21 juin 2006

Sur les traces de Dracula, Episode 2: Wilhelmina Murray, une lumière baptisée par les ténèbres

Bonsoir à tous et à toutes, ami(e)s dont le sang chaud est un appel.

Ce soir j'ai bravé le danger, le soleil se couche mais Mina Murray méritait cette audace. La beauté de cette héroïne ne sera pas épuisée dans ce billet, je ne vous livrerai, comme d'habitude, qu'une rêverie à son sujet. Et ce soir encore, nous chercherons Dracula dans le mythe, à travers cette femme, en commençant à peine à effleurer le personnage historique. Mais pour rencontrer Vlad Tepes, le vrai, le diable d'homme, le monstre sanguinaire, il faudra patienter encore un peu. Nous allons parler d'une femme qui méritait son respect, sinon son amour. Dans le premier épisode de notre enquête, je me suis attardée sur Lucy, héroïne tragique, victime immolée sur l'autel des convenances victoriennes. Avec Wilhelmina Murray, nous abordons une pionnière, une femme qui tel le roseau de la fable, ploya sans jamais rompre, et uniquement parce que son destin l'exigeait. Bram Stoker l'a enfantée, peut-être en mémoire de sa mère — qui avait semé en lui le goût des contes horrifiques et de la liberté féminine toujours à conquérir — et, un siècle plus tard, Francis Ford Coppola a donné une autre dimension à cette héroïne, la magnifiant à son tour, l'entraînant plus loin sans doute que Stoker ne l'eût osé, plus loin que l'époque victorienne ne l'eût permis.


Commençons, comme il se doit, par le roman de Bram Stoker. Nous faisons la connaissance de Mina alors qu'elle écrit à Lucy avant de la rejoindre à Whitby, où elle se propose d'écrire un journal, où elle écrira "tout ce qui lui passera par la tête."

" Je ne pense pas qu'il intéressera beaucoup les autres ; ce n'est du reste pas à leur intention que je le tiendrai."

Elle se trompe. Son journal intéressera bientôt des hommes brillants, car elle va être le témoin actif de l'histoire en même temps qu'une de ses victimes. Elle se trompe et ne se trompe pas : au XIXème siècle, le journal intime était un des rares lieux d'expression libre d'une femme. La soupape qui pouvait éviter l'explosion. L'endroit où dire ses manques, ses attentes, ses frustrations, ses rages, ses doutes les plus fondamentaux. Si ce siècle fut une conquête de l'intimité, le journal en fut le bastion privilégié. Mais enfin, dans le ton de sa tirade, on sent que Mina Murray porte en elle une détermination à exister par elle-même, indépendamment du regard des autres. On ne sait rien de sa famille. A-t-elle des parents ? Aucune mère vampirisante à l'horizon, en tout cas. Aucun père autoritaire. Elle n'est pas riche ni aristocrate comme son amie Lucie, et elle est pour l'instant institutrice, ce qui lui valait sûrement d'être traitée avec condescendance et parfois humiliée par des dames de plus haute naissance. Mais elle va se marier avec Jonathan Harker, et échapper ainsi à la servitude de l'état de célibataire sans fortune dont souffrirent les sœurs Brontë.

"Je voudrais faire ce que font les femmes journalistes : prendre des interviews, décrire ce que j'ai vu, essayer de me rappeler les conversations entendues, et les rapporter fidèlement", écrit-elle à Lucy.

Dès le début, c'est une femme de l'avenir, tournée vers la modernité, avide de ce que les progrès de la science peuvent lui apporter. Elle a appris la sténographie, un talent rare à cettte époque. Elle sait dactylographier. Ces qualités de "technicienne" seront fort prisées par les chasseurs de vampire.


Dans sa lettre, elle dit aussi qu'elle entend bien devenir la collaboratrice de son mari, que c'est dans ce but qu'elle a appris la sténo et la dactylo. Or, c'est une époque où les rênes de la société sont tenus par des hommes qui ont la ferme volonté de reléguer la femme dans la sphère étroite de son foyer, par tous les moyens possibles. Une femme ne doit pas travailler, elle est censée symboliser la pureté de l'espace privé où son mari vient se ressourcer en famille après une journée passée dans la jungle "impure" de la ville et des affaires. Chacun son domaine. A la femme, les enfants, la tenue de la maison. A l'homme, les conquêtes et les plaisirs, mais aussi les soucis de Londres, cette nouvelle Babylone. La femme doit être un ange de douceur dont le corps existe le plus discrètement possible, et dont la candeur d'enfant attardée régénère l'homme, le rassure, le materne, comme Wendy réconfortait Peter Pan et tenait en bonne ménagère la cabane du "Pays de Nulle Part".

De toute évidence, Mina Murray ne l'entend pas ainsi, et durant une bonne partie du roman, elle va feindre de se plier de son plein gré aux volontés paternalistes des hommes aimants qui l'entourent, à commencer par celles de son mari.
Après avoir fait une courte apparition à Whitby, où elle tente de veiller sur Lucy jour et nuit, étant la seule à s'inquiéter de ses crises de somnambulisme (elle sera d'ailleurs témoin d'une scène très choquante que son esprit rationnel refoulera aussitôt : Lucy approchée par une créature ténébreuse sur une tombe du cimetière), elle quitte l'Angleterre pour épouser à Budapest un époux aux nerfs mystérieusement ébranlés, et qui n'est plus que l'ombre de lui-même.
C'est la première rupture dans ce couple amoureux. Fiancés, ils se parlaient librement, ils s'aimaient de cœur à cœur. Venant à son secours, elle retrouve en terre étrangère un homme qui lui dit ceci, juste avant leurs noces précipitées :

"...Wilhelmina, ma chérie, tu sais ce que je pense de la confiance nécessaire entre une femme et son mari. Ils ne doivent rien se cacher, n'avoir aucun secret l'un envers l'autre. Je t'avoue donc que j'ai reçu un grand choc et que, maintenant, lorsque j'essaye de comprendre ce qui m'est arrivé, une sorte de vertige me gagne, de sorte que je ne sais plus si cela s'est réellement passé ou si ce n'était qu'un rêve. On t'a dit que j'avais eu une fièvre cérébrale, ce qui équivaut à de la folie. Le secret de ce qui m'est arrivé est enfermé dans ces pages, mais je ne veux pas le connaître. Je veux que ma vie, avec notre mariage, reparte de zéro. [...] Veux-tu, Wilhelmina, partager mon ignorance ? Voici mon calepin. Prends-le, garde-le et, si tu en as envie, lis tout ce que j'y ai écrit, mais ne m'en parle jamais, je ne veux pas me souvenir de cette période... à moins que quelque grave devoir ne m'oblige à y revenir, endormi ou éveillé, fou ou sain d'esprit."

Et il retombe, "épuisé". Singulier marché, qui tient plus des dernières volontés d'un mourant que d'une demande en mariage ! Mina en comprend la gravité, et scelle le calepin sans le lire (même si elle doit en brûler d'envie), se servant de son alliance comme sceau. Dans le mariage, l'homme jurait de protéger l'épouse, et voilà que c'est elle qui a promis de protéger son mari de ses propres souvenirs. Elle, la femme des lumières, avide de connaissance, la voilà instituée gardienne de l'amnésie de celui qu'elle aime. Les rôles sont déjà inversés. Cependant, il faut noter que Jonathan est un mari progressiste qui aime et fait confiance à sa femme : la plupart des hommes de ce temps n'auraient pas pris le risque de livrer leur journal à leur épouse, encore moins de laisser flotter la permission de le lire, même sous conditions expresses... Cela m'évoque quand même Barbe Bleue et la clé d'or confiée à la jeune épouse au milieu de toutes les clés inoffensives. Ici, l'interdiction formelle est remplacée par une permission apparente, mais en réalité lourde de culpabilité, puisqu'elle est laissée à l'interprétation de Mina. Si elle lit, elle en portera l'entière responsabilité, comme la jeune femme imprudente de Barbe Bleue.

Tandis que Lucy meurt lentement mais sûrement des attaques du vampire, Mina lui écrit d'Exeter une lettre de parfaite épouse victorienne accaparée par la tenue de sa maison, et s'enquiert des préparatifs du mariage de son amie, comme il sied à une jeune mariée de vibrer pour les mondanités.

Un événement va l'arracher à cette vie possible, et la ramener sur un chemin qui lui correspond davantage : tandis qu'ils ont hérité d'un vieil homme et que leur train de vie s'est suffisamment amélioré pour que Mina ait "la main un peu rouillée pour la sténographie", Jonathan et elle se rendent à Londres pour les funérailles de leur bienfaiteur, et font ensuite une sinistre promenade à Hyde park Corner, continuant ensuite vers Picadilly. A cet instant, tandis qu'ils marchent sans joie, le regard de Mina est attiré par une très belle jeune femme. Au même instant, quelqu'un d'autre regarde cette beauté, un prédateur qui vient de repérer sa prochaine victime. Et Jonathan Harker, lui, reconnaît Dracula dans ce prédateur, même s'il a "rajeuni". Ce choc fait s'écrouler le château de cartes de son amnésie, si précautionneusement bâti. Mais notons que la première fois que Mina voit consciemment Dracula, ce n'est qu'après que leurs deux regards ont été aimantés par la beauté féminine. Bien sûr, le regard de Mina n'est pas celui d'une chasseuse, mais on sent qu'elle observe le monde avec un œil libre de ces appréhensions, de ces œillères qu'une bonne éducation infligeait aux jeunes filles. Dans ces regards croisés sur l'autre jeune femme, Mina et Dracula sont déjà égaux, seules leurs intentions diffèrent. Mais c'est une différence de taille...

A la suite de cet événement, devant l'ébranlement nerveux de Jonathan dont le traumatisme est à nouveau béant, comme se rouvrent sans cesse les blessures sanglantes sur le cou de Lucy, Mina prend la direction des opérations. Elle ouvre le journal, le lit en cachette et dactylographie son propre journal, ce qui le destine à devenir public et fait d'elle, par le fait, une journaliste. Contactée par Van Helsing qui enquête sur "la dame-en-sang", elle lui donne rendez-vous en l'absence de son époux. On est loin, tout à coup, de la sage petite femme victorienne ! A partir de là, bien que tiraillée par son désir de protéger son mari, elle sait qu'il lui faudra sonder le fond des ténèbres, parce qu'ils n'ont plus le choix, et que refuser plus longtemps de le faire ne fait que les affaiblir. Van Helsing le sait aussi. De leur rencontre va naître la traque de Dracula. Après leur première entrevue, Mina note dans son journal :

"D'autre part ne serait-ce pas pour lui (Jonathan) une consolation, une aide en quelque sorte — même si les conséquences devaient en être difficiles — d'avoir enfin la certitude que ni ses yeux, ni ses oreilles, ni son imagination ne l'ont trompé, que tout s'est réellement passé comme il le croit ? [...] ...et plaise à Dieu que toutes ces angoisses nous mènent finalement — mais après combien de temps encore ? – à la tranquillité d'esprit."

Mina devine que la tranquillité d'esprit se conquiert au terme d'une bataille dont le prix est de regarder en face ce qui fait horreur. Fuir ses hantises a conduit Jonathan aux frontières de la folie, dans cette incertitude mortifère des frontières entre le réel et le "rêvé". Pour sauver son mari, elle doit vaincre le monstre, en rapporter la dépouille et lui prouver ainsi qu'il existe.

Van Helsing, le savant étranger, l'homme âgé, est ébloui par celle qu'il appellera désormais "Madame Mina", et non pas "Mrs Harker", ce qui étonnera les hommes à qui il va la présenter, eux qui ont l'habitude qu'une épouse existe à travers le nom de son mari. Mais Mina a conquis une existence propre en offrant avec son journal dactylographié un document de premier ordre au professeur, "lumineux comme le soleil", et deux intelligences se sont reconnues :

"Il y a beaucoup d'obscurité dans la vie, mais il y a aussi des lumières, lui dit-il ; vous êtes une de ces lumières."

A quoi elle rétorque qu'il ne la connaît pas". Phrase singulière qu'elle prononcera à plusieurs reprises, face à tous ces hommes qui lui reconnaissent un "cerveau d'homme" mais veulent voir en elle un ange victorien incarné... peut-être pour se rassurer ? Ne serait-elle pas trop inquiétante, cette femme-là, si on ne désamorçait pas son intelligence virile avec l'aide de la douceur séraphique ?

"Vous ne me connaissez pas", répète-t-elle obstinément. Et dans son journal, elle note :

"Je suppose que, nous les femmes, avons encore dans la bouche le goût de la pomme originelle."

Bien sûr, elle reprend là l'argument clé de siècles d'oppression des femmes. Le premier article du catéchisme : la femme fut pervertie dès sa création biblique, et porte en elle le sceau du péché originel. Mais Mina Murray, prononçant ces mots, a peut-être l'intelligence de penser que toute faiblesse supposée devient une force, quand on sait bien l'utiliser. Ainsi, ce "goût de la pomme" qu'elle identifie sur son palais lui donne une lucidité et une force dont les chasseurs de vampires sont dépourvus, eux qui se voient comme des citadelles inviolées au service d'une juste cause. Ainsi, elle est dans le gris quand ils ne voient que du noir ou du blanc, un brin nyctalope dans ces obscurités où ils sont aveugles. Elle a pitié du comte, cette créature traquée qui n'est "ni bête ni homme" et dont on brûle tous les refuges l'un après l'autre. Sachant qu'elle est "constitutionnellement imparfaite", selon les conclusions médicales de l'époque, elle est plus accessible que les hommes qui l'entourent à la complexité de l'humain. Y compris à celle de l'humain dénaturé.

Alors qu'elle est devenue le moteur de la traque, centralisant les données sur Dracula et permettant chaque jour aux autres de mieux cerner l'ennemi, le groupe des hommes va écarter soudain cette femme qui en sait trop, qui a lu les horreurs perpétrées par le Mal et par le Bien. Comme s'il fallait se ressaisir, et la protéger à rebours. Comme s'il n'était pas trop tard. Dorénavant, Mina redeviendra Mrs Harker, et sera confinée dans une chambre chez le Dr Seward, tandis que son mari court après Dracula, rentrant exténué et muet. Le pacte conjugal de franchise est à nouveau violé, et Mina ressent douloureusement cette exclusion injuste, sans se révolter ouvertement, ce que la société ne lui autorise pas.

Mais cette mise à l'écart ouvre la voie à Dracula. La jeune femme est attaquée, en état de léthargie hypnotique, jour après jour, sans que personne ne s'en aperçoive, pas même son mari. Il faut dire que tandis que Lucy était la "chère petite fille" qu'il faut garder jour et nuit, Mina est forte, et tous ont pris l'habitude de s'appuyer sur elle. Comment verraient-ils sur son visage pâli les traces d'une vulnérabilité grandissante ? Tandis que Jonathan s'affermit jour après jour dans sa quête, recouvrant sa virilité et sa raison, Mina est vidée de sa substance vitale. Souffrant de ce qu'elle prend pour d'horribles cauchemars, elle prend des soporifiques qui aggravent sa transe hypnotique et laissent le champ libre au vampire.
Jusqu'à cette scène où le groupe des chasseurs, Van Helsing à sa tête, pénètre en pleine nuit dans la chambre des Harker et assiste à un spectacle étonnant : Dracula forçant Mina à boire son sang, tandis que dans le même lit, Jonathan dort, plongé dans un état de stupeur.
Après ce flagrant délit, aucun doute ne subsiste : l'ange victorien n'est plus. Mina, certes innocentée par la passivité de la transe vampirique (les convenances sont sauves, dans le roman), a été "baptisée du sang du vampire", elle est impure, maudite, et bientôt elle accèdera au statut de "compagne de Dracula". C'est une femme en pleine métamorphose, sur laquelle il s'agit de veiller avec une méfiance chargée de compassion. Van Helsing lui applique une hostie sur le front et aussitôt, signe qu'elle est touchée par le Mal, l'hostie la brûle et lui laisse une "balafre écarlate", qu'elle gardera désormais.
Comment ne pas penser ici à la Lettre écarlate, selon le titre d'un fameux roman de Nathaniel Hawthorne, ce symbole dont on marquait les femmes adultères ? Ici l'adultère a bien eu lieu, au moins symboliquement, et dans le lit-même du mari, rendu "aveugle" par l'amant vampire... Mina, même si on lui parle avec respect, est maintenant une "femme marquée", une créature en voie de démonisation. Plus tard, la jeune femme raconte à Van Helsing la scène atroce qui a précédé celle à laquelle ils ont assistée, où Dracula, après l'avoir mordue, ( menaçant de tuer son mari endormi), lui a dévoilé ses plans la concernant :

"... Et vous, leur alliée très chère, très précieuse, vous êtes maintenant avec moi, chair de ma chair, sang de mon sang, celle qui va combler tous mes désirs et qui, ensuite, sera à jamais ma compagne et ma bienfaitrice. Le temps viendra où il vous sera fait réparation ; car aucun parmi ces hommes ne pourra vous refuser ce que vous exigerez d'eux ! Mais, pour le moment, vous méritez la punition de votre complicité. Vous les avez aidés dans le dessein de me nuire. Eh bien ! Vous devrez désormais répondre à mon appel."

Dracula a donc conscience que les chasseurs de vampires, y compris Van Helsing et Jonathan, ont sousestimé et rabaissé Mina après avoir amplement profité de ses lumières. Il veut à la fois lui rendre justice, et la punir pour sa trahison. Elle est traître à tous les camps. Elle est la trahison personnifiée, l'Eve primitive, mais aussi, comme je l'ai dit, celle qui ne peut pas être d'un camp, car son intelligence et sa propre complexité lui rendent impraticables les routes pavées de certitudes de la guerre sainte. Van Helsing se le formulera autrement, mais avec les mêmes effets : Mina n'est pas fiable, et dorénavant Dracula et lui, tour à tour, vont utiliser la jeune femme comme une sorte d'agent double passif, au moyen de la transe hypnotique.

Entre ces séances éprouvantes où elle est un jouet entre les mains de l'un ou de l'autre, Mina dort. Van Helsing remarque qu'elle dort tout le temps. Cela va de pair avec sa métamorphose, une métamorphose qui reste bien mystérieuse, puisqu'elle n'est pas encore visible au dehors, à l'exception de la marque écarlate. Ce sommeil très lourd et dense m'évoque le conte de la Belle au Bois Dormant, où une jeune fille se pique le doigt (et saigne), victime d'une malédiction, et tombe dans un sommeil profond, qui lui évite la mort... Là, c'est le sang du vampire, et sa morsure, qui plongent Mina dans le sommeil léthargique. Mais il y a là-dedans comme un rite de passage, qui va devenir plus net lorsque Dracula, obligé de fuir jusque dans ses terres transylvaniennes, et préoccupé de sa seule survie, relâchera son étreinte psychique sur la jeune femme. Une Mina différente est en train de naître, entre deux sommeils de cent ans. Et voici ce que dit Bruno Bettelheim, dans sa Psychanalyse des contes de fées (Merci, Holly, de l'avoir rappelé à mes pensées !) du sens profond du conte de la Belle au bois dormant:

"... après avoir assemblé ses forces dans la solitude, l'adolescent doit devenir lui-même. En fait, cette évolution est pleine de dangers : l'adolescent doit tourner le dos à la sécurité de l'enfance (il est perdu dans une forêt hérissée de dangers) ; il doit apprendre à affronter les angoisses et les tendances violentes d'autrui (il rencontre des bêtes sauvages et des dragons) ; il doit apprendre à se connaître (il croise des personnages et des expériences étranges. Grâce à ce processus, l'adolescent perd son ancienne innocence."

Tandis que Jonathan pourchasse le monstre sur les routes transylvaniennes, Mina, escortée par Van Helsing jusqu'au château du vampire, affronte ses propres ténèbres intérieures en même temps que les menaces de ce lieu hanté. Elle le fera non sans peur mais malgré sa peur. Elle expérimente le danger et l'horreur jusque dans son corps, à travers cette "maladie" du vampire qui la livre à ses pires cauchemars, au cours de ces moments de léthargie qui la métamorphosent. Et elle en sortira victorieuse, et née à elle-même. L'histoire nous dit qu'elle aura un enfant. Accoucher, pour une femme, c'est à la fois donner la vie et frôler très près la mort, surtout à une époque où l'on mourait si communément en couches... En accouchant, elle traverse donc aussi la forêt, allant vers la lumière qui l'attend au bout du tunnel d'où l'enfant sera tiré et séparé d'elle. De qui est cet enfant ? Ce n'est certainement pas la bonne question. Cet enfant est le fruit de ce voyage vers elle-même qui l'a conduite à travers la nuit. C'est un enfant particulier, dont le destin est incertain, ce qui fait toute sa beauté. Et l'on espère que Jonathan, après être passé par toutes ces épreuves de sa propre virilité, ne commettra plus l'erreur de sousestimer sa femme...

Pour finir en beauté, je persiste à dire que Coppola a porté plus loin encore cette héroïne superbe, en en faisant la réincarnation de la première femme de Vlad Tepes, le Dracula historique. Laquelle se suicida au XVème siècle, non pas, comme dans le film, parce qu'elle pensait que son homme était mort, mais parce qu'elle avait été avertie nuitamment d'une attaque des Turcs contre la citadelle de Poienari, un nid d'aigle perché dans les montagnes de la Valachie. Vlad y était avec elle, cette nuit-là, mais lui choisit de fuir par un souterrain, jusque dans les Carpates. Si elle l'avait aimé tant que ça, elle l'aurait suivi, vous ne croyez pas ? Néanmoins, son suicide la damnait aux yeux de l'Eglise Orthodoxe, et Coppola en fait le point de départ de l'autodamnation de Dracula. Il renie la religion qui l'a trahi en promettant l'Enfer à sa promise, et choisit une vie d'errance. Ce qui fait écho à un autre "vampire" de l'histoire, Gilles de Rais, inspiration probable de Coppola, compagnon de Jeanne d'Arc, autre "lumière spirituelle" (tandis que Mina est aussi une lumière au sens intellectuel) traversant les ténèbres sanglantes de la guerre sainte... Gilles de Rais, fasciné et amoureux de Jeanne, ne pourra supporter sa trahison par l'Eglise et sa mort sur le bûcher de l'Inquisition. Perdu de rage et de désespoir, il fera un véritable pacte diabolique avec lui-même...

Mais revenons à notre héroïne. Chez les bouddhistes, la métempsychose est toujours une punition... Elisabéta, qui s'était "damnée" par son suicide, se réincarne en Mina, et peut-être est-ce pour elle l'utime réincarnation, car comme dans le livre, elle y incarne la clarté, "le soleil de tous les soleils". Donc, lorsque Vlad Dracula et Mina Murray se rencontrent dans le film, ce sont deux errances maudites aux trajectoires différentes qui se retrouvent enfin à travers les siècles, pour aller chercher ensemble une mutuelle rédemption. La Mina Murray du film est hantée dès le départ par les réminiscences confuses et primitives de son ancien moi, Elisabéta, et cela donne lieu aux plus belles scènes du film : notamment celle où le prince et Mina boivent de l'absinthe, et où elle se remémore les couleurs de la Transylvanie et le suicide de la princesse dans le fleuve Arges.

Mina choisira consciemment Dracula, contrairement au roman, et autant dire que son sage mari victorien n'est pas de taille contre cet amant qui porte en lui, outre le raffinement acquis au fil de l'éternité, la sauvagerie et la rage spirituelle de sa vie terrestre. Il faut ici dire un mot de la magie du film, qui mélange davantage à l'Angleterre victorienne sage et éclairée le "pays par delà les forêts", à travers la richesse baroque de ses images et de sa bande sonore : le passé et le présent s'y entrelacent dans la réincarnation de Mina, les chants roumains des noces orthodoxes de Mina et Jonathan sont troublés par ces incantations dans la langue du prince Vlad qui rythment et bouleversent sans cesse le film, vampirisant et envoûtant les personnages et le spectateur.

Mina choisira la nuit, mais pour mieux l'éclairer, et les sauver tous les deux. Elle est la damnation de Dracula et sa rédemption. Devenant vampire, elle éprouve sa propre animalité, sa propre sensualité, avant de les sublimer dans une résolution qui va les délivrer tous deux de leurs malédictions mutuelles. Si je devais choisir un conte pour illustrer la fin du film, ce ne serait pas la Belle au Bois Dormant, mais la Belle et la Bête. Dracula, le visage monstrueux, sanguinolant tel un animal égorgé à la chasse, est défendu, arraché à ses assassins, et enfin transfiguré par une femme aimante. Mais dans le livre comme dans le film, Mina ne fait que passer par les ténèbres de la forêt, et ne prend qu'un chemin : celui qui mène à la tranquillité d'esprit, ou à la paix spirituelle...

Bonne nuit à tous et à toutes, faites de beaux rêves !

34 commentaires:

Anonyme a dit…

Que dire devant une érudition pareille? Bravo? même pas suffisant...
Je n'avais jamais vu le journal intime sous cet angle mais je supppose donc que, si les mères obligeaient leur fille à en tenir un, c'était pour protéger les apparences en les laissant déverser leurs états d'âme sur le papier. Personnellement, je n'en ai jamais tenu, mon quotidien et mes réflexions me paraissaient insuffisamment passionnants pour mériter d'être écrits et mes frustrations limitées (règle de base depuis que je suis petite: essayer de se contenter de ce qu'on a, ça fait moins cogiter!)

Anonyme a dit…

Wouaaaaaaaaaaaoh !
Je suis époustouflée par tant de connaissances, par ce style, cette analyse !
Bravo ! C'est passionnant !
Je comprends de mieux en mieux pourquoi j'aime les histoires de vampires et en quoi je me sens concernée par elles.
A lire ton texte, je me rends compte à quel point le choix de Wynona Rider pour incarner Mina à l'écran était plus que judicieux !

Pour ma part, je rapproche le sommeil de Mina à l'état de chrysalide, où tout semble mort vu de l'extérieur mais est en fait bouillonnant de vie à l'intérieur. Cette apparente mort est le garant de la transformation, la permet bien plus que toutes les surveillances rapprochées.
Pauvre Lucy ! Tout le monde l'a littéralement étouffée d'attentions diverses et variées mais par pour une once tournées vers elle, pour la "sauver". C'est bien de mon point de vue ce qui l'a perdue bien plus sûrement que la morsure du vampire. Elle n'a pas eu le temps de la transformation. Peut-être même a-t-elle préféré se laisser mourir pour échapper aux contraintes de sa condition.

A croire Mina définitivement perdue, à la mépriser même de ne plus être l'icône victorienne qu'ils attendent qu'elle soit, ils lui permettent justement de devenir ce qu'ils pensent qu'elle est déjà et qui leur importe peu dans le fond puisque c'est une jeune femme sans fortune, corrompue d'avance de par sa naissance même dans un milieu méprisé.
En la stigmatisant, littéralement avec cette cicatrice au front (ne dit-on pas avoir la honte au front ?)ils lui permettent de mieux faire secession et de devenir elle-même.

Et là, je tilte ! Parce que Dracula a été écrit en 1897 et un formidable mouvement artistique qui déferlera sur l'Europe toute entière, qui touchera à tous les domaines artistiques, naîtra l'année suivante, en 1898, à Vienne, en Autriche, patrie de ce cher tonton Freud.
Ce mouvement porte le nom de "Secession" ou aussi Ecole de Vienne... les plus célèbres représentant de ce mouvement sont Klimt et Schiele... tous deux ont peints de femmes d'une incroyable sensualité, même si la fascination qu'elles suscitent est parfois morbide.... Et la continuation de cette Secession donnera (très schématiquement) d'une part la "joyeuseté" de l'Art Nouveau et la noirceur de l'Expressionnisme Allemand.
Tiens ? Voici qu'arrive le Nosferatu de Murnau ... au cinema ! Un tout nouveau support d'expression né en... 1895 !
N'oublions pas de précisier que si les intentions de la Secession Viennoise, notamment à travers la Wiener Werkstätte, étaient aussi de permettre à tous, même les plus modestes, de vivre dans le beau jusque dans le moindre détail, il n'en a rien été dans la réalité : leurs productions étant très coûteuses, seuls les plus riches ont pu acquérir les pièces qui sortaient de ces ateliers... ce qui encore plus accentué le gouffre entre les différentes classes de la société...

Décidément, ce roman est bien inscrit dans son temps ;o)

Anonyme a dit…

Un seul mot: wow! Un deuxième: merci.

Gaëlle a dit…

A Doune : c'est trop de compliments ! Mon érudition est toute relative et n'est que le fruit du travail. Et en plus elle est vouée à s'évanouir dès que j'aurai le dos tourné, comme toutes les connaissances que j'ai un jour accumulées et dont il ne reste, des années plus tard, que de légères traces... Quant à ce que tu dis du journal, tu es une femme moderne, et de surcroît tu as, grâce à ton talent de dessinatrice, un mode d'expression magnifique, alors pourquoi aurais-tu besoin d'un journal ? Bises !

A La Trollette : quel message ! Voilà une contribution remarquable à mon billet ! Je te remercie vraiment, c'est exactement ce que j'espère recueillir avec mes post : des compléments d'enquête, des échos qui viennent enrichir mon petit travail à moi. MERCI d'élargir la réflexion avec autant d'intelligence.

A Lisa : merci !! Deux petits mots qui me vont droit au cœur. Très bonne journée à toi.

Anonyme a dit…

> @ Trollette : tu as tout-à-fait raison dans ton évoquation de Klimt et Schiele, Coppola s'est efectivement inspiré de la peinture symboliste dans son film, au travers d'un costume de Dracula, qui "copie" la peinture de Klimt ; il y a aussi la scène de l'arrivée de Jonathan au chateau du comte (de mémoire, il s'agit de cette scène...), inspirée d'un tableau de Kupka, l'Idole noire.

Sinon Gaëlle, tu décris merveilleusement le personnage de Mina ! moi qui la voyais comme un peu gourde, je me suis bien trompée !!

Gaëlle a dit…

A Nounsse : Vous avez bien raison, la Trollette et toi, de parler de Klimt et Schiele, et de rappeler ce détail flamboyant du costume de Dracula qui reconstitue le fameux tableau du Baiser de Klimt. Et rejoint l'attirance spirituelle et ô combien charnelle du baiser du vampire... Quant au tableau de Kupka, tu me l'apprends ! J'étais sûre que vous alliez m'apprendre des tas de trucs, suite à mes billets, je ne me trompais pas ! Merci Nounsse !

Gaëlle a dit…

A Nounsse : tant mieux si je t'ai réconciliée avec Mina : j'avoue que j'ai un gros faible pour ce personnage, je pense que ça se voit ?... et je trouve que Wynona Ryder l'a somptueusement incarnée.

Anonyme a dit…

Tu te doutais bien que je ne pourrais pas m'empêcher de réagir... :)

Et voilà pour moi, pourquoi j'ai été si en colère à la vision du film de Coppola. Quand le film est sorti, Coppola clamait partout que son film était la première "réelle" adaptation du livre de Stocker. Mais face à l'écran voilà que je découvrais une histoire "mièvre" pour jeunes filles en mal d'histoires romantiques (oui, je sais, je suis dure) : alors que dans le livre, Mina mène une lutte sans merci contre l'envahisseur, et ce jusqu'à son dernier souffle (ce qui était bien sûr dû au contexte de l'époque de l'écriture), Coppola nous offrait une histoire d'amour sirupeuse. Peut-être que si j'avais été voir ce film sans en attendre une adpatation du roman de Stocker, je n'aurais pas été déçue. Mais là, j'ai vraiment eu l'impression que le coeur même de l'histoire était trahie....

Anonyme a dit…

Au fait, je ne sais pas si tu comptes décortiquer encore les vampires, mais si c'est le cas j'ai pensé à ces deux anthologies librio:
- Les cent ans de Dracula, librio 160
- La solitude du vampire, librio 611
Voilà, juste comme ça en passant.

Gaëlle a dit…

A Laurence : Je comprends ta déception, car le film est une variation infidèle et à sa façon une recréation du mythe, donc la présenter comme une adaptation fidèle de Stoker était forcément une imposture ! Mais oui, une "histoire mièvre", je trouve que tu es un peu dure... je suis à peu près sûre que tu l'aurais vu autrement si tu n'en avais pas attendu un rendu fidèle du roman. En tant que lectrice fan et exigeante de Stoker, es tu satisfaite de ce que je dis du roman ? Y reconnais tu ta lecture ? Bises !

Lisa : merci de tes conseils de lecture !J'ai déjà une pile de livres sur ma table, donc je crois que je vais m'en tenir là parce que mes rêves commencent à virer aux cauchemars sanguinolants (surtout depuis que je m'intéresse au personnage historique ! A côté, Dracula le vampire est une douceur...), et puis je ne compte pas m'éterniser sur le sujet plus de...2 posts encore. Après, j'arrête et je tâcherai de trouver un sujet léger ! Mais les livres que tu conseilles peuvent intéresser tous ceux dont la curiosité aurait été aiguisée par mes petits billets, donc merci.

Anonyme a dit…

Paf, moi qui connais pas ni le bouquin ni le film, chu tombée amoureuse de "ta" Mina, Gaelle, même si son prénom entier est même pas écrivable sans regarder, arf !

Serait-ce à dire que chu Dracula en puissance ?
pas impossible, vu mon passé plus que chargé...

Je savais pas non plus que Gilles de Rais était amoureux de Jeanne d'Arc... Pouf, je tombe des nues !
Qu'est ce que j'en apprends, ici, j'adore ça !

Je suis toujours épatée de voir à quel point beaucoup d'hommes ne supportent pas que les femmes puissent être des "êtres humains entiers", même sans robinet, mouarf ! Que ce soit dans le passé ou dans le présent...

Faut-il voir là une vengeance masquée vis à vis de leurs propres mères, qu'ont sans doute pas été si top que ça avec eux ?

C'est curieux comme la destruction de la lumière quand elle est trop visible est une oeuvre si communément admise dans nos sociétés, à moins d'être la "propriété" de certains cercles restreints et jaloux de leurs prérogative (ce qui fait que finalement, ils détiennent plein de choses, sauf la lumière à laquelle ils prétendent, les fats)... A croire qu'il n'y a que dans l'intimité d'un sépulcre que même un "homme" pourtant "au dessus de la moyenne", arrive à l'apprécier à sa juste valeur.
Fo surtout pas briller en société mesdames, sinon, adios amor...

A part quelques rares perles... Enfin, quand j'étais jeune et que je rencontrais un mec, je disais que j'étais laborantine alors que j'étois en thèse, hein. J'étais jeune, mais je savais déjà qu'il fallait surtout pas "briller" plus haut que son sexe...
Enfin à l'époque j'ai rencontré mon mari, il m'a plutôt agréablement surprise, lui... me demande s'il est pas vampire, tiens...

bisous les filles !

Gaëlle a dit…

A Free : que tu "tombes amoureuse" de ma Mina, rien (ou presque) ne pouvait me faire plus plaisir , vois tu ! Ça veut dire que j'ai bien fait mon travail, que j'ai su communiquer ma tendresse et mon admiration pour cette héroïne, et à travers elle, pour Bram Stoker qui l'a enfantée et pour Francis Ford Coppola qui l'a réincarnée en beauté à travers Wynona Ryder. J'ai terminé d'écrire mon post ce matin à 2h du mat, bien avant le chant du coq, mais ça valait le coup ! Bises aussi !

Anonyme a dit…

J'ose une entrée timide dans ton bel univers ô combien fascinant!
Ce qui m'exalte, dans cette histoire, c'est la notion de danger... puisque la passion est un danger à l'état brut, impression de se perdre, de se fondre, peur de se disloquer, sensation d'être au bord d'un précipice avec un vent fou qui vous pousse dans le dos.
La passion est destructrice, mais qui n'a pas connu la passion n'a rien connu du tout.
Ce film est d'une grisante sensualité.
En deça de sa monstruosité, l'attraction de dracula est indéniable, il incarne l'interdit, la pulsion, la déraison... Wimona... est sublime!!!!

Bonne nuit Gaelle!

Gaëlle a dit…

Bonsoir Flam, et comme tu as bien fait d'oser laisser ta trace ô combien pertinente dans mes commentaires ! Tout ce que tu dis est vrai bien sûr, et si joliment formulé. Et en plus, cette attraction-répulsion dont tu parles, qui est au coeur de la thématique du vampire, est presque une entrée en matière pour mon prochain épisode, qui traitera du monstre historique derrière le mythe... beaucoup moins sympathique que le héros des films ou livres qu'il a inspirés, et néanmoins fascinant, à sa manière... spéciale. Bonne nuit !

Anonyme a dit…

Je ne sais pas quoi ajouter après un article comme ça... il est si complet, si riche.. je me sens toute petite !! J'aime beaucoup ton analyse du journal intime. Je partage tout à fait cette façon de voir les choses, et je réagis aussi à Doune qui dit qu'elle n'en tiens pas, un journal intime, ça peut être aussi des dessins, de la sculpture, de la musique.. et pas besoin d'avoir des "évenements extraordinaires" à raconter.. il suffit d'ouvrir son coeur et le laisser parler pour que ça devienne une "expression intime" et Doune.. du coeur : elle en a !
Sinon.. je voulais juste dire aussi que j'étais fascinée par Mina, et encore plus après avoir lu ton article ! allez.. je me remets le roman dans ma pile des livres à lire cet été :-)

Gaëlle a dit…
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Gaëlle a dit…

Merci chère Nziem mais surtout, faut pas te sentir toute petite : tout ça, ce n'est que du travail, du travail et une envie de faire partager mes émotions livresques et cinématographiques... Si j'y réussis, tant mieux, et si je peux donner envie de lire, de relire Bram Stoker ou de revoir le film, je suis comblée. Et puis, tu sais, quand je vais sur vos sites à vous tous et toutes, quand je te rends visite Nziem, ou à Doune, ou à Cali, à Delyo, et à d'autres (ne soyez pas vexés les autres, ma liste n'est pas exhaustive !...) je me sens toute petite aussi, tant je trouve que le savoir créer une image, un tableau, un dessin, confine à la magie. Et quand je rencontre des lecteurs avertis chez Laurence ou ailleurs, des cuisinier(e)s émérites, quand je me balade chez des écrivains comme Annitta, Wictoria ou Holly, par exemple, j'ai le même respect admiratif pour toutes ces personnes talentueuses. Je ne savais pas que les blogs regorgeaient de tant de talents différents, de gens passionnants, chaleureux, généreux, qu'ils soient blogueurs ou lecteurs en visite. C'est formidable, et ça me donne un vrai carburant, chaque jour, pour faire mon petit maximum ! Bises et très bonne journée.

Holly Golightly a dit…

Eclatant billet, Gaëlle !!!
Le moins que l'on puisse dire est que tu possèdes du souffle !
Merci pour ce très beau billet.

Gaëlle a dit…

Ton compliment m'honore tout particulièrement, chère Holly. Du souffle j'en ai sans doute, surtout quand le sujet me passionne, mais voilà que je dois laisser mes charmantes héroïnes victoriennes...le prochain épisode remontera le temps jusqu'au XVème siècle, siècle plein de bruit, de sang et de fureur, et je vais regretter Stoker, qui fut pour moi une découverte éclatante, pour reprendre ton mot. Si la Mina de Coppola avait connu le vrai Vlad, je ne suis pas sûre qu'elle aurait eu envie de "sauver son âme"... quant à celle de Stoker, elle aurait pénétré encore plus avant dans les ténèbres, mais je veux croire qu'elle aurait été assez forte pour en sortir. Par contre, elle en serait restée hantée pour longtemps.

Anonyme a dit…

hier soir sur TMC yavait un Hercule Poirot (chu fan d'Agatha Christie) "flux et reflux", ça parlait d'un affreux psychopathe pas piqué des hannetons aussi...

M'est avis que "sauveur leur âme", à ceux-là, c'est pas gagné d'avance...
Je me demande même si qui que ce soit y peut quoi que ce soit ! Tant que ya pas prise de conscience du premier intéressé, hum !

robisous.

Anonyme a dit…

chu fatiguée, scusez moua, chu con en ce moment je fais des insomnies parce que je stresse pour des couenneries. Je voulais écrire "sauver leur âme"...

Re-robisous !

Gaëlle a dit…

Coucou Free ! Faut pas stresser , ma pauvre, ça ruine le sommeil (dit une stresseuse de première qui ne compte plus ses insomnies)... Et t'as bien raison, pour les psychopathes en tout genre : on ne sauve pas leur "âme", ou leur "conscience", appelez comme vous voulez cette petite part d'humanité qui surnage encore chez tous les massacreurs, sans que le principal intéressé ne l'ait décidé. La "rédemption", la guérison psychique, ne se conquiert que de haute lutte, et il faut être deux. Tu rejoins déjà le thème de mon prochain post ! Bisous et relaxe toi, dors un bon coup !

Alhya a dit…

La Mina que tu décris est si riche, si belle (incarnée par les traits de Winona, encore plus!), que je découvre presque totalement ce personnage qui ne m'a laissé qu'un vague souvenir en voyant le film... Je suis de plus en plus convaincue qu'il me faut lire le livre! Et la question de la métamorphose m'interpelle aussi, est-ce vraiment un chemin qui la mène à la tranquillité d'esprit?... tout ceci me laisse songeuse! mais et pour finir, sur une note plus légère, qu'est ce qu'elle est belle sur ces photos, presqu'irréelle! bravo pour ce magnifique billet!

Gaëlle a dit…

Chère Alhya, ces vrai que ces photos magnifient Winona Ryder et montrent la palette des métamorphoses splendides dont elle est capable en tant qu'actrice... Quant à savoir si la métamorphose mène à la tranquillité d'esprit... les Tibétains disent que oui, mais qu'il faut parfois des millénaires...la plupart des "sages" de tous les temps disent que oui, mais que ce n'est pas sans difficultés, obstacles à priori infranchissables, et qu'il faut être deux pour la trouver. Celui qui la cherche de tout son être, et celui qui l'aide à la trouver. Il y a une part de choix, une part de chance aussi, le bon moment pour une personne, le résultat d'un apprentissage qui ne se fait jamais sans douleur. Passer par la nuit est souvent nécessaire. Affronter les monstres aussi, au moins l'idée de leur existence, tout aussi effrayante que leur réalité. Et accepter aussi, sans doute, comme Mina Murray, que l'imperfection fasse profondément partie de nous, en arrivant à en faire une force et une source de sagesse supplémentaire... Bises Alhya et surtout hauts les cœurs, tu es sur la bonne voie !

Anonyme a dit…

Ahhh, il me tarde ton prochain post alore !!!

Pour le stress, pffff, c'est idiot, mais mon mari passe sur le billard (opération de la machoire) début Juillet, bon c pas dramatique et je devrais pas stresser, mais j'arrive pas à me raisonner, tin, moi qui pratique la relaxation depuis 5 ans, ça craint...

merci en tous les cas pour ton soutien moral.

Gros bisous !

Gaëlle a dit…

A Free : les opérations, dramatiques ou pas, c'est le stress garanti et inévitable ! Je t'envoie mes pensées pour que tout se passe au mieux pour ton mari et pour que ton angoisse se détende assez pour que ce soit supportable, même si elle ne s'apaisera véritablement qu'après l'opération, je pense... Grosses bises !

Anonyme a dit…

merci merci, Gaelle... T'as raison, ça ira mieux après, j'espère !
pfff cte nuit encore prek entièrement blanche.
Chu fraîche tiens !
toutal je passe au scanner, mais c pas exclu que je revienne écrire des couenneries dans la journée : quand chu fatiguée, ça déchire sa race !

arf !
gros gros bisous.

Gaëlle a dit…

Bon courage Free pour le scanner(pas un moment très plaisant tout de même), et après hop, une bonne sieste réparatrice de la nuit blanche ! Grosses bises.

Anonyme a dit…

vi, mais la sieste la journée, c'est un truc que j'ai beaucoup de mal à faire, j'arrive point à roupiller quand dehors il fait jour...
Epi vu le résultat du scanner, j'ai pas trop la tête à écrire des couenneries.
j'vais aller bouffer quelque chose, tiens, quand j'ai pas le moral c'est ça que je fais.

biz.

Gaëlle a dit…

Ma pauvre Free, je t'ai répondu en détails chez la Trollette, mais je pense fort à toi. Je connais cette baisse de moral à l'annonce de résultats médicaux négatifs. Mais je sais aussi qu'on guérit de la hernie. Ne l'oublie pas. Garde cette certitude au fond de toi, et courage.

Anonyme a dit…

merci ma douce.

dis dis moi, même si on s'égare un peu et qu'on parle plus du tout de littérature :
tu connais ou ton médecin connait le Dr Sigaud ?
Il propose apparemment des "séjours thérapeutiques" j'l'ai trouvé en faisant vertebrotherapeute sur internet...
je me méfie je me méfie...

arf !

re gros bisous.

Gaëlle a dit…

Free, non je ne connais pas. Mais essaie le bon bouche à l'oreille, et le sérieux doit t'être confirmé par des pharmaciens et ton médecin généraliste, ou un quelconque médecin en qui tu as confiance. Il y a des charlatans partout et ça serait bête de perdre ton temps chez eux !

Anonyme a dit…

Captivant, et je pèse mes mots ! Ta note m'a éblouie... Le portrait que tu dresses de Mina, non seulement m'apprend beaucoup, mais me ravit par sa précision et les perspectives qu'il me donne sur ce mythe et ses incarnations.
J'ai beaucoup apprécié le parallèle avec La belle au bois dormant, qui me fait déjà cogiter comme une malade... Et ta description de la psychologie de Mina, marquée par le sentiment de la chute, qui la rendrait plus apte à comprendre le mal, du coeur du bien.
Je ne peux que te dire mon admiration, face à une si belle note.
Vite, la suite !!!!!!

Gaëlle a dit…

Merci infiniment Miss Poivert. Je suis heureuse que mon portrait de Mina t'ait touchée, j'aime profondément ce personnage. J'ai appris beaucoup sur elle en travaillant pour mon billet, à ma plus grande joie !