11 septembre 2006

América, América

Bonsoir à tous !

En France, nous sommes aujourd'hui le 11 septembre, et ce qui n'était au départ qu'un pur hasard du calendrier m'a paru une si belle coïncidence que j'ai travaillé dur pour vous livrer ce soir un billet que j'avais prévu d'assez longue date... C'est ma séance DVD de la semaine, et je vais vous parler de quatre films que j'aime particulièrement. Il se trouve que ces quatre films ont pour thème le mensonge d'Etat aux Etats-Unis, et que ce sont quatre films américains.
Les Etats-Unis sont un immense territoire composite peuplé d'individus très différents les uns des autres, on l'oublie trop souvent en les simplifiant, parce que ça nous arrange.... Certains ne veulent voir qu'une Amérique "bushienne" rêvant d'exterminer deux tiers de la planète avec l'aide de Dieu, d'autres prétendent la restreindre à une fraction éclairée d'Américains "éclairés" dont le siège social serait basé à New York... Mais on rencontre des sages au fin fond du Montana et des fanatiques à Greenwich Village, et tout ce qui a l'air simple est en général falsifié, sacrifié à la pensée paresseuse et à l'idéologie.

Pour ma part, j'ai une admiration sans bornes pour un grand nombre d'Américains, parce qu'ils n'ont pas leurs pareils pour aller sonder, avec conscience, responsabilité et intelligence, leurs propres plaies. Et qu'ils n'hésitent pas à questionner les valeurs fondatrices de leur Constitution, de leur gouvernement, de leur place dans l'équilibre du monde. Qu'ils soient cinéastes, réalisateurs d'excellentes séries télévisées, écrivains, dramaturges, artistes en tout genre, je tiens à leur adresser un petit hommage, en cet anniversaire désormais si particulier pour eux. Je sais que de part et d'autre de l'Atlantique, les relations ont tendances à être souvent houleuses, mais le jour où nos artistes, nos cinéastes, nos réalisateurs de séries télé, seront capables de parler de nos hontes historiques, de nos scandales politiques, financiers ou sociaux avec la même pertinence, (concernant certains sujets sensibles, les évoquer seulement serait déjà une victoire !), n'est pas encore près d' éclore... nous en sommes très loin, nous qui aimons tant donner des leçons à nos voisins mais n'avons pas encore digéré la guerre de 40, ne sommes pas assez courageux pour mettre à nu les traumatismes de l'Algérie, pour ne rien dire de scandales plus récents...

Vous l'aurez compris, le ton de ce billet n'est pas à la franche rigolade... Et pourtant ces quatre films se regardent le souffle coupé. Ils appartiennent tous au genre du "thriller politique". Si vous ne les avez pas vus, vous êtes chanceux ! Si vous les avez vus, je vous encourage à les revoir. Parce qu'ils sont le produit de la rencontre d'hommes engagés, courageux, enthousiastes, et passionnés par la recherche et l'approche de la vérité. Parce qu'ils sont excellement joués, par des acteurs qui figurent parmi les meilleurs au monde. Parce que leurs réalisateurs ne sont pas des toquards. Enfin, parce que ce sont des bijoux, chacun dans son style particulier.

Bon, vous êtes prêts, on y va ?
Ces derniers temps, on voit ressurgir aux Etats-Unis des interrogations sur le pouvoir et ses abus, sur le respect du 1er amendement ("1er amendement: Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne la liberté de parole ou de la presse, ou le droit qu'a le peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de ses griefs."), sur le rôle des médias, qui sont censés être un recours, un contre-pouvoir lorsque le pouvoir politique devient opaque et abusif. Ces interrogations sont nées de l'après 11 septembre, et du Patriot Act édicté dans la foulée, de façon fort opportune (voire opportuniste !) et qui entame sérieusement le droit des citoyens à une vie privée, leur liberté de penser, de se réunir, etc... les droits civiques sont en danger, comme cela s'est déjà produit dans le passé, notamment à l'époque où le Sénateur Mac Carthy faisait la pluie et le beau temps, décidant de qui était un bon patriote ou un "sympathisant communiste." Or, le mouvement cinématographique qui s'interroge le plus profondément sur ces sujets a choisi de le faire en revisitant ce passé américain. Ainsi, on voit refleurir des histoires se déroulant au temps du président Nixon, ou de Mac Carthy, et qui posent la question du courage individuel et de la responsabilité des citoyens, et des journalistes en particulier, en temps de crise. C'est un excellent moyen, sinon le meilleur, d'interroger le présent. Car poser les bonnes questions demande de la distance. Cette fameuse distance qui manque tant à l'information, de nos jours, puisqu'elle nous est jetée à la figure à la vitesse où les satellites la transmettent aux agences de presse, lesquelles sont en rivalité permanente pour arriver les premières à l'endroit du scoop possible. Cette hâte, cela va de soi, handicape sérieusement ce qu'on appelle le "journalisme d'investigation". Mais nous en reparlerons.
Se pencher sur le passé pour y lire une clé de déchiffrage du présent est une méthode efficace. Elle permet aussi de faire passer certains avertissements à qui veut bien tendre l'oreille. Les sourds et les aveugles volontaires le resteront, pas de doute. Les autres entendront, et seront aux aguêts. Toute époque, et à fortiori celle où nous sommes, requiert de la vigilance... Les dérapages se produisent par légers à-coups, presque imperceptibles quand on n'est pas dans le secret des Dieux. Mais vient un jour où l'on se réveille privé de liberté, à force d'avoir ignoré les signaux, les uns à la suite des autres, focalisé que l'on était sur sa vie quotidienne.
Je vous l'avais dit qu'on n'allait pas rigoler, ce soir ! Mais rigoler un 11 septembre, franchement, serait de mauvais goût, vous ne croyez pas ?

Dernière chose et j'attaque le vif du sujet : Vous vous souvenez où vous étiez, le jour de la fin du Mur de Berlin ? Le jour de la mort du président Kennedy (euh, cette question ne s'adresse pas à ma génération, bien sûr...) ? Celui où on a fermé la bouche de Martin Luther King pour qu'il arrête de rêver ?(même tranche d'âge que question précédente : tâchez de suivre !) Celui où Neil Armstrong a marché sur la Lune ? Le jour du Tsunami ? Le jour où les tours du World Trade Center sont tombées en direct à la télévision ? (Là, tout le monde a le droit de répondre) En général, vous devriez avoir au moins une vague réponse à une de ces questions. Parce que tous ces événements sont des chocs, des cataclysmes qui s'inscrivent dans nos mémoires affectives. Des secousses sismiques tellement fortes qu'elles nous aveuglent durablement. Des années parfois. Je veux dire par là que l'événement devient alors sa propre diversion, par son épouvante symbolique autant que par sa tragédie concrète. On voit l'événement, on ne peut en détacher les yeux, mais on ne voit que ça. La mort. De la fumée. Des ombres. Des gens en larmes, errant. Le non-sens. L'injustice ou au contraire, la fin d'un monde éteint et le début d'un autre qu'on espère plus beau. Des hurlements de sirènes. Des voix humaines désaccordées par la joie ou la souffrance. Le pourquoi, le comment, la longue chaîne des conséquences et des responsabilités, tout ça est relégué très loin, à l'arrière-plan indiscernable.


Ainsi en est-il du 22 novembre 1963, à Dallas, lorsque l'impensable se produit, retransmis sans fin sur les écrans de télévision de tous les foyers d'Amérique, de Washington au fin fond du Nébraska : une balle vient de faire sauter la cervelle du président Kennedy. Plusieurs balles l'ont traversé comme une poupée de chiffon sur un stand de tir. Il s'écroule. Au départ, on croit à une pétarade, pas à un assassinat. La limousine a même ralenti, facilitant le travail du (des ?) tueur(s). La foule vacille en même temps que Jacky Kennedy, s'écroule par terre, s'enfuit, hurle. On évacue un mourant, déjà presque un cadavre. Du sang partout. Jim Garrisson, procureur de Louisiane, fixe l'écran de sa télé, hébété, comme tout un chacun. On croit encore qu'Il va s'en sortir. Le gagnant de l'Amérique, le beau mec, le progressiste, le Berliner. Et puis non, quelques heures plus tard, le verdict tombe : même les héros américains sont mortels.
C'est ainsi que commence "J.F.K.", d'Oliver Stone. A sa sortie, en 1991, ce film a déclenché une énorme controverse. Basée d'abord sur l'éternel malentendu selon lequel toute œuvre de fiction, spécialement quand il s'agit de politique, est accusée de défendre une thèse comme étant LA VÉRITÉ. Oliver Stone a une thèse, certes. Et il la défend avec brio. Mais affirme-t-il détenir LA vérité sur la mort de Kennedy ? Non, je ne crois pas. Il prétend questionner la version officielle, basée sur le fameux rapport Warren, pour le moins contesté. Il prétend poser certaines questions au gouvernement américain, à commencer par celle-ci : comment, dans un pays démocratique, a-t-on pu escamoter à ce point une enquête aussi cruciale, et comment les médias ont-ils pu céder si facilement le terrain sur tant de points importants ? Bien des secrets concernant la mort de J.F.K. demeurent "classified", top secrets. Certains, qui sont enclos dans les archives du Congrès, ne seront accessibles qu'en 2038 ! LA fameuse vérité sur la mort du président n'est pas près de venir au jour. Et Oliver Stone, avec son film palpitant et spectaculaire, qui n'a pas vieilli (je viens de le revoir pour vous) a réveillé 9 millions d'Américains, tout de même, et fait rouvrir le dossier Kennedy. Cela méritait bien une controverse, n'est-ce pas ? Il a surtout investi le personnage du procureur Garrisson, interprété par Kevin Costner. Ce personnage s'appuie sur le vrai "Garrisson" et son combat contre le rapport de la commission Warren (nommée par le président Lyndon Jonhson pour élucider la mort de J.F.K. au lendemain de sa mort), mais il porte aussi le combat personnel de Stone contre cette Amérique qui a envoyé crever au Vietnam 58 000 Américains, dont une majorité venait tout droit de ces ghettos où se recrutent aujourd'hui les "volontaires" pour l'enfer irakien. Oliver Stone, comme son personnage, est un homme qui s'est réveillé un jour, un peu trop tard (il n'a pu échapper au Vietnam), et qui vient demander des comptes. Et qui trouve certaines ficelles un peu trop grosses. Comme cette "balle magique" qui aurait traversé sept fois le corps de Kennedy avant de ressortir, intacte... Ou ces échos de tir venant du côté opposé au lieu où l'assassin supposé, Lee Harvey Oswald (assassiné avant d'avoir pu être jugé en bonne et due forme), était supposé se tenir. Enfin, Garrisson n'en finit plus de s'interroger sur "ces mensonges tellement gros qu'ils ont été crus", et enquête, des mois durant. A s'en obséder. Il en perdra sa réputation, sera ridiculisé aux yeux de l'opinion. Le paranoïaque de service. Peu lui chaut. Il cherche la faille. Il réclame la vérité, la transparence. Le film est une démonstration brillante au service d'une thèse personnelle. Le montage est impressionnant. La plaidoirie de Garrisson à elle seule est un morceau de bravoure. Oliver Stone est un homme en colère, et la colère est une arme précieuse, quand elle sert à réveiller les consciences. Peu importe qu'il ait raison ou tort, sur les mobiles de l'assassinat, ou l'identité supposé des agresseurs. Kennedy ne manquait pas d'ennemis... On a beaucoup reproché à Stone de mêler habilement images d'archives et images reconstituées.
Mais ce reproche, en réalité, ne fait que servir son propos, qui est de démontrer que l'image n'est pas forcément la réalité. Ce qu'on voit peut être aisément manipulé. La preuve.
Inutile de dire que je vous conseille ce film, qui reste excellent et prenant de bout en bout, que l'on adhère ou pas à sa démonstration. Kevin Costner, Joe Pesci et le reste du casting sont impeccables. Et le choc de cet assassinat, ce fameux choc que ceux qui ont mon âge n'ont pas vécu, est ici magistralement reconstitué. Ensuite, pour ceux que ça intéresse, voici une liste de liens fort bien documentés sur l'affaire Kennedy à travers le temps, ici en anglais et en français. En conclusion, rappelons juste que la vérité sur cette histoire court encore... et bien malin qui la rattrapera.

Avançons de quelques années, transportons-nous en 1974. Nixon est au pouvoir. Dans peu de temps éclatera le scandale du Watergate qui entraînera la démission du président, mais le héros du film dont je vais parler maintenant, "The assassination of Richard Nixon", de Niels Mueller, l'ignore. Il s'appelle Sam Bicke. Dans l'Amérique des gagnants, celle du "rêve américain", il est un rien du tout. Un perdant desespérant, infoutu de garder un simple "job". Il n'a même pas su garder sa femme, sa maison, ses enfants. Mais il garde encore un peu d'espoir, cajole une chimère. Celle de redevenir quelqu'un, aux yeux de tous. De regagner l'estime perdue. De reconquérir sa femme, dont il reste un amoureux transi, alors qu'elle ne le regarde plus, au mieux, qu'avec indifférence.
Sam Bicke est magistralement interprêté par Sean Penn. C'est un homme friable à l'extrême, un homme dont le visage exprime trop librement l'âme, si l'on peut appeler ainsi la vérité profonde de l'être. Il est obsédé par le mensonge. Il ne supporte plus le mensonge, celui qui fait de vous un bon vendeur qui arnaque son client et raffle le tableau d'honneur. Il ne supporte pas la simple idée de devoir mentir sur la race de son meilleur ami pour avoir une chance qu'on l'autorise à en faire son associé et à créer une entreprise "propre". Ces petits compromis que la société exige de lui, jour après jour, il ne peut plus les passer avec lui-même. Et cette rupture, peu à peu, dessille ses yeux et le rend inapte à vivre dans ce monde dont le Président est le roi des menteurs, cet homme au sourire de loup qui ne s'adresse qu'aux gagnants. Cet homme dont Oliver Stone dit : "Nixon was so corrupted in so many ways, and has done so many crimes !..." Ou, pour l'exprimer en français, en reprenant les mots d'un journaliste du Washington Post dont on reparlera tout à l'heure, Carl Bernstein : "C'était une présidence criminelle sans égard pour la Constitution des Etats-Unis. Et l'attitude frauduleuse de la présidence de Nixon était partout."
Au royaume des des tricheurs, les gens honnêtes sont voués à disparaître. A s'autodétruire. Mais Sam Bicke est ambitieux. Il veut tuer le mensonge à la racine. Il veut faire disparaître Richard Nixon, et avec lui, tout ce qu'il représente. La manipulation permanente, l'invitation au succès cachant l'écrasement décomplexé des faibles.
Tout à l'heure, je vous parlais du courage de certains cinéastes américains. Ce film a été tourné en octobre 2004. Un homme y projette de détourner un avion pour le lancer sur la Maison Blanche... Et cet homme n'est pas un étranger cristallisant tous les fantasmes, c'est un Américain pure souche. Et cet homme est si poignant qu'on entre dans sa peau, dans ses rêves brisés. J'ai lu que ce film a été l'occasion de la première "fausse" fusillade autorisée dans un aéroport depuis le 11 septembre. Je salue le courage du réalisateur Niels Mueller, et celui de Sean Penn, qui a pris le risque d'incarner un "kamikaze" au risque de fusiller sa carrière... et je vous engage à voir ce film, parce qu'il est avant tout une histoire humaine, même s'il s'appuie sur un fait divers d'époque. Il nous parle de nous, avant tout, et de la manière dont nous nous raccrochons comme nous pouvons, à la façon de minuscules pantins de chair, au fil de la grande histoire. Une précision, tout de même : si le film nous donne la chance de comprendre le mobile de Sam Bicke, et la chaîne de ces petites défaites qui le mènent au point de rupture, on ne peut pas le comparer aux kamikazes endoctrinés par des fanatiques, pour la simple raison qu'au lieu de s'aveugler peu à peu, il devient de plus en plus lucide, et que c'est cette lucidité même qui finit par lui rendre l'existence insupportable.

Maintenant, j'aborde mon film préféré, dans cette liste. Les Hommes du président, d'Alan J. Pakula, tourné en 1976, et adapté d'après le livre des deux journalistes qui déterrèrent, tels des fox terriers tenaces, le scandale du Watergate. A l'époque tout jeune producteur, Robert Redford acquiert les droits du livre. Très vite, il convainc les deux journalistes que l'histoire doit parler d'eux, plutôt que d'être centré sur le Watergate. Pourquoi ? Parce que personne ne s'attendait à ce que deux petits journalistes sans éclat dénichent l'affaire du siècle. Ces deux journalistes s'appellent Bob Woodward (Robert Redford, à l'écran) et Carl Bernstein (Dustin Hoffman, brillantissime). Tout les oppose au départ : Woodward est un jeune républicain WASP de 29 ans, Carl Bernstein est juif, radical et libéral. Mais une chose les rassemble : leur insignifiance dans le monde de la presse... Woodward est "probablement le journaliste le moins bien payé du Washington Post" quand il démarre son enquête, et Carl Bernstein est plus ou moins remisé, sa carrière est au point mort. Et voilà que le 17 juin 1972, à 2h30 du matin, cinq hommes font effraction dans les bureaux du siège du parti démocrate à Washington, le Watergate. Woodward est convoqué au tribunal pour ce qui semble être une toute petite affaire, un fait divers presque : un cambriolage... Comme le dira plus tard le journaliste :
"Le 17 juin, quand j'ai été convoqué au tribunal, si quelqu'un m'avait dit : "Tu t'embarques dans une affaire qui va durer deux ans et deux mois et aboutira à la démission du Président", j'aurais ri, et répondu : "C'est impossible !"
Cependant, d'entrée de jeu, le "fauve" qui ne dort que d'un œil, tapi dans ce jeunot en mal de scoop, est troublé par quelques petits détails qui lui semblent louches : c'est un avocat mondain, Maître Starkey, et non un avocat commis d'office, qui représente les cinq "cambrioleurs". Et en tendant l'oreille, il apprend que l'un au moins des accusés qui comparaissent pour "effraction simple" se présente comme "conseiller en sécurité".
"Où ?" demande le juge.

— Au gouvernement. Mais je suis à la retraite depuis peu, murmure le prévenu.
— Où, au gouvernement ? insiste le juge.
— A l'Agence Centrale de Renseignements. A la C.I.A."


Voilà un étrange cambrioleur... Le limier Woodward est lancé, mais personne ne veut croire à un coup monté, encore moins au parti républicain mettant le parti démocrate sur écoute ! C'est tellement gros. Personne, sauf Bernstein, qu'il ne porte pas particulièrement dans son cœur. Très vite, ils vont faire cause commune. Leur avenir en dépend. Ils deviennent une même personne, au moins symboliquement, pour leur boss, l'éditeur Ben Bradley, qui les appelle "Woodstein". On leur confie l'histoire, quand elle semble juteuse, et risquée. Il faudrait refiler le bébé à un journaliste aguerri, à une "plume politique", mais un autre éditeur intervient en leur faveur. Il veut confier l'affaire à ces petits jeunes qui ont démontré qu'ils étaient capables de se "crever le cul" pour l'élucider :

" They're hungry, conclue-t-il, s'adressant à Ben Bradlee, le rédacteur en chef. You remember when you where hungry ?"

L'affaire du Watergate échoit aux petits jeunes, aux moins que rien. Mais ces moins que rien sont retors, ils ne lâchent pas, ils sonnent aux portes, ils fouillent chaque recoin, pendant des jours, des nuits, des années. Et ils progressent, ils progressent tellement que leur enquête se rapproche dangereusement des sommets de l'Etat. Alors vient la peur. Quelqu'un les aide, une Source anonyme qui le restera pour tous, sauf pour Woodward. Le fameux Gorge Profonde, appelé ainsi "parce qu'il nage en eaux profondes". Une source fiable, nichée au cœur même du renseignement américain. Qui donne rendez-vous à Woodward à deux heures du matin dans un parking désert. Scènes terrifiantes, sur lesquelles plane une menace, terreur insaisissable et silencieuse. Gorge Profonde est un "guide" de l'ombre saisissant de présence. Il "aiguille" le journaliste. Il ne livre ni noms, ni dossiers. Mais il parle, tel un oracle :

"Oubliez le mythe créé par les médias autour de la Maison Blanche, dit-il. La vérité est qu'on n'y trouve pas de cerveaux, ils ont été dépassés."
"Suivez l'argent", répète-t-il obstinément.

Woodward et Bernstein repartent à la chasse, frappent aux portes, ne croisent que des visages fermés, des bouches qu'on a fait taire. Une femme leur dit qu'elle appellera, "peut-être, je ne sais pas". Le courage est dans ce balancement, cet instant où l'être vacille entre sa propre survie et sa conscience. Que choisir ? Nul ne peut le savoir avant l'instant où la question lui est posée. Les deux journalistes ne lâchent pas leurs proies, insistent, mettent le pied dans la porte, sondent l'adversaire, rusent, s'il le faut.

Berstein est le charme et l'intuition, Woodward a la froide logique du tueur, qui sait attendre l'instant propice pour porter le coup fatal.
Woodward retourne vers son homme de l'ombre :

"Je n'aime pas les journaux, lâche l'Oracle. Je n'aime ni l'inexactitude ni la superficialité. Vous ne sentez pas où tout ça vous mène ?"


Woodward ne le sent que trop, et il tremble. Leurs carrières et leurs vies sont en danger. Les mots frappés sur leurs machines à écrire crépitent comme autant de mitraillettes, tandis que jaillissent les hourrah de la réélection de Nixon.

J'espère vous avoir donné envie de voir ce film, qui est magistral, mais surtout et d'abord palpitant. L'intérêt ne faiblit jamais. Alan Pakula et Robert Redford ont réussi leur pari : ne pas abandonner un pouce de vérité, montrer la lutte harrassante d'une enquête où l'espoir luit faiblement, ne jamais céder à la facilité, tout en maintenant le spectateur dans un suspense haletant. C'est David contre Goliath, "Woodstein" contre les forces réunies du renseignement américain, de la justice et du pouvoir. L'inégalité des forces est magnifiquement traduite dans l'esthétique du film, comme l'explique le réalisateur :

" On y voit des plans d'énormes bâtiments de pierre qui dominent les personnages. On sent l'immense force qui leur fait obstacle. L'énormité du corps-même de l'Etat. Et nos fantasmes qui y sont liés. Et contre ça, il y a ces petites cartes, ces brouillons, qui, assemblés, vont fendre ces murs, et forcer à l'effritement des parties de cette force."


Que ce film ressorte aujourd'hui en DVD, assorti de bonus de grande qualité, où s'expriment des journalistes très inquiets pour la liberté de la presse dans l'Amérique d'aujourd'hui et pour le journalisme d'investigation en particulier, n'a rien d'un hasard... Se pose par exemple l'intéressant problème des "sources anonymes", sans lesquelles le journalisme d'investigation n'existerait pas, et se réduirait, apprend-on, "à des communiqués de presse". Gorge Profonde a pu taire son identité durant 34 ans... avant de révéler, à 91 ans, son identité : il s'agissait de Mark Felt, adjoint du directeur du FBI au moment des faits... à l'époque, bien sûr, Woodward et Bernstein ont été sommés de donner l'identité de leur "Source", mais ils ont été couverts par leur rédacteur en chef, Ben Bradlee et par la directrice du Post, Katharine Graham, qui avait même averti la justice que s'ils voulaient jeter quelqu'un en prison, ils n'avaient qu'à l'y jeter elle... Dans les bonus, tous les interviewés sont formels : les temps ont bien changé, comme le souligne Jonathan Alter, éditeur en chef du magazine Newsweek :

" Si le Watergate se produisait aujourd'hui, je suis certain que Woodward et Bernstein seraient cités à comparaître devant un jury d'accusation fédéral investigant sur l'affaire, et contraints de révéler leurs sources. [...] Ils seraient allés en prison pour protéger Gorge Profonde, ils auraient perdu leur emploi, et ce scandale n'aurait jamais éclaté au grand jour. [... ] C'est effrayant."

Je dirais que ça fait froid dans le dos ! C'est d'ailleurs le sort qui a été réservé récemment à la journaliste Judith Miller, du New York Times, envoyée en prison pour avoir refusé de révéler l'identité d'un informateur... "C'est pour ça que cette période fait peur aux journalistes, ajoute Jonathan Alter. Il s'agit d'une situation où tout le système des sources anonymes est pris d'assaut."
Et comme on l'a vu, si on ne permet plus aux journalistes d'utiliser des sources anonymes, comme l'énorme majorité des gens détenant des informations ne parlent que si leur identité est protégée, ce n'est rien de moins que la persistance du journalisme d'investigation qui est en jeu. Un enjeu de taille, car voulons-nous nous contenter de dépêches AFP ? De course à l'info ressemblant à une course à l'échalotte où tous les journalistes auraient les mains liées ?
Ce qui nous conduit à l'autre problème central : l'argent, ce nerf de la guerre du journalisme d'investigation. "Follow the money", disait Felt. Berstein et Woodward, à l'époque, mobilisèrent sans compter leur temps et leur énergie, mais sans le support courageux et l'argent des éditeurs et de la propriétaire du Washington Post, ils n'auraient jamais eu les moyens de mener leur enquête à son terme. Aujourd'hui, les journaux et les chaînes de télévision appartiennent à de grandes corporations, lesquelles sont avalées par d'autres encore plus grosses, et ainsi de suite : toujours plus gros, et qui dit gros implique certaines connexions avec le Pouvoir en place, et des pressions plus importantes exercées sur l'information... Seules cinq ou six associations, sur le sol américain, sont prêtes à investir dans cette forme exigeante de journalisme. Les actionnaires, c'est bien connu, détestent les risques, et quoi de plus risqué que cette longue pêche à la ligne de la vérité, patiente et obstinée, des années durant, avec le risque de rentrer bredouilles ? L'image de la presse elle-même a changé. La surcharge d'info venue des centaines de chaînes du câble et d'internet a brouillé les pistes entre le scoop et la rumeur fabriquée. Quant aux journalistes, beaucoup se sont discrédités par leurs erreurs, leur proximité avec les politiques, ou tout simplement leur trop grande tranquillité. "Ce sont des stars, des hommes d'affaires trop installés, trop soucieux de leur situation financière pour prendre le risque de chercher et de dire la vérité", constate Peter Schweizer, un auteur. Mais cette crise du journalisme aura un coût exorbitant pour tout le monde :

Bernstein, interviewé en 2005, rappelle que "lorsque les institutions échouent, la presse est l'ultime recours." Quand la crédibilité de la presse est remise en question, soit du fait de ses erreurs et de ses compromissions avec le pouvoir, soit parce qu'on sabote ses moyens d'action, c'est la démocratie tout entière qui devient fragile. Elle l'était du temps du Watergate. Le courage de journalistes franc-tireurs comme Woodward et Bernstein, qui s'apparentait à une véritable RÉSISTANCE, a contribué à sauver un temps le système, en rétablissant un peu de transparence dans l'Etat. Cette période a pris fin, de nombreuses voix dans la presse ou les médias américains en font le constat avec inquiétude.

Pour nous emmener vers mon quatrième film (ça s'appelle : mettre du liant), je vais citer Walter Cronkite, de CBS News :

" Il faudrait passer et repasser Les hommes du Président dans les écoles de journalisme... Pour que chaque journaliste soit conscient qu'on a un rôle important à jouer dans la survie de cette république, cette démocratie. Elle ne peut vivre sans ce souci du détail, et sans le désir et le courage d'enquêter sur les faits pour que les gens sachent et qu'ils puissent agir en toute conséquence de cause, et non par rapport aux déclarations des hommes politiques."

Le courage. Il en est question, plus que jamais, dans "Good Night, and good luck", le dernier film de Georges Clooney. Oui, Georges Clooney, l'acteur. Il tourne aussi, et vient de signer un très beau film, qui se passe au temps de Mac Carthy, le sénateur du Wisconsin. Reculons encore dans le temps, avant l'assassinat de Bob Kennedy, de Luther King, de John Fitzgerald Kennedy... Là, arrêtons nous. Nous sommes dans les années cinquante, en 1953 pour être exacte, dans les bureaux de CBS News, justement. C'est l'aube du journalisme télévisé. Sur CBS, le présentateur vedette s'appelle Edward R Murrow. Il est élégant jusqu'au bout de sa cigarette, et présente chaque soir un "show" qui enthousiasme le public américain : il traite de sujets d'actualité, de sujets qu'on dirait "people", ou de sujets plus sérieux. Il termine chaque émission sur cette phrase : "Good Night, and good luck."
De la chance, il en faut, à cette époque où le sénateur Mac Carthy s'est auto-institué grand Inquisiteur de l'Amérique, Salomon implacable tranchant sans merci dans la chair vive du pays pour en extirper "les sympathies commmunistes". Jusqu'ici, Murrow ne s'est pas frotté à Mac Carthy. Du reste, chacun évite de s'y frotter. La suspicion s'étend, jour après jour, sur le pays entier, comme un poison renversé sur le sol d'une patinoire. Des gens comparaissent devant la "Commission des Affaires anti-américaines", (dirigée par Mac Carthy de 1950 à 1954), mais le commun des mortels détourne le regard de ces victimes expiatoires de la guerre froide, en espérant ne pas se retrouver montré du doigt. Les accusés sont jugés sans savoir de quoi ils sont précisément accusés, sans être confrontés à leurs "accusateurs" ; le plus souvent d'autres victimes qui ont sauvé leur peau en dénonçant, en lâchant des noms. La rumeur suffit. Elle suffit à inculper, à accuser, à condamner. Vous n'êtes pas un bon Américain. Peu à peu, toutes les institutions américaines sont "épurées", les médias, les écoles, et jusqu'aux crèches...
Ed Murrow n'est pas un idéaliste, bien qu'il ait animé les émissions de la BBC durant la guerre de 40. Mais un incident va le forcer à sortir de son quant à soi : c'est, comme on dit, la petite goutte qui fait déborder le vase. Un jeune pilote de l'armée, Milo Radulovich, est renvoyé de l'armée du jour au lendemain sous prétexte qu'il "représente un danger pour la nation". Le chef d'accusation restera dans une enveloppe scellée. Le garçon est déclaré coupable sans procès, et on le somme, en plus, de dénoncer son père et sa sœur, ce qu'il refuse.
Cette étincelle d'injustice, qui n'est pas plus vive que tant d'autres, mais arrive au bon endroit au bon moment, va mettre le feu aux poudres de l'équipe de Murrow, ces pionniers de la télévision, et bientôt de la chaîne CBS toute entière. S'ensuivra une enquête serrée, appuyée sur les propres paroles du sénateur du Wisconsin, suffisant à mettre en danger tous les journalistes de la chaîne qui se retrouvent aussitôt dans "le collimateur" de Mac Carthy, et un duel serré entre Murrow et le sénateur. Encore un "thriller politique", un huis-clos, qui-plus-est, puisqu'il se déroule presque entièrement dans les studios de CBS, où l'angoisse du direct se fait palpable dans l'air et sur les visages crispés de Murrow et de ses complices. Ces hommes sont des héros, mais ne se voient jamais ainsi. Ils ont peur pour leur carrière, pour leur réputation, pour leur vie.
Leur courage n'est jamais une chose acquise, il se décide dans ce basculement d'un instant dont je parlais tout à l'heure pour le film de Pakula. Ce basculement est capital, qui fait sortir l'homme de sa sécurité illusoire pour le plonger dans la mêlée. Cette bataille seule brisera le cercle de la peur. Cette peur que rien n'arrête, qui devient paranoïa, contagion, et dont les puissants prétendent toujours nous protéger en nous privant de nos libertés civiques...


Maintenant, je vais citer une journaliste américaine, Ellen Ellerbee, car ses mots d'aujourd'hui n'auraient pas été déplacés, jadis, dans la bouche d'Ed Murrow:

" La plupart des médias, aujourd'hui, s'autocensurent. Ils ne couvrent pas les affaires qui, selon eux, n'attireront pas leurs lecteurs, ou leurs spectateurs, surtout la télévision. La télévision s'efforce de ne pas déranger les gens, pour faire de l'audience."

L'histoire du duel homérique entre Ed Murrow et le sénateur Mac Carthy rappelle que la télévision a su, en des périodes précises, être autre chose qu'un média de pur divertissement. Parfois, il est bon de regarder en arrière et de se rappeler que David a gagné contre Goliath. On ne dit pas que c'est facile, bien au contraire : on dit juste que c'est possible ! Eh puis... on parle ici des inquiétudes fondées du journalisme américain pour son avenir, mais n'oublions pas que tous les maux qui frappent l'Amérique ont une tendance naturelle à nous toucher dans la foulée avec le décalage qui sépare l'impact de la balle de sa détonation, quand ce n'est pas DEJÀ fait.

A présent, comme il se fait tard, je vais vous laisser, en espérant vous avoir donné envie de voir ces quatre films qui sont avant tout des histoires dont le suspense est tendu à se rompre... et, juste pour terminer sur une petite note d'humour, puisque nous sommes à quelques mois, en France, de la présidentielle... voici les mots que ce cher président Nixon adressait à ses plus jeunes électeurs, le soir de sa réélection à la présidence des Etats-Unis :

" Que de jeunes et sympathiques visages ! Que d'enthousiasme, d'idéalisme et de labeur ! Vous votez pour la première fois, et dans plusieurs années, j'espère que vous penserez avoir bien voté. Merci."

Ok, mon humour est un peu noir ! Je l'admets. Bonne nuit à tous, Good night, and... good luck.

Gaëlle

44 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ajouterais à ta liste le très drôle "Des hommes d'influence", avec Dustin Hoffman et De Niro, où quand un président américain demande à ses conseillers de faire croire à une invasion militaire lointaine pour détourner l'attention du public de ses aventures extra-conjugales... J'avais été très agréablement surprise par ce film lorsqu'il était passé sur Arte l'an dernier!

Anonyme a dit…

Hello Gaëlle,

Encore un article bien fouillé, on dirait ! Je ne l'ai pour l'instant lu qu'en diagonale, je le ferais plus attentivement plus tard aujourd'hui, je me ménagerai une petite bulle de temps rien que pour çà.
Des films dont tu parles, je n'ai vu que "les hommes du président", et plusieurs fois encore! Je ne m'en lasse pas. C'est un film qui me réconcilie avec l'Amérique.
Les trois autres, je finirais bien par les voir un jour, je me fais confiance !
;o)

Pour Kennedy, Martin Luther King et Neil Armstrong, je naviguais dans les limbes de l'inexistence, pas même dans l'imagination de mes parents...
Pour le mur de Berlin, j'étais au lycée. En fait, c'est un peu flou parce que forcément, il n'y avait pas de radio ou de télé en marche pendant les cours. Je me souviens très bien en revanche avoir regardé tout ce que je pouvais à la télé, les larmes aux yeux. J'avais été à Berlin moins de deux ans avant, notre guide nous avait longuement parlé de l'histoire du Mur, avait même projeté un petit film sur sa construction. Je me souviens de l'ambiance de cette ville, en bref, j'étais avec les Berlinois en ces jours de liesse ! Ensuite, je suis devenue incollable sur les répercussions dans les pays de l'Est de cet événement majeur, les noms des présidents, les dates, etc... j'ai tout oublié depuis, sauf la joie que j'ai ressentie à l'annonce de la chute du Mur.

Pour le Tsunami, je devais être bien au chaud et sans moyens d'info en marche, encore... mais j'avoue ne pas avoir forcément été très touchée par cette catastrophe.

Pour les tours... j'étais au téléphone avec un potentiel employeur, demandant des précisions sur le poste proposé afin de savoir si ça valait le coup d'envoyer ma candidature. La télé était allumée, j'avais fixé mon choix sur un téléfilm de série Z qui me permettrait de suivre l'histoire tout en faisant mes recherches d'emploi.
J'avais coupé le son de la télé pour passer mon coup de fil.
Je me souviens très bien avoir pensé "tiens, je me souvenais pas qu'il y avait un flash info à cette heure sur cette chaîne ?"
Puis, l'oreille occupée par la musique d'attente d'un standard en voyant des images des tours prises de très haut, un brin désabusée et irritée :
"hé ben, ENCORE un film catastrophe où des méchants envahisseurs de la si magnifique Amérique dégomment New York! ça doit au moins être la centième fois que le truc est utilisé... bon, pour une fois, ils ont pas niqué l'Empire State Building ou la Maison Blanche, c'est déjà çà !"
Après ma conversation téléphonique, je me rends compte que tout de même, y a un truc qui cloche... je remet le son au moment où le second avion s'emplafonne dans la deuxième tour... et là l'horreur de ce qui se passe, mon erreur monumentale fulgure dans mon neurone et je m'exclame :
"Putain, c'est pas une bande annonce..."
Une fois encore, la réalité dépassait la fiction...

Gaëlle a dit…

A Lisa : merci de rajouter ce film à ma liste, il est irrésistible, et décapant ! De Niro et Dustin Hoffman y cabotinent pour le plus grand plaisir du spectateur...
Pour ma part je rajouterais à la liste, par exemple, "Ennemi d'Etat", avec Will Smith et Gene Hackman : où comment un avocat honnête devient bien malgré lui la cible du pouvoir américain, et devient paranoïaque, pour sauver sa peau et rétablir son honneur. Un excellent thriller, et après l'avoir vu, on a tendance à regarder avec méfiance son téléphone portable et sa boîte emails !

Merci la Trollette, ton message est très BEAU. Tout simplement. Tu viens d'exprimer très justement ce que j'ai ressenti, le 11 septembre 2001. Sans parler de l'effondrement du mur de Berlin, que j'ai suivi en direct à la télé, les larmes aux yeux. Oui, parfois, la réalité dépasse la fiction.

Gaëlle a dit…

A tous : vous pouvez constater que malgré toutes mes résolutions, je n'ai pas DU TOUT réussi à faire court, cette fois encore. Je m'en excuse par avance, et j'espère que vous viendrez sans peine à bout de ce billet fleuve...

Wictoriane a dit…

Un article qui se lit d'une traite et qui me donne l'occasion de te remercier de fouiller pour nous les années passées. Les films, quand ils sont bien ficelés : bon scénario, bons acteurs et réalisateur, sont une manne d'informations pour ceux qui n'ont pas vécu les choses. Je me souviens des Tours, plus que du tsunami. J'étais au boulot et il y a la télé. Ecran géant. Un collègue m'a appelé pour voir "un truc incroyable !". J'ai vu et comme "la trollette", j'ai cru à un film "catastrophe". Pendant les 1ères secondes, j'ignorai alors qu'il y avait encore du monde dans les tours, puis j'ai compris. J'ai eu envie de pleurer !
Bonne journée Gaelle

Wictoriane a dit…

Tiens Gaelle, nous venons de nous croiser dans le "café littéraire", oui je suis venue au bout du fleuve de tes mots :)

Gaëlle a dit…

MERCI Wictoria d'être une lectrice si fidèle de mes billets fleuve ! Oui, ces gens qui étaient encore dans les tours, ces gens qui ont préféré se jeter dans le vide, ce sont des images qui aujourd'hui encore donnent envie de pleurer. Et j'ai appris, dans le "Elle" de cette semaine, que la liste des victimes n'en finit pas de croître : maintenant il y a les conséquences de "Ground Zero" sur la santé des sauveteurs, des survivants. Certains ne peuvent plus respirer qu'en chambre stérile, d'autres sont morts, d'autres "toussent du gravier". Là encore, on n'a pas fini de pleurer...

Anonyme a dit…

Excellent billet! Des films que j'auraient aimé visionner, mais chaque fois qu'ils sont passés à la télé, j'ai eu un "truc super urgent" à faire. Où étais-je lors de l'assassinat de JFK, MLK... même pas une étincelle dans l'imagination de mes parents. Par contre j'étais au collège lors dela chute du Mur. Mais ce dont je me souviens le plus, à la même époque, c'est la révolution roumaine et l'éxécution des époux tyrans. Pour les tours, moi aussi je regardais vaguement la télé au moment où le flash info est apparu. J'ai eu alors un sentiment d'irréalité. ma tante habite NY, et même si je savais qu'elle n'était pas sur les lieux, ça m'a fait une sorte de choc, j'étais "transfixed" devant l'écran. Je crois bien avoir mis 5 bonnes minutes avant d'appeler mes proches pour leur communiquer la nouvelle. POur le tsunami, j'étais en Belgique. Ca m'a paru très loin.
Pour ce qui est du rôle des journalistes en relation avec la démocratie, souvenons-nous qu'au XIX siècle, l'un des combats des démocrates était la suppression du droit qu'il fallait payer pour pouvoir publier un journal...

Holly Golightly a dit…

Ma chère Gaëlle,
Un billet enflammé et solidement documenté, écrit avec les tripes, comme toujours, qui me rend sensible à ce qui, ma foi, m'indiffère la plupart du temps: la marche du monde.
Sans vouloir paraître cynique, je cite souvent cette phrase de Hume : «Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à une égratignure à mon doigt.» Derrière la provocation du philosophe, il y a cette vérité que rien ne nous empêche de dormir, au final... Il faut être honnêtes envers nous-mêmes.

[Je n'avais pas deviné les autres films.]

Holly Golightly a dit…

Et je n'ai, d'une manière générale, aucune confiance dans le travail des journalistes qui, trop souvent, sont des irresponsables, qui parlent avoir de connaître les tenants et les aboutissants d'un fait.

Gaëlle a dit…

Merci Choupynette, et moi je lis avec beaucoup d'attention vos contributions, parce qu'elles disent des émotions précises et des répercussions affectives réelles et concrètes, déclenchées par ces événements où l'on sentait, qu'on le veuille où non, passer le vent de l'histoire. Et MERCI de l'information sur le combat des Démocrates au XIXème... que n'ont-ils eu gain de cause !

A Holly : la citation de Hume est très belle, mais je suis quand même heureuse de t'avoir détournée un instant de ta distance philophique pour te rendre "sensible à la marche du monde"... C'est marrant, tu penses à peu près des journalistes ce qu'en pensait "Deep Throat" (et moi, en général !) :
"Je n'aime pas les journaux. Je n'aime ni l'inexactitude ni la superficialité." Et pourtant, il a accordé une confiance totale à celui qu'il avait en face de lui, et à mon sens, il n'a pas eu tort ! Je ne suis pas souvent tendre envers les journalistes.... Mais certaines choses, parfois, comme ce film et les bonus qui l'accompagnent, m'aident à comprendre la profonde difficulté où ils sont, et comment mille circonstances se liguent aujourd'hui pour scier la branche où ils tentent de bien faire leur métier. Tout n'est pas de leur faute... A vrai dire, une affaire comme le Watergate montre ce que le journaliste devrait toujours être dans un monde idéal... mais peut-on exiger tant de courage de la part d'individus aussi humains et peureux que nous ? Et surtout, qui financera et soutiendra ce courage pour ne pas qu'il faiblisse devant le pouvoir, ou pourrisse en prison ?

P.S. : Tu n'avais pas trouvé "All the président's men" ?... Je n'arrive pas à y croire ! Ce film est une PURE MERVEILLE.

Gaëlle a dit…

A Holly toujours : en même temps, on est d'accord, certains journalistes n'ont pas spécialement envie de se donner la peine de vérifier l'information, ou de prendre la moindre distance par rapport à un événement. Comme dans tous les domaines, on trouve ici des pleutres et des téméraires, des gens intègres et des filous notoires, des cultivés et de ignares, des mondains que le pouvoir ensorcelle... c'est certainement pour cette raison que des héros de la trempe de Murrow, Woodward et Berstein, ou bien Albert Londres (dont l'œuvre a été fraîchement rééditée) chez nous, ressortent du placard ! Notre époque a un besoin désespéré de héros qui redonneraient au journalisme ses lettres de noblesse. Avis aux gens du métier. Il est temps ! Prenez sous le bras votre courage et votre peur, et battez-vous contre les abus de pouvoir, la manipulation de l'information, le rapt insidieux des libertés les plus essentielles du citoyen. On vous espère. On vous attend.

Holly Golightly a dit…

Ma chère Gaëlle, je n'ai pas (encore) vu "All the président's men" ! J'avoue ma totale ignorance sur ce point ! Mais je vais la combler sans faute.
Le problème des journalistes est la vitesse. Il faut prendre de cours le concurrent ou avancer au coude-à-coude. Ce n'est pas la vérité qui importe, mais le truc poisseux, sanglant, scandaleux, qui va faire mouiller et jouir les spectateurs du 20 heures. Je suis un peu moins sévère avec la presse écrite, mais elle a l'avantage d'avoir un petit plus de recul.
Prenons un exemple : la vache folle ou la grippe aviaire. Pour la plupart, les journalistes n'ont pas de formation scientifique et racontent n'importe quoi. Ils font alors appel aux margoulins qui aiment montrer leur bobine et qui vont assurer le spectacle ! Entre une personne posée et sérieuse et quelqu'un qui va délivrer des propos alarmistes, qui vont-il choisir ?
Ce serait drôle, à se tordre de rire, si ce n'était pas possiblement tragique. A les entendre, on risquait tous de crever dans la seconde. Se soucient-ils du tort qu'ils causent sans raison ?
C'est encore pire dans les affaires criminelles. L'affaire Grégory est un exemple qui stigmatise tous ces dérapages honteux. Il y a mille exemples. Et ces exemples-là entachent à jamais le travail de gens qui ont la conscience de leur rôle.
Des journalistes de la trempe de ceux que tu cites, je n'en connais pas. Je pense que le système les broie assez rapidement.
Ce qui prime, dans ce monde, c'est la monnaie et les relations de pouvoir.
Compromis est le mot, je crois, que l'on emploie pudiquement.
Le journalisme littéraire, qui ne traite pas de faits vitaux, est un merdier, une fricassée de copains qui se renvoient l'ascenseur toute la journée, qui critiquent des livres qu'ils n'ont pas lus (rien de plus facile à faire), pour faire plaisir à l'éditeur, qui achètera de la pub dans leur canard ou qui leur fera une gâterie. Je n'ose même pas imaginer ce qui se passe au sein du journalisme qui se consacre à l'information, sujet ô combien sensible.
Je préférerais me faire couper le petit doigt dont parle Hume plutôt que de regarder le 20 heures ou un journal télévisé.
J'ai consciente que je verse dans le pessimisme le plus absolu, voire la caricature, mais j'aimerais beaucoup que l'on me démontre mon erreur.
Ton billet m'a donné de l'adrénaline parce qu'il m'a obligée à réfléchir à ce sujet auquel je ne pense pas assez.
Merci pour cela et pour tout le reste.

Anonyme a dit…

Petite précision par rapport à mon commentaire: il s'agissait du droit de timbre, qui était fixé suivant le nombre de pages du journal en question. Ce qui limitait bien évidemment la quantité d'infos pouvant être insérée.
http://www.linternaute.com/histoire/motcle/1333/a/1/1/liberte_de_la_presse.shtml une adresse intéressante, et concise sur le sujet.

marie.l a dit…

je venais d'être majeure (la majorité n'était pas encore à 18 ans) lorsque le Président Kennedy a été assassiné. Un choc sans nom ! je me souviens avoir été entourée d'ami(e)s et ce fut l'abattement total... Je me souviens avoir été toute seule à prendre en plein coeur les événements du 11 septembre 2001. Des moments tragiques et bien d'autres qu'on ne peut effacer de sa mémoire.
Beau travail Gaëlle, mais qui pourrait en douter !

Gaëlle a dit…

Holly, te donner de l'adrénaline n'était pas mon but quand même... je vois que tu ne fais pas de cadeaux aux journalistes... mais cette vitesse dont tu parles, cette concurrence féroce entre les journaux, est à la fois leur défaut et parfois (pas souvent, ok !) une qualité, comme dans ce film que donc tu n'as pas vu (hé hé, pour une fois que j'ai vu un film que tu n'as pas vu et pas l'inverse !), lorsqu'il devient une ÉMULATION, une course de fond qui dure des mois,des années, un dépassement de soi au service d'une enquête.
Si des journalistes comme Bernstein ou Woodward ont existé, c'est que ça existe. Il y a quand même des journalistes qui se font buter à droite à gauche dans le monde pour avoir tenté d'approcher de plus près une vérité mouvante et dangereuse... Mais le problème essentiel de ceux-là, c'est le FINANCEMENT, la protection de leurs rédacteurs en chef. Et cette fichue audience télé qui baisse dès qu'on parle de trucs "assommants" comme un massacre dans un lointain pays d'Afrique, ou un soulèvement politique dans une contrée au nom imprononçable. Alors on préfère parler de la dernière petite phrase de M. Machin qui ne l'a pas envoyé dire à Truc et en a profité pour porter un coup qu'il espère fatal à Bidule, lequel est très occupé à pérorer sur une autre chaîne.
Pour ce qui est du journalisme littéraire... je ne serai pas aussi dure, même si c'est sûr, on a du mal à ne pas se heurter au copinage et au renvoi d'ascenseur. Il n'empêche que je lis aussi des papiers qui me donnent envie de lire tel ou tel bouquin. Mais je me méfie beaucoup des effets de manche de la rentrée scolaire, et tout spécialement de la course aux prix qui truque tout le jeu. Je préfère de loin vagabonder en librairie et me fier à mon instinct.

Pour finir, Berstein dit que si les journalistes étaient TOUS des gens responsables et conscients de leur mission de "contre-pouvoir", il ne devrait pas y avoir de différence entre journalisme d'investigation, et journalisme tout court... hélas pour nous tous, la différence persiste, et elle se mesure au vide cosmique que nous proposent bien des reportages de J.T, par ex, en guise d'information. On reproche bien des choses à Daniel Schneidermann, mais moi j'aime bien "Arrêt sur Images", car c'est une émission qui pointe inlassablement du doigt cette constante "inattention aux détails" de l'info à la télé, cette "quête hâtive du scoop qui chasse l'autre" qu'il faut dénoncer bien fort, car elle n'est que paresse, inconsistance, travail d'amateur. Holly, non seulement je te conseille "Les hommes du président" mais aussi "Good Night and good luck" : ce que disait Ed Murrow sur l'information à la télé devrait être placardé dans toutes les salles de rédaction.

Gaëlle a dit…

Merci Choupynette pour la précision de l'info (très en accord avec le thème de mon billet ! ) et pour le lien. Très bonne journée...

Il est très beau ton message, Mariel, et je suis d'autant plus touchée que jusqu'ici aucun commentaire n'émanait d'une personne ayant VÉCU le choc de la mort de Kennedy. Un choc que je n'ai expérimenté que dans la pensée, et un peu aussi quand même grâce au film d'Oliver Stone, qui le rend spectaculairement au spectateur et en restitue l'impact, à des années de distance. Parfois, je me demande pourquoi les gens que j'aime (même s'ils n'étaient pas des saints, mais des gens qui ont eu le courage d'aller contre le sens de la marée, de choisir la voie la plus escarpée, à certains moments de l'histoire où le reste du monde optait massivement pour le camp de la fermeture et de la haine) se sont fait si FACILEMENT assassiner : JFK, Bob Kennedy, Luther King, Gandhi, Itzak Rabin, etc, etc... alors que l'attentat contre Hitler, par exemple, a si lamentablement échoué ! Cela me pose question. Sans doute parce que les Ogres de ce monde sont tellement paranoïaques qu'ils sont toujours en état de veille, tandis que ceux qui prônent l'ouverture et le dialogue ne peuvent pas décemment arriver bardés de gilets pare-balles et de gardes du corps. Mais ça me désole qu'on abrège si vite la trajectoire des gens intéressants, quand tant de dictateurs et de massacreurs meurent dans leur lit à un âge avancé, sans même avoir répondu de leurs crimes devant un tribunal.
Enfin je m'égare... merci encore pour ton beau témoignage, Mariel !

Anonyme a dit…

La guerre en Irak a sans doute été le coup de grâce porté à une part de rêve américain tout autour de la planète. Ene effet, cet affaire du Watergate était souvent citée pour rappeler que les Etats Unis était impéraliste, militrariste ... tout ce qu'on voulait mais que seul une vraie démocratie pouvait laisser passer la révélation par des journalistes d'un Watergate.

Aujourd'hui, le point de comparaison, c'est le scandale des armes de destruction massive soit disant détenues par l'Irak. C'est la démonstration mensongère de Colin Powell devant les Nations Unies (un jour d'humiliation pour un homme par ailleurs respectable). Les journalistes sont rentrés dans le rang, faute de temps, faute d'indépendance. Ils semblent cependant un peu se réveiller.

Avons nous pour autant des leçons à leur donner ? Ce que j'aime chez les Américains, c'est qu'ils n'ont pas besoin de nous pour s'adresser les critiques les plus violentes, les remises en cause les plus farouches. Vous voulez des exemples: Gaëlle pourrait vous faire un billet sur le sujet à travers quelques séries télé bien choisies (Oz, 6 feet under, Profit, 100 Center Sreet...) Seul problème: cette lucidité de certains est à la mesure de l'aveuglement des autres...

Gaëlle a dit…

Merci Tubinap pour ce commentaire avec lequel je suis entièrement d'accord, et pour ces parallèles précis que tu établis avec la crise qui secoue l'Amérique d'aujourd'hui, celle-là même qui fait ressortir les fantômes du passé, les tristes sires comme Nixon ou Mac Carthy.
Et... OUI, les Américains, comme ces films vous le prouveront j'espère, s'occupent très bien de leur autocritique, bien mieux que nous ne pourrions jamais le faire... d'autant que les meilleurs critiques, je crois, sont celles qui émanent de l'intérieur-même d'un pays, ou d'un système. Mark Felt, alias Deep Throat, fut le bras droit de Hoover, et voyez ce qu'il pensait du "mythe" de la Maison Blanche... Ces Américains qu'on aime tant sermonner ou réduire à une bande de ploucs ou de fous dangereux furent les premiers à donner le droit de vote aux femmes, près d'un siècle avant la France. Et cette décision ne partit pas de New York, mais du fin fond de ces Etats de l'Amérique profonde qu'on a tendance à penser peuplés de simples d'esprit ayant toujours une carabine à proximité, au cas où...

Quant à écrire un billet sur mes séries américaines préférées, que tu connais bien, même si la liste est non exhaustive !... pourquoi pas ?

Anonyme a dit…

Parfait, je me prépare à mes 15 pages habituelles.

Gaëlle a dit…

Ouhlà, 15 pages ! Tu es sûr que c'est une bonne idée de révéler une chose aussi effrayante ? Tu fiches la trouille à tous ceux qui atterrissent là par hasard et repartent aussi sec rien qu'en lisant ce qui les attend ! et 2) Je ne vais pas l'écrire tout de suite, le billet sur les séries... je ne suis pas capable de tenir des cadences infernales, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. Je suis de l'espèce tortue. Ce n'est pas un choix, c'est un état. Je fais avec. Donc, à bientôt, et patience...

Anonyme a dit…

coucou Gaelle, me revoilou !
Un article fouillé que j'ai lu qu'en diago aussi, faute de temps, juste je passe un ptit bonjour !
Moi j'ai un truc incroyable dans ma mémoire, parce qu'en fait je n'avais que 4 ans et demi.
Ben je me souviens encore cet été là, où mes grands parents paternels et mes parents, ainsi que des cousins voisins, étaient tous en haleine autour du poste de radio, dehors, parce que yavait pas la télé, pour le premier pas sur la lune. Et moi j'étais là. sans doute j'ai rien compris, mais il se passait un truc important. c'est l'ambiance dont je me souviens.
Par contre j'ai pas été marquée par Kennedy ni Luther King, enfin si, mais bien plus tard....

Je te bisoute tout fort, ainsi que mes potes qui passent par ici !

Anonyme a dit…

Epi aussi, pour le 11 septembre, j'ai entendu un flash info radio en rentrant du boulot je venais d'aller chercher les enfants à l'école...
Et je crois bien que dans ma tête j'arrivais pas à le croire.
c'est qu'en arrivant à la maison aussitot on a allumé la télé et qu'on a vu les images, sacré choc.

Ptet bien que mes enfants se souviendront que de "l'ambiance", comme moi pour Neil Armstrong...
J'ai pleuré.

Fo dire que je commençais ma dépression aussi. Ptet ça y a contribué un peu aussi d'ailleurs...

biz

Gaëlle a dit…

Coucou Free !! tu me manquais, je l'avoue. Où étais-tu passée ? J'aime bien ton souvenir de tes 4 ans et demi. Cette ambiance si particulière, oui, c'est bien ça, quand quelque chose d'incroyable débarque à la télé.
Gros bisous à toi aussi, et repasse quand tu veux ! Le manque de temps, je connais. Je ne connais que ça, même...

Gaëlle a dit…

Je n'avais pas vu ton autre message... moi aussi j'ai vécu ce sentiment d'irréalité devant ces images. Et puis après, j'ai vu le superbe et terrible documentaire de Jules et Gédéon Naudet, et là, j'ai pleuré à chaudes larmes.

Anonyme a dit…

Roh, merki ma douce, vous m'avez manqué aussi, mes bloggeurs préférés. j'étais pas bien loin, mais bon, quelques soucis de santé pour mon mari suite à l'opération, des ptits sauts de puces voyagesques après, epi squattage des pc par les enfants, et début septembre rentrée mouvementée, et vala, pfuit, le temps s'enfuit !
mais ça m'empêche pas de penser à vous !

et à toi Gaelle. Je sais pas où tu trouves le temps de faire ces superbes études...

Bisouuus

Anonyme a dit…

C'est vrai que ça fait du bien de réfléchir un peu...
J'ai vu les tours s'effondrer sous mes yeux ébahis, ainsi que ceux de mes camarades de boulot massés devant l'écran du hall au bureau, qui diffusait habituellement les derniers clips de MCM.
J'ai rarement ressenti avec autant d'acuité cette expression "Ne pas en croire ses yeux".
Idem pour le tsunami, qui avait un arrière-goût de gueule de bois Noëlesque.
Et là où pour moi, la réalité a dépassé la fiction, c'est quand j'ai entendu quelqu'un dire "ça fera toujours ça de moins de Musulmans".
J'aurais aimé avoir moins d'estime pour cette personne. Bon, j'en ai beaucoup moins maintenant. J'ai forcément réagi, mais elle n'a pas compris pourquoi j'étais choquée.
ça fait partie de ces moments où je ne comprends pas les gens. ça dépasse mon entendement, même si je me force.
J'ai beaucoup aimé JFK, un peu moins The assassination of R. Nixon, je crois que la chute du personnage central (dans la lucidité, comme tu l'analyses très bien) m'a trop secouée.

Et alors je rêve de voir les hommes du président, donc je vais foncer acheter le DVD.

Comme tubinap le disait, les américains n'ont besoin de personne pour laver devant leur porte, et ça c'est bien. Cela leur évite de surcroît de se faire éreinter par d'autres peut-être moins bien placés pour le faire.
Le journalisme d'investigation se perd ?
J'ai l'impression que la surabondance des sources d'informations étouffe les vraies infos, et biaise notre oeil, de sorte qu'on regarde là où on nous dit de le faire.
Le journal de 20h, la "grand messe", j'aime bien cette expression, elle exprime bien tout ce qu'il y a de rites et d'inattendu. Avec les itw tellements passionantes du voisin qui a vu celui qui a entendu... Avec les images d'un mur sanglant où deux enfants ont été renversés.
Qui donne à montrer où c'est inutile, et qui taît quand il faudrait dire.
Parce que l'enjeu, comme tu le disais, c'est l'argent.
Alors on fait quoi ?

Encore un énorme merci pour m'avoir fait réfléchir, je te souhaite une très bonne journée, et continues, surtout si ça te plaît ! Moi, j'adore ce que tu fais !

Gaëlle a dit…

Merci chère Free ! Où je trouve le temps?... ben... c'est un peu mon travail, en fait, lire, écrire, me documenter... j'ai juste rajouté à mon agenda un gros boulot non payé mais passionnant (et riche en rencontres précieuses !) et dévoreur de temps : le blog ! Et comme j'ai aussi un petit concentré de vie de 2 ans à la maison... je voudrais des journées de plus de 24 h, mais on m'a dit que ce n'était pas possible. Tu trouves ça normal toi ? 24 h c'est beaucoup trop court ! Je propose qu'on inscrive ça dans les récriminations essentielles du citoyen.

A May : un grand merci à toi pour ton commentaire qui est comme toujours une contribution très intéressante à ma petite réflexion. J'aime beaucoup la clarté et la justesse de tes idées, de tes questions.
Alors on fait quoi ?... bonne question, par exemple... je ne sais pas, May, mais il va falloir faire quelque chose, parce que je n'avais jamais réalisé à quel point nous étions tous en danger quand le journalisme l'était. Et il l'est, c'est certain.
Bises et merci de ta visite !

Gaëlle a dit…

A May : au fait, tu as vu "Good Night and Good Luck" ? J'espère en avoir parlé d'une façon qui donne suffisamment envie de le voir, parce que c'est vraiment un très bon film : élégant, sobre, avec une atmosphère à la fois électrique et envoûtante... et il permet de vois Mac Carthy "en vrai" assassiner la réputation de ses proies... brrrrr !

Lamousmé a dit…

Je suis rassurée de savoir que je n'etais pas seule à pleurer devant le doc des freres Naudet...Pour ce qui est de la réflexion sur les médias et leurs influences ,je ne peux que vous approuver ,j'en ai même fait mon métier!

Anonyme a dit…

Hello,

non, je n'ai pas vu "Good Night and Good Luck", mais on m'en avait déjà parlé comme d'un très bon film, donc il est dans mes projets (la liste est longue, mais comment on fait, quand on a plein de livres à lire (dont tout Gary à découvrir), plein de films à voir, un livre à écrire, et un boulot barbant où on passe trop de temps !!!?). Je crois que quand j'aurai répondu à cette question, je serai célèbre car j'aurais inventé la machine à ralentir le temps !
ou alors une méthode pour se passer de sommeil.
Je suis totalement hors sujet, là !
Donc non, je ne l'ai pas vu, mais je sens que je vais encore être toute révoltée (comme quand je tombe sur le 20h les soirs d'oublis !) ;-)

Gaëlle a dit…

Lamousmé : c'est grand un privilège d'avoir la contribution d'une journaliste dans une discussion comme celle-ci ! Comme je le disais : les critiques qui portent le plus viennent toujours de l'intérieur d'un système. C'est pourquoi j'ai surtout cité des journalistes, dans mon billet ! Et je vois que tu sembles partager leurs vues, et leur inquiétude...

Hello May : boulot barbant à part je vois que nous avons à peu près les mêmes contraintes indissolubles... de temps ! C'est pourquoi j'écris peu souvent sur ce blog (pas autant que je voudrais en tout cas), j'ai une montagne de livres à lire que je ne veux pas bâcler ou lire en diagonale... et par-dessus le marché, j'ai un livre en chantier (on en est encore aux fondations !) et un autre à remanier sérieusement... et mes journées filent aussi vite que les tiennes... ahhh. Enfin, bon courage pour toutes tes activités, et surtout pour le livre, hé hé ! Qui sait, peut-être parlerai-je bientôt de toi, ici ?...

Lamousmé a dit…

Merci Gaëlle mais je me suis sans doutes fais mal comprendre...c'est en tant que critique des médias et non en journaliste que je parle!
Bon c'est vrai que mon metier d'éducatrice media n'existe pas vraiment officiellement, d'ailleurs nous sommes rarement payés et nous travaillons souvent dans l'illégalité puisque nous utilisons des images dont nous n'avons pas les droits...mais j'assume très bien ;o)
bonne journée à toi

Gaëlle a dit…

A Lamousmé : oui j'avais mal compris ! Mais je trouve ton métier très intéressant et des plus utiles... par contre, rarement payés, est-ce bien normal quand on fait un travail d'utilité public ? Bonne journée à toi aussi !

Anonyme a dit…

Bonjour,

merci pour ce billet qui rappelle que
les Etats-Unis forment une nation complexe,
contrastée, et que l'on y trouve des gens
de haute valeur morale et intellectuelle.

Un autre film, dans un style mordant,
est "The second civil war" (sorti en catimini en France,
a la tele aux US et maintenant en DVD) de Joe Dante.
C'est exagéré, parfois outrancier, ça tourne à la farce,
mais tout le monde en prend pour son grade.
Ce film (datant 1997) dénonce une situation où
le critère pour toute action ou décision est :
est-ce bien en terme de communication ?
Près de 10 ans après, je ne suis pas très loin
de penser que la réalité dépasse maintenant la fiction...

Bonne journée.

Gaëlle a dit…

Merci de votre commentaire, cher Anonyme, et bienvenue! Je ne connais pas ce film, mais je vais suivre votre conseil, je sens qu'il va me plaire... son thème me rappelle d'ailleurs "Des hommes d'influence" dont parlait Lisa ("Wag the dog" en anglais), et où tout est tellement affaire de communication, justement, qu'un conseiller politique fait appel à un producteur hollywoodien pour résoudre une crise délicate à la Maison Blanche, en manipulant des images pour inventer une guerre et détourner l'attention...

Sinon, je suis naturellement d'accord avec vous, les Etats-Unis sont un pays où le pire côtoie souvent le meilleur, et la bêtise crasse la profonde intelligence. Je suis pour ma part souvent en admiration devant la pertinence et la perspicacité de nombreux Américains, et atterrée par les réactions primaires de certains... mais dans notre petit pays, nous avons aussi et largement notre lot de gens primaires, bornés et dangereux... Donc, pour citer un livre cher à M. Bush, intéressons-nous d'abord à la poutre logée dans notre œil avant de scruter avec malveillance la paille dans celui de nos voisins d'Outre-Atlantique... Très bonne soirée à vous !

Anonyme a dit…

Rhooo, je n'ai toujours pas eu le temps de lire ce billet, mais je l'ai recommandé à ma soeur (Petitesoeuris), qui a habité aux Etats-Unis, et se passionne pour le moindre des sujets dont tu parles ici. Elle est censée poster un commentaire pour te remercier, mais je crois qu'elle a tellement de travail, qu'elle n'a pas encore eu le temps de te lire ! Aussi je viens en éclaireur, avant le commentaire de ma soeur, et avant le mien (hi hi hi), juste pour te dire qu'on ne t'oublie pas. En ce qui me concerne, comme tu le sais, j'ai encore deux ou trois posts de retard chez toi, et tu ne m'aides pas, en en publiant un nouveau.
Bise et bonne soirée !

Gaëlle a dit…

Ah, miss Poivert, ça te va bien de dire ça, toi qui ne cesses de publier des billets fleuves (hé hé, je me sens moins seule... y avait déjà Holly...) qui m'intéressent dès que j'ai le dos tourné, alors que j'ai X billets de retard déjà chez toi... et que je m'en vais dimanche pour 15 jours de boulot où je serai privée d'internet. Que sera-ce à mon retour, hein ? Sinon tu es comme toujours adorable, et en plus tu fais du prosélytisme, si c'est pas de la pure gentillesse, ça, je ne m'y connais pas. Bienvenue à ta sœur donc, en attendant son message, mais pas de pression, surtout si elle est débordée! Savoir qu'elle me lit me touche, c'est toujours étonnant pour moi, et très chaleureux. Je la remercie aussi par ton intermédiaire.... au fait, vas-tu faire notre concours de PAL ? L'idée a germé dans les commentaires de mon dernier billet. En fait tout est parti de Loupiote, qui s'y connaît en PAL, comme nous tous, dévoreurs de livres qui avons les yeux plus gros que le ventre... Enfin, gros bisous Miss Poivert, et merci de tes commentaires : prends-ton temps pour lire, chaque fois c'est un plaisir de te retrouver ici.

Anonyme a dit…

Heu, je sais, c'était une remarque fort malhonnête, de te gronder sur ta prolixité... Mais j'aime bien être malhonnête, moi !
Remarque, moi aussi, je suis contente de ne pas être la seule à vivre cette boulimie d'écriture. Ouf, heureusement, il y a ton blog et celui de Holly !
Par contre, c'est chouette que tu t'absentes 15 jours, cela va me permettre de me remettre à flot chez toi ! Mais bien évidemment, je te plains d'avance, pour ce qui est de ton retard futur probablement énorme chez Holly et chez moi.
Ma soeur, sinon, difficile de lui mettre la pression... Et attends-toi à un commmentaire en forme de mémoire, elle est encore moins concise que moi quand il s'agit des sujets qui la passionnent.
Bigre ! J'ai loupé un concours ? Je vais voir de ce pas ton billet précédent, que je n'ai pas encore lu, comme tu le sais !
Gros bisous aussi, Gaëlle, et t'inquiètes, je prends toujours tout mon temps pour vous lire, toi et Holly, vu l'investissement intellectuel (hi hi hi) qu'une telle lecture nécessite (je ne voudrais pas gâcher mon plaisir) !

Gaëlle a dit…

Miss Poivert c'est sur mon dernier billet en date dans les commentaires, et il en sera plus précisément vendredi, jour officiel de l'ouverture du concours. Pour l'instant on recrute des participants !
Trop marrant, ton billet. Oui c'est vrai que tu peux me plaindre, je vais avoir du boulot à mon retour pour rattraper mon retard de blogs !
Moi aussi je prends tout mon temps pour lire, sinon on gâche tout son plaisir, tu as bien raison.
Aujourd'hui, je pense m'attaquer à ta classe de quatrième, à moins que tu n'aies déjà posté la suite, petite gredine ?
Pour ce qui est de ta sœur, aucun problème, tous les bavards sont les bienvenus ici, je me sens moins seule comme ça.

Anonyme a dit…

Chouette, un concours ! Bon, d'office, sans savoir de quoi il retourne, je suis recrutée, je participe !
Et oui (deux fois oui, d'ailleurs), j'ai posté la suite de ma série !
Et ma soeur, non seulement elle est bavarde, mais elle est passionnante, donc c'est tout bénéf !

Anonyme a dit…

Eh bien, le jour de la mort de Kennedy, j'étais à l'école. En récréation. Notre institutrice nous a annoncé "le président Kennedy est mort". Et elle a pleuré. Je revois la scène - comme si c'était hier, et l'endroit exact de la cour où nous nous trouvions. J'avais dix ans, et déjà, la mort d'un président américain me laissait de glace. Hélas, je ne me souviens pas de ce que je faisais quand Mao, Brejnev, De Gaulle, Pompidou, Arafat, et tant d'autres sont morts. Dommage.

Allez. Votre enthousiasme fait plaisir à voir :-) C'est bien de se passionner comme ça, pour la marche du monde. C'est le privilège de la jeunesse, jeunesse d'âme ou de coeur sans doute...

Gaëlle a dit…

Merci cher(e) anonyme pour votre témoignage !! Comment ne pas se passionner pour la marche du monde, quand on fait partie du train ?... Quant à la jeunesse, je compte bien la garder encore un peu. Je m'y efforce. A très bientôt j'espère et merci pour votre passage !

Anonyme a dit…

Il y a donc des gens (enfin : une personne) qui ont (a) vu et retenu "The assassination of Richard Nixon" ?...

Voilà qui illumine ma pause déjeuner...:-)