières charmantes et capricieuses, Gloria Vanderbilt et Carole Marcus, et avec leur ami Truman Capote, dont l’esprit snob et caustique faisait déjà des ravages. </span></div>
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<b>«</b><span class="s1"><b>Si l’on n’était attiré ni par l’argent, ni par l’extravagance... Si l’on cherchait une autiste à protéger, un ange à sauver... On risquait fort de tomber dans le piège d’Oona.»</b></span><br />
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<span class="s1">Des soirées enfumées du Stork Club à une nuit sur la </span><span class="s1">plage naquit un long flirt fitzgeraldien qui finirait mal, car Jerry aimait Oona en espérant la changer et Oona n’aimait pas assez Jerry. Hemingway, qui devint l’ami du jeune Salinger pendant la libération de la France, déclare dans le roman : <b>«</b></span><span class="s3"><b> Tout écrivain doit avoir un jour le cœur brisé, et le plus tôt est le mieux, sinon c’est un charlatan. Il faut un amour originel complètement foireux pour servir de révélateur à l’écrivain.»</b></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxqfhMwlPAcRBRL38f9R-x_hefUuynkeKN9hRgC5S1hKmUxr30GZmAglETIrzKPP9vz0T-3jwq_9Tud1n0NyKdnmoWLHVLRVgnMnDV8OGeBuWRe0mk9fOhVpR4WjCdliwsG2cT/s1600/JD_Salinger.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxqfhMwlPAcRBRL38f9R-x_hefUuynkeKN9hRgC5S1hKmUxr30GZmAglETIrzKPP9vz0T-3jwq_9Tud1n0NyKdnmoWLHVLRVgnMnDV8OGeBuWRe0mk9fOhVpR4WjCdliwsG2cT/s1600/JD_Salinger.jpg" height="320" width="261" /></a><span class="s1"></span><br />
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<span class="s1">De ce point de vue, on peut dire que l’idylle ratée entre le ténébreux Jerry et la belle Oona contribua à forger l’écrivain Salinger. Si Oona vécut sa grande histoire d’amour avec Charlie Chaplin, qu’elle rencontra à Hollywood et épousa pendant que Jerry était plongé dans l’enfer de la guerre, la jeune fille brisa le cœur de l’écrivain qui lui écrivit des années durant, offrant à cette muse indifférente son désespoir et son humanité brisée, son amertume et son ironie. Ces lettres, Frédéric Beigbeider n’a pas eu le droit de les lire ; alors il a choisi de les imaginer, et c’est un pari osé mais plutôt réussi. Car si son amour malheureux pour Oona servit de révélateur à l’écrivain, la guerre le changea à jamais et c’est un vétéran traumatisé qui se retira du monde pour se réfugier au fond des bois de Cornish peu après son retour en Amérique. Les pages que Beigbeider consacre à la guerre de Salinger, du débarquement de Utah Beach aux terribles combats de la forêt de Hürtgen et à la libération des camps, sont sans doute les plus fortes du roman, ténèbres absurdes ensoleillées par l’amitié nouée entre le célèbre Hemingway et ce jeune débutant insolemment doué. Entre discussions sur l’écriture, propos désabusés sur l’amour et journal de guerre, un grand auteur se fabrique sous nos yeux et l’illusion est convaincante, la fiction prend corps au fil des lettres. </span></div>
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<span class="s1">Si Beigbeider réussit le portrait de ces deux écorchés vifs que furent Oona et Salinger, les rendant fascinants et poignants, il ne s’efface jamais derrière l’histoire qu’il raconte, cabotinant entre ses héros timides unis par leurs silences, jouant les intermédiaires entre eux et nous, leur époque et la nôtre... Les amateurs du personnage Beigbeider s’en délecteront, d’autres seront frustrés qu’il n’abandonne pas tout le champ à ses beaux personnages. Mais finalement, qu’il explore les traumatismes de Jerry ou les fêlures d’Oona, disserte sur l’amour courtois ou les mérites des mariages avec une grande différence d’âge, le romancier laisse le destin de ses personnages résonner avec ses propres questionnements et peu à peu filtrer une émotion qui est sans doute au croisement de leurs vies et de la sienne, donnant tout son sens à la phrase de Drieu la Rochelle qu’il place en exergue du roman : </span><span class="s2"><b>«J’ai envie de raconter une histoire. Saurai-je un jour raconter autre chose que mon histoire ?»</b></span></div>
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<span class="s1">Si vous voulez savourer un roman glamour à souhait, qui oscille sans cesse entre le frivole et le grave, la mélancolie et la légèreté, <b><i>Oona & Salinger</i></b> est celui qu’il vous faut. Ne boudez pas votre plaisir, c’est la rentrée !</span></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
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Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-25457204690914398602014-04-18T10:19:00.001+02:002014-04-18T15:07:31.410+02:00Trois femmes puissantes et une terre : l'Argentine<div class="p1">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgffuux8XCgNuxwRImtaw5xklx6zO4AUpT7nb8QW2VPTK8uiZ-mq_5s0NpNVsJJSRoqpAs-VDf5gmpqNVYa2QSQAYprCAsSaz4TluyRHpBUmbzbfzMiX206YgH4tGyzBw7Bgwgz/s1600/liv-5190-la-capitana.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgffuux8XCgNuxwRImtaw5xklx6zO4AUpT7nb8QW2VPTK8uiZ-mq_5s0NpNVsJJSRoqpAs-VDf5gmpqNVYa2QSQAYprCAsSaz4TluyRHpBUmbzbfzMiX206YgH4tGyzBw7Bgwgz/s1600/liv-5190-la-capitana.jpg" height="320" width="210" /></a><span class="s1">A l’inverse, dans <b><i>La Capitana</i></b>, son dernier roman, Elsa Osorio s’empare d’une matière historique, de quantité de documents et de témoignages, pour bâtir le portrait d’une femme exceptionnelle — Mika Etchebéhère, pasionaria argentine de la guerre d’Espagne — en lui injectant la densité du romanesque. Lui prêtant sa voix et alternant là encore les témoignages et les allers-retours dans le temps, elle s’adresse aussi à son héroïne — et quelle héroïne que cette combattante anarchiste fière et généreuse à laquelle ses idéaux conservèrent jusqu’au bout sa jeunesse et sa vivacité d’esprit ! — pour sonder délicatement cette part de mystère qui ajoute à son aura. Roman d’une vie forgée à la double flamme de l’engagement et de l’amour, <b><i>La Capitana</i></b> vous entraîne sur un rythme trépidant de la Patagonie au Berlin des années trente et de Paris à la guerre d’Espagne au cœur de ce tumulte où s’écrivait l’histoire du siècle, et vous offre, en prime, une belle histoire d’amour. Elsa Osorio nous bouscule, nous émeut et nous rappelle que la vie est dans le mouvement et le risque, et ça fait du bien !</span><br />
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<span class="s1"><b>«Je suis éblouie par la vie que vous meniez, une vie simple, riche, libre et engagée, unique, éthique et belle, la vie des idées, des émotions, de la passion partagée pour un monde meilleur.»</b></span></div>
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<span class="s1">Ecrivain, scénariste et réalisatrice, Lucia Puenzo n’a pas froid aux yeux quand elle convoque les fantômes de ce pays âpre et sensuel où la douceur se pose comme par inadvertance. Dans <b>Wakolda</b>, son dernier roman, Josef Mengele, le monstrueux médecin d’Auschwitz qui trouva refuge en Argentine, est contraint de fuir sa vie confortable à Buenos Aires pour rallier la Patagonie, cette «Suisse argentine» au pied des Andes. Il faut dire que les agents du Mossad sont sur sa piste en même temps que sur celle d’Eichman, qui sera bientôt enlevé sur le sol argentin pour être jugé en Israël. Sur sa route, il croise Eva et Enzo, qui s’en vont vivre dans le village de Bariloche avec leurs deux fils et leur fillette de douze ans, Lilith, dont le déficit de croissance réveille la convoitise de l’ancien nazi obsédé par la pureté de la race. Convoitise qui va crescendo quand il devine que sa mère est enceinte de jumeaux, son obsession éternelle. L’élégant et arrogant Joseph, qui se prétend vétérinaire, ne tarde pas à s’immiscer dans la vie de cette famille et à s’y rendre indispensable, prenant une chambre dans leur pension, dans cette région dont les paysages à couper le souffle servent de refuge à une communauté d’anciens SS y retrouvant une vie mondaine préservée de la curiosité des chasseurs de nazis. Derrière les hautes grilles et les arbres au feuillage épais, au cœur des forêts ténébreuses où passent des silhouettes furtives, des convalescents au visage bandé et des disciples fiévreux entretiennent la vieille flamme nazie, tandis que Josef soumet peu à peu la gentille petite famille à une emprise d’autant plus glaçante que le lecteur, lui, sait ce dont il est capable. Ce roman subtil, magistralement mené, glace le sang et dérange profondément par le portrait qu’il dresse d’un homme posant sur ses semblables le regard clinique d’un chercheur sur des rats de laboratoire. Si elle sonde les ombres de l’Argentine d’une plume tranchante et ironique, c’est avec une grande délicatesse que Lucia Puenzo ausculte les ambiguïtés, les déchirements et les périls de la fin de l’enfance, restituant finalement toute sa vulnérabilité à l’intrépide Lilith, sa petite héroïne. Du grand art. </span><br />
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<span class="s1"><b>"Josef était un homme de science, il ne croyait ni à la magie, ni à l'alchimie, ni à aucun autre type d'hermétisme. Il ne croyait ni aux montagnes sacrées ni aux villes secrètes où — racontait-on — s'étaient repliés les survivants. Il était convaincu que le destin des hommes se résoudrait uniquement à la surface de la terre. Il fut obligé de prendre un des somnifères avec lesquels il avait endormi les victimes qui, en de rares occasions, avaient éveillé en lui une once inespérée de pitié."</b></span><br />
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<span class="s1"><b><i>Après l’orage</i></b>, premier roman aux accents faulknériens de la romancière Selva Almada, a pour cadre un hybride de garage-station service perdu au milieu de nulle part, dans la canicule poisseuse du nord de l’Argentine. Une sorte de Bagdad Café où échouent le révérend Pearson et sa fille Léni suite à une panne de voiture. Le garage est tenu par le Gringo Brauer, qui y vit seul avec ses chiens et cet adolescent, Tapioca, qu’une femme lui a déposé un jour et qui est peut-être son fils. Comme la panne mettra longtemps à être réparée, voilà nos quatre protagonistes forcés de cohabiter le temps d’une journée de chaleur étouffante que viendra déchirer un orage apocalyptique, mettant à nu les desseins secrets, les passions inassouvies, les fragilités et les rapports de force. L’homme de foi qui cherche des âmes à sauver avec la ferveur obsessionnelle d’un chercheur d’or et le garagiste pragmatique et ombrageux qui ne croit qu’au bien et au mal, cette <b>«question quotidienne, concrète, que l’on pouvait affronter avec son corps»</b>, se disputent l’avenir du jeune Tapioca avec une violence rentrée qui jaillira dans le déchaînement de l’orage, tandis que les deux adolescents tentent d’écouter cette voix intérieure qui n’appartient qu’à eux, murmure de liberté, questions sans réponse. Roman d’une poésie sauvage et âpre où les hommes parlent peu et disputent leur destin à la tyrannie indifférente de la nature, <b><i>Après l’orage</i></b> dépayse complètement et impressionne par sa maîtrise, sa force contenue, son intensité. Il faudra compter avec Selva Almada. </span></div>
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<span class="s1"><b><i>"Le Christ est amour. Mais ne confondez pas amour et passivité, ne confondez pas amour et couardise, ne confondez pas amour et esclavage. La flamme du Christ illumine, mais elle peut aussi provoquer des incendies."</i></b></span></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant.</span></div>
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Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-20205036409402230802014-02-20T17:15:00.000+01:002014-03-18T15:24:22.925+01:00Donna Tartt, the secret writer<div class="p1" style="text-align: justify;">
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIPipht2ky5C57YCVDKurRn-6oGq6RmUFkDG-u9I5RFgu6xfZXWrs7ia43fU8ydHOrb3GwVyBpu2lO6DjTM4gPWUfqxllQWUr1xmwL7lenT_9-J9GRZp680zMYRIc3JPeORlCK/s1600/Tartt_01_body.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIPipht2ky5C57YCVDKurRn-6oGq6RmUFkDG-u9I5RFgu6xfZXWrs7ia43fU8ydHOrb3GwVyBpu2lO6DjTM4gPWUfqxllQWUr1xmwL7lenT_9-J9GRZp680zMYRIc3JPeORlCK/s1600/Tartt_01_body.jpg" height="320" width="232" /></a></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Un cœur égaré. Le fétichisme du secret. Ces gens comprenaient, comme moi, les méandres obscurs de l’âme, les chuchotements et les ombres, l’argent qui glisse d’une main à l’autre, le mot de passe, le code, le second soi, toutes les consolations cachées qui élevaient la vie au-dessus de l’ordinaire et faisaient qu’elle valait la peine d’être vécue.»</b></span></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span>
</div>
<div class="p1">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGAzxJ9_979yGcPujQtsLgciSNMmN7yQY4_P5HsUR1tbazK4G828J3HNzSMGx5nDwhqRCzaNggZgn55Wxqt77ImXmEsY6iDic913CqMecjIx04vFCXkMPGjj7IpT25gzL2YH6K/s1600/9782266188739.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGAzxJ9_979yGcPujQtsLgciSNMmN7yQY4_P5HsUR1tbazK4G828J3HNzSMGx5nDwhqRCzaNggZgn55Wxqt77ImXmEsY6iDic913CqMecjIx04vFCXkMPGjj7IpT25gzL2YH6K/s1600/9782266188739.jpg" height="320" width="195" /></a><span class="s1"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1">Ce n’est pas un hasard si Donna Tartt entra en littérature avec <b><i>The Secret History </i></b>(<b><i>Le Maître des Illusions</i></b>). Ni si elle confesse que Stevenson est un des auteurs qui l’a le plus marquée, précisant qu’il y a un peu du Dr Jekyll et de Mister Hyde dans chacun de ses romans. Et ce n’est pas non plus un hasard si les héros de ses trois romans sont des jeunes gens dont la construction en tant qu’individus et la survie s’organisent autour de secrets qui sont à la fois leurs fardeaux et leurs talismans. Cohérente, Donna Tartt choisit d’envelopper d’ombres et de secret les patientes gestations de ses œuvres pour n’émerger publiquement qu’une fois par décade, à la sortie d’un nouveau roman, donnant quelques interviews en pâture à la presse et à ses fans avant de regagner une existence discrète et cachée. Si nos secrets sont précieux, c’est qu’ils sont l’empreinte agissante de ce «second moi» que nous réprimons tout en aspirant parfois à le lâcher dans le monde dans toute sa violence et sa frénésie. Celui qui participe au processus de l’écriture et sans lequel le roman qu’on écrit serait restreint aux limites étriquées de notre conscient. Nous gardons secrets ce que nous ne pouvons assumer au grand jour, ce qui nous pèse et nous forge, ce qui nous a été confié, ce que nous avons découvert mais souhaitons enclore au fond de nous. Le thème central des romans de Donna Tartt, c’est peut-être cette part de notre nature contre laquelle nous luttons en vain car <b>«nous ne pouvons refuser qui nous sommes.»</b> Dans <b><i>Le Maître des Illusions</i></b>, premier roman virtuose et palpitant, Julian Morrows, charismatique professeur de langues anciennes d’une bande d’étudiants surdoués et dandys, prononce ce discours prophétique: </span></div>
</div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span></div>
<br />
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Il est dangereux d’ignorer l’existence de l’irrationnel. Plus une personne est cultivée, intelligente, réprimée, plus elle a besoin d’une méthode pour canaliser les impulsions primitives qu’elle s’est efforcée d’éliminer. Sinon ces forces puissantes et archaïques vont s’amasser et grandir jusqu’à se libérer, d’autant plus violentes qu’elles ont été retardées, et souvent assez brutales pour anéantir complètement la volonté.»</b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
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<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
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<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Quant à Theo Decker, jeune protagoniste de son dernier roman, <b><i>Le</i></b> <b><i>Chardonneret</i></b>, il perd sa mère bien-aimée à treize ans dans un attentat terroriste au Metropolitan Museum. Cette explosion qui arrête le cours de sa vie en fixera les données immuables : Le vide torturant laissé par une mère lumineuse, un amour fou pour une jeune musicienne, la rencontre avec un antiquaire auquel il liera son destin et enfin le secret sous la forme d’un tableau, <b><i>Le Chardonneret</i></b>, qu’il emporte avec lui sur une impulsion. Trimballant avec lui ce trésor encombrant et dangereux, livré à lui-même, bringuebalé d’un appartement cossu de Park Avenue à la banlieue désertique de Las Vegas avant de rentrer à New York, Théo réalise non sans douleur que le temps passant il ressemble davantage à son père, ce looser impénitent prisonnier de ses combines et de ses trahisons, car <b>«nous ne choisissons pas notre cœur.» </b>Du monde arcane des dealers et des voyous aux sphères ouatées de la haute société new-yorkaise où le désespoir et la lassitude de vivre se rencognent dans les alcôves de vies fondées sur la toute puissance de l’argent et l’obligation de la réussite, Théo s’efforce de se construire tant bien que mal entre ce à quoi il aspire et ce que veut son cœur. Sur son chemin chaotique, il rencontre Boris, irrésistible voyou russe qui devient son meilleur ami et lui demande un jour : <b>« Et si notre méchanceté et nos erreurs étaient la matière même qui détermine notre destinée et nous amène vers le bien?»</b></span><br />
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Cette question plane en filigrane sur les trois romans d’une romancière qui vous invite dans un univers romanesque où le chemin de la résilience passe par les drogues, les mauvaises rencontres et les périls, mais aussi par les amours déchirantes, les amitiés qui sauvent, les mains qui vous rattrapent dans la vide. Ils sont rares, les écrivains qui savent tout faire à l’instar du grand Dickens, passant avec la même virtuosité de l’humour à la profondeur psychologique, du suspense dramatique au chuchotement de l’intime. Donna Tartt est de ceux-là, elle est aussi rare que douée, aussi n’ajouterai-je que deux mots : lisez-la.</span><br />
<span class="s1"><br /></span>
<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Sauf qu’il y a une chose que je voudrais vraiment vraiment qu’on m’explique. Que fait-on quand on est la victime d’un cœur périlleux ? Que fait-on si ce cœur, pour ses propres raisons insondables, vous mène directement vers une nuée au rayonnement ineffable, loin de la santé, de la vie domestique, de la responsabilité civique, vous déconnecte de tout ancrage social, de toute vertu platement commune et, au lieu de cela, vous conduit droit vers un éblouissant incendie, tout de ruine, d’immolation et de désastre ? [...] Si votre moi le plus profond chante et vous amadoue pour vous guider directement vers le feu de joie, vaut-il mieux tourner les talons ? Se boucher les oreilles avec de la cire ? Ignorer toute la gloire perverse que vous crie votre cœur ? Prendre la voie qui vous mènera consciencieusement vers la norme : horaires raisonnables et carrière, New York Times et brunch du dimanche, tout cela assorti de la promesse de devenir, on ne sait comment, une meilleure personne ? Ou, comme Boris, est-ce mieux de foncer tête baissée, dans un éclat de rire, dans la fureur sacrée qui vous appelle ?»</b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<br />
<span class="s1"></span></div>
<br />
<div class="p1">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4zjbgvrHYWaDhrf-XgJeqFG1qyerI2-jzlkzro63jpbJmQCJajvowoFgGG10B4Ko0oc8ldO82guxr9riZwKks8t-qWCR2MMk19U6gftynj113rLpJ5VTAiXuWTDBQdnX7DI7h/s1600/201311231648-full.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" height="299" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4zjbgvrHYWaDhrf-XgJeqFG1qyerI2-jzlkzro63jpbJmQCJajvowoFgGG10B4Ko0oc8ldO82guxr9riZwKks8t-qWCR2MMk19U6gftynj113rLpJ5VTAiXuWTDBQdnX7DI7h/s320/201311231648-full.jpg" width="320" /></span></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><br /></span></div>
<div class="p1">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;"><b>«Une fois qu’on a goûté à la beauté artistique, la vie change. Une fois qu’on a entendu chanter le chœur Monteverdi, la vie change. Une fois qu’on a contemplé Vermeer de près, la vie change. Quand on a lu Proust, on n’est plus le même. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi.»</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;"><b><br /></b></span></div>
</div>
<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1"></span><br /></span></div>
</div>
<div class="p1">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNA8nWDxGJi-vSQHaBb2Bty-UkYVwIHeTiDoqQI1fk4JUSpwmUITFM9LRdvo4wgzYNJxaYowQJPWyQVI9PxkYSvzvy3FgGL-tJzTyW4qZIyshSd6gbaxW0ODvzX21Qn46362T9/s1600/9782330022266_1_75.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgNA8nWDxGJi-vSQHaBb2Bty-UkYVwIHeTiDoqQI1fk4JUSpwmUITFM9LRdvo4wgzYNJxaYowQJPWyQVI9PxkYSvzvy3FgGL-tJzTyW4qZIyshSd6gbaxW0ODvzX21Qn46362T9/s320/9782330022266_1_75.jpg" width="191" /></span></a><span class="s1" style="font-family: inherit;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1">Pourquoi, longtemps après avoir refermé <b><i><a href="http://www.librairiecharlemagne.com/livres/9782330022266/CONFITEOR.html">Confiteor</a></i></b>, le roman de l’écrivain catalan Jaume Cabré, a-t-on le sentiment d’avoir été le lecteur privilégié d’un de ces romans qui vous transforment et vous accompagnent une vie entière, que l’on pourra lire et relire sans en épuiser la richesse ? Peut-être parce qu’il embrasse plusieurs siècles et une infinité de destins plus fascinants les uns que les autres, et malaxe le temps comme une matière première au service de l’histoire qu’il raconte. Ou parce qu’il déploie une véritable originalité stylistique sans jamais sacrifier la profondeur humaine des personnages ni le rythme de son récit. Ou encore parce qu’il allie une construction vertigineuse et une haute exigence romanesque à une fluidité et à un humour qui font que sa lecture n’est jamais écrasante ou fastidieuse. C’est peut-être ça, le secret. Savoir écrire un roman éblouissant qui n’oublie jamais d’être simple et accessible, en un mot qui n’oublie jamais son lecteur. Et Jaume Cabré, qui ne nous prend pas pour des cerveaux atrophiés, s’adresse à notre intelligence autant qu’à notre sensibilité. Car si <b><i>Confiteor</i></b> demande au lecteur une qualité d’attention (Rêvassez en le lisant et vous passerez du XXème siècle au XIIIème dans la même phrase sans avoir compris comment !), il lui rend tout cela au centuple, l’émeut, le chamboule et le bouleverse tout en lui prodiguant les joies de l’esprit, multipliant les clins d’œil et les motifs dont le retour çà et là donne au roman des allures de symphonie aux mouvements virtuoses. </span>Sans oublier qu’en jouant
avec le je et le il, Jaume Cabré n'invente rien de moins que le zoom littéraire ! Et le temps de vous
y habituer, vous savourerez la liberté qui se dégage de ce procédé, la proximité qu'il offre avec les personnages.</span><br />
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<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1"></span><br /></span></div>
</div>
<div class="p1">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;">Vous me direz tout ça est bien beau, mais de quoi s’agit-il ? <b><i>Confiteor</i></b> déploie des dizaines de destins à travers le temps, de récits dans l’histoire. Mais tous ces destins tournent telle la roue de l’univers autour d’Adrià Ardèvol, un personnage très attachant que nous suivons de l’enfance à la mort, un érudit qui, après avoir grandi tant bien que mal entre un père autoritaire et secret et une mère qui voulait faire de lui un violoniste, a tenté durant des années d’écrire un essai sur la nature du mal avant de reconnaître son échec, de retourner les pages du manuscrit et d’écrire sur l’envers le récit de sa vie avant que sa mémoire ne soit détruite par Alzheimer. C’est le thème central de <b><i>Confiteor </i></b>: l’impossibilité de parler du mal de manière abstraite, et que le seul moyen de le faire soit au travers d’une histoire, d'une myriade de récits enchâssés les uns dans les autres. La victoire de la fiction sur l’analyse intellectuelle. C’est pourquoi, bien que ce roman déborde d’érudition, il n’est jamais intellectuel et nous plonge sans cesse plus avant dans la matière romanesque. Avec le mal que l’on fait sciemment ou malgré soi, celui que l’on subit, vient le désir ou le refus de la rédemption. Dans ce roman se croisent différentes figures du mal qui se répondent à travers les siècles, de l’Inquisition à la Deuxième guerre mondiale en passant par l’Espagne franquiste : des profiteurs de guerre et de misère, des tortionnaires et des justiciers, mais également des hommes et des femmes en quête de rédemption. Le mal commis a-t-il un caractère irréparable ? Peut-on, comme le déclare un des personnages du livre, <b>«réparer chez quelqu’un le mal qu’on a fait à quelqu’un d’autre ?» </b>La beauté et l’art peuvent-ils nous consoler du mal, à défaut de nous en préserver ?</span></div>
</div>
<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1"></span><br /></span></div>
</div>
<div class="p1">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiduV7qcs_lZ4cRfKzY4Jevzden7p1DR237fdrVe8oTgO1ExALRc1PPhOHGnPKCntpHQ2i9o0Be2HTqvoiOruqhNh9hBJZdcWZfEJT2S3EVd-lU_0Vdmt-bO4zgsTQ_r-GFrS_l/s1600/storioni.JPG" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><span style="font-family: inherit;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiduV7qcs_lZ4cRfKzY4Jevzden7p1DR237fdrVe8oTgO1ExALRc1PPhOHGnPKCntpHQ2i9o0Be2HTqvoiOruqhNh9hBJZdcWZfEJT2S3EVd-lU_0Vdmt-bO4zgsTQ_r-GFrS_l/s320/storioni.JPG" width="214" /></span></a><span class="s1" style="font-family: inherit;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;">Dans ce roman balayé par le vent d’une histoire d’amour tourmentée, la chaleur de ces longues amitiés qui se plaisent à refaire sans cesse le monde, le déchirement de ce qui n’est plus, vous entendrez souvent parler d’un violon d’exception, le Vial, que son histoire jalonnée de convoitises et de crimes a marqué de cicatrices. Vous ferez la connaissance d’un Cow-boy et d’un Indien flegmatiques ponctuant de leurs commentaires sagaces les affres du héros. Vous compatirez aux blessures narcissiques d’un talentueux violoniste qui échoue à être un grand romancier et s’empale régulièrement sur les critiques littéraires acerbes de son meilleur ami, parce que la question Comment as-tu trouvé mon livre ? est <b>«La seule qu’un auteur ne peut pas poser impunément, sans courir le risque qu’on y réponde.»</b></span></div>
</div>
<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1"></span><br /></span></div>
</div>
<div class="p1">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;">Enfin, vous apprendrez «qu’<b>un livre qui ne mérite pas d’être relu ne méritait pas davantage d’être lu.»</b> Et que ce qui le rend digne du privilège de la relecture, c’est <b>«La capacité de fasciner le lecteur ; de le faire s’émerveiller de l’intelligence qui se trouve dans le livre qu’il relit, ou de la beauté qu’il génère.»</b></span></div>
</div>
<div class="p1">
<div style="text-align: justify;">
<span class="s1" style="font-family: inherit;">Je ne vois pas quelle meilleure définition je pourrais donner de <b><i>Confiteor</i></b>. Alors n’oubliez pas, pour commencer en beauté cette nouvelle année, de vous offrir ce bonheur de lecture en guise d’étrennes.</span></div>
</div>
<div class="p2">
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: inherit;"><span class="s1"></span><br /></span></div>
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<span class="s1" style="font-family: inherit;">Gaëlle Nohant</span></div>
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<br />Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-38797084814288830412013-10-23T16:17:00.003+02:002013-10-24T18:38:21.141+02:00 Accidents de parcours, vies déroutées<div class="p1" style="text-align: justify;">
<br /></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0_ArcdP-K6LrFMXrsOtEtR6YMbUMGQ7IZCYzADC35E3iomgDtAtl0TfjUedY7PDoG9Vu9WnKa2ATEZRpmPgj86RXNvu-bWHpsA3DlPpojyGPttP7wqlPsyqnV8T1OROZ9vHuB/s1600/JavierMariaspensativo.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj0_ArcdP-K6LrFMXrsOtEtR6YMbUMGQ7IZCYzADC35E3iomgDtAtl0TfjUedY7PDoG9Vu9WnKa2ATEZRpmPgj86RXNvu-bWHpsA3DlPpojyGPttP7wqlPsyqnV8T1OROZ9vHuB/s200/JavierMariaspensativo.jpg" width="139" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhmj-TTfm5eqFpvhPSFXlf-6soCaRJALzIRn_lo75PG9ArrxGWxgxJ5Vwopb4OX7DzSDLiNSq5GORVh8iQpjKX8jWSjLDXvzzUrjCAZGlUtTDpANYISnBQ-FvVa48Y0OY_HxBX/s1600/small_LauraKasischke.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhmj-TTfm5eqFpvhPSFXlf-6soCaRJALzIRn_lo75PG9ArrxGWxgxJ5Vwopb4OX7DzSDLiNSq5GORVh8iQpjKX8jWSjLDXvzzUrjCAZGlUtTDpANYISnBQ-FvVa48Y0OY_HxBX/s200/small_LauraKasischke.jpg" width="176" /></a><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbDOPKyc8LtgWBxGzemSrb0dOC56mL_XZs87Q4kz8ZygswuUQKt7zzO8bK04xybzsiBBuGA17uadG_tyQjVcK_b7eslx7sCas3aqGmMchssU6RaAx91fi6CN9HpHXAVn0oocYX/s1600/richard-ford-190.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbDOPKyc8LtgWBxGzemSrb0dOC56mL_XZs87Q4kz8ZygswuUQKt7zzO8bK04xybzsiBBuGA17uadG_tyQjVcK_b7eslx7sCas3aqGmMchssU6RaAx91fi6CN9HpHXAVn0oocYX/s200/richard-ford-190.jpg" width="147" /></a></div>
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<a href="http://www.librairiecharlemagne.com/livres/9782267025224/ESPRIT-D'HIVER.html" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhY0GGiKxGWPLp9ogDq7yCO8QuNyAQK0Wrovnl54Mn0JlYnMjU9buyYHX75RlDxw9ndzgvzqcBQ3WmSN4hmu4_Id5-UWBHoXl5WrMkszM2TKDqCmKfTdgga2bt64SKrP2-8AJTe/s320/esprit-d-hiver,M119310.jpg" width="192" /></a>Rentrée littéraire oblige, je reviens vous parler de trois romans étrangers diablement séduisants, roués, savamment menés et brillamment écrits, qui ont en commun de distiller avec talent le venin subtil de l’angoisse. Mon premier, <b><i>Esprit d’Hiver</i></b>, est le dernier roman de Laura Kasischke, romancière américaine qui excelle à dépeindre ces atmosphères ouatées et somnolentes des vies américaines de la classe moyenne qu’empoisonne souvent une angoisse indéfinissable cristallisée en pressentiment. Holly et son mari se réveillent trop tard un matin de Noël. Dehors, la neige tombe drue. Eric file chercher ses parents à l’aéroport, laissant Holly seule avec Tatiana, la fille qu’ils ont adoptée il y a treize ans après être allés la chercher dans un orphelinat sibérien. Rapidement, la neige devient blizzard, les coupant du monde et empêchant leurs invités de les rejoindre, tandis que le pressentiment d’Holly se fait insistant : <b>«Quelque chose les avait suivi depuis la Sibérie jusque chez eux.»</b> Tandis que le tête à tête mère fille se mue en huis-clos imprévisible et menaçant, Holly se remémore ses deux visites à l’orphelinat Pokrova n°2, et ces souvenirs font naître des questions insidieuses : l’orphelinat est-il seulement ce lieu déshumanisé, loin du monde clinquant des gens heureux, où son mari et elle tombèrent amoureux de leur petite fille, tout comme le conte de fées a besoin de commencer dans l’obscurité et la fange pour mieux souligner le miracle d’une fin heureuse ? Ou est-il plutôt une part inamovible de l’enfant qu’ils ont arrachée treize ans plus tôt à ses couloirs sinistres et glacés, pleins de secrets et de fantômes, quelque chose qui les aurait suivis tel un esprit mauvais s’insinuant dans l’existence douillette et heureuse offerte à celle qui devenait leur enfant, existence censée effacer le mystère sordide de sa première vie dont ils ignoraient tout ? Jusqu’à quel point un enfant adopté et passionnément aimé est-il nôtre ? Ce qu’il est nous échappe-t-il en définitive ? Tour à tour dérangeant et glaçant, voilà un roman qui nous tient sur son fil tendu de la première ligne à la dernière révélation, un consommé d’angoisse magistral que vient adoucir une poésie suspendue, suave et macabre, tandis que cette conteuse hors pair nous tient solidement par la main pour nous guider vers la source du malaise qui corrode et désagrège la vie aseptisée de son héroïne:<br />
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<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Les infirmières de l’orphelinat Pokrova n°2 semblaient avoir fait vœu de silence. Il aurait été impossible de leur soutirer des informations par la torture, quel que soit le sujet — qu’il s’agisse des autres parents adoptifs, des autres bébés, des parents biologiques des bébés, ou de ce qui se trouvait derrière «cette porte-là» — celle qui était toujours close (et que Holly regretterait d’avoir ouverte, plus tard)— ou de ce qu’il advenait de tous ces bébés qui n’avaient pas été adoptés : </b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>Rien.»</b></span><br />
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<a href="http://www.librairiecharlemagne.com/livres/9782823600117/CANADA.html" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjGga3F91WSOG-ULzYvI6IDVg4YWDHu2U24aW0uIg9_lyseWrXxxG0LECbRQsesxHWitdmoLPqp5YUooxHjjfiJ52ymqMuim564fg6JdIlMs2hufarapehG4k5TqIfzJXtlUHHh/s1600/canada.jpg" /></a><span class="s1"> Dans <b><i>Canada</i></b>, Richard Ford nous attache au destin d’un adolescent arraché à une vie paisible et à ses projets par l’arrestation de ses parents, condamnés à la prison ferme pour avoir braqué une banque. Dell Parsons et sa sœur jumelle Berner ne pouvaient imaginer que leurs parents attachants et désassortis se mueraient du jour au lendemain en Bonnie & Clyde de pacotille, détruisant leur vie de famille pour un pauvre butin de deux mille dollars. Dans sa première partie, <b><i>Canada</i></b> se penche sur l’origine de ce désastre et interroge le virage énigmatique de deux êtres si dissemblables que seul l’amour avait pu les réunir en premier lieu pour, en s’estompant, leur rendre leur clairvoyance quant au piège qu’était devenue leur vie commune et aboutir à un constat d’impasse sentimentale et matérielle débouchant sur un acte aussi rocambolesque que le braquage d’une banque par deux amateurs. Voilà les adolescents abandonnés à leur sort et à l’indifférence de Great Falls, la petite ville où ils vivaient sans s’être vraiment assimilés. Tandis que Berner choisit de s’en aller seule vers l’inconnu, Dell passe la frontière canadienne grâce à une amie de sa mère. Commence alors un roman d’apprentissage au cœur des paysages superbes et désolés de la Saskatchewan, où Dell se construit comme il peut, affrontant des abîmes de solitude que rythment la plainte désolée du vent glacial et les coups de fusils des chasseurs. Recueilli par Arthur Remlinger, personnage insondable et ambigu, Dell ressent une fascination mêlée d’angoisse pour ce bon samaritain au passé opaque et aux troubles fréquentations qu’il voudrait voir comme son protecteur dans cet univers d’hommes brutaux et dangereux. Traversé du souffle des plus grands romans américains, Canada prend le temps d’installer atmosphères et personnages, donne la sensation de l’écoulement du temps, restitue la densité de l’errance et du désenchantement au sein d’une intrigue qui n’oublie jamais d’être captivante et se lit comme un page turner.</span><br />
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Ce qu’on a fait, ce qu’on n’a pas fait, ce qu’on a rêvé de faire, un beau jour tout se rejoint.»</b></span><br />
<span class="s1"><b><br /></b></span>
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.librairiecharlemagne.com/livres/9782070138739/COMME-LES-AMOURS.html" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjvhH4tUItzLIGSawNPj1DBW8DIxzdOaiWzGRBvc_lZtpoUXZ1BwuZJeqd6WvUj3iF28oJlWJymKEZ1XQdXjCnBXDN0TNQ9zABA0gqdMIt_uz3WIhbd7y0Z0WZJH2PNTAeCgUBq/s320/9782070138739.jpg" width="218" /></a></div>
<span class="s1">Finissons en beauté avec <b><i>Comme les amours</i></b>, roman hitchcockien et vertigineux de Javier Marias, romancier madrilène qui ausculte comme personne les ressors psychologiques des êtres et la manière dont nos conjonctures, nos aspirations, nos pensées et nos désirs les plus insaisissables influencent le cours de nos vies, déclenchant accidents et drames comme autant d’ailes de papillons. Chez Javier Marias, les personnages sont des êtres en changement perpétuel, et si nous les trouvons inconséquents ou infidèles ce n’est qu’un raccourci, un défaut d’attention de notre part. Dans <b><i>Comme les amours</i></b>, une éditrice madrilène s’attache au <b>«couple parfait»</b> qu’elle observe chaque matin en prenant son petit déjeuner dans une cafétéria. Un jour, elle apprend que le mari est mort, lardé de coups de couteau en pleine rue. Ce drame l’autorise à entrer dans la vie de sa veuve et à quitter son rôle de spectatrice. Elle y fait la connaissance de Javier Diaz-Varela, un ami du défunt qui veille sur sa femme et ses enfants. L’éditrice noue une liaison avec Javier qui lui confie être amoureux de la veuve et attendre le pied ferme qu’elle se console de son deuil. Le soupçon lui vient alors que cet amoureux transi a peut-être joué son rôle dans la mort du mari. Autour de cette intrigue presque policière, ce romancier à l’intelligence virtuose articule une réflexion passionnante sur l’amour et la mort, la place des morts dans la vie des vivants, revisite brillamment Le Colonel Chabert et dialogue au passage avec Dumas et Shakespeare. Un exercice romanesque de haute voltige qui tient toutes ses promesses :</span><br />
<span class="s1"><br /></span>
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Les morts doivent rester à leur place et rien ne doit être rectifié. Nous nous permettons de les regretter parce que nous pouvons le faire en toute sécurité : nous avons perdu telle personne, et comme nous savons qu’elle ne va pas réapparaître ni réclamer le lieu qu’elle laissa vacant et qui fut occupé sans retard, nous sommes libres de désirer ardemment son retour.»</b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">A bientôt, et belles lectures !</span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
<br />
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Gaëlle Nohant</span><br />
<br />
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Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-57584806027542525702013-09-18T18:38:00.000+02:002013-09-19T09:13:52.415+02:00Céline Minard à la conquête de l'Ouest<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDcN7i22ywj9qtk8UjWCnQNTnxAhiCjpDNdgcvehYyHD4eHX_CwNmhhJ5hSzZeiGyIXTw035Jtbw11Ka41MAHd-m0wOdtWe1w6RcJ1bC9uhd8cDSZKKbegHX019OeJ3oKBdfva/s1600/3471208_4_f0db_celine-minard_829e47f9178ce21f2f50438fcf8d223d.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDcN7i22ywj9qtk8UjWCnQNTnxAhiCjpDNdgcvehYyHD4eHX_CwNmhhJ5hSzZeiGyIXTw035Jtbw11Ka41MAHd-m0wOdtWe1w6RcJ1bC9uhd8cDSZKKbegHX019OeJ3oKBdfva/s320/3471208_4_f0db_celine-minard_829e47f9178ce21f2f50438fcf8d223d.jpg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Times, Times New Roman, serif; line-height: 16px;"><b>"Je tiens beaucoup à la fiction, à la narration. Par contre il faut que ça sonne. La phrase ne peut pas être plate, sinon ça ne m'intéresse pas. Ce n'est ni l'histoire avant tout et puis la langue après, ni la langue avant tout et puis l'histoire après. C'est intimement lié."</b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Si vous ne connaissez pas Céline Minard, voilà une une fine gâchette de la littérature française qui n'est jamais où l'on l'attend et que vous n’oublierez pas de sitôt. En six coups, elle vous aligne <b><i>Faillir être flingué</i></b>, un western superbe et prenant à chaque page, où souffle le vent des plaines immenses qui roule la poussière avec les plumes perdues et porte le murmure des forêts opaques. Son écriture ample comme la respiration d’un cavalier, poétique et charnelle, n’a pas son pareil pour restituer la longue errance des desperados solitaires, le galop à bride abattue d’un traqueur ou d’un réfugié aux abois, mais elle excelle tout autant dans l’art de mettre en scène ces moments sacrés du western où le temps s’éternise soudain dans un face à face qui peut basculer d'une seconde à l'autre, à la prochaine parole prononcée, au premier geste. Dans ce texte d’une beauté sauvage, il y a cette âpreté, cet humour et cette douceur mêlée que l’on aime chez les auteurs américains de Nature Writing chers à Gallmeister, il y aussi ces relations d’hommes habitués à chevaucher des journées entières sans prononcer plus de trois mots d’affilée, vous savez, ces conversations réduites à leur quintessence où deux cowboys se toisent, se flairent, se jaugent pour évaluer s’ils sortiront de là en sang ou scelleront en fumant au coin du feu un début d’amitié. Il y a les Indiens et le mystère qui les auréole, ce mélange d’art guerrier, d’instinct et de sagesse millénaire, ces mains qui savent tuer et soigner, ce reflet de l’étrangeté absolue de l’autre qui fascine et effraie, ces noms qui exhalent la rêverie en même temps que la fumée de pipe, Eau-qui-court-dans-la-plaine, Orange-grondant... </span></div>
<div class="p1">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAbHONn0mfv8t9eujTPSZsfkshJBJPGQnDmG7tqIAkZQ7UCDAsKLhYsg0_K2fuzb5ax0RA2pL2aj-LuK8AV5gSMdnKBp2wL-ayxu0C8WUhkhVHpedUS9XRf26k-UgmpLliUMfS/s1600/9782743625832_1_75.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAbHONn0mfv8t9eujTPSZsfkshJBJPGQnDmG7tqIAkZQ7UCDAsKLhYsg0_K2fuzb5ax0RA2pL2aj-LuK8AV5gSMdnKBp2wL-ayxu0C8WUhkhVHpedUS9XRf26k-UgmpLliUMfS/s320/9782743625832_1_75.jpg" width="218" /></a><span class="s1"></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
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Si la première partie du roman est placée sous le signe de l’errance et voit plusieurs personnages solitaires se croiser, s’affronter et faillir (ou réussir à) se flinguer au cœur de ces paysages à couper le souffle où l’homme fait corps avec le cheval et où le respect mutuel s’établit selon des codes d’honneur et de bravoure qui ne s’embarrassent pas forcément de morale (et encore moins du respect de la propriété), la seconde voit nombre de ces personnages converger vers un embryon de ville où balbutie le début de la civilisation, de la sédentarité et du commerce. Entre le saloon et le salon de Silas le barbier, des amitiés et des amours se nouent entre les baraques de planches clouées, Zébulon lance un établissement de bains où l’on s’essaie à la philosophie, et la belle Sally remplit les verres en gardant un œil sur les mauvais sujets. Dans ce bout du monde où chaque personnage a été conduit par une histoire aux allures de bombe à retardement, où l’on dégaine aussi vite qu’on tend la main à un inconnu en mauvaise posture, le sentier de la guerre côtoie le désir de s’établir en paix et de protéger la communauté de fortune où l’on a trouvé sa place. </div>
<br />
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeUsH9hFS5Oho4UXCArCs7riaOX5N_xnvNvE2rTwUcvhh_p7VB4YQiohfe4BUEsO_1Nqv6-kEpfmbxkIaDP1OKGbe3XWABK-9tI9gUqVm7yh6hFaOD5PzGDzxZSSCtZpnIZ38r/s1600/homme-des-hautes-plaines-03-g.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="207" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeUsH9hFS5Oho4UXCArCs7riaOX5N_xnvNvE2rTwUcvhh_p7VB4YQiohfe4BUEsO_1Nqv6-kEpfmbxkIaDP1OKGbe3XWABK-9tI9gUqVm7yh6hFaOD5PzGDzxZSSCtZpnIZ38r/s320/homme-des-hautes-plaines-03-g.jpg" width="320" /></a></div>
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<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Céline Minard enchante et captive tout au long de ce roman chargé de suspense et d’humanité qui étincelle à chaque page telle une pépite d’or dans l’eau troublée de cette rentrée littéraire, et autant vous dire que<b><i> Faillir être flingué</i></b> est le genre de livre dont vous n’accepterez de vous séparer que pour le confier à quelqu’un que vous aimez beaucoup, et à condition qu’on vous le rende. Je vous offre un petit extrait pour la route: </span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>« La nuit tombait en pleine après-midi. Les mouches et les taons avaient disparu. Un silence de plomb ajoutait à l’écrasement et au sentiment d’attente. Le premier éclair qui traversa l’espace lui révéla une troupe de cavaliers lancée au grand galop. Ils couraient devant la tempête comme pour l’attirer et se dirigeaient droit dans sa direction. Bird se rendit compte que c’était eux qui produisaient ce grondement de tonnerre retenu. Il le discernait de mieux en mieux à mesure qu’ils approchaient et que le vent lui portait le bruit de leur course. Le deuxième éclair lui montra les lances tournées et agitées vers le ciel, ornées de scalps. Puis les éclairs se succédèrent à une telle cadence que le jour semblait de retour et il vit des plumes, des corps nus et peints, un homme blanc, des bouches ouvertes et bientôt les cris de guerre lui parvinrent avant qu’ils ne soient lancés comme lui était parvenu le fracas de l’orage avant qu’il n’éclate. Nu dans la prairie dont les vagues lui arrivaient à la poitrine, Bird regardait venir sur lui une horde de sauvages qui allait l’écraser sans s’en rendre compte. Le spectacle était tel, de ce tourbillon de corps et de plume pris entre la terre liquéfiée et le ciel bourré de rouleaux noirs, qu’il décida que c’était une vision. Il se coucha à plat ventre sur ses vêtements dans les vagues hurlantes et aussitôt, la pluie lui cingla le dos en même temps que les Indiens passaient de tous côtés par-dessus lui dans un bruit qui faisait trembler le sol. Cette guerre se déchaîna sans frein durant une dizaine de minutes et cessa d’un coup. Bird eut le temps de courir à sa fin et à celle du monde. il eut même le temps de regretter l’une et l’autre et de serrer sous lui son fusil comme un ami. Il ne sentait plus son dos sous la mitraille de la pluie et se croyait déjà à demi enterré. Il lui fallut de longues minutes pour reprendre conscience de sa respiration et la trouver normale. Peu à peu, il sentit le sang revenir dans ses membres et sa peau commença à le piquer partout où elle avait été frappée et refroidie. Il eut la sensation d’une onglée étendue à tout son corps et se mit à frissonner comme un cheval. Lorsqu’il comprit que rien ne l’avait piétiné sinon l’orage, il sauta sur ses pieds et se bouchonna vivement avec sa chemise.»</b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Bonne lecture, et à bientôt.</span></div>
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<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-67262974417126134862013-09-05T18:40:00.004+02:002013-09-05T18:40:46.269+02:00This is not a love song <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVyl0x1eOG-ytdyy_UMDGWdV_omWvNS404bjGOur4Y7tCwExKFil654RFA7AOSZoC4MM2d06R_YqjrVneMR_UKyqI9OADQYeRX6wrD93rr1j2gssJftFe_Hqp9Se3yudaiARyz/s1600/Warsaw_Uprising_stuka_ju-87_bombing_Old_Town.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="237" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVyl0x1eOG-ytdyy_UMDGWdV_omWvNS404bjGOur4Y7tCwExKFil654RFA7AOSZoC4MM2d06R_YqjrVneMR_UKyqI9OADQYeRX6wrD93rr1j2gssJftFe_Hqp9Se3yudaiARyz/s320/Warsaw_Uprising_stuka_ju-87_bombing_Old_Town.jpg" width="320" /></a></div>
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<span class="s1">En cette rentrée, je vous invite à vous plonger dans trois romans qui évoquent la guerre, de sa puissance d’attraction, de ce qu’elle transforme et abîme en soi, et auscultent l’impossible retour à la vie d’avant, la vie tendre de ceux qui ne savent pas ce qu’est la guerre, qui ne l’ont pas éprouvée dans leur chair ou dans celle des autres. Parmi ces trois livres puissants et talentueux, <b>Aime la guerre !</b> de Paulina Dalmayer, est un premier roman plein de fougue et de force, à l’écriture nerveuse, virile et féminine. Derrière ce titre provocateur, Paulina Dalmayer nous invite à suivre l’aventure Hanna, correspondante d’un journal européen à Kaboul qui a adopté par choix la vie des exilés dans un des pays les plus dangereux au monde. Aventure d’une vie de perpétuel qui-vive où un instant d’inattention peut vous tuer, et aventure sentimentale car Hanna est éprise de deux mercenaires et que ce Jules et Jim en temps de guerre a tout des montagnes russes. Au fil d’un récit haletant, Hanna nous fait ressentir les ambiguïtés d’un pays âpre et sans merci qu’elle a pris le risque d’aimer, comme elle aime ces hommes de guerre dont le corps couturé, marqué de cicatrices «<b>ressemble à une mappemonde ancienne par endroits illisible.»</b> Et pose en route quelques questions passionnantes sur la nécessité d’accepter la violence comme constitutive de la nature humaine, l’héroïsme et la loyauté des mercenaires, l’intensité d’une vie sans cesse sur la brèche et dans la proximité vertigineuse de la mort : </span></div>
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<span class="s1"><b>«Nous appartenions au cercle restreint de ceux qui savent que «les hommes meurent et ne sont pas heureux.» Et c’est probablement ce qui nous incitait à accélérer le tempo, à feindre la folie et à nous abandonner à l’extravagance.»</b></span></div>
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<span class="s1">«M<b>ieux vaut être une météorite irradiant de mille feux qu’une planète éteinte.»</b>, écrit Jack London. La guerre, dans sa réalité brutale et carnassière, rappelle aux hommes ce qui fait le prix de leur vie. Dans le <b><i>Quatrième Mur</i></b>, le dernier roman de Sorj Chalandon, Georges, qui s’est forgé dans le Paris soixante-huitard, va voir son existence entière se fendiller suite à la promesse faite à son ami Samuel Akounis, metteur en scène grec et juif qui a résisté à la dictature des colonels et se meurt d’un cancer : monter l’Antigone d’Anouilh à Beyrouth en pleine guerre du Liban pour une représentation unique sur la ligne de démarcation, en prenant un acteur dans chacun des camps. Ce pari fou, utopie fraternelle d’un résistant convaincu que <b>«la violence est une faiblesse»</b>, ce rêve d’un répit arraché aux bombes et aux snipers où les ennemis se parleraient à travers les mots du théâtre, Georges l’endosse tel un <b>«devoir fraternel»</b>, laissant là sa vie casanière, sa femme et sa petite fille. A Beyrouth, conduit par un chauffeur druze, il rencontre son Antigone palestinienne, Hémon le Druze, Créon le maronite, trois acteurs Chiites. Le danger entre dans sa vie à la faveur d’un trajet en voiture qui fait de lui une cible, au cœur d’une nuit étrange recroquevillé contre la jambe d’un sniper qui récite du Victor Hugo entre deux tirs. Il découvre la densité physique de la peur, la tension de chaque instant, mais aussi l’étrange exaltation de vivre <b>«au profond de la guerre»</b> :</span></div>
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<span class="s1">Mais entrer dans la guerre et goûter à son exaltation, c’est laisser la guerre entrer en soi et tout y ravager, n’épargnant rien de l’homme qu’on était avant. C’est être condamné, tel Ulysse, à un impossible retour, errer dans ce monde en paix auquel on n’appartient plus, ne pas arriver à recoller les morceaux de sa propre humanité, se cogner aux fantômes. Avec <b><i>le Quatrième Mur</i></b>, Sorj Chalandon signe un roman magnifique et déchirant sur la fraternité, la résistance, où la tragédie d’Anouilh résonne à travers les ruines, nouant les destins avec une tranquille noirceur.</span></div>
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<span class="s1"><b>«Quand l’armistice devint une perspective raisonnable, l’espoir d’en sortir commença à tarauder les plus pessimistes. En conséquence de quoi, question offensive, plus personne ne fut très chaud.»</b></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjowVdnWtW-kZTwpGunF5nab-H_jrz1wcnEOyAoBwLRoKUo0l3uyjbnWCO5iPjXpLBGHVILBHvrbLayttndG212n5D1QVi34FXY1zW2MCAIv-9VBWbp3KLNewOoS0MEX0GmNu-G/s1600/au+revoir+la-haut.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjowVdnWtW-kZTwpGunF5nab-H_jrz1wcnEOyAoBwLRoKUo0l3uyjbnWCO5iPjXpLBGHVILBHvrbLayttndG212n5D1QVi34FXY1zW2MCAIv-9VBWbp3KLNewOoS0MEX0GmNu-G/s1600/au+revoir+la-haut.jpg" /></a><span class="s1">Ainsi commence le roman de Pierre Lemaître, <b>Au-revoir là-haut</b>, dans les derniers jours de la guerre de 14. Quelques jours avant l’armistice, le lieutenant d’Aulnay-Pradelle déclenche une offensive dans le but de monter en grade in extremis. Albert Maillard, un soldat témoin de cette malhonnêteté, y gagne l’opportunité de mourir enterré vif. Mais c’est compter sans Edouard Péricourt, un camarade qui lui sauve la vie juste avant de se faire emporter la figure par un éclat d’obus. Dès le départ, ce roman est donc placé sous le signe de l’arnaque, et d’autres arnaques découleront de la première dans cet après-guerre qui vénère les morts mais traite bien mal les survivants. Car à la guerre, <b>«on veut des morts franches, héroïques et définitives, c’est pour cette raison que les blessés, on les supporte, mais qu’au fond, on ne les aime pas.» </b>Dans ce bal des faux-culs où s’épanouit la mode des monuments aux morts tandis que les gueules cassées se voient refuser une pension ou un boulot décent, nos trois protagonistes avancent sur les fils d’une intrigue menée de main de maître, savoureuse et poignante. Avec un art consommé du portrait, l’auteur nous captive dès la première ligne de cette histoire féroce et originale où l’on croise des salauds sans scrupules mais pourvus d’un solide sens du commerce, des antihéros cassés par la guerre à la recherche d’un peu d’amour ou d’un dernier pied de nez à cette société qui les préfèrerait tombés au champ d’honneur, un père réalisant son attachement à son fils après la mort de ce dernier, ou encore un terne fonctionnaire prêt à saborder sa laborieuse carrière pour rendre aux Poilus un peu de leur honneur perdu.</span></div>
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<span class="s1">Rien de tiède dans cette sélection de rentrée, alors laissez-vous essorer, émouvoir et captiver !</span></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
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Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-83505319518737027972013-05-28T11:52:00.000+02:002013-05-28T17:27:12.223+02:00L'ange et le réservoir de liquide à frein : la messe est dite !<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQbMIMCrF-mozZtScQDz8V-6TvPPq8tXVrtZ4qkwule_PJLbcHMXHO0WTy_VvysHGJ6h35FvBHmvMf0QV5j76e8_fgB2Q8sEqEitzKg57Q_T9CsMKf67xGQFn1XKKg_nGW3DLj/s1600/5509_alix-saint-andre_440x260.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="189" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgQbMIMCrF-mozZtScQDz8V-6TvPPq8tXVrtZ4qkwule_PJLbcHMXHO0WTy_VvysHGJ6h35FvBHmvMf0QV5j76e8_fgB2Q8sEqEitzKg57Q_T9CsMKf67xGQFn1XKKg_nGW3DLj/s320/5509_alix-saint-andre_440x260.jpg" width="320" /></a></div>
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<span class="s1">«<b>Quand je suis au milieu des cathos, je me sens comme une espèce d’agent double</b>», confesse Alix de Saint-André. Catho parmi les athées, agent double au milieu des Cathos, voilà en tout cas une vraie romancière, à la plume tendre et féroce, trempée dans l’ironie et la poésie. A l’entendre parler avec tant d’esprit (dans tous les sens du terme) du chemin de Saint-Jacques ou de Françoise Giroud, m’est venue l’envie de relire le délicieux roman qu’elle avait publié à la série noire en 1994, au titre intrigant de «<b><i>l’Ange et le réservoir de liquide à frein</i></b>.» </span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOH1reOjKywH0OUvJBjzZ7nmGGrcQTxxaPvuKQZk37KaiciTVaOnXEwSRYQucMQ19VDGrzQg7ejPt8xmXvrgyflFm-SBSOedltsJw3i8daL7wpfoi-1HvoTsUhFIx6DqPo_bEH/s1600/L'ange+et+le+reservoir+de+liquide+a+freins+(Alix+de+Saint-Andre).jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOH1reOjKywH0OUvJBjzZ7nmGGrcQTxxaPvuKQZk37KaiciTVaOnXEwSRYQucMQ19VDGrzQg7ejPt8xmXvrgyflFm-SBSOedltsJw3i8daL7wpfoi-1HvoTsUhFIx6DqPo_bEH/s320/L'ange+et+le+reservoir+de+liquide+a+freins+(Alix+de+Saint-Andre).jpg" width="207" /></a><span class="s1">«<b>Il ne faudrait jamais regarder couler la Loire, c’est une chose fatale : après on ne sait plus faire que ça, et le reste est sans importance</b>.» Ainsi commence ce roman de Loire élégant et irrévérencieux, où l’on croise un ange tout sauf flambant consigné sur terre le temps d’une mission épineuse, des religieuses accidentées, une série de morts suspectes dans un pensionnat religieux, un beau prêtre béninois au «<b>rire africain</b>» et deux fillettes attachantes jouant les Sherlock Holmes avec les moyens du bord. L’histoire commence dans les années 70, juste après le concile Vatican II, véritable révolution dans le catholicisme. Voici venu le temps des «célébrations de la foi», des «sacrements de réconciliation» collectifs où l’on écrit des péchés inventés sur des petits bouts de papier pliés que le prêtre brûle ensemble, le temps des panneaux illustrés où Jésus est un copain en baskets qui se déplace rarement sans ses amis Gandhi et Luther King, le temps des premières opérations bol de riz, des messes en français, du catéchisme «senti avec le cœur» remplaçant les rudiments de théologie récités par cœur... Tout cela donne lieu dans le roman à des scènes irrésistibles... Ceux qui les ont vécues les reconnaîtront !</span></div>
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<span class="s1">Il y a forcément beaucoup de l’auteur dans ce roman plein de fantaisie, hilarant et sombre où les petites filles redoutent que la Sainte Vierge leur apparaisse pour leur demander de bâtir une basilique dans le jardin, où les parents d’élèves sont terrorisés par la Mère Supérieure et où chaque année les troisièmes sont priées de rattraper les impasses du programme quelques jours avant le BEPC. Sa plume limpide qui restitue les parlers régionaux aussi finement que les joutes en latin, instillant de la poésie au détour d’une page avant de resserrer autour du lecteur les nœuds d’angoisse d’une intrigue vraiment noire, est un régal pour gourmets littéraires. Alix de Saint-André n’a pas tort de se qualifier d’agent double, car il faut avoir grandi «à l’intérieur» pour brocarder avec tant d’humour ravageur et de tendresse mêlées les travers d’une religion catholique capable du pire et du meilleur, le pire étant ce jansénisme mortifère qui n’a pas fini d’y sévir. Parce que <i>qui bene amat bene castigat,</i> il fallait une Alix de Saint-André pour restituer au personnage de la religieuse toute sa dimension tragi-comique, ou pour dépeindre les grandeurs et les faiblesses de ces gens de Loire auxquels elle est si profondément attachée.</span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBuw2sKUOQlr2jgjTZA3uSrT8Tb4Q-ElZ-b9pyKHxm3bTl-1cmr_xxCppc01gMsD_XkWiQ7lwdh5lp0hUaE1xFAAkL5hNolg1n_OBFhyQB1xXap3vbLh242CWoIs1WPHL19ZEb/s1600/9782070406432_1_75.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBuw2sKUOQlr2jgjTZA3uSrT8Tb4Q-ElZ-b9pyKHxm3bTl-1cmr_xxCppc01gMsD_XkWiQ7lwdh5lp0hUaE1xFAAkL5hNolg1n_OBFhyQB1xXap3vbLh242CWoIs1WPHL19ZEb/s320/9782070406432_1_75.jpg" width="193" /></a><span class="s1"></span></div>
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<span class="s1">Après avoir refermé à regret <b><i>l’Ange et le réservoir de liquide à frein</i></b>, vient l’envie de réclamer à l’auteur un nouveau roman noir, même si elle a largement prouvé depuis qu’elle savait raconter des histoires sous d’autres formes littéraires. </span></div>
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<span class="s1">Alors, Alix, à quand un autre roman noir ?</span></div>
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<span class="s1">En attendant qu’elle s’exécute (et en espérant qu’elle n’attendra pas qu’un ange vienne le lui demander en personne) je vous invite à ne pas bouder votre plaisir et à lire ou relire <b><i>l’Ange et le réservoir de liquide à frein</i></b>. Comme il existe en poche, vous pouvez même l’emporter en pèlerinage à Compostelle. </span></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
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<span class="s1">Dans l’extrait suivant, la redoutable directrice de la pension, Mère Adelaïde, fait une tournée d’inspection surprise chez les sixièmes qui se préparent à la profession de foi. Interrogeant la première de la classe, Agnès, elle va constater que la catéchèse d’après Vatican II est plus flottante que le bon vieux catéchisme d’antan :</span></div>
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<span class="s1"><b>«— Bon, Agnès, croyez-vous en Dieu ?</b></span></div>
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<span class="s1"><b>— Oui, ma Mère.</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— Voilà un début encourageant, et qu’est-ce que Dieu ?</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— Dieu est amour... répondit Agnès sans se mouiller.</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— Mais encore ?</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— C’est notre Père.</b></span></div>
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<span class="s1"><b>— Bien sûr, mais ensuite ? Quelle est Sa nature ? Qu’a-t-Il fait ? Quelle est Sa volonté?</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— Bah, il a créé tout l’univers, il nous aime... Il est gentil...</b></span></div>
<div class="p3">
<span class="s1"><b>— ... GENTIL ? GENTIL ! Comment pouvez-vous dire une chose pareille, malheureuse! Vous avez entendu, Mère Antoinette : Dieu est gentil... C’était gentil, peut-être, petite sotte, de détruire Sodome et Gomorrhe ? C’était gentil, le déluge ? C’était gentil de demander à Abraham de sacrifier son fils ?</b></span></div>
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<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
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<span class="s1"><b>Et un grand coup de béquille sur le bureau. Silence.</b></span></div>
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<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
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<span class="s1"><b>— Sachez, jeunes filles, que Dieu n’est pas gentil, il est bon. Dieu n’est pas niais... Qu’est-ce qu’on leur a appris, à ces petites, excepté à découper le journal ?»</b></span><br />
<span class="s1"><b><br /></b></span>
<span class="s1"><b><br /></b></span>
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Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-41285620725970185012013-05-07T18:52:00.003+02:002013-05-07T18:52:43.186+02:00Le Gardien invisible, ou la puissance des racines
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<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgir0CumjmHZou-jOjcvifhvYobsjfb4TepD_FQ-LeFRmojMg8eNQH5T8OxycQqv95JGBj32e_-7CNgJZBY7sMxx4yr8x4c3JnXV5dneY2wW63XxpmqwOdOMwk85ZTmEQRwkmpR/s1600/_doloresredondo_1d0d0a4a.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="184" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgir0CumjmHZou-jOjcvifhvYobsjfb4TepD_FQ-LeFRmojMg8eNQH5T8OxycQqv95JGBj32e_-7CNgJZBY7sMxx4yr8x4c3JnXV5dneY2wW63XxpmqwOdOMwk85ZTmEQRwkmpR/s320/_doloresredondo_1d0d0a4a.jpeg" width="320" /></a></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
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<span class="s1"><b>«L’enquête devait avancer, et Amaia regagna l’épaisseur du Baztan. Les derniers coups de griffe de l’hiver étaient plus perceptibles dans la forêt que n’importe où ailleurs. La pluie, tombée pendant toute la nuit, respectait maintenant une trêve laissant l’air froid et lourd, fécondé par une humidité qui transperçait les vêtements et les os, la faisant frissonner, malgré la grosse doudoune en plume que James l’obligeait à porter. Les troncs, noircis par l’excès d’eau, brillaient sous le soleil incertain de février comme la peau d’un reptile millénaire. Les arbres qui n’avaient pas perdu leurs manteaux resplendissaient d’un vert usé par l’hiver, dévoilant sous la brise légère le reflets argentés de leurs feuilles. La présence de la rivière se devinait en bas de la vallée, serpentant entre les bois, témoin muet de l’horreur dont l’assassin ornait ses rives.»</b></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLCgpLQ0e0vh2VjS793OTNgrYxZMVxxZoP2q2xHJBiNN3zsgeuG45StLnNes5F4R0CMD8U2EINLMMTtclZJCQPCO-9Fbby4dACglaBmx3jZRXSyh30oZy3GZhEdbGtZ318hbxo/s1600/9782234071940_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: justify;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLCgpLQ0e0vh2VjS793OTNgrYxZMVxxZoP2q2xHJBiNN3zsgeuG45StLnNes5F4R0CMD8U2EINLMMTtclZJCQPCO-9Fbby4dACglaBmx3jZRXSyh30oZy3GZhEdbGtZ318hbxo/s320/9782234071940_1_75.jpeg" width="211" /></a></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Je dirais qu’un bon polar, c’est d’abord une atmosphère qui rend l’histoire singulière et fait qu’elle n'est pas «une histoire de serial killer parmi tant d’autres.» Si je vous dis <b><i>Millénium</i></b>, vous pensez à des étendues de neige, à des cabanes de bois où l’on traque des secrets macabres en se faisant réchauffer un café, à des lacs miroitants tels des regards de jeunes filles perdues. Dans <b><i>le Gardien Invisible</i></b>, de la jeune romancière espagnole Dolorès Redondo, il est question d’une forêt, et d’une rivière, dans un coin de terre basque où les superstitions demeurent profondément enracinées. C’est une petite communauté où tout le monde se connaît, où les rumeurs vont bon train et où les filles un peu trop libres, si elles ont la peau claire et sans taches, sont appelées <i><b>belagiles</b></i> : sorcières. Un pays âpre comme son climat, où les hommes doivent travailler durement, et souvent partir loin, laissant derrière eux des matriarches dures au mal qui élèvent les enfants et font parfois tourner l’usine. </span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
Ces femmes de caractère, parfois dures mais aussi fécondes et lumineuses, transmettent aussi bon gré mal gré l’héritage des névroses familiales, l’ombre portée des secrets enterrés au fond de la mémoire et les légendes qu’elles ont elles-mêmes, en leur temps, «<b>tété avec l’enfance</b>». </div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Dans ce village nommé Elizondo, plusieurs jeunes filles sont retrouvées assassinées, leurs corps disposés en un rituel macabre très particulier qui évoque les postures des vierges : bras écartés, cheveux dénoués, mains ouvertes vers le ciel. Pour traquer ce tueur en série, on fait appel à l’inspectrice Amaia Salazar, d’une part parce qu’elle est douée, d’autre part parce qu’elle est originaire de ce village. Cette promotion qui lui vaut la jalousie de ses collègues se révélera un cadeau empoisonné, à la manière de cette belle pomme rouge que la sorcière offre à Blanche Neige dans une autre histoire de forêt. Car l’inspectrice Salazar est une femme complexe qui cache des blessures béantes dont le symptôme principal est une incapacité à concevoir un enfant avec son mari adoré, un artiste américain. Cette enquête va la forcer à se confronter à tous les fantômes qu’elle s’est appliquée à fuir toute sa vie : fantômes du passé, et fantômes bien vivants des êtres qu’elle a laissés en quittant Elizondo pour se réinventer ailleurs. </span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Au fil de l’enquête, les cauchemars qui hantent ses nuits se font de plus en plus obsédants et la fragile frontière entre le réel et le magique s’estompe jusqu’à la faire douter de sa propre raison, tandis que l’enquête s’oriente autour d’un tueur qui aurait revêtu les atours mythologiques du <i><b>basajaun</b></i>, sorte de faune gardien de l’équilibre des forêts. Amaia, qui reste cette petite fille qui avait <b>«le don de percevoir le mal»</b>, redevient poreuse à ces croyances surnaturelles que repousse son esprit rationnel en même temps qu’elle doit affronter son enfance, qui comme chacun sait, est le lieu des violences les plus primitives. Robert Goolrick disait que l’enfance est un lieu dangereux, et que si l’on devait y vivre toute sa vie on ne ferait pas de vieux os. L’enfance d’Amaia Salazar est un lieu de ténèbres où l’on retient son souffle, où le cœur des petites filles bat jusqu’à se briser. C’est pourtant dans ce lieu si redouté qu’il lui faut retourner pour permettre à son intuition de se frayer un chemin parmi les ombres. </span></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><br /></span></div>
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<span class="s1"><br /></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghnezh3pT8TfRfFVa2YEE9zddSFi7ulBq5DTMMzskpzLGoakorDe4F2FJG6N8rVcdMit4A9PZ1rsBePrsMhPU5PXsAtw56myh4hK490IOFwaHpjQPAN2v2x2MAq9hZNhmz2lvx/s1600/71viineNOfL._AA1500_.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: justify;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEghnezh3pT8TfRfFVa2YEE9zddSFi7ulBq5DTMMzskpzLGoakorDe4F2FJG6N8rVcdMit4A9PZ1rsBePrsMhPU5PXsAtw56myh4hK490IOFwaHpjQPAN2v2x2MAq9hZNhmz2lvx/s320/71viineNOfL._AA1500_.jpeg" width="320" /></a><span class="s1"></span></div>
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<br />
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b><i>Le gardien invisible</i></b> entraîne son lecteur au cœur d’une nature fascinante où le magique est comme chez lui, où le silence de la forêt enveloppe l’insaisissable, où il convient de ne pas effrayer l’invisible si l’on veut avoir une chance d'attraper le réel. De la Nouvelle Orléans au cœur du pays basque espagnol, la science policière se mêle au souffle des morts et au murmure de ce sixième sens qui n’est peut-être, après tout, que la faculté d’accueillir en soi cette sagesse élargie de ce qu’on ne sait nommer ni expliquer. </span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1"><b>«Le mal m’a obligée à revenir, les fantômes sont sortis de leurs tombes, encouragés par ma présence, et ils m’ont retrouvée.»</b></span></div>
<div class="p2" style="text-align: justify;">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1" style="text-align: justify;">
<span class="s1">Ne craignez pas de vous perdre dans la forêt du Baztan. Vous ne le regretterez pas. </span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<span class="s1">A bientôt.</span></div>
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<span class="s1"><br /></span></div>
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<span class="s1"><br /></span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-53007345375031002402013-04-12T18:56:00.001+02:002013-04-15T09:46:10.586+02:0022/11/63, ou le battement d'aile du papillon<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSBE2LXuRqgr8Aj5rpa1CEXEa03R66ifHmH2dlbPfEadUA9U_0pInXwbySa0QULLECEucEgieYUiN92pi6J49xAAz6ZR6ELjMhJ44kZFN7JgfjoV4qp1N40UtJ36uSNVbCI4Iw/s1600/stephen-king.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="311" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSBE2LXuRqgr8Aj5rpa1CEXEa03R66ifHmH2dlbPfEadUA9U_0pInXwbySa0QULLECEucEgieYUiN92pi6J49xAAz6ZR6ELjMhJ44kZFN7JgfjoV4qp1N40UtJ36uSNVbCI4Iw/s320/stephen-king.jpeg" width="320" /></a></div>
<div class="p1">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1"><b>«Nous ne savons jamais quelles vies nous influençons ou non, ni quand ni pourquoi. Du moins, pas avant que l’avenir n’ait submergé le présent. Nous l’apprenons quand il est trop tard.»</b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMK8unw1QY5fiZ7bF4SJC_-NkCByXkBaOmqc0-AcWLjcOE6IqCqWLAWmyKuLn7l0qgEdFH0K619PUyXld_ircx3EG-4yZCj50XVNK3ZLpCPq_0yt9JjrESJV4hH811jVRrj-NQ/s1600/9782226246943_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMK8unw1QY5fiZ7bF4SJC_-NkCByXkBaOmqc0-AcWLjcOE6IqCqWLAWmyKuLn7l0qgEdFH0K619PUyXld_ircx3EG-4yZCj50XVNK3ZLpCPq_0yt9JjrESJV4hH811jVRrj-NQ/s320/9782226246943_1_75.jpeg" width="200" /></a><span class="s1">Avec <b><i>22/11/63</i></b>, Stephen King s’attaque au thème du voyage dans le temps et s’en tire avec les honneurs, embarquant son lecteur dans un suspense tenu sur plus de neuf cents pages en posant au passage quelques questions passionnantes. Son postulat est celui-ci : si l’on admet qu’il existe <b>«des lignes de partage des eaux»</b>, instants décisifs ayant infléchi le cours de l’histoire des hommes dans tel ou tel sens — tels l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand en juin 1914 ou les attentats du 11 septembre — et que certains de ces événements ont entraîné une chaîne de conséquences funestes, remonterions-nous le temps pour les empêcher si cette chance nous était donnée ? Elle est offerte à Jake Epping, professeur de fac dans le Maine, par Al, un ami cuistot propriétaire d’une roulotte dont la cave recèle un dangereux secret : en descendre les marches vous conduit directement... en 1958, et <b>«chaque nouvelle descente dans le terrier est une remise à zéro»</b>. Du moins Al en est-il persuadé... A tort, car il subsiste des scories de ces allées et venues dans le passé. Le cuistot se meurt d’un cancer. Convaincu que la mort de JFK a exacerbé les penchants les plus sombres de l’Amérique, il charge Jake d’exaucer sa dernière volonté : vivre dans le passé assez longtemps pour arrêter le bras de son assassin. Jake fait un premier voyage pour tenter d’empêcher un père de famille de trucider toute sa famille au marteau le soir d’Halloween 1958. En 2011, il s’est attaché à l’unique rescapé du massacre, un concierge estropié. Désirant changer son destin et sauver sa famille, Jake découvre deux variables avec lesquelles il devra composer : d’abord, que <b>«le passé est tenace et ne veut pas être changé»</b>. Ensuite, que les conséquences de ce qu’on modifie nous échappent. La théorie du battement d’aile de papillon s’illustre ici de façon vertigineuse et terrifiante, au point que Jake Epping, devenu George Amberson, finira par ne plus oser bouger une oreille. Mais il sera alors trop tard. Trop tard pour éviter de tomber amoureux d’une jolie bibliothécaire et de mettre sa mission en péril. Trop tard pour arrêter l’avalanche des conséquences et empêcher les rouages de l’Histoire — sur lesquels veille l’ironie grinçante de maître King — de s’enclencher dans le mauvais sens.</span></div>
<div class="p2">
<span class="s1">Au long du roman, le voyage dans le temps multiplie les échos entre le passé et le présent, mettant en lumière ces archétypes chers à l’auteur : mères abusives et psychotiques, maris violents, gentils papas dont le regard froid dissimule des pulsions meurtrières, gamins attachants forcés de trouver en eux-mêmes l’énergie de leur survie, épouses vulnérables tentant d’échapper à un mauvais destin... Dans le monde de King, le mal est omniprésent, tapi dans l’ordinaire de la vie des petites gens, et il n’est pas anodin que le voyage commence à Derry, bourgade où se déroulait <b><i>Ça</i></b>, un de ses meilleurs romans. Ni que le papa meurtrier porte l’écho du Jack Torrance de <b><i>Shining</i></b>.</span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1">Si les sixties selon Stephen King demeurent résolument swinging et si la vie y est plus douce et insouciante, les belles voitures, les maisons ouvertes et la liberté de fumer n’occultent pas la ségrégation, la bêtise crasse et la malveillance... Dallas est une extension citadine de Derry, inhospitalière et haineuse. Le School Book Depositary, d’où Lee Harvey Oswald tira ses balles meurtrières, observe le passant tel un guetteur funèbre. Et pourtant, <b>«les cinglés de ce monde ne devaient pas avoir le dessus.</b>» Et <b>« si</b> <b>Dieu ne se décarcasse pas plus que ça [...], alors c’est aux gens ordinaires de s’en charger. Ils doivent essayer, au moins.»</b> Car toute l’obscurité du monde ne parvient pas à étouffer cette petite flamme d’humanité qui pourrait bien finir, quant à elle, par triompher de la nuit. Sait-on jamais.</span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1"><b>«Le monde est un mécanisme parfaitement équilibré d’appels et d’échos de couleur rouge qui se font passer pour un système d’engrenages et de roues dentées, une horlogerie de rêve carillonnant sous la vitre d’un mystère que nous appelons la vie. Et au-delà de la vitre. Et tout autour d’elle ? Du chaos, des tempêtes. Des hommes armés de marteaux, des hommes armés de couteaux, des hommes armés de fusils. Des femmes qui pervertissent ce qu’elles ne peuvent dominer et dénigrent ce qu’elles ne peuvent comprendre. Un univers d’horreur et de perte encerclant cette unique scène illuminée où dansent des mortels, comme un défi à l’obscurité.»</b></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1">Si certains d’entre vous pensent encore que Stephen King est un sous-romancier cantonné dans l’horreur, je n’ai qu’un conseil à leur donner : le lire ! Lire <b><i>Shining</i></b>, <b><i>Misery</i></b>, <b><i>Sac d’Os</i></b>, <b><i>La Ligne Verte</i></b>, <b><i>Bazaar</i></b>, <b><i>l’Histoire de Lisey</i></b> ou <b><i>Dolores Clairborne</i></b>... Et surtout <b><i>22/11/63</i></b>, qui mérite sa place parmi ses meilleurs romans. Car si son œuvre est foisonnante et inégale, on y retrouvera toujours une puissance narrative rare, une réelle épaisseur des personnages, un art de tirer les ficelles du récit en maître du suspense, un humour caustique et salvateur, et surtout cette profondeur humaine, psychologique et émotionnelle qui est la marque des bons romanciers. Il serait dommage de vous en priver.</span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
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<span class="s1"></span><br /></div>
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<br />
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<span class="s1"></span><br /></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com8tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-50181799383734389552013-03-05T11:21:00.001+01:002013-03-05T11:40:06.409+01:00Parlons boutique avec Stephen King<br />
<div style="text-align: justify;">
Bonjour à tous,</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Comme je suis plongée en ce moment dans "22/11/63" du maître King, qui m'inspirera probablement un prochain billet, je vous propose pour patienter de (re)lire un billet que j'ai écrit il y a plusieurs années sur son petit traité d'écriture, "<span style="font-weight: bold;">On writing a memoir of the craft</span>", ou <span style="font-weight: bold;">"Ecriture, mémoires d'un métier</span>." Chaque fois que je suis plongée dans un bon roman de Stephen King, j'ai envie de relire tous ceux qui se sont inscrits dans mon imaginaire. <b><i>Shining</i></b>, <b><i>Ça</i></b> (dans le dernier, une incursion à Derry fait en guise de clin d'œil joyeux, mélancolique et inquiétant à la fois), <b><i>Dead zone</i></b>, <b><i>Misery</i></b>, <b><i>Sac d'Os</i></b>, <b><i>La Part des Ténèbres</i></b>, <b><i>La ligne verte</i></b>, <i><b>Bazaar</b></i>... Combien d'écrivains peuvent se vanter d'avoir créé autant d'histoires fortes, de personnages si denses qu'il nous semble les avoir fréquentés, d'avoir mêlé tant de scènes, d'images à la trame de nos vies et d'avoir su jouer en virtuose de nos hantises les plus profondes et de nos sentiments au point que le livre achevé, nous étions parfois aussi lessivés émotionnellement que nous l'avions vécu? Ils sont peu nombreux, vous l'admettrez. Alors pour tous ceux qui considéreraient encore Stephen King comme un auteur de seconde zone parce que les couvertures de ses livres sont noires, et pour tous les autres qui l'ont lu et et ont compris depuis longtemps qu'il étant un grand romancier aimant ausculter les abîmes de nos angoisses, petite visite chez un maître en écriture romanesque.</div>
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<br /></div>
<a href="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/1600/187275/0743455967.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/400/618180/0743455967.jpg" style="cursor: pointer; display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: justify;" /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans un avant-propos à <i><b>Ecriture</b></i>, Stephen King nous dit d'entrée de jeu, et c'est honnête, vous en conviendrez :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Ce livre n'est pas bien long, pour la simple raison que la plupart des livres qui parlent d'écriture sont pleins de conneries. Les romanciers, moi y compris, ne comprennent pas très bien ce qu'ils font, ni pourquoi ça marche quand c'est bon, ni pourquoi ça ne marche pas quand ça ne l'est pas. J'imagine qu'il y aura d'autant moins de conneries ici que le livre sera court."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans ce court manuel, Stephen King raconte les étapes qui ont peut-être fait de lui un écrivain, nous disons bien <span style="font-style: italic;">peut-être</span>, parce qu'il ne suffit pas d'avoir souffert pour être écrivain, et encore moins pour être un bon écrivain... sinon, c'est bien simple, on marcherait sur des grands écrivains tant les rues en seraient jonchées, et tous les rescapés des camps seraient devenus Primo Levi.</div>
<div style="text-align: justify;">
Cependant, dans la vie d'un auteur, il y a des poteaux indicateurs. Un jour, on réalise qu'on a envie d'écrire des histoires. Un autre jour, on découvre qu'on peut captiver un public : Stephen King vendait des histoires horrifiques dans la cour du lycée, ce qui lui valut quelques savons de l'administration scolaire...</div>
<div style="text-align: justify;">
Et puis un jour, il écrivit <span style="font-style: italic;">Carrie</span>.</div>
<div style="text-align: justify;">
On ne sait jamais à quel carrefour le destin attend un écrivain. Le carrefour de Stephen King s'appelait Carrie White, c'était une adolescente mal dans sa peau, douée de télékinésie, affligée d'une mère tyrannique et bigote. Il n'aimait pas trop ce personnage. Il avait connu deux Carrie White dans sa vie scolaire, il ne les avait pas défendues glorieusement contre la vindicte publique, il les avait regardées se défaire peu à peu sous le regard des autres :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Sondra et Dodie étaient toutes les deux mortes le jour où j'ai commencé à rédiger Carrie. Sondra [...] était atteinte d'épilepsie et mourut pendant une crise. Elle vivait seule, si bien qu'il n'y avait eu personne pour lui porter secours lorsque sa tête s'était tordue dans le mauvais sens. [...] Peu après la naissance de son deuxième enfant, Dodie descendit dans la cave et se tira une balle de 22 dans l'abdomen. Ce fut un coup heureux (ou malheureux, selon le point de vue que l'on adopte) qui toucha la veine porte et la tua. En ville, on attribua ce suicide à la dépression</span><span style="font-weight: bold;"> </span><span style="font-style: italic; font-weight: bold;">post partum</span><span style="font-weight: bold;">. Comme c'était triste. Moi, je me suis demandé si un blues post-lycée tenace n'avait pas aussi quelque chose à voir là-dedans.</span></div>
<span style="font-weight: bold;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">Je n'ai jamais aimé Carrie, [...] mais grâce à Sondra et à Dodie, j'ai fini par la comprendre un peu. J'ai pitié d'elle, mais j'ai aussi pitié de ses camarades de classe, car j'ai jadis été l'un d'eux."</span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
L'un d'eux. Pas meilleur, pas le pire. Mais celui qui prit sa machine à écrire pour parler à la place de toutes les Sondra et les Dodie du monde. Le personnage de Carrie est déchirant et inaccessible. Le lecteur impuissant ne peut la sauver de sa descente aux Enfers, pas plus que Stephen ne pouvait sauver les pauvres filles de sa classe. Mais l'auteur la venge, et il nous enchaîne à elle de manière à ce que nous ne puissions plus l'oublier.</div>
<a href="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/1600/50059/04e0fee4ffb00daea6fb1d4d633aa458.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/320/286173/04e0fee4ffb00daea6fb1d4d633aa458.jpg" style="cursor: pointer; display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: justify;" /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis, il y a eu le massacre de Columbine, d'autres tueries, d'autres ados parias. Mais tout était déjà là, des années plus tôt, entre les pages de <span style="font-style: italic;">Carrie</span>.</div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Et ce livre fit de Stephen King un écrivain.</div>
<a href="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/1600/781249/2290302511.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/400/177182/2290302511.jpg" style="cursor: pointer; display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: justify;" /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Un livre où il parlait d'une fille qu'il n'avait pu aimer, mais à laquelle il avait consacré des centaines de pages... ce qui était quand même une façon de l'aimer.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans la suite de son livre, il aborde précisément les personnages. Et il est certain qu'avec Carrie, il a appris qu'un personnage pouvait avoir sa vie propre, qu'on pouvait ne pas le trouver sympathique mais s'attacher à ses pas, parler pour lui, être assez près pour entendre son cœur battre :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Pour moi, ce qui arrive aux personnages au fur et à mesure que progresse une histoire dépend seulement de ce que je découvre sur eux tandis que j'avance : autrement dit, de la manière dont ils se développent. Parfois, ils se développent peu. S'ils se développent beaucoup, ils commencent à influer sur l'histoire au lieu que ce soit le contraire. [...] J'estime que les meilleurs romans finissent toujours par avoir les gens pour sujets, plutôt que les événements ; autrement dit, que les histoires sont cornaquées par les personnages. [...] Et si vous faites bien votre boulot, vos personnages commenceront à faire des choses d'eux-mêmes. Je sais qu'on trouve cela un peu inquiétant quand on n'en a pas fait l'expérience soi-même, mais c'est sensationnel quand ça vous arrive."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il donne un très bon exemple de cette chair dont s'étoffent les personnages, comme s'ils s'éveillaient à la vie au cours de l'histoire, cessaient d'être des pantins pour devenir de vraies personnes : celui de Paul Sheldon, l'écrivain de <span style="font-style: italic;">Misery</span>. Au départ, Misery était une situation dont il avait rêvé... (je donnerais cher pour hériter de quelques rêves de Stephen King ! Bon pas TOUTES les nuits, mais juste de temps en temps) : un écrivain handicapé, séquestré par une infirmière psychotique décidée à le forcer à écrire un nouvel épisode de la vie de Misery Chastain, son héroïne préférée. Cette situation de départ était pour King une excellente idée de nouvelle. Paul Sheldon finirait assassiné, et sa peau fournirait la reliure du nouveau <span style="font-style: italic;">Misery</span>... Mais en cours de route, le personnage prit corps et modifia l'histoire :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"...mais en fin de compte ce n'est pas ainsi que les choses se sont passées. Paul Sheldon se révéla être un personnage plein de ressources, beaucoup plus que ce que j'avais tout d'abord crû, et ses efforts pour jouer les Shéhérazade et sauver sa vie me donnèrent l'occasion de dire certaines choses sur le pouvoir rédempteur de l'écriture que je ressentais depuis longtemps, mais n'avais jamais pris le temps de mettre au clair."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette chose-là est toujours difficile à comprendre : que lorsque les personnages attrapent l'envie d'exister, ils ne vous demandent pas la permission, et c'est peine perdue de les forcer à respecter votre volonté. Ils vous narguent, parce qu'ils savent bien que les torgnoler, les attraper par le col et les faire rentrer dans les clous prévus pour leurs déplacements les rendra moins vivants, ce qui desservira l'histoire. Donc l'auteur est piégé, et doit modifier son histoire en fonction des personnages, et non l'inverse... Stephen King se définit comme le premier spectateur de ses histoires. Ma petite expérience va dans le même sens, et c'est en quoi l'écriture est grisante. Car s'il ne s'agissait que de faire s'agiter des poupées de chiffon de droite et de gauche, qui parleraient comme vous, seraient d'accord avec vous, feraient tout ce que vous leur soufflez, quel serait l'intérêt?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<a href="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/1600/952207/King%20compil.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/400/889274/King%20compil.jpg" style="cursor: pointer; display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: justify;" /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il y a pas mal d'anecdotes réjouissantes dans ce livre, on y apprend que "<span style="font-weight: bold;">La vérité est que tous les écrivains sont pompants. En particulier entre la première et la deuxième mouture, quand la porte du bureau s'ouvre et que la lumière du monde vient l'inonder"</span>...</div>
<div style="text-align: justify;">
Bien sûr, ce sont de basses calomnies. L'écrivain est par essence charmant, d'humeur égale, et il est difficile de trouver moins susceptible.</div>
<div style="text-align: justify;">
On y apprend aussi que Stephen King s'est choisi une lectrice fétiche qui n'est pas toujours tendre, voire résolument vache : sa femme. Enfin, c'est son choix, et nous le respectons.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour finir, trois conseils qui me ravissent par leur humour ET leur exactitude : le premier concerne les dialogues. L'auteur explique que ce qui compte, ici comme dans tout le texte, c'est l'honnêteté, éthique de romancier qu'il partage, entre autres, avec Chandler :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Si vous êtes honnête quant aux mots que vous faites sortir de la bouche de vos personnages, vous découvrirez que vous vous exposez aussi à pas mal de critiques. Pas une semaine ne passe sans que je reçoive au moins une lettre furibarde (et la plupart du temps, plusieurs) m'accusant d'être grossier, bigot, homophobe, assassin, frivole ou carrément psychotique. Dans la plupart des cas, ce qui a échauffé la bile de mes correspondants figure quelque part dans un dialogue :</span><span style="font-weight: bold;"> </span></div>
<span style="font-weight: bold;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Tirons-nous de ce putain de bled", ou "On n'encaisse pas trop les nègres, dans le coin", ou encore : "Où tu te crois, sale con de pédé ?"</span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">[...] Ce qui compte est de laisser chaque personnage s'exprimer librement, sans s'occuper de ce que pensent les gens bien-pensants ou les dames de la paroisse. Faire autrement serait de la couardise ou de la malhonnêteté ; et croyez-moi, écrire de la fiction en Amérique en ce début du vingt et unième siècle n'est pas un boulot pour les froussards intellectuels."</span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Petit apparté : Aujourd'hui, même en France, ce pays si exemplaire de libertés protégées, si vous créez un personnage pédophile, raciste ou simplement cinglé, il y a de grandes chances pour qu'on vous accuse d'être vous-même, forcément, puisque la créature est sortie de votre cerveau malade, un pédophile (au moins un peu, allez ! Y a pas de fumée sans feu...), un raciste (sur les bords) ou un cinglé (si, allons quoi, vous écrivez de ces trucs !). Ce qui est une preuve de courte-vue, car si on ne plonge pas un peu dans leur crâne, comment comprendre les pédophiles, les cinglés ou les racistes ?... Hein, je vous le demande ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Deuxième exemple : les adverbes. Toute personne prétendant écrire un livre se trouve confronté à ces bestioles, et croyez-moi, c'est une sale engeance. Comme le dit Stephen King avec une bouleversante justesse :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Comme la voix passive, ils donnent l'impression d'avoir été créés pour le bonheur des écrivains timides. Lorsqu'il utilise la voix passive, l'écrivain trahit en général sa peur de ne pas être pris au sérieux ; elle est la voix des petits garçons à la moustache dessinée au cirage et des petites filles clopinant dans les talons hauts de maman. Avec l'adverbe, l'écrivain trahit le fait qu'il craint de ne pas s'être exprimé avec clarté, d'être passé à côté de ce qu'il voulait souligner."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La voix des écrivains timides... c'est trop joli, et tellement vrai (foi d' écrivain timide). Et il ajoute :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"J'estime que la route menant en enfer est pavée d'adverbes et je le crierai sur les toits. Pour le dire autrement, les adverbes sont comme les pissenlits. Un seul et unique sur votre pelouse, c'est ravissant. Oubliez de l'arracher et, quelques jours plus tard, vous en aurez cinq, puis cinquante le lendemain et, mes chers frères et sœurs, votre pelouse sera recouverte <span style="font-style: italic;">totalement</span>, <span style="font-style: italic;">complètement</span> et <span style="font-style: italic;">superlativement</span> de pissenlits."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Juste avant d'aller retrouver ma corvée quotidienne de desherbage... pour le cas où certains espèreraient se passer de pissenlits en abusant de synonymes puissants en guise de verbes déclaratifs, je vous préviens : attention, maître King vous a à l'œil, les petits pères :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Certains écrivains tentent de contourner la règle</span><span style="font-weight: bold;"> </span><span style="font-style: italic; font-weight: bold;">pas-d'adverbes</span><span style="font-weight: bold;"> </span><span style="font-weight: bold;">en shootant le verbe déclaratif aux stéroïdes anabolisants. Le résultat est bien connu par les amateurs de littérature de gare :</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;"><br /></span></div>
<span style="font-weight: bold;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"<span style="font-style: italic;">Pose ce révolver, Utterson !" grinça Jekyll.</span></span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span><span style="font-style: italic; font-weight: bold;"></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-style: italic; font-weight: bold;">"Continue de m'embrasser !" hoqueta Shayna.</span></div>
<span style="font-style: italic; font-weight: bold;">
<div style="text-align: justify;">
"Espèce de sale allumeuse !"éructa Bill."</div>
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<span style="font-weight: bold;"></span><br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">N'écrivez pas comme ça... s'il vous plaît !</span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span><span style="font-weight: bold;"></span>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">Le verbe déclaratif le plus courant est <span style="font-style: italic;">dit</span>, comme dans dit-il, dit-elle, <span style="font-style: italic;">dit Bill</span>, <span style="font-style: italic;">dit Monica</span>."</span></div>
<span style="font-weight: bold;">
</span><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
"Ok, ok, Stephen ! Si tu le prends comme ça !" explosa Gaëlle.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Sur ce, elle claqua la porte vertement, la rouvrit plus délicatement, dit au-revoir et merci, gentiment, demanda poliment si on en avait terminé pour la leçon du soir, et si elle pouvait aller de ce pas retrouver son manuscrit horriblement raturé... et Stephen King lui répondit chaleureusement, avec un éclair de malice dans l'œil :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-weight: bold;">"Il y a eu des moments pour moi où écrire a relevé de l'acte de foi, a été un crachat dans l'œil du désespoir. La deuxième partie de ce livre a été rédigée dans cet esprit. Je me la suis sortie des tripes, comme nous disions quand nous étions gosses. L'écriture n'est pas la vie, mais je crois qu'elle peut être parfois le moyen de revenir à la vie. C'est quelque chose que j'ai découvert pendant l'été 1999 lorsqu'un homme, au volant d'un van bleu, a bien failli me tuer."</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
— "Ah ouais, c'est sûr que c'est pas facile, tout ça... Non mais te bile pas, Stevie, je crois que je pige ce truc, là, enlever tous les mots inutiles, les orties, tout ça... dit-elle, conciliante.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
— Et tu vois, du coup, t'as même plus besoin d'adverbes, ou de verbes à la con. Hop, disparus ! Au fait, tu sais que je n'suis pas vraiment <span style="font-style: italic;">là</span>, hein ?... Juste dans ta tête, parce que tu es très fatiguée? Ok... Maintenant, tu peux aller dormir, va..."</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elle acquiesça, souriante, et éteignit la lumière du bureau.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-style: italic;">Mais quoiqu'il en dise, il était là, dans le noir. Et il la regardait. Maintenant qu'elle y réfléchissait, son regard avait quelque chose d'anormal. Etait-ce le disque de la pleine lune ? Le hurlement rauque d'un chien sauvage dans le lointain ? La lueur furtive de phares qu'on eût dits ensanglantés ?</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Elle se dit qu'il était temps d'aller dormir. Et plus vite que ça.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<a href="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/1600/211695/King%20picture%202.jpg" onblur="try {parent.deselectBloggerImageGracefully();} catch(e) {}"><img alt="" border="0" src="http://photos1.blogger.com/x/blogger/5040/2925/400/368662/King%20picture%202.jpg" style="cursor: pointer; display: block; margin: 0px auto 10px; text-align: justify;" /></a><br />
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A bientôt.</div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-76251998841380635552013-02-15T12:07:00.002+01:002013-02-15T12:07:14.398+01:00Le Seigneur des Porcheries : il suffira d’une étincelle<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrqlA69Z_02fUdN4mD7WS2mE07d6KSLHBZmvE1iloA75tutgdKnVcgToIcvQxWI0S6f4WVEMjuVzQK-Ny0dhfMyH4q1vMvpx941e5mHNcCGsCx4E4Rb1hGnMIp59lrXXKr9LGQ/s1600/egolf_200.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrqlA69Z_02fUdN4mD7WS2mE07d6KSLHBZmvE1iloA75tutgdKnVcgToIcvQxWI0S6f4WVEMjuVzQK-Ny0dhfMyH4q1vMvpx941e5mHNcCGsCx4E4Rb1hGnMIp59lrXXKr9LGQ/s1600/egolf_200.jpg" /></a></div>
<br />
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">«Selon les termes de Dale Murphy, la plèbe de Baker
est une foule surmenée, intarissablement mélancolique, de patriotes sectaires
qui verraient volontiers tous leurs voisins bien-aimés se balancer au bout
d’une cravate en fil de fer, pendus aux réverbères tout au long de la route du
boulot. C’est le pays des autocollants «Jésus est parmi nous!» sur les
râteliers à fusils, le pays où l’église est le pivot de la vie quotidienne, où
la marque de sa voiture compte plus pour le prestige d’un homme que sa femme,
où les racines familiales plongent, et parfois s’entrelacent, aussi profond que
l’eau de source. La communauté tourne autour de mariages, d’enterrements, de
rencontres sportives scolaires, de la maxime éternelle selon laquelle «ça ne
peut pas merder si je bosse un max», et de l’absorption quotidienne d’une
quantité aussi importante que possible de bibine.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="En-tteetbasdepage">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoqm9pbeZW4zPW3v_btJL0zBT65s4cIZiQD3c0draYhp7pnq-Fp13aXamnbKevqHFjkDKHeRJu8fAuQe1pFMzvEo8pWHiAoR6y3FuGOtGA8QaoSDdumFqv2E_1nkdp4GyG-FT8/s1600/0802116418.jpg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoqm9pbeZW4zPW3v_btJL0zBT65s4cIZiQD3c0draYhp7pnq-Fp13aXamnbKevqHFjkDKHeRJu8fAuQe1pFMzvEo8pWHiAoR6y3FuGOtGA8QaoSDdumFqv2E_1nkdp4GyG-FT8/s1600/0802116418.jpg" /></a><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Si
Tristan Egolf n’avait pas grandi dans la petite ville de Washington dans l’état
du Kentucky, à la limite du Mid-Ouest et du sud profond, dans cette Corn Belt
truffée de fondamentalistes et de nerveux de la gâchette, il ne serait sans
doute pas devenu ce romancier virtuose dézinguant de son style aux accents
céliniens, entre désespoir et humour féroce, la bêtise crasse d’une certaine
Amérique. Si on ne sait jamais trop ce qui fabrique un écrivain, il y a fort à
parier que passer ses premières années dans la peau d’un paria, se sentir
étranger au monde qui vous entoure est une bonne école. Si Tristan Egolf avait
grandi à New York ou à San Francisco, il n’aurait peut-être pas écrit <b><i>Le
Seigneur des Porcheries (Lord of the Banyard)</i></b>, éblouissant premier roman à l’odeur de soufre
à côté duquel le gros de la production littéraire de ces vingt dernières années
apparaît tiède et sans saveur.<o:p></o:p></span></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"> Âgé d’une vingtaine d’années, Egolf débarque à
Paris avec son manuscrit sous le bras. Alors qu’il joue de la trompette sur un
pont, Marie Modiano, la fille du romancier, le rencontre et l’héberge un temps.
S’attachant chaque jour davantage à ce garçon singulier, les Modiano découvrent
en lisant son manuscrit qu’ils ont affaire à un écrivain prodige. <b><i>Le
Seigneur des Porcheries</i></b> ayant été refusé par soixante-dix éditeurs
américains, Patrick Modiano le recommande chez Gallimard qui le publie. C’est
le début de la légende d’un écrivain météore qui sortira trois romans-dynamites
avant de regagner son pays natal et d’y mettre fin à ses jours le 7 mai 2005, à
trente quatre ans, quelques mois après la réélection de Georges Bush. Comme si
voir triompher à nouveau cette Amérique-là, celle qu’il s’était appliqué à
vitrioler si talentueusement, était la goutte qui faisait déborder le vase du
désespoir.<o:p></o:p></span></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Disparaissant
à peine surgi, Egolf s’est inscrit au panthéon des auteurs cultes dont les
romans circulent sous le manteau, aux côtés de John Kennedy Toole ou de
Salinger. Il partage avec Quentin Tarantino une certaine jubilation pour les
jeux de massacres, excelle dans la peinture du chaos et de la déliquescence de
sociétés avariées, consanguines, pourries de l’intérieur par des décennies en
vase clos, ruminant une culture faite de violence, d’intolérance et de
préjugés.<o:p></o:p></span></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCw87Aq0pobCZwZIdYO-I9YYBZSKIjdnQXt9A4YjmgVuUSV3ygWM7cg8cnKV2kUG7G8NTR1scKjgYFSXHvi-ygvIrWVfcOCQR2jWSVyGMkUTkkihZ_-nWixAzaxsA5l1AE1mH_/s1600/9782070414734_1_75.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCw87Aq0pobCZwZIdYO-I9YYBZSKIjdnQXt9A4YjmgVuUSV3ygWM7cg8cnKV2kUG7G8NTR1scKjgYFSXHvi-ygvIrWVfcOCQR2jWSVyGMkUTkkihZ_-nWixAzaxsA5l1AE1mH_/s320/9782070414734_1_75.jpg" width="188" /></a><b><i><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Le Seigneur
des Porcheries</span></i></b><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;"> a pour héros un paria
souffre-douleur, John Kaltenbrunner, dont la prouesse a été de survivre à son
enfance à Baker, au fond de la Pullman Valley, dans cette Corn Belt profonde où
le système éducatif est un <b>«reliquat
pétrifié du principe de Satan le Malin géré par des créationnistes
irréductibles, des paranoïaques de la guerre froide, et, selon les propres
termes de John, «des cas d’école d’arriération mentale.»</b> Les habitants y
croient <b>«dur comme fer que les
dinosaures ont disparu parce que Noé n’avait pas assez de place pour eux sur
l’arche.»</b> L’alcool y coule à flots, le shérif Tom Dippold s’y fait réélire
chaque année grâce à sa gestion minimaliste et à sa politique de non
intervention dans les affaires de violences domestiques, et un gang de <b>«harpies fondamentalistes</b>» y sévit
impunément, hantant les hôpitaux à la recherche de malades au dernier stade à
dépouiller de leurs biens terrestres. Orphelin de père et en charge d’une mère
atteinte du syndrôme de Cushing, John livrera une bataille sanglante contre les
harpies et en particulier contre Hortense, leur sinistre chef de file.
Contraint de s’exiler sans un sou, il revient des années plus tard, endurci et
décidé à régler ses comptes avec ces bonnes gens de Baker. C’est en prenant la
tête des Intouchables de la ville, les «torche-colline» employés à la décharge
municipale, qu’il déclenchera une apocalypse jouissive et méritée. <b>«On ne peut pas tuer ce qui ne veut pas
mourir»</b>, ce mantra rythme le roman comme une injonction à relever la tête,
à défendre sa dignité coûte que coûte, fût-ce des profondeurs de la fosse
d’égoût où la société vous a précipité : <o:p></o:p></span></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">«L’ultime assertion de John : obligés de subir le
supplice de la planche, nous conservions la prérogative, le droit inaliénable
de faire une bombe dans les eaux infestées de requins qui nous attendaient.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Je vous
invite à vous jeter sur ce roman désopilant, féroce et poignant, à vous
attacher à votre tour à ce héros malmené venu sonner la révolte des Boueux. Et
je vous prédis que vous le refermerez avec la gorge serrée, parce qu’un
écrivain prodige qui met fin à ses jours rend tout le monde orphelin. <o:p></o:p></span></div>
<div class="En-tteetbasdepage">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">«Pour nous autres, nous aurions le temps de parvenir
à nos propres conclusions. En commençant par cette soirée de la fin mai où il
apparut pour la première fois sur notre décharge dans son pantalon déchiré et
ses chaussures noires orthopédiques, nous ressasserions chacun des souvenirs
dont nous disposions, à la recherche d’un indice qui nous permette de
comprendre comment un être aussi jeune et étrange avait pu croiser notre
chemin, puis le dynamiter aussi complètement, et nous quitter subrepticement
pour nous laisser imaginer le reste.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="En-tteetbasdepage" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12.0pt; mso-bidi-font-size: 10.0pt;">Gaëlle
Nohant</span><span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman","serif"; mso-ansi-language: #0400; mso-bidi-language: X-NONE; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: #0400;"><o:p></o:p></span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-14565788690097803732013-02-04T11:50:00.001+01:002013-02-04T15:38:50.612+01:00Ecrire, dit-elle<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_OzLJNgzq5cB7m8BC2w30spPq-muUQfNMFyH9khQQ2ed82Qzxs9gY36mPoJ_oQZFuYvYzoWKOENNo2FTOE_ggc0QnAOb4GgHi2oQ0bjgBz4bl06DVk10OkmqkBZ8mrSZStPaE/s1600/arton1324.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_OzLJNgzq5cB7m8BC2w30spPq-muUQfNMFyH9khQQ2ed82Qzxs9gY36mPoJ_oQZFuYvYzoWKOENNo2FTOE_ggc0QnAOb4GgHi2oQ0bjgBz4bl06DVk10OkmqkBZ8mrSZStPaE/s320/arton1324.jpeg" width="255" /></span></a></div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">"L'écrivain a deux vies : une, celle à la surface de soi, qui le fait parler, agir, jour après jour. Et l'autre, la véritable, qui le suit partout, qui ne lui donne pas de repos."</span></b><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><b><br /></b>
</span><br />
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<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Il a fallu la pièce de Christophe Honoré, <b><i>Nouveau Roman</i></b>, — petit bijou aux ambitions parfaitement tenues —, pour me donner l'envie de relire Duras. Je n'ai pas relu <b><i>l'Amant</i></b> car il est toujours gravé dans ma mémoire, le chapeau, le bac, la limousine noire, "à quinze ans, j'avais le visage de la jouissance et je ne connaissais pas la jouissance", la violence du frère, la douceur d'Hélène Lagonelle, la pension, l'amour déchiré pour la mère, la dureté de la jeune fille fondant sur le bateau du retour, devenant détresse, reconnaissance d'un sentiment chargé d'ambiguïté. J'ai découvert <b><i>Le ravissement de Lol V Stein</i></b>, <b><i>Le marin de Gibraltar</i></b>, relu <b><i>les Petits Chevaux</i></b>. Et retrouvé ce style si particulier dont Marguerite Duras parlait à Bernard Pivot, dans l'émission Apostrophes, comme d'une écriture où ce qui importait, c'était attraper les mots avant qu'ils ne s'échappent. Et que la phrase, ensuite, s'organisait autour. Une écriture <b>"presque distraite, qui court, qui est plus pressée d'attraper les choses que de les dire, vous voyez, je parle de la crête des mots, qui court sur la crête, pour aller vite, pour ne pas perdre."</b></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzAqUyBaqk7_PkViSdanjXS84lIVvUGUZmq7ePZZUFIXA6aK-41WcZV-0BetlcI6LVhUvBKHgdBgD7b7igz7zr0WhivjNFOJsjtjK3t2t9lU4dZUqSR7USdUVEpbGB6w4AfXJP/s1600/9782021096392_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgzAqUyBaqk7_PkViSdanjXS84lIVvUGUZmq7ePZZUFIXA6aK-41WcZV-0BetlcI6LVhUvBKHgdBgD7b7igz7zr0WhivjNFOJsjtjK3t2t9lU4dZUqSR7USdUVEpbGB6w4AfXJP/s320/9782021096392_1_75.jpeg" width="223" /></span></a></div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Dans <b><i>La passion suspendue</i></b>, recueil d'entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre qui vient d'être réédité, Marguerite Duras évoque son enfance, son travail, la littérature et le théâtre, le cinéma et la passion amoureuse, l'addiction à l'alcool et le communisme où elle s'est égarée un temps. Elle s'interroge sur ce qui fait qu'on écrit, ou qu'on n'écrit pas. S'interroge sur les gens qui n'écrivent pas, "comment font-ils ?" Ce qui signifie, comment font-ils pour n'avoir qu'une vie, être pleinement dans cette vie, ne pas se sentir dédoublés comme les écrivains ? Je comprends cette interrogation car chaque fois que j'ai songé à arrêter d'écrire, j'ai eu le sentiment de perdre quelque chose de vital. L'idée de me résoudre à n'avoir qu'une seule vie m'était insupportable. Mais peut-être ceux qui écrivent n'ont-ils ce ressenti que parce qu'ils se sentent toujours dédoublés, justement. Peut-être ce besoin de multiplier les existences, d'avoir des vies imaginaires, vient-il d'une carence de départ. Vous vivez votre vie, et en même temps vous n'y êtes jamais tout à fait, comme si vous étiez sur la photo sans y être, et qu'une partie de vous s'en était détachée pour observer la scène.</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">"Souvent, dans la vie, j'ai eu le sensation de ne pas exister — sans modèle aucun, sans référence aucune —, toujours en quête d'un lieu, sans jamais me retrouver là où j'aurais voulu être, toujours en retard, toujours dans l'impossibilité de jouir des choses dont jouissaient les autres. Maintenant l'idée de cette multiplicité me plaît : on se force toujours à atteindre une unicité qui nous appartient, alors que notre richesse, elle se situe dans ce débordement même."</span></b><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">D'un handicap de départ, il s'agirait donc de faire une richesse, une force à laquelle appuyer sa vie pour s'y ancrer davantage, un pont entre sa solitude et celle des autres. A moins que cette difficulté à être tout à fait présent à sa vie et ce besoin d'inventer d'autres existences ne soient dès le départ une valeur ajoutée qu'il faudrait accepter comme telle. Le talent donné à une fragile petite existence humaine d'entrer en résonance avec des milliers d'autres, d'atteindre à l'universel à partir d'un soi modeste et minuscule. Tout comme les musiciens ressentent aussi le monde en musique, les peintres en lignes continues ou heurtées, taches de couleurs et de lumière.</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Allez Marguerite, une petite dernière :</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<span style="background-color: white; line-height: 18px;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><b>"Je crois qu'on écrit vraiment que lorsqu'on croit ne plus écrire, ne plus être tout à fait maître de ce qu'on fait. En général tout le début est jeté. C'est quand je me laisse aller qu'il se passe quelque chose. Il y a à ce moment-là une sorte de désespoir de l'écrivain, d'abdication même : l'écrit arrive seul, dirait-on, fait."</b></span></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><span style="background-color: white; line-height: 18px;"><br /></span>
<span style="background-color: white; line-height: 18px;"> J'ai connu ces moments de fièvre où l'on sent le livre s'écrire à travers soi. C'est d'ailleurs ce que Jean-Philippe Toussaint appelle "l'urgence", dans un très bel essai paru récemment chez Minuit, <b><i>L'Urgence et la patience</i></b> :</span></span><br />
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7Tag7SlKgMArTZtYmjmg7a7LVUmCKcTOW2rvWbMniTX37iCY9YVm3GV-WPukAkmnq1RD28SteY2c9SOuxuTW8uI7_SjZED4mXhTi3ftY_CcxEZ1x8pgU4umYLFwzAaDbOc6To/s1600/9782707322265_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj7Tag7SlKgMArTZtYmjmg7a7LVUmCKcTOW2rvWbMniTX37iCY9YVm3GV-WPukAkmnq1RD28SteY2c9SOuxuTW8uI7_SjZED4mXhTi3ftY_CcxEZ1x8pgU4umYLFwzAaDbOc6To/s320/9782707322265_1_75.jpeg" width="200" /></span></a><span style="background-color: white; line-height: 18px;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<div class="p1">
<span class="s1" style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><b>«L’urgence est un état d’écriture qui ne s’obtient qu’au terme d’une infinie patience. Elle en est la récompense, le dénouement miraculeux. Tous les efforts que nous avons consentis au préalable pour le livre ne tendaient en réalité que vers cet instant unique où l’urgence va surgir, le moment où ça bascule, où ça vient tout seul, où le fil de la pelote se dévide sans fin. Comme au tennis, après les heures d’entraînement, où chaque geste est analysé, décomposé, et refait à l’infini, mais reste raide, figé et sans âme, il arrive un moment, dans la chaleur du match, où on commence à lâcher ses coups et où on réussit certaines choses qui auraient été inimaginables à froid et n’ont été rendues possibles que par la rigueur et la ténacité de l’entraînement qui a précédé. Dans ces moments-là, dans la chaleur de l’écriture, on peut tout tenter, tout nous réussit, on effleure le filet, on frôle les lignes, on trouve tout, instinctivement, chaque position du corps, le fléchissement idéal du genou, la façon d’armer le bras et de lâcher le coup, tout est juste, chaque image, chaque mot, chaque adjectif pris à la volée et renvoyé sur le terrain, tout trouve sa place exacte dans le livre.»</b></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1" style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><b><br /></b></span></div>
<div class="p1">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Ces moments condensent une telle intensité, un tel plaisir d'écrire, qu'ils peuvent vous rendre accro à l'écriture à jamais, quand bien même vous devriez rouler indéfiniment des rochers comme un Sisyphe besogneux pour toucher à nouveau cette incandescence. Cela se mérite. Ce sont des heures qui nous semblent durer le temps d'un battement de cil. C'est d'ailleurs ainsi qu'en général on s'imagine l'artiste, fiévreux, possédé par sa muse. Sauf que contrairement à l'imagerie populaire, il ne suffit pas d'attendre que cela se produise en sirotant une absinthe...Non, on ne l'atteint que par un travail souterrain et sans grâce, souvent assez ingrat et desespérant. </span></div>
<div class="p1">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="p1">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Sur ce, je vous laisse... J'ai quelques rochers à rouler. </span></div>
<div class="p1">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="p1">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-39068672066068515202013-01-04T19:04:00.001+01:002013-01-08T09:28:30.967+01:00L'Amant de Lady Chatterley : Il faut bien que le corps exulte...<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<blockquote class="tr_bq">
</blockquote>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman";">«Il
faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux. Telle était à peu
près la situation de Constance Chatterley. La guerre avait fait écrouler les
toits sur sa tête. Et elle avait compris qu’il faut vivre et apprendre.»<o:p></o:p></span></b><br />
<b><span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: 'Times New Roman';">En 1960 à Londres eut lieu un des procès les plus importants dans l’histoire de la libération des mœurs. Il opposait les éditions Penguin à la couronne d’Angleterre, et devait établir si </span><b style="font-family: 'Times New Roman';"><i>L’Amant de Lady Chatterley</i></b><span style="font-family: 'Times New Roman';">, roman interdit depuis plus de trente ans, était de nature à dépraver ou à corrompre son lectorat. Au terme d’un procès très médiatisé où des dizaines de témoins célèbres — parmi lesquels E.M Forster, Helen Gardner, Cecil Day Lewis ou Rebecca West — défilèrent à la barre pour défendre le roman de D.H. Lawrence, le jury répondit non à ces deux questions et le livre put enfin paraître au grand jour. Dans les heures suivant le procès, le grand public se rua dans les librairies qui se retrouvèrent en rupture de stock, et </span><b style="font-family: 'Times New Roman';"><i>L’Amant de Lady Chatterley</i></b><span style="font-family: 'Times New Roman';"> se vendit en quelques semaines à plus de trois millions d’exemplaires, permettant aux éditions Penguin de réaliser leur plus grand coup littéraire.</span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<div style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;">
<br /></div>
</div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Pourtant, il y avait de quoi choquer dans
cette histoire, et pas uniquement parce qu'elle racontait une liaison passionnée entre un garde-chasse et la femme de son maître. Imaginez une jeune aristocrate dépérissant auprès d’un mari
rentré invalide de la guerre de 14. Imaginez Constance Chatterley, jadis
pulpeuse et féminine, vieillissant avant l’âge dans un corps devenu inutile et
sec, forcé à l’abstinence. Imaginez-la, au bout d’un hiver sans fin, retrouvant
soudain la sève de sa vie au moment même où la douceur du printemps réveille le bois. Au
lieu de sacrifier sa vie à son mari et de trouver des joies spirituelles à son
mariage, cette <b>«longue union de toute
une vie»</b>, cette <b>«chose longue, lente,
durable»</b> dont Clifford, son époux, prétend qu’elle peut se passer de
l’intimité sexuelle, imaginez la vibrant d’un désir de liberté, aspirant à
défaire un à un les fils qui l’arriment à Clifford et à revenir à la vie.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman";">«Elle
sentait qu’elle allait mourir si rien de nouveau ne survenait.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Le bois l’appelle, débordant de la
vitalité sensuelle de la nature. Au détour d’une promenade, Constance y
rencontre l’Homme des Bois au contact duquel elle va reprendre goût à la vie.
Une vie où le désir ne sera plus caché, malade ou honteux, mais fécond,
profondément libre et confiant d’avoir chassé les peurs profondes de l’être. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman";">«Constance
rentra lentement, comprenant la profondeur de cette autre chose qui était en
elle. Un autre moi vivait en elle, fondant, brûlant et doux dans ses entrailles
; et, de tout ce moi, elle adorait son amant. Elle l’adorait jusqu’à sentir en
marchant faiblir ses genoux.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Au procès de 1960, un archevêque déclara
à la barre qu’il aimait que D.H. Lawrence, dans ce roman, ait redonné son caractère
sacré à l’acte sexuel. Il est vrai que ce grand romancier anglais longtemps
ravalé au rang de pornographe partageait avec Victor Hugo la conviction qu’une
rencontre sexuelle profonde et amoureuse atteignait à la transcendance. Que
cette expérience charnelle et mystique avait le pouvoir de régénérer les
amants, de les rendre à leur moi véritable. La vérité des êtres révélée par le
sexe. Dieu effleuré en baisant. Saluons cet archevêque qui fut capable de lire
un grand roman autrement qu’à travers le prisme d’un moralisme étroit, et d’en
exprimer la beauté sans détours.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman";">«La
vie n’est acceptable que si l’esprit et le corps vivent en bonne intelligence,
s’il y a un équilibre entre eux, et s’ils éprouvent un respect naturel l’un
pour l’autre»</span></b><span style="font-family: "Times New Roman";">, écrivait Lawrence
en préface de son roman. En tant que romancier, il observait avec crainte la
déshumanisation du monde, ce glissement de l’homme vers la machine qui allait
de pair avec l’industrialisation, le rétrécissement des forêts, le recul de la
part sauvage en chacun de nous. Dans <b><i>L’Amant de Lady Chatterley</i></b>, la forêt
est mangée par les mines, les usines crachant leur sinistre fumée, et cet
univers de sueur et de grisaille abrite des êtres qui ne vivent plus que
mécaniquement, à l’aveuglette. Dans ce qui reste de bois, protégés par cette
enclave éphémère, Constance Chatterley et Oliver Mellors peuvent se rencontrer,
se désirer et finalement s’aimer, affirmant la persistance d’un bonheur
terrestre délivré des convenances et de tout ce qui tue le corps et l’âme. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: "Times New Roman";">«Ce
n’était pas vraiment de l’amour. Ce n’était pas de la volupté. C’était une
sensualité aiguë et brûlante comme le feu, et qui transformait l’âme en amadou.
Et ce feu brûlait et détruisait les hontes les plus profondes, les plus
vieilles hontes, aux endroits les plus secrets.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Je vous encourage à (re)découvrir ce
superbe roman, que l’on ne saurait réduire à un roman érotique bien qu’il le
soit puissamment, car il est avant tout l’histoire de la renaissance d’une
femme et de l’homme libre que cette femme débusqua au fond des bois pour le
ramener au monde. De quoi bien démarrer cette année qui, je l’espère, sera
heureuse et féconde pour le corps et pour l’esprit.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"> </span> </div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Gaëlle Nohant</span><span style="color: windowtext; font-family: "Times New Roman"; font-size: 10.0pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman";"><o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieU46wbSsPVEdBZiMF_FQFg1Iu7Qry7VpcDKXnXvqy9ci4bhwJYjaZJ7UzHzgp0eQrRAW_WlC75QHZMkAbPGZTjsQXovnEi5PY6O-NOvKp8YZKck98BlsgN6-bSizgN-UY_095/s1600/9782070387434_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieU46wbSsPVEdBZiMF_FQFg1Iu7Qry7VpcDKXnXvqy9ci4bhwJYjaZJ7UzHzgp0eQrRAW_WlC75QHZMkAbPGZTjsQXovnEi5PY6O-NOvKp8YZKck98BlsgN6-bSizgN-UY_095/s320/9782070387434_1_75.jpeg" width="196" /></a></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<!--EndFragment-->Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-47994384650023175212012-10-31T18:20:00.002+01:002012-10-31T18:45:21.131+01:00Emily Brontë et Les fantômes de Hurlevent<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinY4LWvXOQcyAGjb56m-5xqfeKH_FVrV98fKvxwmGcjjC62XNIpclQxAQ9ATPm7v6DylHjO1Q6G8oPdilkpqZl8X3ihnR7Xfsj7PBqgC1Xy5OCEjqUfPxO-IckJrmG395432bX/s1600/harbour-hill,+mypennines.co.uk.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinY4LWvXOQcyAGjb56m-5xqfeKH_FVrV98fKvxwmGcjjC62XNIpclQxAQ9ATPm7v6DylHjO1Q6G8oPdilkpqZl8X3ihnR7Xfsj7PBqgC1Xy5OCEjqUfPxO-IckJrmG395432bX/s320/harbour-hill,+mypennines.co.uk.jpeg" width="320" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="background-color: white; font-family: Times, 'Times New Roman', serif; font-size: 13px; line-height: 18px; text-align: justify;">(crédit photo mypennines.co.uk)</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt;">
<b><i><span style="color: #333333; font-family: "Times New Roman";">«</span></i></b><b><span style="color: #333333; font-family: "Times New Roman";">Avant d’arriver en vue de
Hurlevent, il ne restait du jour qu’une faible lueur ambrée qui marquait
l’horizon à l’ouest, mais grâce à cette lune splendide, je pouvais voir chaque
caillou et chaque brin d’herbe dans le sentier.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt;">
<br /></div>
<br />
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="color: #333333; font-family: "Times New Roman";">...Vous souvenez-nous de moi,
Mrs. Dean ? Je suis ce visiteur qui eut l’idée saugrenue de venir chercher en
ce lieu si beau et âpre une solitude choisie. Je ne connaissais pas Mr.
Heathcliff. Les noms de Hindley Earnshaw et de Catherine Linton ne signifiaient
rien pour moi, je ne croyais pas aux fantômes et n’en avais
jamais croisé sur mon chemin. Emily Brontë, à qui vous et moi devons tout,
m’avait fait entrer dans cette histoire comme une tempête attire dans son œil
un paisible promeneur pour qu’il puisse témoigner de sa puissance. Je n’étais
là que pour être saisi par la plainte du vent, les hurlements des chiens du
Maître des lieux, l’hostilité de la radieuse jeune femme qui se terrait dans
cette maison sans âge, sous la surveillance d’un tyran et d’une poignée d’êtres
frustes. Je n’étais là que pour être pris au piège d'une tempête de neige et
contraint de me réfugier dans l'étrange lit à panneaux de la chambre du haut, en cette
nuit lugubre où après avoir étudié les noms gravés sur le bois, Catherine
Linton, Catherine Earnshaw, le bruit tenace d’une branche cognant contre la
vitre me tira d’un sommeil troublé. Vous souvenez-vous ? Mais si... je suis certain de
vous l’avoir raconté :<o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<b><span style="color: #333333; font-family: "Times New Roman";"> </span></b><b><span style="font-family: "Times New Roman";">«Il
faut absolument que cela cesse !» murmurai-je, et, passant mon point au travers
de la vitre, j’étendis le bras pour saisir cette odieuse branche. Mais, au lieu
de cela, mes doigts se refermèrent sur les doigts d’une petite main glacée !
L’affreuse horreur du cauchemar m’oppressa, j’essayais de retirer mon bras,
mais la main s’y accrochait, et une voix déchirante sanglotait : «Laissez-moi
entrer... laissez-moi entrer !.. — Qui êtes-vous ?» demandai-je tout en me
débattant pour me dégager. «Catherine Linton», répondit la voix en grelottant,
«je rentre à la maison, j’avais perdu mon chemin dans la lande !» Tandis
qu’elle parlait, je distinguais obscurément une figure enfantine regardant à
travers la fenêtre. La terreur me rendit inhumain et, voyant l’inutilité de mes
efforts pour me défaire de cette créature, j’attirai son poignet contre le
carreau cassé et le frottai en tout sens jusqu’à ce que le sang vînt inonder
les draps. Cependant elle gémissait : «Laissez-moi entrer», sans desserrer une
étreinte tenace qui me rendait presque fou de peur.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjD36hye_O3cjsH8b67ITO9pDjUvnHTPOX7_wYJ8v2niMqu3aau80MYKNFP4FEYQOa86ux9z2urnx0KIzFCtCuPXSCYEGaEdKTz4xqFYkwX4hkcrQkrgqgbrwebkRtcG3lUWmPC/s1600/51AR215F7AL._SL500_.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjD36hye_O3cjsH8b67ITO9pDjUvnHTPOX7_wYJ8v2niMqu3aau80MYKNFP4FEYQOa86ux9z2urnx0KIzFCtCuPXSCYEGaEdKTz4xqFYkwX4hkcrQkrgqgbrwebkRtcG3lUWmPC/s320/51AR215F7AL._SL500_.jpeg" width="194" /></a></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">A l’aube, je fuyais cette maison
inhospitalière pour me réfugier à la Grange, dont vous étiez la femme de
charge, Mrs Dean. J’ignorais que vous étiez si profondément imbriquée dans la
vie de ces gens, que les vivants et les morts vous avaient confié tant de
secrets empoisonnés au fil du temps. Il vous fallut l’art d’une conteuse pour
me faire entrer dans les méandres d’une histoire qui avait lié dans la passion
et le souffre deux anciennes familles de ce coin retiré du Yorkshire, les
Earnshaw et les Linton. Je me dis parfois que ces gens auraient vécu des vies tranquilles
si le père Earnshaw n’avait pas ramené de son voyage ce petit bohémien noiraud
dont personne ne voulait. Je sais que vous vous êtes parfois interrogée sur la nature de cet être par lequel le malheur était arrivé sur la lande, et qui jouissait du mal qu’il infligeait aux autres. Seule Emily Brontë aurait pu
nous renseigner sur cet Heathcliff démoniaque et écorché vif, que nous
haïssions si volontiers avant d’être saisis de compassion devant la souffrance
de son amour inconsolable et rageur pour Catherine Linton. Miss Brontë nous aurait
peut-être confié, Mrs Dean, qu’elle avait donné à ce personnage la part
inflexible et autodestructrice de son frère Branwell, ces mauvais penchants qui
l’avaient entraîné à sa perte. Elle qui aimait son frère de cet amour
farouche et entier qu’elle réservait à de rares êtres, ne songea jamais à
racheter le personnage d’Heathcliff. Non, elle se contenta de le rendre si
vivant, si terrifiant et poignant à la fois que nous ne pouvons jamais ni l’aimer ni tout
à fait le haïr. Les critiques, vous le savez, lui reprochèrent vertement de
s’être attachée à des personnages cruels, pervers, complexes et ambigus sans
justifier ce choix étrange par une morale. Dieu merci, ils ignoraient que ce
roman avait été écrit par une jeune femme secrète et solitaire, élevée par un
pasteur dans un presbytère à l’écart du monde ! Ils pensaient avoir à faire à
Ellis Bell, frère de Currer et d’Acton Bell, tous romanciers désireux de garder
leur anonymat. Ils furent déroutés par la force de cette histoire, sa férocité,
sa langue poétique et crue qui ne s’encombre pas de fioritures, et mirent des
années à percevoir l’éclat de ce diamant brut. Quand ils le firent, Emily
Brontë reposait sous cette terre battue des vents qu’elle avait tant aimée.
Bah, ce n’est pas grave, Mrs Dean... Nous autres n’avons pas attendu ces
gratte-papiers versatiles pour être conscients du talent de miss Brontë !<o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Nous qui avons vécu tout cela de
l’intérieur, au point d’en être ébranlés dans notre raison, nous savons que
certains amours sont des chemins de croix païens qui convoquent les fantômes.
Ou que la vengeance la plus inexorable peut s’arrêter un jour comme un bras qui
retombe, lassé de sa propre violence. Nous savons que certains êtres ne sont
doués pour le bonheur ni dans ce monde ni dans l’autre, et qu’il faut leur
garder un peu de cette compassion qu’ils n’ont pas su avoir pour eux-mêmes.
Nous savons enfin, ma chère, que la douceur peut venir de là où on ne l’attend
pas, après les ravages de l’orage et de la foudre. C’est pourquoi nous aimons
ce pays pelé, aride, où l’hiver est épouvantable et l’été enchanteur, où les
petits bergers confient en tremblant qu’ils ont croisé un défunt sur la lande,
et où il faut savoir surprendre la beauté sous la tourbe ou dans les encoignures
de roche. Ses habitants sont un peu rudes, leur humour à froid n’a d’égal que
leur franc parler, mais ils pourraient bien vous venir en aide si vous errez
dans la lande sans retrouver votre chemin. Ou pas. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";">Bonne nuit, Mrs. Dean. Pensez à
rallumer le feu, il fait un froid glacial, et si Mr. Heathcliff ne peut se
réchauffer en rentrant de la lande, il pourrait vous en cuire...</span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"> Gaëlle Nohant.</span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: "Times New Roman";"><br /></span></div>
<div class="Formatlibre" style="line-height: 17.0pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<!--EndFragment-->Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-46071142741233981252012-10-19T18:58:00.002+02:002012-10-22T08:36:35.566+02:00Jane Eyre, petite âme droite et fiévreuse<!--[if gte mso 9]><xml>
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<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span>
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4oWY0dXSWcLSokZ_D8soTlosaQYUnO0y5QudRiRiEigf3awd4jHXwlf2AIb-M9VDTSf_sCOWNS6AhQibitiyYsTR1TX-miWoiVVJSEUEnaz_43RZCYwbtMhMpgro_MNDM3nj6/s1600/alcomden-stones.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4oWY0dXSWcLSokZ_D8soTlosaQYUnO0y5QudRiRiEigf3awd4jHXwlf2AIb-M9VDTSf_sCOWNS6AhQibitiyYsTR1TX-miWoiVVJSEUEnaz_43RZCYwbtMhMpgro_MNDM3nj6/s320/alcomden-stones.jpeg" width="320" /></a></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"> (crédit photo mypennines.co.uk)</span><br />
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">«Je
vais te laisser, pâle rêve ! dis-je. J’ai la fièvre, j’entends le vent
souffler, je vais sortir pour sentir son haleine.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">La nuit était tombée sur la lande où le
vent soufflait sans discontinuer, comme sur le presbytère et le jardin de tombes.
Les centaines de freux qui nichaient dans les arbres tordus s’étaient enfin
tus. A cette heure, le révérend Patrick Brontë était couché, ses filles Emily
et Anne attendaient avec anxiété le retour de leur frère Branwell et Charlotte,
son aînée, écrivait dans une sorte de fièvre l’histoire de Jane Eyre, puisant
la sève de ce roman au plus profond de sa détresse, de ses déceptions et de ses
échecs. <b>«J’aurai trente et un ans à mon
prochain anniversaire, avait-elle écrit à une amie. Ma jeunesse a disparu comme
un rêve et je n’ai rien fait.»</b> Il était sa revanche éclatante, sa façon de
redresser la tête, de ne pas se résigner à l’insignifiance. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Ils avaient bâti tant de rêves, le frère
et les sœurs, échafaudant les royaumes d’Angria et de Gondal avec cette
ivresse, cette toute puissance des virtuoses. Ils sentaient en eux la pulsation
impérieuse d’une vocation artistique dont aucun pragmatisme n’avait pu les
détourner. Qu’en était-il aujourd’hui ? Les romans d’Emily et d’Anne avaient
été acceptés par un éditeur à des conditions indignes, tandis que Charlotte
avait eu la douleur de voir le sien refusé. Branwell, le fils choyé, l’enfant
des fées, doué de tous les talents, semblait condamné à les dilapider et à ruiner sa vie.
A cette heure tardive, il noyait son chagrin dans l’alcool et l’opium à la
taverne du Black Bull, où Emily irait le chercher tout à l’heure pour le ramener au presbytère. Emily aimait
les âmes blessées, les animaux. Elle était la plus farouche et la plus libre
des enfants Brontë. Les critiques avaient éreinté son roman <b><i>les
Hauts de Hurlevent</i></b>, le taxant d’immoralité. Anne quant à elle, si menue
et si douce, espérait juste faire quelque chose de son passage sur la terre. Et
Charlotte... Charlotte jetait dans ce roman ses dernières forces, ses
aspirations à une autre vie, le chagrin d’un amour impossible.<b> </b>Comme elle, son
héroïne n’était ni belle ni riche, c’était une petite personne frêle, un roseau
qui refusait de casser, exigeait qu’on lui reconnût le droit de sentir et d’aimer.
Elle l’avait jetée dans les rapides d’une vie malchanceuse, orpheline et mal
aimée, mais lui avait donné la force de changer son destin. Sa Jane Eyre
incarnait la rébellion de tous ces petits qui aspirent aux miettes de la table
des riches, parlant d’égal à égal avec ceux qui prétendaient diriger sa vie. Ce
n’était pas un roman pour jeunes filles, c’était un livre puissant et sulfureux
nourri à la source de ses lectures viriles, de Lord Byron et de Walter Scott.
Il était plein de l’âpre poésie de la lande solitaire où se déchaîne ce vent
dont la colère vous rend à vous-même. Elle le publierait sous un nom d’homme,
pour qu’il soit jugé équitablement par ses pairs. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">«C’est
une sensation très étrange pour un être jeune et sans expérience que de se
sentir tout à fait seul dans le monde, emporté à la dérive, tous liens rompus,
incertain d’atteindre le port vers lequel il fait route, empêché par de
nombreux obstacles de revenir vers ce qu’il a quitté.»<o:p></o:p></span></b></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<b><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></b></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxOuRk75QRcIS5z63ZI9ognGmJ5aMWi8eOouZbuwCatiJLpA2ibXQOrBXYngDt-Os1-7FSpHXmSHWFjR6YC2BEX_u1OOqXTLdqUEpRP1L8y0TsEP6dtzJTfZq18iotjvzEq0j/s1600/9782070446056_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhOxOuRk75QRcIS5z63ZI9ognGmJ5aMWi8eOouZbuwCatiJLpA2ibXQOrBXYngDt-Os1-7FSpHXmSHWFjR6YC2BEX_u1OOqXTLdqUEpRP1L8y0TsEP6dtzJTfZq18iotjvzEq0j/s320/9782070446056_1_75.jpeg" width="192" /></span></a><span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">S’arrachant à la monotonie de la misère,
Jane Eyre avait rendez-vous avec son destin dans un manoir lugubre dont les
corridors glacés dissimulaient un terrifiant secret. Elle qui avait soif
d’action devrait embrasser la terne condition de gouvernante chez le maître de
Thornfield Hall. Charlotte Brontë avait offert à Jane un adversaire à sa
hauteur : un héros byronien au caractère d’airain, sensuel et manipulateur,
inquiétant, passionné, tourmenté et poignant. Bien avant Alfred Hitchcock, elle
savait tremper une histoire d’amour dans le souffre et la peur, y insuffler le
suspense, donner à une scène d’amour l’allure d’une scène de meurtre. Ce face à
face entre Jane et Edward Rochester, dont la sensualité balançait sans cesse
entre la rédemption et le rejet de l’ordre établi, Charlotte en sentait toute
l’immoralité. Elle n’écrivait pas pour les ligues de vertu, mais à l’écoute de
cette <b>«influence qui s’éveillait en
elle»</b> et n’acceptait pas d’autre maître. Son <b><i>Jane Eyre</i></b> n’était pas un
conte moral, il avait la puissance des bourrasques qui déracinent les arbres et
l’infinie douceur des lendemains d’orage. L’amour dans <b><i>Jane Eyre</i></b> était cruel et
bienfaisant, il passait par des cassures, des batailles et des redditions, il
était «<b>un plaisir</b> <b>comparable à celui que ressentirait un
homme mourant de soif parvenu avec peine au bord d’une source qu’il sait
empoisonnée et qui se penche cependant pour s’y abreuver de divines rasades.» </b>Mais
il avait le pouvoir de régénérer les êtres blessés, de leur prodiguer un
bonheur d’autant plus intense qu’il arrivait tardivement.<o:p></o:p></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">«<b>Si
<i>Jane Eyr</i>e a quelque valeur, il
devrait pouvoir supporter une tempête</b>», écrivait Charlotte Brontë. Le roman
parut en 1847, avec un succès immédiat. Les plus grands romanciers
s’inclinèrent avec admiration devant ce «Currer Bell» dont l’identité restait
cachée. On parla d’un roman immoral dont il fallait protéger les femmes.
Traversant le temps, ce roman <b>«d’une âme
parlant à une âme»</b> a gardé toute sa modernité et sa force. Les grands
romans ont le pouvoir de bouleverser nos vies et d’en infléchir le cours.
Celui-ci a changé la mienne. J’espère vous avoir donné envie de le
(re)découvrir. <o:p></o:p></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;"><br /></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<span style="font-family: Times, Times New Roman, serif;">Gaëlle Nohant<span style="font-size: large;"><o:p></o:p></span></span></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="Corps" style="tab-stops: 35.45pt 70.85pt 106.3pt 5.0cm 177.15pt 212.6pt 248.05pt 283.45pt 318.9pt 354.35pt 389.75pt 425.2pt 460.65pt; text-align: justify;">
<br /></div>
<!--EndFragment-->Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-27737932.post-84154262137286967822012-08-28T12:33:00.003+02:002012-08-28T12:33:32.784+02:00Robert Goolrick, Arrive un grand romancier
<br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvqeaUkuddmKe_XO_7WMirEf-t74OpX7jN0Xlj81x-x75tH-3TazSYkoOSj-VU-QQ-AyIyoiH1fSB-tEWFXJ8pVTBoqQ_9TcBw1g-FhOe5-wb2IzBF-mi4Xpld-GR2m8cwggpK/s1600/Robert+Goolrick.jpeg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgvqeaUkuddmKe_XO_7WMirEf-t74OpX7jN0Xlj81x-x75tH-3TazSYkoOSj-VU-QQ-AyIyoiH1fSB-tEWFXJ8pVTBoqQ_9TcBw1g-FhOe5-wb2IzBF-mi4Xpld-GR2m8cwggpK/s320/Robert+Goolrick.jpeg" width="320" /></a></div>
<br />
<br />
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b>«Je pense que la majorité des auteurs n’ont réellement qu’une ou deux choses à dire dans leur vie entière. Mais comme ils n’arrivent pas à en accoucher, ils construisent des palais de mémoire élaborés pour abriter la phrase toute simple qu’ils essaient de formuler. Puis, quand ils ont fini ce sur quoi ils travaillent, ils se disent : «Non, ce n’était pas tout à fait ça.» Et alors, ils doivent recommencer à écrire.»</b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1">Robert Goolrick fait partie des ces écrivains venus tardivement à la littérature pour se tailler d’entrée une place parmi les plus grands. Il a eu une vie avant d’écrire des romans. Vie brisée dans son premier élan, quand il avait quatre ans. Il s’est construit avec cette cassure pour colonne vertébrale, blessure invisible et inconsolable. Ce que Goolrick a à dire touche sans doute à la fin de l’innocence, inévitable et irréparable. Mais aussi à l’amour, cette réparation lumineuse de l’être qui peut vous entraîner dans un tourbillon destructeur. Et enfin, à la bonté, qui est <b>«la seule chose qui compte. La seule chose qui restera de nous après notre départ. Le seul véritable argent qu’on ait en banque.»</b></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjljtCRWNTHJeuZt-O4inGBg7BD3cgtQEDZf1j7B4dItFrTMxBbinzHPqPH97Rj6B0dmNIfsd8mCv-RAjpq9hiWVbVsHqMW3n4q57if_9F9EVu3erAp5APZqep83iO19-vGjIHI/s1600/9782266213165_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjljtCRWNTHJeuZt-O4inGBg7BD3cgtQEDZf1j7B4dItFrTMxBbinzHPqPH97Rj6B0dmNIfsd8mCv-RAjpq9hiWVbVsHqMW3n4q57if_9F9EVu3erAp5APZqep83iO19-vGjIHI/s320/9782266213165_1_75.jpeg" width="191" /></a></div>
<div class="p1">
<span class="s1"> L’amour, la bonté, la fin de l’innocence. Autour de ces motifs, Goolrick bâtit des romans puissants où la terre tiède abrite les passions des hommes, leurs émerveillements et leur violence. Car c’est sur une terre précise que nous vivons, souffrons, aimons et mourons. La tragédie personnelle de Goolrick, qu’il a racontée avec talent et force dans <b><i>Féroce</i>s</b>, s’est jouée il y a cinquante ans en Virginie. <b><i>Féroce</i></b><i>s</i>, où comment une famille idéale engendra les pires tourments, les pires mensonges, les pires cruautés. Ces mémoires en forme de tour de force littéraire, qui laissent le lecteur exsangue, firent la notoriété de Robert Goolrick.</span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc9cE16M-ii-oHy_1T48BuQsINZnRwOTlL4h0Gjl6pActZPGPGoi9crSTucnOXQ74Uv2KPIQPKu5yQrB4D-y0PNEu75px_tTpu6odA4P01WcqaErL6Cawo3DL18o9Lu2HmDPLl/s1600/9782843376818_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhc9cE16M-ii-oHy_1T48BuQsINZnRwOTlL4h0Gjl6pActZPGPGoi9crSTucnOXQ74Uv2KPIQPKu5yQrB4D-y0PNEu75px_tTpu6odA4P01WcqaErL6Cawo3DL18o9Lu2HmDPLl/s320/9782843376818_1_75.jpeg" width="216" /></a></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><br /></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1">Avec son dernier roman, <b><i>Arrive un Vagabond</i></b>, il retourne dans ces terres du sud irriguées par le sang des siècles, les fracas de la guerre de Sécession, l’amertume figée des vieilles rancunes, les échines raidies par la ségrégation, et dans le même temps fertiles, généreuses et sensuelles, où s’alanguit la douceur de vivre. C’est sur ces terres de Virginie qu’arrive un beau matin Charlie Beale, au volant de son pick up, avec une valise remplie de couteaux de boucher et une autre remplie de billets de banque. Nous sommes en 1948, et il vaut mieux être blanc et croyant pour vivre heureux à Brownburg, cette bourgade modeste où de braves gens habitent les uns à côté des autres dans de petites maisons blanches équipées de vérandas sous lesquelles on sirote sa bière ou son thé glacé le soir venu. Charlie cherchait juste «un ptit coin à lui.» Il va ravir le cœur de tous en quelques semaines, en particulier du boucher Will Haislett, de sa femme Alma et de leur petit garçon Sam, pour lequel il devient un deuxième père. Charlie s’attache à ce môme comme s’il était le sien.</span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"><b></b></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b>«L’enfance est l’endroit le plus dangereux qui soit. Personne n’en sort indemne. Charlie sentait de plus en plus dans son cœur cette injonction : il ne deviendrait pas l’une des cicatrices de la vie de Sam.»</b></span></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b><br /></b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"> Mais il est des choses qu’on ne décide pas, comme le lui rappelle son ami Will :</span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"> <b>« Comme m’a dit un jour Sam Mohler, alors que j’étais tout jeune, ajouta Will en riant : « Tu sais, je crois que les gens décident assez tôt dans la vie s’ils vont être heureux ou pas. Et ensuite, ils s’y tiennent. » Bon, c’était juste un mois avant qu’il se fasse renverser dans son propre jardin par le fils de Jackson Woody, un gamin de seize ans qui conduisait en état d’ébriété. »</b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1">Charlie Beale avait échafaudé plusieurs projets pour être heureux ; tomber amoureux n’en faisait pas partie. Jusqu’au jour où il croise la route de Sylvan Glass, femme fatale enfantée par la misère. Elle appartient à un autre, qui l’a achetée pour le prix d’une ferme et d’un camion. Leur rencontre incandescente enclenche les rouages du destin. Les héroïnes de Goolrick sont fatales parce qu’elles sont malheureuses, et décidées à sortir du malheur coûte que coûte. Sylvan Glass n’est pas une mauvaise fille, c’est une Marylin Monroe émouvante et pulpeuse égarée dans une vie qui n’est pas la sienne. Il y a dans ce roman fort, âpre et envoûtant des accents de Pat Conroy, Harper Lee ou Flannery O’Connor. On y respire l’odeur de la terre fraichement retournée, de la poussière, du sang versé. Une merveille.</span></div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4FBbDYR6K8cedbrnwJQaPqfBd3zvYTuegjx5iAlKBddxjvHLQwKm3Tc4VZuXolEqyhR_aPulALvU10bFbaS_LlYl4HgZHEJOKYB1mvRpu4aaEE1Bw3hrwhyphenhyphen4uuorBMVTkGfFz/s1600/9782266202190_1_75.jpeg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi4FBbDYR6K8cedbrnwJQaPqfBd3zvYTuegjx5iAlKBddxjvHLQwKm3Tc4VZuXolEqyhR_aPulALvU10bFbaS_LlYl4HgZHEJOKYB1mvRpu4aaEE1Bw3hrwhyphenhyphen4uuorBMVTkGfFz/s320/9782266202190_1_75.jpeg" width="191" /></a><span class="s1">Si Sylvan Glass est fatale malgré elle, ce n’est pas le cas de Catherine Land, mystérieuse jeune femme que Ralph Truitt, entrepreneur prospère, a achetée par correspondance «pour le prix d’une paire de bottes.» Nous sommes en 1907, et les protagonistes d’<b><i>Une Femme simple et honnête</i></b> sont plongés dans l’hiver glacial du Wisconsin, ses terres gelées, ses étendues sauvages effacées par la neige. L’éblouissant premier roman de Goolrick est un roman américain qui n’eût pas déplu à Dickens et à Thackeray. Face à face dans une contrée sauvage où vivent de petites gens, un homme et une femme qui dissimulent leur nature profonde et leurs cicatrices. Catherine Land, parce qu’elle a l’intention d’épouser cet homme et de l’empoisonner à l’arsenic pour hériter de sa fortune. Ralph Truitt, pour cacher le fond de son âme trouble, les douloureuses ténèbres qui la nimbent. <b>«Homme d’affaires rural cherche épouse fiable</b>», avait spécifié Ralph dans sa petite annonce. Le hasard — ou le destin — y répond avec une ironie consommée. Ce roman prenant, âpre et poétique, avance sur un fil tendu entre deux êtres complexes, changeants, en perpétuelle mutation.</span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"> L’amour est une rédemption possible, mais il répare et tue dans le même mouvement, au point que l’on ne sait jamais ce qui l’emportera, de la pulsion de vie ou du la pulsion de mort. Robert Goolrick n’a pas son pareil pour décrire les transports de la chair. La sexualité, l’extase, voilà l’élixir de vie qui fait tourner le monde, en assurant l’ordre et le désordre. Elle est cette puissance immorale et hors la loi qui entraîne parfois vers la chute, mais prodigue aussi toutes les consolations, les résurrections.</span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1"><b>«La vie a un charme qui jamais ne s’étiole. Même au cœur de la nuit terrifiante, la vie tend vers la grâce et jamais cette grâce ne nous abandonne.»</b></span></div>
<div class="p2">
<span class="s1"></span><br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1">Si Robert Goolrick n’a qu’une ou deux choses à dire, il les dit avec tant de virtuosité et de force romanesque qu’il serait dommage de vous en priver. Bonne rentrée.</span></div>
<div class="p1">
<br /></div>
<div class="p1">
<span class="s1">Gaëlle Nohant</span></div>
Gaëllehttp://www.blogger.com/profile/03629057035349691927noreply@blogger.com14