19 décembre 2007

Tous mes amis le sont....

Bonjour à tous !

Ce billet est dédié à Cuné qui m'a refilé la patate chaude et à Fashion Victim qui a toujours des idées aussi exquises qu'originales. Il s'agit donc de parler de mes petits snobismes. Evidemment, si on me le demande, je ne suis pas snob pour un sou. J'ai appris ce qu'était le snobisme en lisant Proust et autant vous dire que la peinture qu'il faisait des snobs ne donnait pas très envie d'appartenir à leur côterie. Mais ça n'empêche pas qu'à mes heures... enfin j'ai certaines exigeances et je tiens à ce que j'appellerais mes "particularités". Les voici, donc, puisqu'on m'oblige à les avouer !

1. Je ne lis JAMAIS un livre qu'on m'a conseillé de lire ou forcée à lire... je sais, c'est assez gonflé de ma part, alors qu'ici je passe mon temps à conseiller des bouquins en espérant de tout cœur que la contagion s'étendra ! Mais c'est une habitude tenace qui vient du collège, voire même avant. J'ai toujours considéré la littérature comme un jardin privé où je pouvais vagabonder en totale liberté, sans aucune espèce de contrôle. Toute petite, je planquais des livres sous mon lit et j'allais débusquer ceux qui étaient planqués dans "l'enfer" de la bibliothèque de mon arrière-grand-mère... quand mes professeurs se sont avisés de m'obliger à lire des livres "au programme", j'ai trouvé ça tout à fait saugrenu, pour ne pas dire un acte d'autoritarisme insupportable.
Aussi ai-je toujours pris un malin plaisir à lire toujours un autre livre que celui qui était au programme. Par exemple, si on me forçait à lire Germinal (programme de seconde, je ne l'ai jamais lu), je lisais Thérèse Raquin et Le ventre de Paris. Si on me forçait à lire sous la menace d'une arme Le rouge et le noir, je le survolais et lisais derechef La chartreuse de Parme. Puis je passais le trimestre à expliquer pourquoi La chartreuse de Parme était aussi délicieux que Le rouge et le noir était désagréable.

Et encore aujourd'hui... si on me prête un livre ou qu'on me l'offre, je risque de le lire... mais dans plusieurs mois, dans un an, bref, quand on aura oublié son existence et que je le redécouvrirai sur un rayon de ma bibliothèque ! Mais bien sûr, ça n'empêche pas que j'adore qu'on m'offre des livres et qu'on m'en conseille... Je suis d'une rare indépendance, quand il s'agit de lecture. Je ne supporte tout simplement pas la contrainte. Je suis une anarchiste de la lecture. Et je le reconnais, c'est un peu snob.

2. Mon idéal masculin est un personnage de roman. Vous me direz, je suis sûre que je ne suis pas la seule.. rien que parmi les blogueuses, voyons, si on faisait un sondage...
Un jour, j'avais huit ans, j'ai ouvert un roman qui traînait dans la maison et dont la présence chez moi était pour le moins incongrue. (25 ans d'enquête patiente plus tard il s'avère qu'il appartenait à mon père... quelle midinette celui-là !) C'était Jane Eyre.



Et j'ai vécu le vrai choc amoureux, celui qui vous retourne le cœur et vous le transforme à jamais. Edward Rochester est devenu pour moi la quintessence de l'âme-sœur. Si j'avais su que dans la vraie vie, les Rochester sont une espèce en voie d'extinction et que ce choix allait me destiner à des déceptions en nombre... j'y aurais réfléchi à deux fois ! Mais bon, on ne se refait pas. Jane Eyre est le livre que j'ai le plus relu entre huit et dix-sept ans, certaines pages sont encore gondolées par des larmes vieilles de quinze ans. Et je considère toujours que l'homme idéal est un personnage captivant, profond, d'apparence hostile mais dont la surface rugueuse cache un cœur battant et un être en fusion, et qui a une femme folle cachée au grenier, histoire de pimenter un peu la vie. Du même coup, la beauté de Brad Pitt m'a toujours laissée des plus indifférente. Pour toujours, je suis touchée par le charme d'un homme et je n'aime pas les beautés lisses. Je n'aime pas le lisse, tout court. J'aime les personnalités bien trempées et les hommes qui savent aimer. Tout est de la faute de Charlotte Brontë et d'Edward Rochester.
PS : je ne tiens plus trop à la femme folle planquée au grenier, aujourd'hui. Ni aux vicissitudes de la vie qui rendent Rochester infirme pour que le happy end ne soit pas trop happy.

3. J'ai des amoureux post-mortem. Ce qui est très snob. Il y en a qui se contentent d'être sorties avec Patrick au CM2 qui avait un appareil dentaire, ou avec Jean-Paul qui chevauchait une moto rouge et avait un problème de salive... moi, j'ai trois amoureux post-mortem que je chéris et vais parfois visiter au cimetière (pour ceux dont je connais la tombe). Le premier, c'est Robert Desnos.



Ah, Robert... Je suis tombée amoureuse quand j'avais seize ans, en classe de français (ce qui contredit mon petit 1, mais je ne suis pas à une contradiction près. Desnos était en effet au programme, mais ce fut mon seul engouement de l'année).

"Deux montagnes étaient semblables de forme et de dimensions.
Tu es sur l'une
Et moi sur l'autre.
Est-ce que nous nous reconnaissons ?
Quels signes nous faisons-nous ?
Nous devons nous entendre et nous aimer.
Peut-être m'aimes-tu ?
Je t'aime déjà.
Mais ces étendues entre nous, qui les franchira ?
Tu ne dis rien mais tu me regardes
Et, pour ce regard,
Il n'y a ni jour ni étendue
Ma seule amie mon amour."


Que voulez-vous, j'ai lu ça et forcément, j'étais cuite... Depuis j'ai suivi Robert partout. J'ai emprunté mille fois les itinéraires qu'il aimait tant dans le vieux Paris des Halles, du quartier St Jacques-La-Boucherie, du quartier de l'Horloge au cloître St Merri et à l'abbaye-St Germain-l'Auxerrois... Ses mots m'ont escortée des années durant et m'accompagnent encore telles des langues de feu dont la brûlure me régénère et m'apaise.

Après, il y a Albert Camus.







Bon je sais, Robert, Albert... ça fait un peu daté mais mes amoureux post-mortem ont l'âge qu'ils ont. Et Albert Camus, excusez du peu.... il écrase facile une bonne partie des hommes de cette planète, vous en conviendrez, tant au niveau de la personnalité que du talent et sans parler du charme...
Et enfin, Emmanuel D'Astier de la Vigerie, qui fonda au tout début de la guerre de 40 un des grands mouvements de Résistance : Libération-Nord, aux côtés notamment de Lucie Aubrac.




D'Astier prit très tôt le contrepied de sa famille pour aller se battre durant la guerre d'Espagne, puis en s'engageant dans la Résistance. Là encore, je tombai amoureuse en lisant son livre : sept fois sept jours. Depuis, je ne rate pas l'occasion d'aller lui offrir mes pensées quand je passe au cimetière du Père Lachaise.
Je sais, c'est très snob d'obliger son amoureux à succéder bon an mal an à trois hommes exceptionnels, chacun dans son genre, dont deux artistes hors pair. Et qu'il ne puisse rien dire ni montrer de la jalousie sans avoir peur du ridicule. Ni les effacer d'un revers de manche... puisqu'ils sont un peu connus. Sinon, le grand avantage des amoureux post mortem c'est qu'ils sont faciles à vivre, toujours d'accord avec vous (quoique Camus se montre parfois assez retors dans les discussions politiques), toujours à disposition mais d'une discrétion rare quand vous avez envie d'avoir la paix.

4. Quand je suis très déprimée, j'ai des remèdes bien à moi. Au lieu de lire le dernier roman en date de la chick litt' (bien que j'aie aussi un faible pour "Sex and the city"), je préfère me plonger par exemple dans le journal de Marie Bashkirtseff. La connaissez-vous ? Cette jeune-fille extraordinaire vécut au XIXème siècle à Paris et mourut à vingt-six ans de la tuberculose.



Entre temps, elle fut peintre, sculpteur et elle écrivit ce journal qui est une petite merveille, et où on lit par exemple :

"A part les rires et les chansons, si je traduisais mes pensées avec la brutalité qui me caractérise, Je dirais qu'il me tarde de me marier pour devenir la maîtresse de M. de Cassagnac."

Ou encore :

"C'est au mois de février que j'ai été le plus amoureuse du duc, c'est aussi au mois de février que je suis devenue amoureuse d'Audiffret, c'est au mois de février également que je l'ai été d'Antonelli et c'est encore au mois de février que je le suis devenue d'Alexandre. A ma place je prendrais garde puisque nous sommes au mois de février."


Lire les émois et les bonheurs de cette jeune personne piquante et irrésistible me rappellent que les choses de la vie et de l'amour n'ont jamais cessé d'être compliquées, sans parler de la psychée féminine et de ses abysses. C'est réconfortant. Marie, où que vous soyiez, merci !

5. A mes yeux, être cultivé fait partie des charmes essentiels d'une personne. Alors c'est vrai que j'apprécie aussi de passer une soirée avec des copains qui ne s'intéressent qu'au foot et pour qui aller au cinéma se résume à voir Spiderman III (que j'ai vu aussi), qui ne comprendraient pas qu'il me soit arrivé d'aller voir des films chinois longs de trois heures ou un festival de cinéma polonais en V.O. (nous étions deux dans la salle et ce fut TRES long). Mais quand même, je préfère pouvoir échanger des heures durant avec quelqu'un (ou quelqu'une !) de curieux, de cultivé, et pour qui la Nuit de Cristal n'est pas la dernière animation des vitrines de Noël des Galeries Lafayettes. Et un homme qui lit, croyez-moi... c'est beaucoup plus séduisant que l'adoptionnite aiguë de Brad Pitt.

6. J'ai un peu de mal avec tout ce qui est "hyper à la mode" en terme de littérature. Par exemple, l'Elegance du Hérisson que je lirai peut-être... dans quatre, cinq ans.
Ou Beigbeider, que je trouve très surestimé. Ou tous les poseurs qui pensent qu'écrire est le marchepied pour être convié aux soirées privées de Karl Lagerfeld, et qu'on n'écrit bien qu'après avoir éclusé plusieurs boîtes VIP et être rentré l'œil hagard à quatre heures du matin. En vérité, entre le glamour et la littérature, il faut souvent choisir. Il y a un côté assez monacal dans l'écriture, lâchons le mot, même si je comprends que pour draguer, dire qu'on passe ses journées à écrire entre quatre murs et que le soir on est vanné... ne soit pas l'argument massu.

7. Rien à voir avec la littérature... mais je n'aime pas les Bronzés. Ça ne m'a jamais fait rire, à peine sourire, et je trouve qu'avec le temps ils sont devenus lourds comme un baba au rhum qui aurait trempé dans de la mélasse et séjourné ensuite dans la crème chantilly un peu trop longtemps. Et quand je vois qu'ils ont trouvé le moyen de massacrer un petit film que j'adorais quand j'étais petite, L'auberge rouge de Claude Autant-Lara, avec leurs rires bovins et leurs gros sabots... je me demande quand ils partiront enfin à la retraite, qu'on puisse rigoler de choses drôles. C'est d'aileurs injuste que les Anglais aient les Monty Python quand nous avons les Bronzés, vous ne trouvez pas ? Et si on a les comiques qu'on mérite, qu'avons-nous fait au Ciel ??
(je fais toutes mes excuses à ma cousine préférée qui les aime et est capable de réciter des films entiers, réplique par réplique.)

8. Une petite dernière. J'ai un préjugé de snobinarde envers Prison Break. Je refuse de le voir et chaque fois qu'on m'en parle, je rétorque : "Bah... moi j'adorais Oz, rien à voir. Une série exceptionnelle, des acteurs brillantissimes, des scénarios noirs de chez noirs, une profondeur... enfin bref, je ne pourrai jamais me faire à Prison Break", avec l'air sceptique et blasé de celle à qui on ne fera jamais croire qu'un Beaujolais nouveau arrive à la cuisse d'un Pernand-Vergelesse.



De la même manière, j'explique à qui veut l'entendre que toutes les séries pâlissent devant Twin Peaks. Alors qu'en douce, je regarde et suis totalement accro à Dexter, Medium, Desperate Housewives, Dr House, etc, etc, etc. Mais chuuut... si on me questionne, je m'en tiendrai à un seul mot : David Lynch.


Finalement, en cherchant bien j'aurais pu encore en aligner quelques uns, des snobismes... donc merci les filles de m'avoir forcée à affronter ma vraie nature. Et parce que ce questionnaire semble avoir été créé pour eux, j'attends de Thom et de Gaël qu'ils s'y collent à leur tour.

Bonne soirée et si je ne reviens pas poster d'ici là, très joyeux noël à tous !

Gaëlle

PS : Oups, toutes mes excuses à Magda qui, la première, a lancé la revendication provocatrice de la snobitude...

5 décembre 2007

Je suis jalouse...

... de toutes les formes d'art qui ne sont pas la mienne. Je sais, c'est petit, comme attitude. J'essaie de me corriger mais rien à faire, je serai toujours jalouse d'un dessinateur qui en deux coups de crayon, exprime ce qu'il me faudrait dix pages pour effleurer. D'un musicien qui me tord le cœur avec une seule note tenue assez longtemps, avec une harmonie qui fait perler les larmes au coin de mes paupières. D'un cinéaste qui sait combiner un angle de caméra et un éclairage particulier pour mettre en lumière en chuchotement.

Et même une chanson, tenez... une chanson, ça n'a l'air de rien, c'est même confondant de simplicité : quelques mots en général pas compliqués, quelques rimes, trois couplets, un refrain, une mélodie... ça nous semble inoffensif mais le temps de le dire, la chanson est entrée en vous et s'est mélangée au tissu de votre vie, l'a imprégné, parfois si durablement que des années plus tard il vous suffit de l'entendre pour être transporté bien malgré vous dans un souvenir. Encore plus dangereux qu'une madeleine de Proust.

Alors évidemment, que les chansons vous collent "encore et encore", comme dirait Voulzy (dont je ne suis pas particulièrement fan) ne signifient pas qu'elles sont bonnes. Certaines sont franchement nulles, irritantes au possible, c'est même le gros du bataillon, il suffit d'écouter un peu les grandes radios musicales pour s'en convaincre. Celui qui s'est déjà réveillé, comme moi, avec en tête le générique de Dora l'exploratrice ou "Sous le vent" chanté par Celine Dion et Garou (le duo qui tue, je suis sûre que le nombre de morts est étouffé en haut lieu) comprendra ce que je veux dire...

Et puis parfois, une chanson est une petite merveille. Est-elle une merveille universelle ou seulement pour moi ? Peut-être que d'aucuns, lui appliquant une grille de critères techniques redoutables, viendraient m'expliquer qu'elle n'est pas bonne, mais... je m'en fous. Elle m'a attrapée un beau jour, parce que je passais par là ou juste parce que ce moment que je vivais méritait d'être éternisé et que le hasard lui a offert une bande son, pour l'éternité. J'ai comme ça, dans mon I pod, des centaines de chansons qui sont périlleuses à écouter, que j'évite souvent... car si je suis prête à entendre de la musique, je ne suis pas toujours prête à certains voyages dans le temps. Cependant, je les garde pour le jour où je serai à nouveau capable capable d'écouter l'une ou l'autre et de me retrouver projetée dans ce jour d'hiver où j'écoutais cette chanson dans un café en tombant amoureuse, ou dans cette journée ensoleillée où je marchais au rythme de la musique en sentant bouger un bébé dans mon ventre.

Thom avait lancé un crossover, il y a de ça un moment, et il est plus que temps que je participe. Quoi, je me réveille un peu tard ?? L'important est de se réveiller, non ?..

J'aurais pu évoquer Barbara, mais Sandra s'en était déjà chargée avec infiniment de talent et de sensibilité. C'est vrai que Barbara a été LA chanteuse qui a bercé mon adolescence. Je connaissais par cœur tout son répertoire, je le chantais en adoptant jusqu'à ses intonations écorchées vives... ah, "Ma plus belle histoire d'amour c'est vous", "Marienbad", "Joyeux Noël"... c'est bien simple, j'avais seize ans et mes dents de lait saignaient encore mais c'était ma vie, mes blessures, mes amours, mon avenir que j'écoutais dans la voix de Barbara. Une vraie tragédienne en herbe, j'étais, quelque part entre Camille Claudel et Sarah Bernardt...

J'aurais aussi pu parler de tous les trucs honteux que j'ai aimés à certaines époques... de Didier Barbelivien (saluez mon courage d'oser avouer ça au risque de voir toute votre estime, si chèrement acquise à coup de Michel Faber et de Chandler, tomber en poussière) à Michel Delpech. Ah, "les oies sauvages", "les divorcés"... Déjà à l'époque, je me disais bien que ce n'était pas du tout normal de s'entendre si bien avec son ex femme, au point de lui écrire une chanson aussi guimauve. Et vous savez quoi ? Je le pense toujours. C'était louche. J'espère que son ex-femme n'a pas flanché.

Brisons ce suspense insoutenable : j'ai décidé de vous parler de quelques chansons que j'aime terriblement, chacune à leur manière. La sélection a été très dure, je sais que beaucoup de morceaux sont vexés et il ne faudra pas que je m'étonne s'ils déraillent à la prochaine écoute, je ne l'aurai pas volé. Mais tant pis, choisir c'est renoncer, paraît-il, même si cette définition m'a toujours chagrinée. Ah, je précise que mes chansons ne sont pas classées par ordre de préférence mais de manière tout à fait capricieuse et aléatoire.

1. Le chercheur d'or, D'Arthur H.

Un beau jour, à la fnac, je suis tombée en amour avec Arthur H et son album, "Adieu Tristesse". J'aimais tout, la voix chaude et rauque, les textes, les duos, sensuel avec Feist (superbe chanson que "la chanson de Satie"), joyeux avec M, émouvant avec son Higelin de père... Mais ma chanson préférée a toujours été le Chercheur d'Or. J'aime les chansons qui racontent une histoire. Celle-ci contient un monde en soi, chaud et poignant. Je ne peux pas écouter cette chanson sans sentir s'emballer mon cœur étreint par une émotion violente.



Le Chercheur d'Or


San Francisco , 3 mai 1880
Ton Eugène
Chère Marie ne t’inquiète plus
Le chirurgien a dit hier
Que la gangrène n’a pas pris
Que la chance est avec moi
Certes je perds une jambe
Mais il me reste bien l’autre...
Oh Marie, si tu savais
J’ai creusé le roc
Comme à main nue
Entouré de misérables,
De Polonais et aussi quelques Français
Oh Marie, nous autres
Les errants, les chercheurs d’or,
Si nous ne vivons que par elle
La montagne nous dévore

Tout est bon
Ici ça va
Je suis vivant
Ici c’est bon
Je suis sauvé
Ici ça va
Je suis vivant

Dès l’aurore résonne
Le tonnerre de la dynamite
Des blocs de roches s’affaissent
Dévalent le long des ravines
Oh Marie, à chaque seconde
L’avalanche me désire et me frôle
Ce matin-là, elle me prodigue
Ses plus douces caresses
Amoureusement elle m’enlace
Je suis son amant

Tout est bon
Ici ça va
Je suis vivant
Ici c’est bon
Je suis sauvé
Ici ça va
Je suis vivant

Oh ma chère Marie
Enfin c’est l’heure du secret
Tu vois sous mes draps
Il y a un petit sac en cuir noir...
Ce qui illumine ma main
C’est de la poussière d’or, Marie
Regarde comme je brille
Regarde comme nous sommes riches

Sens sur ton visage
Ce vent qui te lave
Et qui gonfle les voiles
De ce vaisseau qui quitte la rive
Oh Marie, adieu la mort
Adieu l’Amérique

Tout est bon
Ici ça va
Je suis vivant
Ici c’est chaud
Je suis sauvé
Ici ça va
Je suis vivant



2. Du Sepia plein les doigts, Vincent Delerm.

J'aime tellement cet album, "Les piqûres d'araignée" qu'il a survécu à une écoute en boucle pendant des mois. Une performance rarissime en ce qui me concerne, surtout que je n'aimais que très modérément Vincent Delerm jusqu'ici. Reste que sur cet album excellent, cette chanson est un bijou à elle seule : pertinente, provocatrice, un miracle d'équilibre entre la mélodie et le texte. Si vous l'écoutez, le seul risque est qu'elle ne veuille plus quitter votre tête. Je sais de quoi je parle, ça fait des mois que je me réveille un matin sur deux avec le refrain sur la langue, quand ce n'est pas un couplet qui tape l'incruste à l'improviste, tout ça parce que je déjeune dans un restaurant où la déco a l'air tout droit sortie des "Choristes", ou que je viens d'entendre quelqu'un s'écrier que l'éducation se perd... bref, cette chanson est dangereuse et j'ai mauvaise conscience de participer à la contagion. Tant pis, je dirai trois Pater et quatre Ave, pour la peine.






Du Sepia plein les doigts


Tiens tiens, les pensionnats
Les chanteurs à croix bois, les taloches, les coups d'trique,
la Troisième République

Tiens tiens, les belles images,
Les enfants du marécage,
le vrai goût des vrais fruits dans une vraie épicerie

Tiens ça r'part en arrière,
noir et blanc sur poster.
Maréchal nous voilà!
Du sépia plein les doigts
A quoi elle pense en s'endormant,
cette jolie France,
confiture Bonne Maman.
Elle pense pense pareil, pareil qu'hier
Avant Simone Veil, avant Badinter.

Tiens tiens,
on respirait du jasmin du muguet
et l'air à plein poumons dans les mines de charbon.
Les chansons d'avant guerre, ça on savait les faire
Viens Poupoule, hue Pépette, alors on s'fait pouet pouet...

Tiens ça r'part à l'envers,
porte plume d'écolière.
Maréchal nous voilà!
Du sépia plein les doigts
A quoi elle pense en s'endormant,
cette jolie France,
confiture Bonne Maman.
Elle pense pense pareil, pareil qu'hier
Avant Simone Veil, avant Badinter...



Et pour finir, tenez... une petite chanson toute simple, une chanson de rien du tout, qui ne marquera pas l'histoire de la musique, que la majorité d'entre vous oubliera bien vite. D'ailleurs ça m'étonne qu'elle me soit restée comme ça dans la tête... Deux ans que ça dure ! Délivrez-moi, je vous en prie.

Alors bien sûr, c'est Sandrine Kiberlain qui chante et je ne suis pas sûre que toutes les bonnes actrices devraient décider qu'elles sont aussi chanteuses. Mais voilà, en l'occurence j'aime beaucoup Sandrine Kiberlain et le fait que ce soit elle qui chante, avec une voix qui n'est pas vraiment travaillée, imparfaite au possible, joue son rôle dans la façon dont cette chanson me touche.






J'ai aimé, par Sandrine Kiberlain

J'ai aimé...
Je l'sais c'est particulier
J'ai aimé
Sa peau collée à la mienne,
Des jours et des jours
De plusieurs semaines...

J'ai aimé

J'ai aimé
C'est sûr je l'ai ressenti,
Et plus d'une nuit
De ma petite vie...

J'ai aimé
Je l' sais c'est particulier
J'ai aimé
Cet homme, son regard sur moi
Pendant plusieurs mois
Plus d'un an je crois...

J'ai aimé

Je l' sais c'est particulier
J'ai aimé
Ses mains qui cachaient mes yeux
Pour oser les jeux
Les jeux amoureux.

j'ai aimé
Je l' sais c'est particulier
J'ai aimé
C'est vrai j'ai aimé ses airs
De n'pas avoir l'air
De vouloir me plaire

J'ai aimé
Je l' sais c'est pas singulier
J'ai aimé
Je l' sais c'est particulier

J'ai aimé
Cet homme tellement et si fort
Que je l'aime encore
Que je l'aime encore

J'ai aimé....


Alors oui, je suis jalouse de cette alchimie musicale qui fait qu'une phrase toute simple vous entre dans le cœur pour n'en plus sortir. Jalouse, parce que je serais bien en peine de vous dire, comme ça, à chaud, quelles phrases de quels romans m'ont fait pleurer ou rire. Mais je peux retrouver sur le champ — et vous aussi j'en suis sûre — une bonne trentaine de morceaux de chansons qui se sont étroitement noués à ma vie et à ma mémoire.

Bonne soirée à tous, et merci, Thom pour cette excellente idée de crossover.

Gaëlle